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L’alternance de 1981 et le « printemps des clubs »

1 ère partie : Genèse

Section 1 : Les effets de la polarisation du champ politique

C. L’alternance de 1981 et le « printemps des clubs »

Il ne s’agit pas ici de revenir en détail sur la campagne électorale de 1981, qui débouche sur la double victoire, présidentielle et législative, de la gauche, mais de souligner ses effets sur une droite divisée et traumatisée par la perte d’un pouvoir conservé depuis 1958. Désemparée, souffrant d’un « étrange vide intellectuel »296, l’opposition connaît un véritable bouillonnement, veut comprendre les causes de son échec et les moyens de reconquérir le pouvoir. Une nouvelle génération politique, critique vis-à-vis de partis qui se déchirent297, souhaite s’engager contre le pouvoir socialiste mais de manière différente : « l’exemple des clubs de gauche dans les années soixante était là pour démontrer que le rayonnement ou l’influence politique peut s’acquérir ailleurs que dans les formations partisanes »298. Intellectuels et responsables politiques convergent pour souligner le rôle des clubs : pour Raymond Aron, « voici venu le temps des sociétés de pensée »299 ; Jacques Blanc (secrétaire général du Parti républicain) considère que « la priorité va aujourd’hui à la bataille

295

Cités in FREMONTIER Jacques, Les cadets de la droite, Paris, Seuil, coll. « Points », 1984, p.190-191. Philippe Séguin met en garde l’opposition à la veille des élections de 1986 : « dans

l’opposition, on s’obstine à nier que les socialistes aient abdiqué quoi que ce soit de leurs orientations initiales ; on affecte de croire que la marxisation de la société est, plus que jamais, en marche. », Réussir l’alternance. Contre l’esprit de revanche, Paris, Robert Laffont, 1985.

296

COLARD Daniel, « Réflexions sur le renouveau des clubs politiques après l’alternance du 10 mai 1981 », Pouvoirs, 25, avril 1983, p.158.

297

Rappelons l’inimitié qui oppose alors Jacques Chirac à Valéry Giscard d’Estaing, le second reprochant au premier de l’avoir fait délibérément perdre l’élection présidentielle.

298

Ibid., p.159.

299

des idées. C’est un terrain que nous avons peut-être trop laissé à d’autres antérieurement »300.

C’est en effet une « nouvelle épidémie »301 de clubs qui se produit : à l’instar de leurs prédécesseurs, ils entretiennent des rapports de proximité variables avec les formations traditionnelles et accordent plus ou moins d’importance à la réflexion. On retrouve assez peu la catégorie des clubs de pédagogie civique (tels Citoyens 60), bien davantage des clubs militants souhaitant s’engager pleinement dans l’action politique :

• Le Club 89 : lancé dès 1981 par Michel Aurillac et Alain Juppé, ce club s’inscrit clairement dans la mouvance du RPR. Regroupant environ 3000 adhérents, à Paris mais aussi en province, il met en place des commissions et groupes de travail spécialisés pour élaborer un projet politique conséquent. Il développe comme le CDH un discours libéral mais de manière moins radicale et plus « utilitaire » avec des ouvrages thématiques302. Laboratoire de réflexion, il est pour Jacques Frémontier un « simple appendice […] du RPR »303 ; pour Alain Juppé c’est « un lieu d’accueil pour ceux qui ne veulent pas franchir le pas de l’inscription à un parti »304. On retrouve ici le rôle de « sas » ou d’antichambre des partis joués par les clubs, qui bénéficient d’une meilleure image en termes de fonctionnement.

• Les Comités d’action républicaine (CAR) : créés également en 1981 par Bruno Mégret, ils évoquent les Comités de défense de la République lancés en juin 1968 par leur présence sur le terrain (ils mènent par exemple une campagne de vérification des rayonnages des bibliothèques publiques en 1983, afin de vérifier la neutralité de celles-ci), mais leur activité intellectuelle ainsi que leur volonté de transformer les partis les rapproche de la famille des clubs. Ils se définissent comme « un mouvement en prise directe sur l’opinion »305. Organisés en secteurs (étudiants, élus…), regroupant jusqu’à 8000 adhérents en 1983, les CAR développent des analyses proches de celles du CDH et reprochent à l’ancienne majorité de nourrir un « complexe de gauche »306 qui a 300 Le Monde, 04/09/1981. 301 Le Quotidien de Paris, 21/09/1981. 302

Par exemple Libérer la communication, Paris, Albatros, coll. « Club 89 », 1984.

