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En Amérique Latine, de courts séjours en Argentine, en Uruguay, et au Pérou ont apporté une connaissance plus pratique des droits et de la condition des femmes latino-américaines. Dans chacun de ces pays, rencontres et observations ont permis de se familiariser au monde féminin, associatif, organisé ou non, de connaître et d’appréhender la mobilisation et les revendications des femmes, quant à leurs droits en général, leurs droits reproductifs et sexuels en particulier.

En Argentine

En Argentine, le ‘Centro de Estudios de Población’ (CENEP) de Buenos Aires fut une importante source de documentation. Le CENEP est une association civile qui regroupe des chercheurs en sciences sociales. Ses activités en matière de population se structurent en cinq domaines : la recherche, l’assistance technique, la formation, l’information et la diffusion. Ces activités sont destinées à élargir les connaissances scientifiques, à apporter des données fiables pour les politiques et programmes, à promouvoir la recherche appliquée et à appuyer les programmes d’action sur la population, principalement en Argentine, mais également dans d’autres pays d’Amérique Latine et d’Afrique. Il développe des projets en collaboration avec des organisations ou institutions internationales, gouvernementales ou privées. Ce centre d’étude interdisciplinaire est notamment responsable du ‘Programa Regional sobre Aspectos Sociales de la Reproducción Humana’ (Programme Régional sur les Aspects Sociaux de la Reproduction Humaine, PRASSAR), appuyé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dont le propos est de mettre en contact les chercheurs et institutions de recherche d’Amérique Latine qui s’intéressent au thème de la reproduction humaine depuis la perspective des sciences sociales.

L’expérience en Argentine fut enrichie par des rencontres de personnalités liées aux sciences sociales ou à la mobilisations des femmes : rencontres de Cristina Cacopardo, professeure de démographie à l’Université de Lujan, et de la sociologue démographe, E. Lopez, de l’Université de Buenos Aires (Faculté des Sciences Sociales, Institut Gino Germani), qui travaille essentiellement sur ‘santé, population et société’ ; rencontre essentielle et décisive d’une femme docteur, à la retraite, féministe convaincue, mobilisée sur la dépénalisation de l’avortement en Argentine. Cette doctoresse (qui restera ici anonyme) a apporté des connaissances sur le thème de l’avortement en Argentine et en Amérique Latine, à travers son expérience, des documents, des articles de journaux, de groupes de femmes, des témoignages qu’elle possédait. De par sa connaissance, une observation, sous forme de participation passive, fut menée au sein d’une réunion de ‘la Assemblea Permanente por el Derecho al Aborto’ (Assemblée Permanente pour le Droit à l’Avortement), dont elle est membre, dans une maison de quartier relativement populaire et pauvre. Cette assemblée se mobilise pour organiser des conférences, des manifestations, pour publier des articles afin de démocratiser l’avortement et aider les femmes qui souhaitent avorter.

En Uruguay

Le séjour à Montevideo a offert à la recherche une véritable expérience de terrain préalable, à travers des entretiens et rencontres de femmes fortement mobilisées, d’observations d’associations et de réunions d’organisations. Ce travail d’approche fut guidé et appuyé par Graciela Dufau, avocate, alors membre du Comité de América Latina y el Caribe para la defensa de los Derechos de la Mujer (Comité d’Amérique Latine et des Caraïbes pour la défense des Droits de la Femme, CLADEM) en Uruguay, et Responsable de la Jurisprudence à la Cour Suprême d’Uruguay.

Ce travail de sensibilisation au thème des femmes latino-américaines fut illustré par des rencontres de membres indépendants et d’organisations membres du CLADEM-Uruguay, et par des observations de réunions fermées de ce Comité. Le CLADEM est un réseau de femmes et d’organisations de femmes d’Amérique Latine qui tend à promouvoir et appliquer une défense effective des droits des femmes dans la région. Le réseau regroupe des organisations et des personnes engagées dans la défense et la promotion des droits des femmes, à travers des activités variées telles que l’élaboration de propositions législatives, la recherche, la formation et l’enseignement, l’information et la communication, les actions solidaires. Ces activités sont essentiellement centrées sur les droits économiques, sociaux et culturels, la pleine participation citoyenne, les droits reproductifs et sexuels; et le droit à une vie dépourvue de violence. Au moment de l’investigation, le CLADEM-Uruguay travaillait sur un projet de loi relatif aux droits reproductifs et sexuels, approuvé à la Chambre des députés, en suspens au Sénat. Ce projet proposait notamment la dépénalisation de l’avortement.

Une observation au sein d’une réunion de représentants de différentes organisations et mouvements de femmes (représentants de la Culture Afro, de mouvements syndical et politique, le CLADEM, MYSU, le Cotidiano de Mujer, la Red de mujeres academicas, Mujeres rurales) a été menée. La réunion consistait à décider quelles stratégies adopter pour l’approbation du projet de loi sur les droits reproductifs et sexuels par la chambre des sénateurs.

