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L’approvisionnement en bois : un probl` eme s´ eculaire

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 52-64)

La d´ ecision de construire une nouvelle saline

1.1 Une r´ eponse aux besoins de la Saline de Salins

1.1.2 L’approvisionnement en bois : un probl` eme s´ eculaire

Mais le principal probl`eme que rencontre la Saline de Salins `a cette ´epoque est li´e `a la consommation et `a la p´enurie de bois. Et c’est bien l`a le premier moteur de la cr´eation de la Saline d’Arc-et-Senans. Car au XVIIIe si`ecle, comme durant les si`ecles pr´ec´edents, le bois est le seul combustible utilis´e pour amener `a ´ebullition l’eau des sources sal´ees et faire ainsi cristalliser le sel. Sa consommation est telle que le bois se fait de plus en plus rare aux environs de Salins et que la Saline doit le faire venir de plus en plus loin,

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a grands frais, et au d´etriment des populations locales. La cr´eation d’une nouvelle saline

7. Archives d´epartementales du Jura, C 406, M´emoire sur les am´eliorations `a introduire `a la Saline de Salins et sur la cr´eation d’une Saline `a Arc, ant´erieur `a 1773, anonyme.

qui exploiterait les eaux sal´ees de Salins mais qui serait situ´ee aux abords de la Forˆet de Chaux apparaˆıt alors comme la moins coˆuteuse des solutions.

Pourtant, la p´enurie de bois n’est pas une nouveaut´e. Il s’agit mˆeme d’un ph´enom`ene quasi g´en´eral pour l’ensemble des salines europ´eennes `a la fin du XVIesi`ecle8. `A Salins, les premi`eres difficult´es se manifestent d`es le d´ebut du XVIe si`ecle mais s’aggravent `a partir de 1550, si bien qu’en 1615, un rapport de la Chambre des Comptes de Lorraine signale que la Saline est contrainte de limiter la production de sel faute d’une quantit´e suffisante de bois pour entretenir ses poˆeles9. Ce contexte de crise g´en´erale du bois incite Philippe II d’Espagne `a prendre les premi`eres mesures pour assurer l’approvisionnement r´egulier de la Saline de Salins. Ainsi, d`es 1560, toutes les forˆets dans un rayon de trois lieues, soit plus de 17 kilom`etres, autour de Salins, sont affect´ees `a la production du sel10. Comme au XVe si`ecle, le transport des bois `a la Saline, dont sont charg´es les paysans des alentours, est saisonnier. Il est majoritairement effectu´e en f´evrier ou entre avril et juin, soit un calendrier invers´e par rapport aux travaux des champs. Durant ces p´eriodes, c’est non seulement la Saline mais toute la ville de Salins qui est encombr´ee par les va-et-vient des voitures, dont les attelages sont form´es de un `a quatre chevaux, et qui peuvent transporter de 40 `a 100 chevasses de bois11. En files d’attente aux portes de la ville, les voitures arrivent jusqu’`a Salins par des chemins entretenus aux frais de la Saline. Concernant ces chemins, l’´etude de C. Roussel et J.-F. Belhoste consacr´ee `a la Saline de Salins fait le point sur la question :

«Les bois arrivaient, en effet, du sud par le chemin d’Arbois qui passe par Mesnay et Ivory et par ceux qui venaient de Vers, Aresches, Villers-sous-Chalamont et Villeneuve-d’Amont convergeant au sud-est de Salins du cˆot´e de Fort-Belin. C’est la Saline qui entretenait ces chemins, principalement les parties montantes avant d’arriver `a Ivory, La Chaux et Th´esy, soucieuse en particulier de maintenir des

8. WORONOFF Denis (dir.),Forges et forˆets : recherches sur la consommation proto-industrielle de bois, Paris : ´Editions de l’EHESS, 1990, p. 7–11.

9. BOUVARD Andr´e,op.cit., p. 260.

10. PLAISANCE Georges, op.cit., pp. 40 `a 42. Cf. ´egalement GUYARD Patricia, «Exploitation et r´eglementation des forˆets autour de la grande saunerie de Salins. Contribution `a l’histoire foresti`ere comtoise (1470–1550)», in Paul DELSALLE, Laurence DELOBETTE (dir.), La Franche-Comt´e `a la charni`ere du Moyen ˆAge et de la Renaissance, 1450–1550, Actes du colloque (Besan¸con, 2002), Besan¸con : Presses universitaires de Franche-Comt´e, 2003, pp. 267–312.

