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Revue de la littérature et cadre conceptuel

1.2. Cadre conceptuel : Approche biographique et reproduction sociale

1.2.1. L’approche biographique et les transitions postscolaires

L’approche biographique en sciences sociales est un paradigme de recherche pluridisciplinaire25F25F

26 qui a pour objet le parcours de vie. Le parcours vital a un début et une fin,

et représente une transformation graduelle sur les plans physique, psychologique et social au fil du temps. Face aux multiples dimensions de la vie humaine, le plan social est matière d’études de la démographie et de la sociologie26F26F

27. L’approche biographique s’appuie sur quatre

éléments analytiques fédérateurs : la temporalité, le contexte historique et géographique, les liens sociaux et la capacité d’action (Elder et Giele, 2009 ; Elder et al., 2003).

En démographie, cette approche cherche à expliquer les tendances globales des changements d’état des individus au cours de leur vie. L’utilisation de cohortes successives avec des données transversales, puis le suivi des biographies avec des données longitudinales, a contribué à l’approfondissement de l’analyse des populations par les démographes. Trois dimensions principales structurent l’approche biographique en démographie.

La première est l’analyse de l’interaction entre différents changements dans la situation des individus au cours de leur vie. Cela implique mesurer l’association entre les événements dans des dimensions différentes du parcours vital, pour ainsi établir le type de dépendance existante entre eux (Courgeau et Lelièvre, 1990). Le temps est un aspect primordial dans le but d’établir des relations causales entre événements biographiques.

La deuxième dimension est la mesure de l’hétérogénéité des populations dans l’enchaînement des événements biographiques, ainsi que celle des rapports statistiques existants entre eux. Un

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Deux études pionnières sont The Polish Peasant in Europe and America de William Thomas et Florian Znaniecki publiée entre 1918 et 1920 et Children of The Great Depression de Glenn Elder (1974).

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En 1983, Featherman défend la perspective biographique comme capable de dépasser les frontières disciplinaires en ayant comme but d’analyser « les changements dans le développement du comportement humain, de la conception à la mort, et se constitue à partir d’une matrice d’influences biologiques, psychologiques, sociales et historiques, et de leur temporalité à travers la vie des individus » (1983: 24). Depuis, les efforts pour une unification conceptuelle de base (Alwin, 1995; Elder, 1998) n’ont pas suffi pour dépasser les principaux clivages entre les sociologues du life course et les psychologues du life-span. Globalement, la psychologie développementale et sociale recherche des parcours, constitués d’événements ou d’auto-perceptions, universels et prédictibles tandis qu’en sociologie l’accent est mis sur l’impact du changement sociétal et de la diversité de groupes sociaux dans les trajectoires. Or, si deux projets différents divisent une grande partie des recherches dans ces deux disciplines, un nombre important d’études interdisciplinaires anime un dialogue fertile et particulièrement dans l’analyse de la capacité d’action et de l’identité au cours de la vie (Côté et Levine, 2014).

des objectifs centraux dans l’étude de la population est de comparer les biographies par sous- groupes de population, notamment à partir des catégories « classiques » comme le sexe, l’âge, le lieu de résidence (urbain/rural), le pays et l’histoire migratoire.

La troisième dimension - spécifique aux démographes - repose sur leur critère d’objectivité. D’une part, l’analyse des biographies est basée sur la prise en compte d’événements ou de statuts « objectifs » observables, tels que le mariage, la migration et l’emploi, « laissant aux autres sciences humaines l’étude des événements ou des états subjectifs » (Courgeau et Lelièvre, 1990 : 51). Ceci se voit reflété au travers de questionnaires fermés de façon à capturer avec précision les dates auxquelles ont lieu ces événements, ainsi qu’une diversité de caractéristiques individuelles et contextuelles. D’autre part, les méthodes explicatives sont basées sur la théorie des probabilités, pour laquelle il est essentiel d’avoir des données suffisantes et représentatives des populations. De plus, avec l’estimation des probabilités, il est possible de comparer l’impact d’un événement sur un autre entre sous-populations (GRAB, 2006).