Le travail rend compte également de la visite de la Casa de la Mujer, dans le quartier de la Union à Montevideo, une ONG qui travaille directement auprès des femmes (prévention, information, éducation, conseils dans tous les domaines de la société), où fut observé un cours de ‘dévictimisation’, sur le thème de la sexualité, et rencontrée Claire Niset, assistante sociale de l’organisation, spécialiste en violence, et Gilda Vera, Sage-femme, coordinatrice de l’aire

‘santé’ dans l’organisation, et membre de ‘la Red Latinoamericana y del Caribe por la Humanización del Parto y el Nacimiento’ (Réseau Latino-américain et des Caraïbes pour l’Humanisation de l’Accouchement et la Naissance).

Des entretiens qualitatifs, souvent informels, c’est à dire sous formes de discussions, sans questionnaire ni dictaphone, furent également conduits auprès de responsables d’associations telles que Cristina Grela, Présidente de la Comisión Nacional de Seguimiento de los acuerdos de Beijing (Commission Nationale de Suivi des accords de Beijing, CNS), et Liliane Abracinski, intégrante de l’organisation féministe ‘Cotidiano Mujer’ (Quotidien Femme), et co-coordinatrice de MYSU (Mujer Y Salud en Uruguay – Femme et Santé en Uruguay) ; et

auprès de sociologues, anthropologues, membres du CLADEM, Susana Rostagnol, Moriana Hernandez et Nea Filgueira en particulier.

Susana Rostagnol est une anthropologue spécialisée en droits reproductifs et sexuels de la Faculdad de Humanidades y Ciencias de la Educación (Faculté d’Humanités et Sciences de l’Education). Elle est également membre du CLADEM.

La sociologue Moriana Hernandez Valentini est Conseillère Parlementaire, et membre du CLADEM. Au moment de la rencontre, elle était essentiellement mobilisée pour l’approbation du projet de loi sur les droits reproductifs et sexuels. Lors d’un entretien, furent abordés des thèmes divers tels que la CEDAW, la mobilisation féminine et la politique en Uruguay, l’histoire du projet de loi et les stratégies parlementaires et civiles pour l’adoption de ce dernier.

Nea Filgueira est également sociologue, membre du CLADEM, fondatrice et coordinatrice du Grupo de Estudio sobre Condicíon de la Mujer (Groupe d’Etudes sur la Condition de la Femme, GRECMU), centre d’études académiques sur les femmes (dont les principales activités sont la recherche, l’organisation de séminaires, la formation de groupes de base, la formation en théorie féministe, le centre de documentation, le conseil et l’assistance de groupes et projets de femmes). Nea Filgueira a été d’une grande aide scientifique pour le sujet d’étude, son orientation et la méthodologie à suivre.

Les personnes rencontrées, la participation au sein de réunions d’organisations, la visite de centres et associations de femmes, ainsi que des observations importunes dans la rue et un travail en bibliothèque, ont permis de se sensibiliser et d’évaluer, à courte échelle, la situation des femmes latino-américaines, leur mobilisation et leurs revendications relatives, en particulier, aux droits reproductifs et sexuels. Le travail rend compte notamment des revendications, des stratégies et des pressions concertées, négociées et exercées par le mouvement des femmes dans le monde social et politique, pour l’adoption d’un projet de loi spécifique sur les droits reproductifs et sexuels.

Au Pérou

Le séjour au Pérou, essentiellement à Lima, a été synonyme de rencontres variées : rencontre notamment de Roxana Guereira, responsable des droits reproductifs et sexuels du Centro de la Mujer Peruana ‘Flora Tristan’ (Centre de la Femme Péruvienne ‘Flora Tristan’), institution féministe (dont la mission est de « combattre les causes structurelles qui restreignent la citoyenneté des femmes et/ou son exercice. Il se propose donc d’agir dans l’élargissement de la citoyenneté des femmes et dans les politiques et processus de développement pour qu’ils répondent aux critères et résultats d’équité et de justice de genre »122, du Movimiento

‘Manuela Ramos’ (Mouvement ‘Manuela Ramos’), association civile péruvienne, qui travaille

122 “combatir las causas estructurales que restringen la ciudadanía de las mujeres y/o afectan su ejercicio. En consecuencia se propone incidir en la ampliación de la ciudadanía de las mujeres y en las políticas y procesos de desarrollo para que respondan a criterios y resultados de equidad y justicia de género”, Centro de la Mujer Peruana ‘Flora Tristan.

pour améliorer la situation et la position des femmes, et du CLADEM-Pérou, siège du réseau régional.

Une rencontre est à souligner, celle de Thérèse Bouysse Cassagne, ethno historienne du CREDAL/CNRS, alors en poste à l’Institut Français d’Etudes Andines (IFEA). Elle étudie particulièrement les sociétés aymara et inca, et le métissage. Elle a longtemps travaillé en Bolivie, et a permit ainsi d’établir les premiers contacts pour la recherche dans ce pays.

L’étude de terrain préalable en Amérique Latine a donné lieu à de nombreuses documentations locales, rencontres et observations générales et particulières, qui ont permis de se familiariser à la condition des femmes sur le continent, de connaître les différentes organisations de la société civile, leurs revendications, leurs activités, actions et stratégies, d’appréhender les négociations entre le mouvement des femmes et le pouvoir politique. Elle a également apporté des éléments scientifiques et méthodologiques pratiques pour l’étude de cas en Bolivie.