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L’aide à domicile : des services limités aux personnes peu handicapées

Dans le document Vieillir en milieu rural (Page 49-51)

ARDECHE Sexe Age Situation 

I.1.  Deux territoires ruraux, appartenant au rural isolé, restant très marqués par l’activité agricole

I.1.2.  Deux territoires ruraux contrastés mais comparables, appartenant au rural isolé, très vieillissants

I.2.1.1.    L’aide à domicile : des services limités aux personnes peu handicapées

 

Sur  chacun  des  territoires,  les  services  d’aide  à  domicile  se  sont  développés.  La  fédération  nationale  de  services  à  la  personne  « Aide  à  Domicile  en  Milieu  Rural »  (ADMR) a été active dans le développement de ces services, forte de son réseau national 

35 Ces services sont ceux qui se sont mis en place à partir des années 70 à la suite des préconisations du rapport

Laroque et plus tard dans les années 80 dans une logique de médicalisation de la prise en charge de la vieillesse avec notamment le développement des soins à domicile et des maisons de retraite médicalisées.

et  de  son  mode  d’organisation,  bien  adapté  jusque  là  aux  habitudes  de  vie  en  milieu  rural. 

En effet, ce sont des bénévoles qui gèrent, dans le cadre de l’ADMR, les équipes d’aide à  domicile, de même qu’ils évaluent les demandes et organisent la réponse aux besoins et  aux  demandes  décelés.  Les  valeurs  support  de  l’ADMR  renvoient  aux  modes  de  solidarités en milieu rural et l’objectif est de mobiliser la communauté locale autour des  personnes âgées en difficulté. 

 

Cependant,    sur  le  territoire  ardéchois,  une  autre  association  développe  également  les  services de l’aide à domicile. Il s’agit d’une association « fille » de l’UNRPA, fédération  nationale développée en 1945 sous l’impulsion du parti communiste. L’existence de ces  deux associations de services d’aide à domicile repose donc sur des marquages locaux  historiques  et  idéologiques  et  les  territoires  d’intervention  de  chacune  de  ces  associations  sont  aussi  définis  en  fonction  des  orientations  politiques  des  maires  des  communes.  

De  même,  sur  le  territoire  creusois,  une  autre  association  intervient,  l’ADESSA36  également  affiliée  à  une  structure  nationale.  Là  encore,  cette  association  a  longtemps  fonctionné  avec  des  bénévoles.  Sa  professionnalisation  correspond  au  développement  du nombre de personnes aidées et à l’embauche de plus nombreux personnels.  

En tout état de cause, le fonctionnement de ces associations repose sur un fort bénévolat  et sur quelques personnes très impliquées localement, également dans d’autres secteurs  de la vie locale. Les responsables des aides à domicile sont le plus souvent des retraités  qui  investissent  fortement  dans  cette  activité  au  service  des  autre.  « bon,  chaque  jour  je  pense, chaque jour on avait…on recevait d’abord des coups de fils, et puis chaque jour on était  obligé de se tenir à jour de, parce que nous avions une liste, à un moment donné, on en avait 200,  230.  Euh,  donc  on  s’occupait  énormément  de  ces  personnes,  il  fallait  aller  visiter  les  personnes  pour  savoir  les  capacités  qu’elles  avaient  (…)  et  pourtant  on  était  content  quand  on  apporte  quelque chose à quelqu’un c’est une joie, c’est… » (Madame Bardin, 07,3) 

Le nombre de bénéficiaires des services d’aide à domicile est relativement peu élevé au  regard du pourcentage de personnes de plus de soixante‐quinze ans dans la population  locale.  Différents  éléments  sont  avancés  par  les  responsables  pour  justifier  ce  faible  recours  aux  services  existants :  une  habitude  de  fonctionner  seul,  même  dans  la  difficulté, de moindres exigences individuelles en matière de propreté et d’hygiène, les 

36 L’origine de l’ADESSA remonte au début des années 1940, avec la création des Associations Populaires de l’Aide

Familiale. L’ADESSA a pris sa forme actuelle en 2001. ADESSA vient du latin « adesse » qui signifie « être à côté de »

solidarités familiales et de voisinage et le refus de communiquer des éléments financiers  pour établir les dossiers d’intervention. Une des personnes interviewées évoque bien ce  recours prioritaire aux solidarités informelles : « les repas à domicile s’il y a besoin mais ici il  y a pas beaucoup de gens qui les prennent parce qu’il y a toujours les enfants à côté, et puis les  soins  à  domicile  quand  il  y  a  besoin…(…)  Même  Alexis  et  Mathilde,  lui  il  va  avoir  90  ans,  il  conduit encore, ils vont faire leurs courses encore eux, ils ont pas de problèmes et nous on peut  rendre service si il y a besoin, en face c’est pareil, eux il y a les enfants qui viennent presque tous  les jours. » (Madame Dutel, Creuse 1) 

La particularité de ces services d’aide à domicile se situe dans le profil des intervenants.  Ce sont pour la plupart des femmes, localement bien implantées et qui ne souhaitent pas  travailler  sur  des  temps  complets.  En  conséquence,  la  gestion  des  personnels  se  complexifie  du  fait  de  la  multiplicité  de  temps  de  travail  très  partiels.  Par  ailleurs,  comme  le  souligne  l’une  des  responsables  de  services,  la  question  de  la  formation  est  cruciale. Ces salariées à temps partiel ne souhaitent pas s’engager dans des processus de  formation et en conséquence, elles sont très peu armées pour faire face à des situations  de  dépendance  lourdes,  dans  le  cadre  du  dispositif  de  l’Allocation  Personnalisée  d’Autonomie. 

L’aide  à  domicile  est  donc  dans  ces  territoires  ruraux  essentiellement  consacrée  à  l’accomplissement  des  tâches  matérielles  de  la  vie  quotidienne  et  ne  concerne  que  des  personnes  âgées  relativement  peu  dépendantes.  Lorsqu’une  plus  forte  dépendance  s’installe, l’orientation en établissement est quasi‐systématique.  On retrouve ici de façon  accentuée  les  limites  du  maintien  à  domicile  qui  s’expriment  lorsque  la  professionnalisation des intervenants auprès des personnes n’est pas aboutie et lorsque  le  manque  de  cohérence  et  de  coordination  entre  les  acteurs  fait  problème.  (Ennuyer,  2006). 

 

I.2.1.2. Des soins inégalement assurés sur les territoires.   

Sur  le  territoire  creusois,  l’offre  de  soins  à  domicile  est  importante.  En  effet,  deux  services  de  soins  à  domicile  co‐existent  avec  l’intervention  libérale  qui  repose  sur  11  Infirmières Diplômée d’Etat (IDE). Le premier service crée en 1987 est agrée pour  62 lits,   et  couvre  deux  cantons.  Il  emploie  dix  aide‐soignantes  et  la  direction  du  service  est  assurée  par  une  IDE.  L’attente  est  longue  de  plusieurs  semaines  pour  bénéficier  de  ce  service de soins à domicile qui gère difficilement une liste d’attente permanente. L’autre  service relève de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), couvre tout le département de la  Creuse et s’adresse plus spécifiquement aux anciens agriculteurs.  

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