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2. Le Laos : un État enclavé

2.3 Le nouveau mécanisme économique et les plans de développement socioéconomique au Laos

2.3.2 L’adoption du National Growth and Poverty Eradication Strategy (NGPES)

Au cours des années 1990, le Laos élabore des stratégies pour éliminer la pauvreté dans le pays. Lors du 6e Congrès du Parti, en 1996, les dirigeants ont adopté des résolutions visant à changer le statut que le Laos occupe sur la scène internationale avant 2020, c’est-à-dire de faire partie du groupe des pays les moins avancés (PMA). Par l’entremise de projets de développement, il vise à réduire substantiellement, voire à éliminer la pauvreté sur son territoire. C’est ainsi que la « National Growth and Poverty Eradication Strategy (NGPES) » a été adoptée en octobre 2003. Le plan stratégique est considéré par le gouvernement comme étant un document cadre, qui doit guider l’élaboration des autres documents gouvernementaux, tels que les plans quinquennaux. La NGPES (MFA, 2003 : 1-19) est perçue comme étant un processus permettant d’atteindre les objectifs ciblés par le gouvernement pour 2020.

Plusieurs objectifs énoncés dans la NGPES visent à favoriser la croissance du pays et à éliminer la pauvreté. Le gouvernement porte une attention particulière dans ses actions à la réduction de la dépendance du Laos envers les programmes d’aide au développement. De plus, il énonce son désir d’implanter un système de taxe efficient et d’améliorer le système fiscal dans le secteur privé pour augmenter les revenus de l’État. Il évoque également sa préoccupation quant aux inégalités sur son territoire et il souhaite les réduire considérablement. Globalement, l’État veut mettre en place un développement durable favorisant l’élimination de la pauvreté. Il compte y parvenir en s’attaquant principalement aux districts les plus pauvres, sans donner de détail sur la manière dont il s’y prendra. La

NGPES (MFA, 2003) rappelle également l’importance de l’atteinte des Objectifs du

Millénaire pour le développement, adoptés par l’ONU suite au Sommet du Millénaire, qui s’est tenu à New York en septembre 2000.

La politique de développement du Laos repose sur trois principaux piliers à savoir : la croissance économique, le développement socio-culturel et la préservation environnementale. Le gouvernement vise une croissance économique durable et équitable ainsi qu’un développement social, tout en maintenant l’identité culturelle, sociale, économique et politique qui est propre à la nation (MFA, 2003). L’État laotien, tout comme

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les observateurs externes, tel que la Banque mondiale, voient cette politique comme étant cruciale pour l’avenir du pays. Par cette approche stratégique, l’État vise éliminer la pauvreté à moyen terme.

Dans son NGPES (MFA, 2003 :1), le gouvernement laotien affirme que de nombreux progrès ont été observés depuis l’adoption du « Nouveau mécanisme économique » en 1986. Selon leur analyse, les indicateurs sociaux et économiques se sont nettement améliorés. De plus, lors de la crise économique de 1997, il semblerait que le Laos ait été davantage résilient que ses voisins4. Finalement, dans les progrès enregistrés par le gouvernement, il faut noter l’adhésion à l’ASEAN en 1997, qui a permis au Laos de s’intégrer davantage à l’économie de l’Asie du Sud-Est. Le gouvernement identifie son désir de poursuivre sur cette lancée en misant sur son potentiel et ses forces nationales afin de propulser son développement. Il veut également y combiner les opportunités régionales et globales auxquelles il pourrait prendre part.

L’État souhaite prioriser un environnement de croissance durable à long terme, axé sur le développement du secteur privé, les investissements étrangers, l’amélioration de la gouvernance de la gestion publique et le développement des ressources. Le gouvernement veut également orienter son développement socioéconomique sur la gestion macroéconomique. Aussi, il veut mettre en place des institutions gouvernementales fortes, capables d’augmenter la solidarité et la cohésion nationales, affirmant viser la promotion de la démocratie. Le gouvernement a prévu des stratégies de développement pour les districts les plus pauvres. Il mise sur des stratégies de développement rural et d’inclusion des communautés dans l’élaboration de ses projets.

Dans l’élaboration de la NGPES, le Parti considère l’agriculture et la foresterie comme étant des secteurs prioritaires d’action. Par la modernisation de ces secteurs, l’État vise à atteindre la sécurité alimentaire et de meilleures conditions de vie pour tous, en s’orientant vers des

4 Cette vision provient de l’analyse du gouvernement dans son NGPES. Toutefois, plusieurs auteurs réfutent cette idée. Ils affirment que le Laos ne pouvait pas être durement touché par la crise puisqu’il n’était pas intégré à l’économie mondiale (voir entre autres Lal Shrestha (2010) et Okonjo-Iweala, Kwakwa, Beckwith et Ahmed (1999).

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pratiques durables. Considérant que la pauvreté fait référence à une difficulté à combler ses besoins de base, l’État vise donc son élimination, au profit d’une agriculture et d’une industrie forestière plus productives (MFA, 2003 : 53).

L’éducation est reconnue internationalement comme étant un vecteur prioritaire dans la lutte et l’élimination de la pauvreté (ONU, 2015, 2000). Le gouvernement laotien la soutient également et lui donne la priorité dans ses actions (MFA, 2003 : 68-71). La population doit pouvoir lire et écrire, posséder des connaissances sur les techniques agricoles modernes ainsi que sur les autres compétences utiles afin de parvenir à se démarquer sur le marché international. D’ailleurs, le gouvernement compte faire différents efforts pour promouvoir l’égalité des chances dans l’accès à l’éducation et ce, dans le respect des différences sociales et culturelles des nombreuses ethnies composant la nation.

Le gouvernement laotien considère que l’industrialisation et la modernisation sont des changements inévitables afin d’accroître l’économie nationale et éliminer de manière durable la pauvreté. En développant et en modernisant le secteur industriel, le gouvernement croit qu’il pourra progressivement éliminer la pauvreté en favorisant la création d’emploi, tout en renforçant les secteurs agro-forestier, de l’éducation, de la santé et du transport (MFA, 2003).