• Institutionnalisation de la biographie

Passeron (1990b, 158) identifie dans l’étude de l’institutionnalisation du temps social un des principaux itinéraires théoriques de l’approche biographique, à travers l’analyse des « structures objectives culturelles ou statistiques qui les précèdent et déterminent ». L’institutionnalisation du temps social est un processus par lequel des croyances et des modes de conduite concernant la façon de mener le parcours de vie deviennent collectives (Kohli et Meyer, 1986). Elle est « constante, contraignante et distinctive » (Boudon et Bourricaud, 1982) ; constante du fait de la relative standardisation des pratiques d’un individu à l’autre et à travers le temps, contraignante car elle préexiste et s’impose à l’individu, et distinctive car elle varie selon les cultures et les groupes sociaux. Le degré d’institutionnalisation est variable et peut être analysé en fonction de ces trois critères. Ce processus est basé sur des schémas culturels, ensemble de valeurs et de croyances qui donnent sens à la vie, et qui définissent des critères de développement positif, ainsi que sur l’épanouissement au cours des différentes étapes de la vie.

Dans la formulation de ces critères interviennent des agents émetteurs de normativité, particulièrement importants dans la production et la reproduction de modèles de parcours biographique. Pour Lalive d'Epinay (2005: 201) ces modèles « consistent, d’une part, en des

systèmes de normes et d’allocation de ressources prenant la forme de profils de carrière et de statuts d’âge, ainsi que de transitions généralement associées à des âges typiques; d’autre part, en un ensemble de représentations collectives et de références partagées. Ils constituent l’une des médiations centrales entre le système socioculturel et les individus ». Les modèles de parcours de vie se présentent comme des modes légitimes de réussite dans la sphère privée et publique, ainsi ils sont des buts à atteindre et des moyens légitimes pour les atteindre. Les agents émetteurs de normativité27F27F

28 apportent des éléments dans la formulation des schémas qui

se présentent comme horizons de vie valorisés, notamment dans des espaces de socialisation tels que l’école ou la famille.

Cependant, il faut considérer que l’institutionnalisation fait l’objet d’interprétation et de négociation de la part des individus et des groupes sociaux. Au-delà de l’influence des schémas culturels, les individus orientent leur parcours biographique à partir d’un processus de production de bien-être individuel, ce qui implique « atteindre ou maintenir des états biographiques et des pratiques quotidiennes satisfaisantes » (Huinink et Feldhaus, 2009 : 16). Les agents utilisent des conceptions, parfois divergentes de la norme, liées à l’âge pour comprendre et organiser leur vie et établir des objectifs. Ainsi, un aspect à prendre en compte est l’existence d’une tension entre mener une « vie socialement légitime » et réaliser un parcours qui reflète sa singularité (Meyer, 1986b). L’autoperception et l’autorégulation sont des processus formulés individuellement, qui prennent en compte les attentes sociales, mais qui passent par un processus de réflexivité et le développement d’un style personnel. D’après Hogan (1978), plus une transition est proche de la norme, plus les individus expérimentent une sensation d’harmonie et légitimité de leurs choix par rapport au modèle sociétal de parcours de vie.

Un deuxième itinéraire théorique appelé « sartrien » par Passeron (1990 : 322) est celui qui cherche à analyser le « double mouvement de l’action sociale des individus et du déterminisme social des structures ». L’action des individus dans leurs parcours de vie est aussi influencée par les expériences et les ressources précédentes dans leurs trajectoires. Le niveau de réflexivité par rapport aux situations vécues dans le passé influence les choix, les représentations et les actions des personnes. A travers la façon dont les personnes construisent leurs propres parcours individuels, elles contribuent à reproduire ou à changer les schémas

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Parmi les agents émetteurs on compte l’Etat, les organisations politiques, les religions et les médias. Si l’Etat a une dimension administrative et régulatrice, il est aussi une entité culturelle, qui définit ces missions et les ressources légitimes à mobiliser pour les atteindre (Meyer, 1986a).

culturels28F28F

29. L’âge devient un aspect significatif dans la perception de soi dans le temps

historique, à travers l’appartenance à des univers générationnels spécifiques qui lient expériences personnelles et repères socio-temporels (Mannheim, 2011).