303

Op.cit., p.188.

304

Ibid.

305

Le Courrier des Comités d’action républicaine, 12, février 1984.

306

entraîné sa défaite. Des formules ambiguës telles que la « Nouvelle société » de Chaban-Delmas, le « travaillisme à la française » évoqué par le manifeste du RPR en 1976 ou le « libéralisme avancé » prôné par Valéry Giscard d’Estaing auraient nourri une spirale de concession à l’adversaire : « à valoriser les idéaux de la gauche et même à les reprendre à son compte, l’ancienne majorité en vint peu à peu à les réaliser et à appliquer avant elle une partie du programme socialo-communiste »307. Une faiblesse intellectuelle qui se conjugue avec les nombreux travers du personnel politique, qui resurgissent à l’occasion des élections municipales de 1983 : « une opposition traversée par des querelles de personnes, des listes d’union édifiées sur des disputes intestines, des coups bas et des rancoeurs justifiées, des candidatures « apolitiques » formant des équipes scissionnistes et qui rompent en réalité une unité ouvertement lézardée ; des politiciens empêtrés dans la bataille pour l’assiette au beurre et qui attendent le succès d’un retournement du vent dominant offert par le ciel avec un électorat sans enthousiasme et non gagné par la force de persuasion »308.

Cette analyse sévère n’est pas sans rappeler la critique du fonctionnement des partis faite par les clubs des années soixante: à la différence du Club 89 et du CDH, les CAR entendent mener la révolte de la « base » contre les états-majors, estimant que « l’opposition ne se réduit […] pas aux partis. Beaucoup plus riche, beaucoup plus vivante, l’opposition c’est d’abord l’ensemble des Français qui refusent le pouvoir actuel »309. Partisans d’une ligne dure mêlant ultralibéralisme économique et discours sécuritaire, ils tenteront de former un pôle autonome des clubs avec la Confédération des associations républicaines (CODAR) en 1984, pôle qui sera en fait le vecteur du rapprochement des CAR avec le FN (voir infra, 3ème partie).

• Le Groupe de recherche, d’action et de liaison des libéraux (GRALL) : créé en 1981, animé entre autres par Alain Madelin et Charles Millon, ce laboratoire de réflexion souhaite diffuser le libéralisme économique, plus particulièrement dans sa version américaine.

307

Ibid., p.47.

308

Le Courrier des Comités d’action républicaine, 3, printemps 1983, p.1.

309

• Le Cercle Périclès : rassemblant des adhérents du RPR et de l’UDF, ce club est actif notamment lors du débat sur les nationalisations. Il publie aussi un projet de gouvernement310.

• L’Institut de prospective politique, que l’on peut regrouper avec le Centre d’information et de recherches conjoncturelles et le Conseil pour l’avenir de la France : créés respectivement par Michel Poniatowski, Michel d’Ornano et Valéry Giscard d’Estaing, ces trois organisations semblent traduire le souci pour la mouvance giscardienne de ne pas laisser le monopole de la réflexion aux chiraquiens et à la gauche.

• Le Club Condorcet, cercle de réflexion implanté en milieu étudiant proche du RPR.

• Printemps 86 : fondé en 1984, il entend comme le CDH contribuer à l’élaboration d’une plate-forme électorale radicale pour l’opposition, allant jusqu’à préparer des projets de lois à appliquer immédiatement une fois le pouvoir conquis (voir infra, 2ème partie).

• Les Nouveaux Démocrates, club lancé en 1984, résume une opinion partagée par de nombreux militants : les partis, « faute d’avoir souhaité ou accepté un renouveau du personnel politique, se sont condamnés à faire du retour au passé leur principal objectif et de la continuation de leurs rivalités leur moyen privilégié d’expression politique »311.