11. D’apr`es le Conseil de la Saunerie en 1491, une chevasse serait une petite bˆuche de 4 pieds de long.Cf.ROUSSEL Christiane, BELHOSTE Jean-Fran¸cois,op.cit., p. 94.

parties pav´ees, surtout dans les passages en d´eclivit´e, par exemple `a l’approche de Cernans»12.

Mais le p´erim`etre d’approvisionnement d´efini se r´ev`ele rapidement insuffisant, et dans les faits, la Saline ´etend son rayon d’influence `a quatre lieues autour de Salins. En cas de n´ecessit´e, la Saline peut donc compl´eter ses fournitures grˆace au suppl´ement de bois apport´e par les habitants de cette quatri`eme lieue. En t´emoigne une ordonnance du 2 mars 1724, faisant r´ef´erence `a un arrˆet du 7 d´ecembre 1723 :

«Les habitans voisins de la ville de Salins `a quatre lieues `a la ronde, ayant chariottes ou charettes, attel´es de chevaux ou bœufs continueroient de faire par semaine chacun trois voitures de bois aux sauneries de Salins, `a prendre les dits bois dans les fassures affect´es `a la cuite des muires et lesquelles se trouveroient le plus approch´ees du lieu de la r´esidence des dits voituriers, conform´ement aud.

Arrest, et aux anciens r`eglements et usages de cette province, `a peine de dix livres d’amende contre chacun des contrevenants, et pour chaque contravention applicable au fermier, le prix desquelles voitures leur seroit pay´e par ledit fermier [. . .]»13.

Cependant, pour les populations locales, pour qui la forˆet ´etait majoritairement libre d’acc`es avant le rattachement `a la France en 1678, la richesse foresti`ere apparaˆıt encore comme abondante et in´epuisable. C’est «un ´el´ement essentiel et naturel de la vie quotidienne, rurale ou urbaine»14. Les habitants ne per¸coivent donc pas imm´ediatement la n´ecessit´e d’une r´eglementation foresti`ere et comprennent mal l’extension du p´erim`etre d’affectation des salines. Face `a la menace d’une amende de dix livres, dont le montant n’est pas assez ´elev´e pour que la Ferme g´en´erale ait int´erˆet `a la r´eclamer, les populations, pour qui «les droits l’emportent sur les devoirs»15, sont plutˆot r´eticentes `a transporter leurs bois jusqu’aux salines. Avec l’ordonnance du 2 mars 1724, des dispositions physiques sont prises pour contraindre les habitants des quatre lieues autour de Salins `a remplir leurs devoirs :

12. Ibid., p. 96.

13. Archives d´epartementales du Jura, C 1217.

14. VION-DELPHIN Fran¸cois, «Entre pass´e, pr´esent et avenir : l’´evolution de la perception de la forˆet en Franche-Comt´e aux temps modernes», in Jean-Pierre CHABIN (dir.),La forˆet dans tous ses

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etats de la Pr´ehistoire `a nos jours, actes du colloque de l’Association interuniversitaire de l’Est (Dijon, novembre 2001), Besan¸con : Presses universitaires de Franche-Comt´e, 2005, p. 190.

15. VION-DELPHIN Fran¸cois,op.cit., p. 190.

«Nous ordonnons que notre ordonnance dudit jour deux mars dernier sera ex´ ecu-t´ee selon sa forme et teneur, sous les peines cy port´ees, et en outre par ´etablissement de garnison dans les maisons des particuliers refusant de s’y conformer ; auquel effet nous prions M. les Officiers de l’ ´Etat Major de la ville de Salins, de donner main forte pour l’ex´ecution de notre ordonnance dudit jour deux mars, et de la pr´esence, toutes fois et quant ils en seront requis par le sieur Jacques notre subd´el´egu´e en lad.

Ville, auquel le fermier dans le susdit cas de contravention pourra s’adresser»16.

Au d´ebut du XVIIIesi`ecle, la monarchie fran¸caise tente en effet d’imposer sa volont´e aux populations pour appliquer `a l’espace forestier de Salins une nouvelle vision de la forˆet, h´erit´ee de 1669 et de l’ordonnance des forˆets de Colbert. Si le bois reste essentiel pour les habitants, les industries locales, les salines, les fournitures `a la marine, etc., on commence n´eanmoins `a comprendre, avec les p´enuries r´ecurrentes, la n´ecessit´e de prot´eger cette ressource commune grˆace `a une administration coh´erente, `a une exploitation limit´ee et tourn´ee vers l’avenir. C’est `a cet effet qu’est cr´e´ee en 1692 la Grande Maˆıtrise des Eaux et Forˆets, avec un personnel hi´erarchis´e, aux comp´etences techniques et judiciaires17.

