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PARTIE I : LES CONSTRUCTIONS CONCEPTUELLES ET THEORIQUES

Chapitre 6 : Analyse descriptive des populations françaises et camerounaises

4. Les résultats de l’étude 1 (France)

4.7. L’effet des variables personnelles et sociodémographiques sur les différentes

4.7.8. L’effet de l’expérience électorale

Rappelons que l’expérience électorale est le fait pour nos participants d’avoir déjà pris part ou non à un scrutin d’envergure nationale depuis leur majorité électorale. Nous nous intéressons à l’effet de la fréquence de la participation aux élections sur la variation des attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin, de l’adhésion aux stéréotypes de genre, des représentations du leadership politique féminin et des intentions de vote en faveur du leadership politique féminin. Les résultats indiquent que tous ces facteurs varient significativement avec l’expérience électorale.

Les attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin : on observe une variation

significative des attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin avec l’expérience électorale de nos participants, F (3, 306) = 7,73 ; p = .000. Les participants qui déclarent n’avoir participé à aucune élection nationale, ont des attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin (M = 3,61) comparativement à ceux qui déclarent avoir pris part à presque toutes les élections nationales (M = 2,81 ; HSD = .80 ; p = .001). De même, participer à quelques-unes des élections nationales prédirait des attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin plus favorables (M = 3,43) que ne le ferait le fait d’avoir pris part à presque toutes les élections nationales (M = 2,81; HSD = .62; P = .002).

Les stéréotypes de genre : les stéréotypes de genre masculin varient significativement

avec l’expérience électorale, F (3, 306) = 18,30 ; p = .000. Les personnes qui déclarent avoir pris part à toutes les élections nationales, semblent adhèrer plus fortement aux stéréotypes de genre masculin (M = 2,15) que ne le font celles qui déclarent avoir pris part à aucune élection nationale (M = 2,91 ; HSD = -.76 ; p = .000). Celles-ci semblent adhèrer plus fortement aux stéréotypes de genre masculin que les personnes qui disent avoir pris part à presque toutes les élections nationales (M = 2,09 ; HSD = .82 ; p = .000). On remarque par ailleurs que les stéréotypes de genre féminin,

156 varient significativement avec l’expérience électorale de nos participants, F (3, 306) = 9,52 ; p = .000. Lorsque les participants déclarent n’avoir participé à aucune élection nationale, ils adhèrent fortement aux stéréotypes de genre féminin (M = 3,38) comparativement à ceux qui disent avoir pris part à presque toutes les élections nationales (M = 2,76 ; HSD = .63 ; p = .000). De même, ces derniers adhèrent fortement aux stéréotypes de genre féminin comparativement à ceux qui disent avoir pris part à quelques élections nationales (M = 3,27 ; HSD = -.51 ; p = .000).

Les représentations du leadership politique féminin : L’expérience électorale de nos

participants a un effet significatif sur leurs représentations du leadership politique féminin, F (3, 306) = 3,15 ; p = .025. Avoir pris part à toutes les élections nationales semblent orienter la construction d’une représentation du leadership politique plus favorables (M = 3,41) que le fait de n’avoir pris part à aucune élection nationale (M = 3,09 ; HSD = .33 ; p = .031).

Les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin : Ce facteur varie

significativement avec l’expérience électorale de nos participants, F (3, 306) = 10,82 ; p = .000. Les intentions de porter son choix sur une femme comme leader politique, semblent plus fortes chez les personnes qui ont pris part à toutes les élections nationales (M = 4,30) que chez celles qui ont pris part à aucune élection nationale (M = 3,70 ; HSD = .60 ; p = .000). Par ailleurs, les personnes qui déclarent avoir pris part à quelques élections nationales, semblent avoir une intention de vote moins favorable au leadership politique féminin (M = 3,92) que celles qui déclarent avoir pris part à presque toutes les élections nationales (M = 4,33 ; HSD = -.40; p = .003).

