• Aucun résultat trouvé

4. La province de Champassak : entre intégration et transformation

4.3 Le district de Pathoumphone

Le district de Pathoumphone est constitué de soixante-huit villages. Sur un total de 62 484 habitants en 2014, on recense 31 437 femmes (50,3%) et 11 265 ménages. Depuis les années 1990, les conditions de vie des gens commencent à s’améliorer. Le gouvernement y investit afin de promouvoir l’éducation et les soins de santé. À titre comparatif, en 2004, on dénombrait quatre-vingt-treize villages dans le district, dont quarante-deux villages en situation de pauvreté. Le gouvernement a imposé une fusion de villages au sein du district afin de réduire le nombre de villages et ainsi, de son point de vue, faciliter la gouvernance. En 2014, ce sont sept villages qui sont considérés comme pauvres et deux sont identifiés comme étant très pauvres. Quarante-neuf ménages vivent en situation de pauvreté extrême. Les autorités dénotent donc une amélioration considérable des conditions de vie.

Le territoire compte quatre groupes ethniques. Les Lao forment 93,8% de la population du district, alors que les Laven représentent 1,2%; les Brao, 1,1% et les Ta-Oï, 1,91% de la population29.

4.3.1 L’intégration du district de Pathoumphone

L’électricité a commencé à être disponible à partir des années 1994-1995 dans le district. Toutefois, en 2015, deux villages n’y ont toujours pas accès. Ils se situent dans l’aire protégée Xe Pian. Cinq villages n’ont pas de routes accessibles. De plus, quatre villages bénéficient de l’accès routier pour une seule saison, les conditions difficiles durant la mousson ne

29 Une marge d’erreur est à prendre en compte dans les données présentées ci-haut. Ce sont les données obtenues auprès des autorités du district. Toutefois, il manque 1,9% des données qui demeurent inconnues.

84

permettant pas la circulation routière sur les routes aménagées. La route entre Paksé (capitale de la province de Champassak) et Pathoumphone (route 13 S) est asphaltée depuis 2000.

Différents projets ont pris place dans le district de Pathoumphone afin d’améliorer les conditions de vie de ses habitants. Le gouvernement provincial a mis sur pied un projet, le Biodiversity Corridor Conservation (BCC) dans le district, avec le financement de la Banque asiatique de développement (ADB). Le projet se déroulait sur deux ans et avait pour objectif de réduire la pauvreté dans les villages visés en offrant des fonds aux ménages dans le besoin. Un total de vingt-et-un villages a été appuyé. Chacun des villages a reçu un montant équivalent à 5000 $ US. L’argent a servi à financer des projets agricoles et d’élevage animal. Les ménages participants devaient rembourser 50% de la somme empruntée et ils pouvaient conserver l’autre 50%. Les ménages participants au projet ont été sélectionnés par une enquête qui avait été préalablement menée. Les intérêts prélevés sur les prêts octroyés étaient plutôt faibles et variaient selon la nature du prêt. Pour un projet agricole, les intérêts étaient fixés à 1% mensuel du montant emprunté. Les projets d’affaire et entrepreneurial sont financés selon un intérêt mensuel de 2% du montant emprunté. Pour ce qui est des prêts d’urgence, ceux-ci sont octroyés selon un intérêt mensuel de 0,5% du montant total emprunté.

La phase 2 du projet de la BCC s’est enclenchée en 2015. Cette deuxième phase visait à améliorer les conditions de vie des ménages et à promouvoir les activités agricoles telles que l’élevage animal et les cultures de rentes. Le projet a rejoint vingt-et-un villages et deux types de fonds ont été octroyés à chacun. Les villages ciblés se retrouvent aux alentours de l’aire protégée Xe Pian. Les ménages participants doivent passer une entrevue dans laquelle ils expliquent comment ils participeront au projet et en quoi cela leur sera bénéfique. Un fond de village est aussi prévu pour les autres ménages ne participant pas au projet. Ceux-ci peuvent emprunter de petits montants pour répondre à leurs besoins ou pour réaliser un projet. Des intérêts sont prélevés pour chaque montant emprunté. En cas de retard sur le paiement, la somme des intérêts cumulés est déposée dans les fonds du village, permettant un réinvestissement dans les projets du village. Un autre projet est en planification pour les cinq villages les plus pauvres du district, afin d’améliorer les infrastructures et favoriser de

85

meilleures conditions de vie. La somme estimée pour ce projet se situe autour de 100 000 $USD.

Un projet sur la qualification de la main-d’œuvre a aussi débuté en 2010. Il était financé par l’Agriculture Promotion Bank. Les ménages participants recevaient jusqu’à 10 millions de kips pour se lancer en élevage animal. Ils avaient trois ans pour rembourser le prêt et des intérêts annuels de 7% s’imposaient sur la somme totale empruntée. Si le prêt était utilisé pour une plantation, il s’échelonnait sur deux ans et des intérêts mensuels de 5% étaient prélevés. Des fonds d’épargne du village ont aussi été mis sur pied. Ceux-ci visaient à encourager les villageois à épargner avec un groupe du village. Les fonds commençaient à 10 000 Kips.

Sur le territoire de Pathoumphone, on répertorie quatorze compagnies étrangères, œuvrant dans les domaines agricoles, industriels, commerciaux et de service. Vingt-et-une compagnies locales se retrouvent également sur le territoire. Les employés de l’État mentionnaient qu’il n’y avait pas suffisamment d’emplois pour le nombre d’habitant du district. Parmi les raisons évoquées, ils soulignent la présence de personnes provenant des centres urbains comme Paksé ou Vientiane qui viennent y travailler. Il reste donc moins d’emplois pour les locaux. Aussi, selon les données des fonctionnaires gouvernementaux, 2 800 habitants du district de Pathoumphone travaillent en Thaïlande. Parmi ce nombre, 1 600 sont des femmes. On suppose que ces personnes envoient de l’argent à leur famille, contribuant aux variations de niveaux de vie dans les villages, mais en raison du temps limité pour le travail de terrain, cette question spécifique n’a pas été étudiée.

Le gouvernement laotien a également lancé un programme pour encourager le développement des compétences. L’État engageait des professeurs dans les villages éloignés afin d’encourager les gens à compléter le quatrième niveau de l’école secondaire. Selon les données obtenues par les fonctionnaires du district, quarante-trois personnes ont terminé leur niveau 4 en 2013. Après avoir complété ce niveau d’étude, les gens pouvaient avoir accès à l’école professionnelle. Les participants recevaient 600 000 Kips par mois pour subvenir à leurs besoins en ville. Peu de gens y ont participé. Le faible taux de participation s’expliquerait par la réticence des gens à quitter le village. Ils préfèrent demeurer à la maison que de déménager en ville le temps de la formation. Entre 2009 et 2014, trois cent quatre-

86

vingt personnes ont suivi une formation. Le nombre de femmes participantes s’élève à cent quatre-vingt.

87