Pourtant, malgr´e ces nouvelles dispositions, qui, certes, tardent `a se mettre en place mais font progresser la gestion de l’espace forestier franc-comtois, le probl`eme de la p´ e-nurie de bois n’est pas r´esolu. En 1727, Maclot, Grand Maˆıtre des Eaux et Forˆets au D´epartement de Champagne, constate encore que :

«Les salines de Salins sont en danger de tomber en p´enurie par la mauvaise exploitation et administration des bois tant de Sa Majest´e que des particuliers et des communaut´es destin´es `a l’usage des salines. [. . .] Elles sont totalement d´egrad´ees, furet´ees, jardin´ees, anticip´ees et extirp´ees par les usagers et hors d’´etat de fournir

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a jamais les bois n´ecessaires `a la cuite des muires s’il n’y ´etait pourvu par une R´eformation g´en´erale»18.

De nouvelles mesures sont donc prises pour pr´eserver l’espace forestier. Par exemple, certaines parties des forˆets sont ferm´ees pour une dur´ee de vingt ans, d’autres sont re-plant´ees, des foss´es sont am´enag´es pour d´elimiter les forˆets, on interdit la construction

16. Archives d´epartementales du Jura, C 1217.

17. VION-DELPHIN Fran¸cois,op.cit., pp. 191–192.

18. Cit´e par PLAISANCE Georges,op.cit., p. 42.

de nouveaux chalets, on limite les droits d’usage des populations locales, des peines pou-vant aller jusqu’`a 500 livres sanctionnent les d´elits, etc19. Mais l`a encore, l’impact de ces mesures ne se fait pas sentir imm´ediatement et les am´eliorations sont insuffisantes face `a l’ampleur des besoins de la Saline. Vers 1750, l’approvisionnement en bois de Salins est

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etendu de trois `a quatre lieues. Et alors que l’approvisionnement en combustible coˆute cher `a la Saline, la formation des sels continue d’ˆetre menac´ee par le manque de bois, comme on le constate dans cette ordonnance de 1751 :

«[. . .] tous ces diff´erens accidens ont empˆech´e que l’Entrepreneur de la fourniture n’ait pu faire dans le cours de l’ ´Et´e les provisions ordinaires pour fournir au Service durant l’Hiver prochain. Le concours de tant de contretems lui a fait prendre tous les mo¨ıens capables d’y parer d`es le mois de Janvier 1751 ; il a donn´e plus de quinze mille livres aux Voituriers : outre plus de trente cinq mille cinq cens livres qu’il leur a pareillement avanc´e depuis le commencement de son Trait´e, pour remonter leur attelage ; et continu¨e encore de donner de l’argent `a ceux qui ont perdu leur B´etail dans la mortalit´e et qui sont `a port´ee de voiturer les Bois de l’ordinaire pr´esent et de l’ann´ee prochaine.

Il a fait r´eparer `a grands frais toutes les parties de Chemins int´eressantes au Service ; il a port´e depuis plus de six mois le prix des Voitures plus haut qu’elles ne l’ont encore ´et´e : outre le prix excessif des Voitures, il a encore fait distribuer du pousset et de l’argent `a chaque Particulier qui a voitur´e des Bois aux Salines ; et `a toutes ces d´epenses il a encore ajout´e la pr´ecaution de faire exploiter dans les Bois qui lui sont d´elivr´es, ceux les plus `a port´ee de Salins ; et d’assortir toutes les Routes autant que les d´elivrances l’ont pu permettre : en sorte qu’il a actuellement (22eme Octobre 1751) plus d’onze mille cordes d’exploit´ees.

Malgr´e toutes ces pr´ecautions et tant de d´epenses, le Supliant n’a pu et ne pourra parvenir `a faire les approvisionnemens ordinaires dans les Salines pour en soutenir le service pendant l’Hiver de 1751 et 1752 ; et il ne lui reste plus d’autres mo¨ıens pour continuer la formation des Sels (tant pour la Province que pour le Corps Helv´etique) que de contraindre les Particuliers et Voituriers qui sont dans les quatre lieues aux

19. Ibid., p. 42.

environs de Salins, de faire par semaine et par chaque attelage trois Voitures de Bois aux Salines»20.