A ces clubs « généralistes » s’ajoutent des organisations de moindre envergure, souvent spécialisées dans un secteur social ou professionnel, telles que Science et société (Christian Devaquet), Justice et République ou encore l’Association Femmes- Liberté, que l’on n’inclura pas dans l’analyse. A ce stade, il faut souligner que les clubs de droite, s’ils sont assez nombreux, semblent dès leur création nourrir de moindres ambitions que leurs prédécesseurs de gauche : seule une minorité d’entre eux se prononce pour une modification substantielle du fonctionnement des partis ; très peu entendent contester leur monopole électoral. Michel Aurillac, président du Club 89, l’exprime sans détour :

310

Les Cent premiers jours, Paris, Albatros, 1985.

311

Le Monde, 18/04/1984. Ce club semble avoir eu une activité et une durée de vie assez limitée. Il faut souligner le grand nombre de clubs créés à cette période, mais dont la consistance est extrêmement variable.

« Rien ne peut remplacer la structure et la mission d’un parti politique ; c’est lui, et

lui seul, qui participe aux échéances électorales et anime le suffrage universel. Il doit, pour cela, bénéficier d’une organisation cohérente et obéir à une ligne. Le rôle d’un club est totalement différent et non substituable. Il est un réservoir d’idées, un poil à gratter, il avance des propositions, il peut être désavoué sans risque. Il est, en effet, par nature, irresponsable. Mais, le moment venu, le club doit s’effacer pour laisser la place au parti politique »312.

La répartition des tâches semble actée par la plupart des clubistes des années 1980, il faut y ajouter la méfiance des partis par rapport à des réseaux qu’ils ne contrôlent pas : ainsi l’UDF réunit-elle son bureau politique fin 1981 pour décider si « l’engagement dans certains clubs ou associations est compatible avec l’appartenance à l’UDF »313.

Une partie des clubs rêve d’une existence autonome ; un débat qui se tient en octobre 1982 a pour thème : « les clubs sont-ils la troisième force de l’opposition [à côté du RPR et de l’UDF, NDA] »314. Certains participants y évoquent le souhait de voir se réaliser un « Epinay » de la droite, faisant place à des hommes capables d’assurer le renouveau, mais la plupart soulignent le risque de perte d’identité en cas d’engagement dans la compétition électorale, une solution de compromis consistant à réclamer un tiers des places sur les listes est évoquée. On reviendra plus longuement sur les différentes tentatives de regroupement de clubs de cette période (voir infra, 2ème partie), qui resteront pour la plupart sans véritable impact. Les partis de droite prennent néanmoins en compte les idées et propositions émises par les clubistes, qui partagent pour la plupart une idéologie libérale ou néo-libérale. Celle-ci se révèle attrayante aux yeux d’une génération qui n’a pas connu la Résistance, pour laquelle la référence gaulliste paraît de plus en plus lointaine, son adhésion aux valeurs individualistes étant favorisée par la réaction à la politique de la gauche. Si les partis de droite ne voient pas leurs structures évoluer, la redécouverte du libéralisme « a transité pour l’essentiel par des sites extérieurs aux organisations partisanes »315.

L’existence d’un antagonisme fort entre deux camps politiques opposés n’a pas que des effets centrifuges, favorisant la radicalisation : la mouvance centriste tente

312

La Vie Française, 30/01/1984.

313

« Les partis de l’UDF s’inquiètent de la prolifération des clubs », Le Monde, 13-14/12/1981.

314

Le Matin, 09-10/10/1982.

315

BAUDOIN Jean, « Le « moment néo-libéral » du RPR : essai d’interprétation », RFSP, 6, 1990, p.839.

de s’opposer à la mise en place du « quadrille bipolaire » décrit par Maurice Duverger.