La notion de génération est complexe et très utile pour les analyses des changements économiques et socioculturels. Dans notre travail elle est mobilisée dans la contextualisation et la discussion des résultats. Nous utilisons le terme cohorte comme concept opérationnel de la démographie pour désigner le groupe d’individus ayant né pendant la même décennie, en l’occurrence 1980. Ce groupe d’individus sera ainsi matière d’une analyse de cohorte synthétique, détaillée en chapitre 4. Nous utilisons ainsi le terme génération et cohorte comme synonymes, tout en gardant le deuxième pour décrire les résultats quantitatifs29F29F

30. Ainsi,

l’adjectif cohortal sera utilisé pour faire référence à la cohorte suivie.

Les membres d’une même génération ont des schémas culturels similaires concernant des « parcours légitimes ». Par ailleurs, les individus sont susceptibles de réfléchir sur ces orientations et les normes qui les encadrent, à partir d’expériences préalables et de leur capacité de signification. Ainsi, les schémas culturels peuvent être questionnés ou interprétés de différentes manières par les individus. Un déséquilibre entre l’intensité des schémas culturels et les moyens pour parvenir aux buts culturellement définis entraine la multiplication de conduites anomiques (Merton, 1938). L’adaptation de l’individu aux buts et aux conditions pour accéder à ces buts socialement valorisés est variable en fonction des choix individuels.

• L’analyse des parcours biographiques

En sociologie, l’approche biographique a comme principal but l’« analyse catégorielle des flux » (Passeron, 1990a: 125). L’intérêt est porté sur la dimension sociale de ces catégories, états et évènements dans la vie individuelle, c’est à dire l’inscription du temps individuel dans des ordres institutionnels majeurs. La dimension temporelle est primordiale, son but étant de « cartographier, décrire et expliquer la distribution synchronique et diachronique des individus dans les postions sociales » au cours des biographies (Mayer, 2004). Ainsi,

29 Ceci peut passer par le biais d’un processus cumulatif ou à travers la pression individuelle pour le changement

des normes (Mayer, 2004).

30 Cette utilisation des deux termes dans un même travail de recherche a été inspirée par celle de de Louis

l’analyse de la biographie passe par une analyse systématique de la chronologie, des séquences temporelles et des durées des situations. Au carrefour entre temps, individu et société, l’âge biologique constitue un des éléments centraux dans l’approche biographique.

La centralité de la dimension temporelle permet de rendre compte de la complexité du parcours biographique, en formulant une analyse en termes de dynamique temporelle et de

processus (Abbott, 2001). Ainsi, la trajectoire est une séquence d’événements ou de statuts

sociaux unifiée par leur nature, en termes d’expérience sociale, ainsi que par les liens temporels internes (Heinz et Krüger, 2001). Les trajectoires sont ainsi interconnectées, peuvent se dérouler parallèlement et de façon interdépendante30F30F

31. Les événements sont des

expériences significatives dans la vie des individus et le statut social est l’« ensemble de ressources réelles ou virtuelles, dont la disposition pour un acteur permet à celui-ci d’interpréter ou jouer ses rôles selon des modulations plus ou moins originales » (Boudon et Bourricaud, 1982: 565). Ainsi, les différents statuts ouvrent la possibilité de développer plusieurs rôles sociaux, c’est à dire « modèles de conduite relativement stables » (Férreol, 2011) orientés par les schémas culturels31F31F

32. Chaque statut implique des droits, des devoirs et

des modes de conduite caractérisant la position de chaque personne en relation aux autres. Au cours de la vie, à travers la socialisation, les individus incorporent de façon plus ou moins consciente ces modes de conduite, des façons d’être, des appartenances et des expériences assignées aux âges biologiques (Settersten et Mayer, 1997). Les statuts liés à l’âge donnent forme à la perception et aux expectatives des individus en fonction des localisations dans le cycle vital. Par exemple, le statut de « personne âgée », entraîne un traitement particulier envers lui et les attentes sur le comportement seront différentes par rapport à un « enfant » ou à un « jeune ».