Faute de pouvoir subvenir aux besoins de la Saline de Salins malgr´e tous les moyens mis en œuvre pour y parvenir, l’administration des salines se tourne alors vers une autre r´eserve de bois, la Forˆet de Chaux situ´ee `a une quinzaine de kilom`etres de Salins. Le probl`eme du bois pour Salins est tel que, malgr´e la distance, la Forˆet de Chaux semble ˆ

etre une source possible, voire n´ecessaire, d’approvisionnement. Ainsi, un arrˆet du 30 janvier 1753 ´etablit qu’en cas d’insuffisance du bois dans un rayon de quatre lieues autour de Salins :

«Les adjudicataires de la forˆet de Chaux sont tenus de livrer aux entrepreneurs de la saline, au prix de 3 livres 10 sols la corde21, autant de bois suppl´ementaire qu’il ´etait n´ecessaire ; l’entrepreneur de la saline devait remettre deux ans `a l’avance au grand maˆıtre des Eaux et Forˆets un ´etat des bois dont il aurait besoin»22.

Avec l’extension du p´erim`etre d’exploitation du bois de la Saline de Salins, l’id´ee que la Forˆet de Chaux puisse fournir le combustible n´ecessaire `a la formation des sels se fait donc de plus en plus concr`ete. La p´enurie de bois est un probl`eme ancien, et le lien qui unit Salins `a la Forˆet de Chaux se construit `a travers les ´echecs successifs des diff´erentes mesures prises pour pallier le manque de bois dont souffre la Saline. Malgr´e tout, la solution qui consiste `a faire voiturer en cas de n´ecessit´e les bois de la Forˆet de Chaux vers Salins ne peut ˆetre qu’une solution provisoire. Le probl`eme reste entier ´etant donn´e l’ampleur de la consommation de bois au XVIIIe si`ecle.

Car la Saline n’est ´evidemment pas la seule consommatrice de bois. Une grande partie des forˆets environnantes est utilis´ee par les populations locales. Ainsi, si la Saline de Salins exploite les coupes en taillis, elle doit estimer non seulement ce dont elle aura besoin pour sa propre activit´e, mais elle est aussi charg´ee de faire exploiter ce qui servira entre autres de bois de chauffe aux habitants de la ville de Salins. D`es lors, le Commissaire

20. Archives d´epartementales du Jura, C 1216.

21. 1 corde = environ 3,840 st`eres.

22. VION-DELPHIN Fran¸cois, «Salines et administration foresti`ere en Franche-Comt´e `a la fin du XVIIIesi`ecle : l’exemple des salines de Chaux», in Actes du 99econgr`es national des soci´et´es savantes (Besan¸con, 1974), Paris : Biblioth`eque nationale, 1976, p. 182.

g´en´eral du roi pour les Salines de Franche-Comt´e estime avec deux ans d’avance les surfaces

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a exploiter pour l’ordinaire de chaque ann´ee, comme celui de 1769, ´etabli d`es 1767 :

«Etant n´´ ecessaire de pourvoir incessamment `a la d´elivrance des coupes en taillis

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a exploiter depuis et `a commencer l’automne prochain pour continuer pendant l’an-n´ee 1768 pour la fourniture tant des salines que du chauffage de la ville que des forts sur Salins et des menues fournitures `a faire au public pour l’ordinaire de 1769, afin que les r´eserves puissent ˆetre marqu´ees et choisies par les gardes marteaux chacun dans leur d´epartement au plus tard dans le courant de septembre prochain pour le tout ˆetre exploit´e `a la diligence et dans le temps requis par l’entrepreneur des salines et relativement au besoin du service, savoir : [. . .] Total des taillis exploit´es : 1362 arpens 18 perches.»23.

En 1774 encore, il estime qu’il faudra exploiter 1219 arpents 62 perches de bois de taillis, soit pr`es de 6,23 km2 de bois, pour suffire `a l’ordinaire de 1776. Les besoins en bois sont donc particuli`erement importants chaque ann´ee, non seulement pour le service des salines mais aussi pour celui des particuliers. Et les volumes de bois acquis en cons´equence par la Saline le sont tout autant, comme en t´emoigne l’´etat des bois des Forˆets et des Entrepˆots, arriv´es `a la Saline et au Chantier du Chauffage de la ville de Salins, de 1787 `a 1789 (tableau 1.1, p. 41)24.

