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Des soins inégalement assurés sur les territoires

Dans le document Vieillir en milieu rural (Page 51-53)

ARDECHE Sexe Age Situation 

I.1.  Deux territoires ruraux, appartenant au rural isolé, restant très marqués par l’activité agricole

I.1.2.  Deux territoires ruraux contrastés mais comparables, appartenant au rural isolé, très vieillissants

I.2.1.2.  Des soins inégalement assurés sur les territoires

pour établir les dossiers d’intervention. Une des personnes interviewées évoque bien ce  recours prioritaire aux solidarités informelles : « les repas à domicile s’il y a besoin mais ici il  y a pas beaucoup de gens qui les prennent parce qu’il y a toujours les enfants à côté, et puis les  soins  à  domicile  quand  il  y  a  besoin…(…)  Même  Alexis  et  Mathilde,  lui  il  va  avoir  90  ans,  il  conduit encore, ils vont faire leurs courses encore eux, ils ont pas de problèmes et nous on peut  rendre service si il y a besoin, en face c’est pareil, eux il y a les enfants qui viennent presque tous  les jours. » (Madame Dutel, Creuse 1) 

La particularité de ces services d’aide à domicile se situe dans le profil des intervenants.  Ce sont pour la plupart des femmes, localement bien implantées et qui ne souhaitent pas  travailler  sur  des  temps  complets.  En  conséquence,  la  gestion  des  personnels  se  complexifie  du  fait  de  la  multiplicité  de  temps  de  travail  très  partiels.  Par  ailleurs,  comme  le  souligne  l’une  des  responsables  de  services,  la  question  de  la  formation  est  cruciale. Ces salariées à temps partiel ne souhaitent pas s’engager dans des processus de  formation et en conséquence, elles sont très peu armées pour faire face à des situations  de  dépendance  lourdes,  dans  le  cadre  du  dispositif  de  l’Allocation  Personnalisée  d’Autonomie. 

L’aide  à  domicile  est  donc  dans  ces  territoires  ruraux  essentiellement  consacrée  à  l’accomplissement  des  tâches  matérielles  de  la  vie  quotidienne  et  ne  concerne  que  des  personnes  âgées  relativement  peu  dépendantes.  Lorsqu’une  plus  forte  dépendance  s’installe, l’orientation en établissement est quasi‐systématique.  On retrouve ici de façon  accentuée  les  limites  du  maintien  à  domicile  qui  s’expriment  lorsque  la  professionnalisation des intervenants auprès des personnes n’est pas aboutie et lorsque  le  manque  de  cohérence  et  de  coordination  entre  les  acteurs  fait  problème.  (Ennuyer,  2006). 

 

I.2.1.2. Des soins inégalement assurés sur les territoires.   

Sur  le  territoire  creusois,  l’offre  de  soins  à  domicile  est  importante.  En  effet,  deux  services  de  soins  à  domicile  co‐existent  avec  l’intervention  libérale  qui  repose  sur  11  Infirmières Diplômée d’Etat (IDE). Le premier service crée en 1987 est agrée pour  62 lits,   et  couvre  deux  cantons.  Il  emploie  dix  aide‐soignantes  et  la  direction  du  service  est  assurée  par  une  IDE.  L’attente  est  longue  de  plusieurs  semaines  pour  bénéficier  de  ce  service de soins à domicile qui gère difficilement une liste d’attente permanente. L’autre  service relève de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), couvre tout le département de la  Creuse et s’adresse plus spécifiquement aux anciens agriculteurs.  

Sur  le  territoire  ardéchois,  les  soins  à  domicile  reposent  essentiellement  sur  l’intervention  libérale.  Ils  sont  assurés  par  deux  cabinets  infirmiers  qui  se  partagent  le  territoire  entre  le  haut  et  le  bas  et  un  service  de  soins  dépendant  de  l’ADMR,  n’intervenant que sur la partie haute du canton. On ne note pas de difficultés d’accès à  des prestations de soins à domicile en raison principalement la faible demande.  

La  situation  semble  en  effet  assez  différente  sur  les  deux  territoires.  En  effet,  les  infirmiers libéraux creusois affirment que 70% de la clientèle a plus de 65 ans alors que  les ardéchois évoquent une baisse de la clientèle âgée qui ne représente plus que 50% de  leur activité et globalement regrettent la clientèle insuffisante qui les pousse à rechercher  un complément d’activités du côté des thermes de Neyrac. Le faible recours aux services  infirmiers est expliqué par des éléments culturels « ce serait perdre sa dignité que de se faire  laver ». (Entretien IDE Montpezat).  

En  Ardèche  particulièrement,  en  raison  des  caractéristiques  climatiques  et  géographiques, la  pratique des soins à domicile  se traduit par une activité peu rentable  du  fait  du  nombre  important  de  kilomètres  parcourus  par  an  en  raison  des  distances  entre  les  habitations.  Ces  professionnels  se  confrontent  également  à  des  conditions  d’intervention  parfois  difficiles :  peu  de  confort,  habitat  non  adapté  et  aussi  à  des  pratiques d’hygiène encore très référées aux mœurs paysannes.  

Les médecins ont encore  en Ardèche une pratique ancienne de médecine de campagne,  ce qui ne paraît pas être le cas en Creuse. Ils connaissent parfaitement leur clientèle tant  sur le plan de la santé que sur le plan de l’histoire familiale et sociale. Ils se déplacent  sans  problème  et  n’hésitent  pas  à  s’arrêter  un  moment  pour  « goûter  «   avec  les  personnes  qu’ils  visitent.  « la  doctoresse  on  lui  donne  des  légumes,  de  tout,  dans  toutes  les  familles, elle partirait pas d’ici maintenant, les docteurs de campagne vous savez, s’il arrive un  coup dur, elle fait le plus vite et elle arrive. Elle est bien, oh oui elle est dégourdie, elle dit, je vais  gôuter avec vous, on fait le thé » (entretien Monsieur Brunier, 07, 1 ). Ils rendent également  dans certaines localités d’autres services comme celui de la pro‐pharmacie en l’absence  d’officine. Ils gèrent donc un dépôt de médicament et font office de pharmacien. « s’il y a  un  malaise,  ils  appellent  tout  de  suite  les  pompiers  et  le  docteur  est  de  suite  là,  là  on  a  de  la  chance  d’avoir  un  bon  docteur  parce  qu’il  fait  de  la  pro‐pharmacie,  alors  on  n’a  pas  à  courir. »(Mesdames Tassy, 07, 2). Leur pratique s’inscrit dans la continuité d’une relation  interpersonnelle et la coordination avec d’autres acteurs intervenant à domicile n’entre  pas dans le champ de leurs préoccupations.  

Dans le document Vieillir en milieu rural (Page 51-53)

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