§2 : Les clubs centristes

Les recompositions incertaines de la gauche non-communiste ont divisé la famille centriste, le MRP se révélant très divisé vis-à-vis d’un éventuel rapprochement avec la SFIO. La tentative de constituer une grande Fédération de Gaston Defferre ayant échoué, le centre dispose d’un candidat autonome en la personne de Jean Lecanuet à l’élection présidentielle de 1965. Celui-ci, ayant obtenu un score honorable (environ 15% des suffrages), lance le Centre démocrate en février 1966. Hostile, tout comme Jean-Jacques Servan-Schreiber qui prend la tête du Parti radical dans la même période, au PCF, il affirme : « ma conviction, c’est que l’entente pour gouverner est possible depuis les libéraux de progrès, franchement séparés d’une droite autoritaire, conservatrice, nationaliste, jusqu’aux socialistes d’évolution, franchement séparés des objectifs du PC »316. Mais face à la bipolarisation de la vie politique et à la concurrence des Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing, ce projet de rassemblement échouera, notamment à l’occasion des élections législatives de 1973 où le Mouvement réformateur, qui regroupe des petites formations de centre-droit et de centre-gauche, n’arrive pas à percer317 et disparaît quelques années après. Comme l’explique Maurice Duverger, « Les centristes se sont trouvés acculés à choisir entre la droite et la gauche parce que la structure des élections et des partis ne leur permettait plus une tierce position»318. La scission du Parti radical donnant lieu à la création du Mouvement des radicaux de gauche l’année précédente illustre le poids de la contrainte bipolaire sur le centre.

Cela n’empêche pas la création répétée de clubs ayant vocation à faire dialoguer la majorité et l’opposition et/ou qui espèrent recréer une force conséquente au centre ; mais en fait il s’agit souvent d’entreprises politiques lancées par des personnalités en marge de leur famille politique, telles Max Lejeune, député

316

Cité in LEPARDERE Stéphane, Le Centre démocrate, mémoire de DES de science politique de l’université Paris 2, 1974, p.61.

317

La presse évoque en 1972 la tenue d’une Convention des clubs réformateurs, produit de la fusion des clubs Ciel et terre et Action et Réforme mais on ne dispose malheureusement d’aucune information sur ces deux organisations.

318

socialiste hostile à l’alliance avec le PCF qui crée le club Dialogue socialiste en 1976 : le PS indique immédiatement qu’y adhérer entraînera l’exclusion de ses rangs. On peut citer également le Club Louise Michel, créé en 1977 par Janette Brutelle ; République et Démocratie (R&D), lancé par Jean-Pierre Prouteau (vice-président du Parti radical valoisien) en 1978 pour « promouvoir une nouvelle génération de centre-gauche »319 et à terme créer un nouveau parti. La même année se tient la convention nationale du Carrefour social-démocrate (CSD), animé notamment par Olivier Stirn, Lionel Stoleru et Bernard Stasi320, qu’ils définissent comme un « point de rencontre d’idées et de projets ouvert à tous, engagés ou non dans un parti politique. Le Carrefour social-démocrate n’est pas une structure partisane, mais un lieu de dialogue, de réflexion et de proposition »321. Soutenant la politique du gouvernement et développant une réflexion sur les moyens de contrer la gauche, le CSD entend reprendre à son compte le vocabulaire de celle-ci, évoque la poursuite d’une troisième voie entre collectivisme et libéralisme, « le socialisme du quotidien […], le socialisme du possible, […], le socialisme de l’Europe »322, d’où les futures critiques des clubs de droite que l’on a évoquées plus haut relatives au « socialisme rampant » de la mouvance giscardienne.

En juillet 1979, le CSD, R&D, le Club Louise Michel et le mouvement Initiative républicaine et socialiste (créé par Léo Hamon en 1976) signent une déclaration commune sur la nécessité de donner au centre-gauche ses propres moyens d’expression ; Janette Brutelle tente de lancer à la fin de la même année l’Union pour une nouvelle action politique afin de regrouper les « socialistes de dialogues » et d’être « en position d’arbitre dans les joutes politiciennes »323. Un comité de liaison est mis en place début 1980 entre les différentes organisations de centre-gauche ; une « journée des clubs » a lieu en juin 1980 : les mouvements centristes espèrent une réunification des radicaux et un dialogue constructif avec une partie de la famille socialiste mais l’alternance de 1981 empêchera ce projet. L’espace politique des clubs est alors restreint, les tentatives pour créer une force autonome affrontent une situation bien plus difficile que leurs prédécesseurs, « car

319

L’Aurore, 01/11/1978.

320

Celui-ci a également créé les clubs Démocratie nouvelle (à ne pas confondre avec le club de gauche basé à Marseille dans les années 1960) en 1977, en tant que troisième composante du Centre des démocrates sociaux (parti centriste fondé en 1976).

321

Documents de la convention nationale du Carrefour social-démocrate, BDIC, 28-29/01/1978.