Le tableau ci-dessous reprend l’effet de l’expérience électorale sur les principaux variables de notre étude 1 :

Tableau 23: L’effet de l’expérience électorale

VD Expérience électorale N M(ET) F P

Attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin

A toutes les élections nationales

111 3,28 (1,02) 7,72 .000

A presque toutes les élections nationales 103 2,82 (1,25) A quelques-unes des élections nationales 60 3,43 (.91) A aucune élection nationale 36 3,61 (.48)

Stéréotypes de genre Masculin A toutes les élections

nationales

157 A presque toutes les

élections nationales 103 2,09 (.57) A quelques-unes des élections nationales 60 2,36 (.62) A aucune élection nationale 36 2,91 (.53)

Stéréotypes de genre Féminin A toutes les élections

nationales

111 2,92 (.81) 9,52 .000

A presque toutes les élections nationales 103 2,75 (.78) A quelques-unes des élections nationales 60 3,27 (.78) A aucune élection nationale 36 3,38 (.38) Représentations du leadership politique féminin

A toutes les élections nationales

111 3,42 (.69) 3,15 .025

A presque toutes les élections nationales 103 3,25 (.62) A quelques-unes des élections nationales 60 3,24 (.57) A aucune élection nationale 36 3,09 (.36)

Intention de vote en faveur du leadership politique féminin

A toutes les élections nationales

111 4,30 (.76) 10,82 .000

A presque toutes les élections nationales 103 4,33 (.67) A quelques-unes des élections nationales 60 3,93 (.63) A aucune élection nationale 36 3,70 (.70)

158 Dans l’ensemble, on remarque que les participants qui ont pris part au moins une fois à une élection nationale ont des représentations du leadership politique favorables ainsi que des intentions de vote favorables au leadership politique féminin. Par contre, pour ces mêmes participants, les stéréotypes de genre semblent tenir une place moins importante, comparativement aux personnes qui n’ont participé à aucune élection nationale. On observe par ailleurs que le fait de n’avoir participé à aucune élection nationale favorise plus que chez les autres des attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin, même si les intentions de porter son choix sur une femme comme leader politique sont plutôt moins favorables.

Au final, nos variables sociodémographiques nous ont permis d’observer un certain nombre de résultats qu’il convient à présent d’en faire une synthèse.

4.8. Synthèse des résultats portant sur les variables sociodémographiques.

Le tableau suivant résume les principaux résultats des analyses menées sur nos variables sociodémographiques :

Tableau 24 : Synthèse des résultats des analyses sur les variables sociodémographiques.

Variables sociodémographiques Attitudes vis-à- vis du leadership politique féminin Stéréotypes de genre Masculin Stéréotypes de genre Féminin Représentations du leadership politique féminin Intention de vote en faveur du leadership politique féminin F F F F F Sexe 5,41* n.s n.s 4,5* 5,76* Age 4,53*** n.s 5,65*** 7,35*** n.s Statut matrimonial 4,24*** n.s 4,14*** n.s 3,59** Niveau d’étude n.s 5,77* n.s n.s 9,95** Statut socioprofessionnel 2,91* 4,84** n.s 11,69*** 3,24** Sentiment vis-à-vis de la politique n.s 10,22** 4,18* n.s 9,29**

159 Proximité avec un groupe politique 2,93* 3,80* 2,72* n.s 3,00* Expérience électorale 7,72*** 18,30*** 9,52*** 3,15* 10,82*** n.s = non significatif , *p < .05, **p < .01, *** p < .001