Tableau 1.1 – Consommation de bois `a Salins de 1787 `a 1789.

Ann´ee Quantit´e de bois Equivalence´ (en cordes) (en st`eres) 1787 26 374,33 101 277,42

1788 25 895,69 99 439,45

1789 24 874,94 95 519,77

Source : Archives d´epartementales du Jura, A 158.

Restent encore les autres industries, qui elles aussi, sont tr`es xylophages. La ville de Salins est par exemple environn´ee de tuileries, comme celle de Villeneuve, situ´ee `a moins

23. Archives d´epartementales du Jura, A 764, folios 4 et 5. Pour la mesure des bois, c’est l’arpent des Eaux et Forˆets qui est utilis´e en Franche-Comt´e. 1 arpent = 100 perches carr´ees (51,07 ares). (Cf.

CHARBONNIER Pierre (dir.),Les Anciennes mesures locales du Centre-Est, d’apr`es les tables de conver-sion, Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise-Pascal, 1991, p. 109. 1362 arpents et 18 perches

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equivalent donc `a 69558 ares, soit pr`es de 7 km2 de bois exploit´es pour une ann´ee pour la seule ville de Salins.

24. Archives d´epartementales du Jura, A 158.

de deux lieues, et dont les propri´etaires r´eclament leur part de bois `a Monseigneur de Longeville, conseiller au Parlement et commissaire g´en´eral du roi pour l’administration des salines de Franche-Comt´e, dans une lettre du 16 mars 1770 :

«Que pour fournir aux besoins du public et meme de la saline dans les cas de besoin la tuile necessaire aux couvertures il leur faut environ quarante cordes de bois par ann´ee qu’ils ne peuvent trouver que dans les coupes en usance pour la saline dont ils sont environn´es et ainsi qu’il en est us´e pour les autres tuilleries qui comme celle-ci sont renferm´ees dans d’ancienne affectation des d. salines et que faute de ce leur thuillerie quelque avantageuse qu’elle soit au public par la qualit´e sup´erieure de la tuile qui y est fabriqu´ee ne pourroit subsister par leur impossibilit´e de pouvoir trouver des bois ailleurs pour son affouagement»25.

La Saline doit ´egalement compter avec les forges, nombreuses en Franche-Comt´e.

En 1784, sur une production totale de 1 102 852 cordes de bois, la consommation en bois des forges repr´esente en effet un volume de 413 658 cordes, soit 39 % du total, alors que celle des salines (y compris les salines r´ecentes comme Montmorot, Arc-et-Senans et Saulnot) n’en repr´esente que 3 % (29 000 cordes). La Saline de Salins consomme `a elle seule 13 000 cordes de bois, soit environ 1,2 % de la production totale de l’ann´ee.

Les autres industries (forges exclues) repr´esentent 4 %, et les usages domestiques 54 %, soit environ 0,769 cordes de bois par habitant pour l’ensemble de la Franche-Comt´e26. Si l’industrie du sel semble consommer beaucoup de bois, en r´ealit´e, sa part est minime face aux besoins d’une r´egion dont le quotidien et la prosp´erit´e sont bas´es sur l’utilisation du bois. Elle doit donc tr`es largement tenir compte des autres utilisateurs de la forˆet, ce qui contribue `a amplifier le ph´enom`ene de p´enurie de bois27.

A la veille de la construction de la Saline d’Arc-et-Senans, cette question du manque` de bois fait toujours d´ebat. Le probl`eme n’est toujours pas r´esolu et tend, au contraire,

25. Archives d´epartementales du Jura, A 764, folio 46, Les propri´etaires communs de la tuilerie sont : Jeanne Claude Meny, veuve de D´esir´e Mairot de Villeneuve d’aval, Jean Fran¸cois Mulin son gendre et Claude Fran¸coise Meny, femme de Gaspard Pages.

26. LASSUS Fran¸cois,etallurgistes franc-comtois du XVIIeau XIXesi`ecles : Les Rochet, Th`ese de 3e cycle, sous la dir. de Maurice GRESSET, Besan¸con : Universit´e de Franche-Comt´e, 1980, p. XXVIII.

En 1784, la consommation reste cependant en de¸c`a de la production, puisqu’il se d´egage un exc´edent de

En 1784, la consommation reste cependant en de¸c`a de la production, puisqu’il se d´egage un exc´edent de

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