322

toujours se profilent les références du passé, notamment celles de la réunion des clubs au sein de la CIR ou des Assises de Vichy en 1964. Mais sans le succès – dans un autre contexte il est vrai – de leurs devanciers »324.

A côté de ces clubs oeuvrant pour des recompositions politiques apparaît un cercle plus tourné vers la réflexion, dénommé dans un premier temps « Association 1973-80 », animé par Jacques Delors, Jacques Chaban-Delmas ou encore le fils de François Bloch-Lainé325. Il devient officiellement Echanges et Projets en février 1974326, annonce qu’il compte 120 adhérents. Le profil de ces derniers évoque la composition du Club Jean Moulin, car ils rejettent tout autant les barons gaullistes que le verbalisme révolutionnaire de l’alliance PC/PS, un effet de génération rentrerait ici en compte : « ce n’est pas non plus un hasard si beaucoup des hommes qui animent ces clubs appartiennent à la génération des 40-50 ans. C’est la génération que le changement de République, en 1958, a mise en porte à faux. Ils étaient trop jeunes pour avoir participé à la naissance du MRP. Et lorsqu’ils auraient pu devenir les cadres d’un mendésisme déradicalisé, celui-ci s’est trouvé englouti par la rupture de 1958. Ce sont des orphelins de la politique »327. Echanges et Projets se veut un lieu de réflexion ouvert et éloigné de l’action politique immédiate, ses membres refusent de choisir un camp : « nous ne serons pas les raccommodeurs de porcelaine du gouvernement. […] Nos projets peuvent être repris par la majorité ou par l’opposition »328. Le premier numéro de la revue du club porte sur des sujets concrets : le service militaire, la condition des immigrés, l’emploi.

D’autres tentatives isolées ont lieu dans les années 1980 : le député Charles- Emile Loo lance en 1985 le club Nouveau débat, pour essayer d’atténuer l’antagonisme entre gauche et droite. Ce n’est que très progressivement que la mouvance dite de la « deuxième gauche » va reconquérir du terrain : le club Démocratie 2000, créé en 1985, tient la même année un colloque durant lequel les intervenants remettent en cause les certitudes de la gauche sur l’entreprise, la sécurité sociale, et évoquent la nécessité de réintroduire une dose de libéralisme

323

Citée in BAUMAN Serge, « Le renouveau des clubs ? », Revue politique et parlementaire, 898, mai-juin 1982, p.77.

324

BAUMAN Serge, article cité.

325 Le Monde, 21/03/1973. 326 L’Express, 11/02/1974. 327 La Croix, 10-11/02/1974. 328 Ibid.

économique dans la matrice de la social-démocratie. La Fondation St Simon, à travers ses notes et le dialogue qu’elle fait naître entre le monde de l’entreprise et les intellectuels de gauche, contribue aussi à faire évoluer les dogmes traditionnels de la gauche.

Cette démarche d’élaboration de réformes précises, à distance des partis politiques, préfigure la vague des clubs de centre-gauche qu’on observera dans les années 1990 et 2000 (voir infra).

Les années 1970 sont marquées par un net reflux du phénomène des clubs, à gauche en raison de la constitution de l’alliance PS-PCF (qui a tranché le débat initié dans les années 1960) et de l’intégration d’un certain nombre de clubs dans le premier ; à droite et au centre, car si les organisations créées sont plus nombreuses, il s’agit souvent d’expériences éphémères, de « cellules auxiliaires » d’hommes politiques dont la position est fragile. Si Le Quotidien de Paris titre en avril 1975 « le retour des clubs »329, évoquant la création du Club de Paris par Joseph Fontanet ou celle du Club 16 par Olivier Guichard330, c’est pour mieux souligner une fonction bien réelle de ce type d’organisations : « plus banalement et plus prosaïquement, le club peut aussi servir de tremplin à des hommes guettés par l’insuccès. Le club, rampe nouvelle, rampe de lancement… »331. Le club sert ici à rassembler un groupe de fidèles et constitue un refuge pour une période de « traversée du désert » politique.

Le type de structure non-partisane le plus courant est à ce moment est le cercle de réflexion, associé plus ou moins étroitement à un parti ou à une famille politique, les grands projets de recomposition politique semblent marquer le pas pour céder la place à une réflexion plus « utilitaire » : les premiers signes d’un changement