31 Il est fréquent de regrouper la multiplicité de trajectoires en « sphères de vie », espaces relativement

autonomes dans la vie des personnes (Elder, 1998). En général, une première distinction est faite entre la sphère « privée », qui inclut notamment les trajectoires conjugale, reproductive, de parenté, de santé ; et la sphère « publique », qui englobe la formation, l’emploi et la participation politique et associative. La nature des liens interpersonnels dans la première sphère est en prédominance de type individuel ou parental, tandis que les liens dans la deuxième sphère sont de l’ordre des intérêts ou des contrats.

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Il existe une interrelation entre statut lié à l’âge et ceux d’autres natures, par exemple dans la sphère professionnelle le statut « homme âgé » sera en rapport à celui de « retraité ». Un aspect spécifique du rôle social est qu’il est à plus fort contenu moral, donc les rôles sont plus qualifiables, il est possible de parler d’un « bon » ou « mauvais » père ou mère. La relation entre rôles sociaux et statuts liés à l’âge sont complexes. Etre éloigné des comportements et des choix attendus à chaque étape de vie, et pendant les transitions entre étapes, peut conduire à des malaises, des sanctions et une marginalisation sociale.

Le découpage traditionnel en trois cycles de vie enfance, âge adulte et vieillesse est prédominant dans la représentation sociale de la vie. Ce découpage assigne à l’individu une position dans l’un de ces trois étapes : une première étape de dépendance et d’apprentissage, suivie d’une prise en main autonome de la pleine participation dans la communauté, finalement une étape marquée par la fatigue (Deschavanne et Tavoillot, 2007). On peut dire que ces interactions sont orientées par des impératifs tels que celui d’« honorer les aînés », ainsi que l’idée de « sagesse, prudence et expérience » censée être le résultat de l’accumulation d’expériences dans un parcours plus long et qui est censé influencer le comportement des plus jeunes. Ainsi, les statuts correspondent à un modèle biographique général organisé autour de la production et de l’emploi, avec une étape initiale formative de préparation, suivie d’une étape de vie active productive et finalement une étape de repos après les années de travail (Kohli, 1986). Avec les changements sociaux contemporains, comme la généralisation de l’éducation et de l’allongement de l’espérance de vie, le découpage en trois cycles a évolué et de nouveaux statuts sociaux tels que la « jeunesse » ou la « grande vieillesse » émergent pour spécifier de nouvelles conditions liées à l’âge.

Le passage entre statuts se configure notamment quand l’individu assume plusieurs nouveaux rôles. La phase d’accès ou de changement d’un rôle social est une transition. Celles-ci marquent un changement de « forme et de signification » dans la vie des personnes (Elder, 1985 : 22). Par ailleurs, le début et la fin des trajectoires sont marqués par une transition (Macmillan, 2009). Si certaines transitions ont une importance majeure par rapport aux autres, aucune transition n’implique par elle-même un changement de statut, les passages entre statuts sont le résultat de l’agrégation de plusieurs transitions (Garcia et Merino, 2006). Cette façon de voir un passage est basée sur la multi-dimensionnalité du parcours biographique, car elle intègre différentes sphères de la vie (Heinz et Krüger, 2001). Il faut considérer aussi que l’institutionnalisation du parcours de vie implique aussi des façons de réaliser les passages biographiques (Neugarten, 1976).

Les passages peuvent être décrits comme un processus double : « en même temps un passage de statut institué dans le cours de vie des cohortes et une transition personnalisée pour les individus avec une histoire de vie singulière. » (Shanahan et Macmillan, 2008: 82). Le passage représente ainsi une expérience individuelle et collective de changement d’une situation à une autre dans plusieurs trajectoires. L’approche biographique en sociologie s’intéresse notamment aux passages d’un statut à l’autre car il s’agit d’étapes de changement

dans la dimension sociale et identitaire. Par exemple, les passages biographiques se caractérisent par l’évolution de l’image de soi par rapport aux attentes sociales. Cela implique un positionnement de l’individu vis-à-vis des statuts sociaux, notamment du fait des attentes des environnements sociaux significatifs pour celui-ci.

