ARDECHE Sexe Age Situation
I.1. Deux territoires ruraux, appartenant au rural isolé, restant très marqués par l’activité agricole
I.1.2. Deux territoires ruraux contrastés mais comparables, appartenant au rural isolé, très vieillissants
I.2.1.2. Des soins inégalement assurés sur les territoires
pour établir les dossiers d’intervention. Une des personnes interviewées évoque bien ce recours prioritaire aux solidarités informelles : « les repas à domicile s’il y a besoin mais ici il y a pas beaucoup de gens qui les prennent parce qu’il y a toujours les enfants à côté, et puis les soins à domicile quand il y a besoin…(…) Même Alexis et Mathilde, lui il va avoir 90 ans, il conduit encore, ils vont faire leurs courses encore eux, ils ont pas de problèmes et nous on peut rendre service si il y a besoin, en face c’est pareil, eux il y a les enfants qui viennent presque tous les jours. » (Madame Dutel, Creuse 1)
La particularité de ces services d’aide à domicile se situe dans le profil des intervenants. Ce sont pour la plupart des femmes, localement bien implantées et qui ne souhaitent pas travailler sur des temps complets. En conséquence, la gestion des personnels se complexifie du fait de la multiplicité de temps de travail très partiels. Par ailleurs, comme le souligne l’une des responsables de services, la question de la formation est cruciale. Ces salariées à temps partiel ne souhaitent pas s’engager dans des processus de formation et en conséquence, elles sont très peu armées pour faire face à des situations de dépendance lourdes, dans le cadre du dispositif de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie.
L’aide à domicile est donc dans ces territoires ruraux essentiellement consacrée à l’accomplissement des tâches matérielles de la vie quotidienne et ne concerne que des personnes âgées relativement peu dépendantes. Lorsqu’une plus forte dépendance s’installe, l’orientation en établissement est quasi‐systématique. On retrouve ici de façon accentuée les limites du maintien à domicile qui s’expriment lorsque la professionnalisation des intervenants auprès des personnes n’est pas aboutie et lorsque le manque de cohérence et de coordination entre les acteurs fait problème. (Ennuyer, 2006).
I.2.1.2. Des soins inégalement assurés sur les territoires.
Sur le territoire creusois, l’offre de soins à domicile est importante. En effet, deux services de soins à domicile co‐existent avec l’intervention libérale qui repose sur 11 Infirmières Diplômée d’Etat (IDE). Le premier service crée en 1987 est agrée pour 62 lits, et couvre deux cantons. Il emploie dix aide‐soignantes et la direction du service est assurée par une IDE. L’attente est longue de plusieurs semaines pour bénéficier de ce service de soins à domicile qui gère difficilement une liste d’attente permanente. L’autre service relève de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), couvre tout le département de la Creuse et s’adresse plus spécifiquement aux anciens agriculteurs.
Sur le territoire ardéchois, les soins à domicile reposent essentiellement sur l’intervention libérale. Ils sont assurés par deux cabinets infirmiers qui se partagent le territoire entre le haut et le bas et un service de soins dépendant de l’ADMR, n’intervenant que sur la partie haute du canton. On ne note pas de difficultés d’accès à des prestations de soins à domicile en raison principalement la faible demande.
La situation semble en effet assez différente sur les deux territoires. En effet, les infirmiers libéraux creusois affirment que 70% de la clientèle a plus de 65 ans alors que les ardéchois évoquent une baisse de la clientèle âgée qui ne représente plus que 50% de leur activité et globalement regrettent la clientèle insuffisante qui les pousse à rechercher un complément d’activités du côté des thermes de Neyrac. Le faible recours aux services infirmiers est expliqué par des éléments culturels « ce serait perdre sa dignité que de se faire laver ». (Entretien IDE Montpezat).
En Ardèche particulièrement, en raison des caractéristiques climatiques et géographiques, la pratique des soins à domicile se traduit par une activité peu rentable du fait du nombre important de kilomètres parcourus par an en raison des distances entre les habitations. Ces professionnels se confrontent également à des conditions d’intervention parfois difficiles : peu de confort, habitat non adapté et aussi à des pratiques d’hygiène encore très référées aux mœurs paysannes.
Les médecins ont encore en Ardèche une pratique ancienne de médecine de campagne, ce qui ne paraît pas être le cas en Creuse. Ils connaissent parfaitement leur clientèle tant sur le plan de la santé que sur le plan de l’histoire familiale et sociale. Ils se déplacent sans problème et n’hésitent pas à s’arrêter un moment pour « goûter « avec les personnes qu’ils visitent. « la doctoresse on lui donne des légumes, de tout, dans toutes les familles, elle partirait pas d’ici maintenant, les docteurs de campagne vous savez, s’il arrive un coup dur, elle fait le plus vite et elle arrive. Elle est bien, oh oui elle est dégourdie, elle dit, je vais gôuter avec vous, on fait le thé » (entretien Monsieur Brunier, 07, 1 ). Ils rendent également dans certaines localités d’autres services comme celui de la pro‐pharmacie en l’absence d’officine. Ils gèrent donc un dépôt de médicament et font office de pharmacien. « s’il y a un malaise, ils appellent tout de suite les pompiers et le docteur est de suite là, là on a de la chance d’avoir un bon docteur parce qu’il fait de la pro‐pharmacie, alors on n’a pas à courir. »(Mesdames Tassy, 07, 2). Leur pratique s’inscrit dans la continuité d’une relation interpersonnelle et la coordination avec d’autres acteurs intervenant à domicile n’entre pas dans le champ de leurs préoccupations.