On peut retenir des résultats issus des analyses menées sur nos variables sociodémographiques que les attitudes de nos participants vis-à-vis du leadership politique féminin sont influencées par la plupart de nos variables sociodémographiques. Les femmes plus que les hommes ont des attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin. Cette posture est d’ailleurs cohérente avec les résultats sur les intentions de vote, où on observe que les femmes sont plus disposées à porter leur choix sur une femme comme leader en politique. De même, nos participantes présentent une représentation du leadership politique féminin plus favorable que celle des hommes. Au vu de ces résultats, on pourrait donc penser que les femmes plus que les hommes se sentent interpellées par la question de la participation politique des femmes à des positions de leader politique. De manière générale, la perception que nos participants ont de la politique influence significativement leurs représentations du leadership politique féminin ainsi que leurs intentions de vote. Lorsqu’ils perçoivent la politique comme quelque chose de positif, en général ils sont plus favorables au leadership des femmes en politique. L’acceptation du leadership politique féminin va aussi dépendre des facteurs comme l’âge de nos enquêtés. On a noté que les personnes dont la tranche d’âge se situe entre 38-42 ans adhèrent plus fortement aux stéréotypes de genre féminin que les 18-22 ans. Ces résultats suggèrent que plus l’âge de nos enquêtés est important plus ils ont tendance à définir la femme politique en s’appuyant sur les stéréotypes de genre. Et ces stéréotypes semblent pour eux être quelque chose de positif, puisque les résultats sur les attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin relèvent que les 38-42 ans et les plus de 42 ans, ont des attitudes favorables au leadership politique féminin. Néanmoins, on observe que dans l’ensemble, les jeunes générations semblent accorder moins d’importance aux stéréotypes de la femme en général et de la femme politique en particulier, même si au final les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin ne varient pas de manière significative avec l’âge des participants. Par contre, on observe que le statut de marié et plus globalement la vie de couple semble favoriser une forte intention de porter son choix sur une femme comme leader politique plus que le statut de célibataire ou de divorcé. Pareillement, le fait d’être marié semble plus propice à induire des attitudes favorables vis-à-vis du leadership politique féminin, comparativement au fait d’être célibataire. Ainsi, l’expérience de la vie de couple semble donc favoriser l’acceptation du leadership politique féminin même si elle n’a pas d’effet significatif sur les représentations du leadership politique féminin. Celles-ci au contraire sont influencées par le statut socioprofessionnel de nos

160 participants. Les employés du secteur privé ont une représentation du leadership politique féminin plus favorable que ceux du secteur public. Le secteur privé offrirait donc plus de possibilité aux expériences qui augmentent une construction favorable du leadership politique féminin, comparativement aux employés du secteur public. Ces derniers ont également des intentions de vote moins favorables au leadership politique féminin que ceux du secteur privé ou que les sans-emploi / étudiants. D’ailleurs, on remarque que les employés du secteur public adhèrent plus que les autres aux stéréotypes de genre masculin, toute chose qui expliquent leurs attitudes et intention de vote moins favorables au leadership politique féminin. En revanche, en fonction du niveau d’étude de nos enquêtés, on a pu observer que ceux de niveau universitaire ont une plus forte intention de choisir une femme comme leader politique que ceux de niveau secondaire / Lycée. Ces derniers adhèrent plus fortement aux stéréotypes de genre masculin que ne le font les participants de niveau universitaire. C’est également le cas des personnes qui disent se sentir plus proche des idées portées par le groupe politique de la Gauche. Ceux-ci semblent adhèrer plus fortement aux stéréotypes de genre masculin que les personnes qui déclarent être proche des idées du groupe politique du Centre qui adhèrent plutôt plus fortement aux stéréotypes de genre féminin. Se sentir proche des idées de la Droite, favoriserait donc des attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin comparativement au fait de ne se sentir proche d’aucun groupe politique. Ces attitudes sont aussi favorisées par l’expérience électorale. On relève que le fait d’avoir pris part à aucune élection nationale, semble plus propice aux attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin que le fait d’avoir pris part à presque toutes les élections nationales. Par contre, les représentations du leadership politique féminin sont plus favorables lorsque les participants disent avoir pris part à toutes les élections que lorsqu’ils ont pris part à aucune élection. Il en va de même de leurs intentions de porter leur choix sur une femme comme leader politique.