Une dimension significative de l’analyse des passages d’un statut à un autre est l’observation systématique de son apparition, sa séquence, sa chronologie et sa durée. Un passage peut être décrit comme « ordonné » ou « non ordonné », en fonction de la norme sociale de référence dans chaque contexte spécifique (Rindfuss, 1991). Ainsi, l’analyse de la déviation des passages de statut observés dans la population par rapport aux durées et aux moments institués a pour but l’identification de parcours alternatifs spécifiques à certains profils individuels ou groupes sociaux –ainsi que l’identification du changement social à travers les cohortes. Du point de vue de l’expérience subjective, selon Hogan (1978) suivre l’ordre normatif des transitions dans le passage à l’âge adulte donne à l’individu une sensation de légitimité et d’harmonie du choix par rapport au contexte social.

• Jeunesse, « passage à l’âge adulte » et transitions postscolaires

Comme résultat de l’évolution d’institutions telles que la famille et l’éducation, la jeunesse comme étape de vie s’est consolidée et est devenue un des principaux objets de recherche de l’approche biographique. La jeunesse comme étape biographique est le résultat des changements sociaux à partir du XXe siècle. Les études secondaires et supérieures se généralisent et ceci implique un décalage des rôles publics et privés. Initialement cette étape de « jeunesse » était socialement située dans les couches aisées, elle se “démocratise” par l’expansion progressive de la scolarité. Le processus d’expansion de l’éducation et d’autres comme la diminution du taux de fécondité ont fait que l’étape entre l’enfance et l’âge adulte se prolonge (Galland, 2011).

L’approche biographique analyse une dimension de la jeunesse, phase où a lieu un certain nombre de transitions. Le passage à l’âge adulte est un processus complexe d’adoption de rôles sociaux associés au « statut adulte », ce qui implique un changement dans la position, les responsabilités, les droits et les dispositions socialement définies (Benson, 2014). Ce passage implique un certain nombre de transitions d’entrée dans de nouveaux rôles sociaux qui se

caractérisent par une plus grande autonomie et indépendance (en particulier dans les trajectoires familiale et professionnelle). L’autonomie et l’indépendance sont des capacités individuelles qui se trouvent au cœur de la définition du statut d’un adulte. Certains rôles ouvrent la possibilité à plus d’autonomie tandis que d’autres peuvent soutenir la consolidation de l’indépendance.

L’autonomie est l’aptitude à se faire une vision du monde et à guider ses choix à partir de critères propres. Le processus d’autonomisation commence depuis l’enfance et évolue tout au long de la vie. Les rythmes individuels d’autonomisation se différencient à partir des capacités et des dispositions personnelles, ainsi que des conditions sociales et familiales que l’individu doit gérer. Cependant, dans le cadre institutionnel des sociétés contemporaines, la fin des études secondaires représente un seuil social d’autonomisation par la prise en main de son propre avenir. La sortie du collège engage l’individu à des prises de décision concernant le futur, à une plus grande gestion de son temps et de ses ressources et à son autorégulation dans les environnements où il participe. De plus, pour un grand nombre de pays, cela correspond à devenir légalement majeur, ce qui implique la responsabilisation pour ses actions, voter, ainsi que l’accès élargi à des produits et des services limités aux adultes.

L’indépendance implique la capacité d’assurer sa propre reproduction matérielle (De Singly, 2004). Puisque c’est dans la sphère professionnelle qu’on accède aux ressources économiques, l’indépendance y est intimement liée. L’autonomie peut être plus difficilement cantonnée à une trajectoire, puisqu’elle se développe de façon spécifique à chaque trajectoire, autant dans la sphère professionnelle que dans la privée. Le processus d’autonomisation est