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PARTIE I : LES CONSTRUCTIONS CONCEPTUELLES ET THEORIQUES

Chapitre 6 : Analyse descriptive des populations françaises et camerounaises

5. Comparaison modèle étude 1, France / Cameroun

Rappelons que la comparaison dont il est question ici se fait dans une démarche « descriptive » sur la base des résultats obtenus dans l’analyse des hypothèses pour la population camerounaise d’une part et française d’autre part. Il ne s’agit donc pas d’une comparaison statistique de nos deux populations par le biais d’un test statistique par exemple, mais d’une analyse des résultats obtenus à partir des mêmes variables vérifiées dans chacun des deux contextes d’étude. Les analyses que nous avons menées au Cameroun et en France sur le leadership politique féminin, ont permis d’observer dans les deux contextes un certain nombre de ressemblance, mais aussi de différence. La figure et le tableau ci-dessous récapitulent les principaux résultats :

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Modèle Cameroun.

Modèle France.

Figure 26 : Résultats modèle Etude 1 France et Cameroun

Attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin Stéréotypes de genre féminin Représentations du leadership politique féminin Intention de vote en faveur du leadership politique féminin .128** ns .33*** .254*** -.02 ns n.s = non significatif ; *p < .05, **p < .01, *** p < .001 Attitudes vis-à-vis du comportement électoral Stéréotypes de genre féminin Représentations du leadership politique féminin Intention de vote en faveur du leadership politique féminin .116** .284** .719** .117* .70** .25** *p < .05, **p < .01

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Tableau 27 : Résultats Hypothèses Etude 1 Cameroun et France.

Ces résultats permettent d’observer que les attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin peuvent légitimement être considérées aussi bien au Cameroun qu’en France comme des variables

Hypothèses Résultats

Cameroun France

H1 : Les attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin ont un effet sur les représentations du leadership politique féminin favorables

b = .116* b =.33***

H2 : Les attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin ont un effet positif sur les intentions de vote en faveur du leaderhip politique féminin

b = .719** b = .128**

H3 : Une forte adhésion aux stéréotypes de genre

féminin ont un effet sur les représentations du leadership politique féminin favorable

b =.117* b = .254***

H4 : Une forte adhésion aux stéréotypes de genre féminin prédit positivement les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin

b = .284** ns

H5 : Il y a médiation de l’effet des attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin par les représentations du leadership politique féminin favorables

b=.70** (b=.72**) b=-.02 (b=.13**

)

H6 : Il y a médiation de l’effet de l’adhésion aux stéréotypes de genre féminin sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin par les représentations du leadership politique féminin favorables

n.s = non significatif ; *p < .05, **p < .01, *** p < .001

175 spécifiques qui peuvent avoir un effet sur les représentations du leadership politique féminin. On relève que chez les participants camerounais, le lien entre attitude et représentation du leadership politique féminin semble moins fort que chez les participants français. Néanmoins, les prises de position individuelle vis-à-vis du leadership politique féminin semblent donc aussi bien au Cameroun qu’en France être cohérente avec les éléments centraux de la représentation du leadership politique féminin. En d’autres termes, on peut s’attendre à ce que les attitudes de nos participants, parce que liées au noyau central des représentations du leadership politique féminin, soient plus stables et par conséquent permettent de mieux prédire les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin. Celles-ci sont d’ailleurs prédites de manière significative par les attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin aussi bien au Cameroun qu’en France. Dans les deux populations, lorsque les participants déclarent avoir des attitudes positives vis-à-vis du leadership politique féminin, leurs intentions de porter leur choix sur une femme comme leader politique sont favorables. On remarque néanmoins que cette corrélation positive entre les attitudes et les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin, semble plus forte au Cameroun qu’en France. Ce résultat est encore plus clair lorsqu’on prend en compte le rôle de médiation des représentations du leadership politique féminin. En effet, au Cameroun et en France, nous avons montré que l’effet des attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin est médiatisé par les représentations du leadership politique. En d’autres termes, les intentions de choisir ou non une femme comme leader en politique pour les prochains scrutins législatif et municipal pour le Cameroun, municipal et dans une certaine mesure européenne pour la France, ne sauraient être bien cernées sans une véritable prise en compte des représentations du leadership politique féminin. Il semble pourtant d’après nos résultats que la place des représentations du leadership politique féminin dans la prédiction des intentions de vote en faveur du leadership politique féminin, ne revêt pas la même importance dans les contextes camerounais et français.

Au Cameroun, on a observé une médiation partielle de l’effet des attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin par les représentations du leadership politique féminin. L’effet direct des attitudes sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin (sans le médiateur) est donc plus important. La prise en compte des représentations réduit légèrement cet effet. On peut donc imaginer que dans le contexte camerounais, les attitudes soient moins stables parce que peu liées aux représentations, même si elles présentent une forte corrélation avec les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin. De plus, on peut penser qu’il y a eu dans une certaine mesure un effet de désirabilité sociale important chez nos participants camerounais, dû à l’impact de la situation pré- électorale de cette période qui avait fait de la participation de la femme à des positions de leader en

176 politique un sujet important de débat. A l’inverse, on a observé qu’en France, les attitudes vis-à-vis du leadership politique féminin sont complétement ancrées dans les éléments centraux de la représentation du leadership politique féminin. Il y a donc médiation totale de l’effet de ces attitudes sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin par les représentations du leadership politique féminin. Dans cette optique, on ne saurait mieux cerner les intentions de vote des français en sous estimant l’importance capitale des représentations du leadership politique féminin. Celles-ci par le biais de ses éléments centraux qui sont fortement corrélés aux attitudes vis- à-vis du leadership politique féminin vont assurer une certaine stabilité aux attitudes. Dès lors, on sait qu’en agissant sur les représentations de nos participants en rapport avec le leadership politique féminin, on est susceptible d’impacter également leurs attitudes. Dans cette dynamique, toute démarche d’intervention (la communication par exemple), pour espérer influencer les intentions de vote de nos participants et par ricochet les comportements, doit nécessairement prendre en compte les éléments centraux des représentations du leadership politique féminin. Celles-ci s’organisent entre autres autour des notions de moralité, d’instinct maternel, de nouveauté, qui sont des exemples des notions les plus saillantes de la représentation du leadership politique féminin des participants français. Ces notions saillantes des représentations du leadership politique féminin, semblent très proches des stéréotypes de genre souvent attribués aux femmes politiques. Or comme nous l’avons souligné, les stéréotypes de genre apparaissent comme un aspect partiel de la représentation du leadership politique féminin et peuvent être considérés comme des indicateurs ponctuels d’un système d’images globales ayant une fonction de discrimination. Cette fonction de discrimination est nettement visible dans nos résultats où on observe dans le contexte camerounais, une faible corrélation positive entre les stéréotypes de genre féminin et les représentations du leadership politique féminin. Plus les participants camerounais pensent que les stéréotypes de genre (honnêtes ; digne de confiance ; compétente ; etc.) correspondent aux caractéristiques des femmes politiques, plus favorable est leur représentation du leadership politique féminin. On retrouve donc ici un effet des stéréotypes sur les représentations intergroupes par rapport au leadership politique féminin et qui va consacrer une perception hétérogène de l’exogroupe pour les hommes, et une perception homogène de l’endogroupe pour les femmes. Les stéréotypes de genre féminin sont ainsi liés au noyau central des représentations du leadership politique qui médiatisent partiellement leurs effets sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin. Par ailleurs, l’effet direct positif des stéréotypes de genre sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin est significatif. Les stéréotypes de genre féminin au Cameroun, doivent dans une certaine mesure être considérés comme des facteurs susceptibles de participer à l’émergence du leadership politique féminin. Contrairement aux participants camerounais, les participants français semblent accorder très peu d’importance aux stéréotypes de genre féminin. On remarque que ces stéréotypes

177 n’ont qu’un effet tendanciel sur les représentations du leadership politique féminin et aucun effet significatif sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin. Dans la même logique, il n’y a pas de médiation de l’effet de ces stéréotypes sur les intentions de vote par les représentations du leadership politique. On pourrait donc au vu de ce qui précède, être amené à se dire que pour nos participants français, les stéréotypes de genre ne sont pas des variables qui déterminent leur intention de choisir ou non une femme comme leader politique. Pourtant, on a pu observer qu’il y avait un effet négatif des traits stéréotypiques attribués aux hommes politiques, sur les intentions de choisir une femme comme leader politique. En d’autres termes, plus les stéréotypes de genre correspondaient aux caractéristiques reconnues aux hommes politiques, moins les individus étaient disposés à porter leur choix sur une femme à une position de leader politique. Finalement on note que si les participants français accordent de l’importance aux stéréotypes de genre, ils les relient plus aux hommes politiques qu’aux femmes politiques. Ainsi donc, les participants camerounais reconnaissent dans une certaine mesure que les caractéristiques d’un acteur politique peuvent être attribuées aux femmes politiques et cela a pour effet d’impacter leur intention de comportement électoral. Les participants français quant à eux, ne voient ces caractéristiques que comme relevant des hommes politiques, toute chose qui ne joue pas en faveur du leadership politique féminin.

Dans les deux contextes de notre étude, on remarque que les stéréotypes de genre sont non seulement à l’œuvre dans la représentation du leadership politique féminin, mais aussi dans les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin et de façon différente. Au Cameroun, les stéréotypes de genre ont tendance à remettre en cause les rapports asymétriques de sexe, en montrant que les stéréotypes de genre féminin ont un effet positif sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin. En France, il semble que les stéréotypes vont dans le sens de la conservation des rapports asymétriques de sexe. Nous avons par exemple pu montrer que plus nos participants français adhèrent aux stéréotypes de genre masculin, plus ils ont un sentiment favorable vis-à-vis de la politique telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui en France. Dans le même temps, leur satisfaction vis-à-vis de la politique était moins importante lorsqu’ils adhèrent fortement aux stéréotypes de genre féminin. Au final, les attitudes vis-à-vis du leadership politique et les stéréotypes de genre, nous ont permis de voir que les représentations du leadership politique féminin et les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin, varient différemment selon qu’on est dans le contexte français ou camerounais, mais qu’il y avait tout de même de similitudes intéressantes. Au fait, le contexte social semble donc jouer un rôle très important. Comme nous l’avons relevé dans notre problématique, dans un contexte de culture collectiviste par exemple, fonder son comportement sur ses opinions personnelles peut être mal vu, alors que penser aux besoins des autres semblent être la réponse la plus valorisée. Inversement, ce que les autres

178 pensent et disent peut orienter de manière significative le comportement de l’individu. Il semble donc intéressant d’analyser l’effet des normes subjectives, de l’adhésion aux croyances et valeurs culturelles sur les représentations du leadership politique féminin et sur les intentions de vote en faveur du leadership politique féminin.

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Chapitre 8 : Effet des croyances et valeurs culturelles et des normes subjectives