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L’évolution du système urbain après la transition économique

CHAPITRE I LES DYNAMIQUES DE L’URBANISATION EN CHINE

A. L’évolution du système urbain après la transition économique

selon leur taille. Si l’on regarde la distribution de la population dans chaque groupe, on voit

qu’en 1978 il y avait 153 villes de moins de 500 000 habitants (les deux groupes des plus petites

villes), et 13 villes ayant plus de 1 million d’habitants et que ces deux extrémités représentent

chacune 37,5% de la population non-agricole des villes. En 2012, il y avait 570 villes dans les

deux groupes des plus petites villes, qui accueillaient 46,7% de la population non-agricole des

villes ; et au sommet de la hiérarchie, les 42 plus grandes villes dépassant le 2 million

d’habitants, regroupaient 37,5% de la population non-agricole des villes.

avant et après l’introduction des réformes. Bien que la population totale des villes s’accroisse

approximativement au même rythme jusqu’au milieu des années 1990, beaucoup plus de villes

ont été créées depuis les réformes. Si la croissance de la population urbaine avant 1978 provient

essentiellement de l’agrandissement des villes existantes, celle d’après 1978 est principalement

due à la création des nouvelles villes. En fait, un grand nombre de villes de petites tailles ont

été créées depuis les réformes, ce qui a conduit à la croissance de la part de la population vivant

dans les petites villes, et à la diminution de la taille moyenne des villes. Ce constat est contraire

à l’intuition selon laquelle avec les réformes l’agrandissement des villes seraient devenu plus

rapide, puisque les politiques de croissance urbaine étaient plus restrictives pendant la phase

d’économie planifiée. Cependant, la tendance à la croissance urbaine n’est pas restée stable ni

avant ni après 1978 et nous devons étudier ses fluctuations à l’intérieur des deux phases en

mettant l’accent sur ce qui se passe après la transition économique des années 1980.

a. Le contexte de l’évolution récente du système urbain chinois

Depuis les réformes, la population des villes continue à croître sans grandes fluctuations. Les

quinze premières années de cette période ont connu une croissance urbaine dépendant

essentiellement de la multiplication des villes, avec une diminution de leur taille moyenne.

Ensuite, la croissance de la taille des villes existantes est devenue la source principale de la

croissance urbaine.

Pour bien comprendre l’évolution de la croissance urbaine, nous avons besoin de situer les

observations ci-dessus dans le contexte historique et politique du processus d’urbanisation en

Chine. La croissance rapide de la population des villes correspond à la courte période de libre

migration des années 1950. En particulier, la croissance de la part de population des plus

grandes villes révèle le fort potentiel de croissance et la considérable capacité d’absorption des

grandes villes sous la condition de libre migration. Le ralentissement de la croissance urbaine

des années 1960 et 1970 est lié, d’une part, aux difficultés générales auxquelles l’économie

nationale était confrontée à l’époque du mouvement politique spécial, et d’autre part aux

politiques urbaines de contrôle de la croissance du nombre et de la population des villes. Les

années 1980 ont témoigné d’une reprise de la croissance urbaine, résultant en partie du

relâchement des restrictions sur la migration rurale-urbaine.

En revanche, la reprise urbaine de cette période est différente de celle des années 1950, dans la

mesure où une bonne partie de la croissance en nombre et en population est une conséquence

de l’élargissement des critères de définitions des villes. Un grand nombre de districts ont été

qualifiés de villes ; en même temps, les villes de niveau préfecture se sont agrandies en annexant

les districts de banlieue. La croissance urbaine des années 1980 est déclarée politique voulue

par le gouvernement. A l’inverse, les années 1990 correspondent à une période d’urbanisation

résultant davantage des forces économiques. La définition de « ville » est devenue plus

pertinente et plus conforme au standard international. Pendant toute cette décennie la croissance

de la population maintient un taux relativement stable et dépend plus de l’agrandissement des

villes existantes que de la création des nouvelles. Les réformes économiques ont permis aux

mécanismes du marché de commencer à jouer un rôle dominant dans l’allocation de ressources

afin que l’économie nationale puisse s’accroître à un taux élevé et régulier. C’est pour cette

raison que nous allons distinguer les différentes phases de l’urbanisation chinoise après la

transition économique en mettant l’accent sur la période 2000-2010 pour étudier l’urbanisation

émergente de trois deltas en Chine.

b. Les différentes phases de l’urbanisation chinoise

L’urbanisation chinoise après la transition économique se divise quant à elle en quatre phases.

La première correspond à 1979-1989, avec une reprise du développement urbain. Chaque année,

en moyenne, 27 villes supplémentaires sont entrées dans le système urbain, et la population des

villes s’est accrue de 5,72%. Les plus grandes villes (plus de 1 million d’habitants) ont contribué

pour 49% à l’accroissement de la population des villes, les plus petites (moins de 200 000

habitants) pour 32%. Parmi les quatre groupes des villes, celui des plus petites villes a connu la

croissance la plus rapide, soit de 176 en nombre des villes et de plus de 100% en population ;

l’année 1989 a connu, dans ce groupe, à elle seule, une apparition de 43 nouvelles villes et une

croissance de 20,32% de la population. Les nouvelles villes créées dans cette période sont

typiquement des petites villes, de sorte qu’en 1989 la taille moyenne était seulement de 111 410

d’habitants (BNS, diverses années).

A l’autre extrémité de la hiérarchie, le groupe des plus grandes villes (> 2 millions d’habitants)

a connu également une croissance considérable pendant cette décennie, avec le nombre des

villes passant de 11 à 30. La croissance rapide aux deux extrémités du système urbain est due

en partie au changement de la définition des « urbains » dans les années 1980. D’une part,

l’assouplissement des critères urbains et la reclassification de beaucoup de districts en «

villes-districts » ont produit la croissance du nombre des villes mais la décroissance de leur taille

moyenne ; d’autre part, l’incorporation de certains districts de banlieue dans les «

villes-préfectures » a entraîné une forte croissance des grandes villes.

La deuxième phase s’étend de 1990 à 1995, où la population des villes a gardé un taux de

croissance assez élevé de 5,42%. Le nombre des villes s’est accru à un rythme légèrement plus

faible, soit 15 villes créées en moyenne chaque année. La croissance du groupe des plus grandes

villes a ralenti, avec l’entrée d’une seule ville supplémentaire dans le groupe et une croissance

de la population plus lente que la moyenne de tous les groupes. Les deux groupes des plus

petites villes ont gardé leur rythme de croissance, grâce à la multiplication continue du nombre

des villes : en cinq ans, 99 villes supplémentaires sont entrées dans le premier (moins de 200

000 habitants) et 76 entrées dans le second (de 200 000 à 500 000 habitants). Il en résulte que

63,4% de la croissance totale de la population des villes de cette période provient de

l’accroissement de la taille des villes de moins de 500 000 habitants. La taille moyenne a

continué à diminuer jusqu’à 31 285 habitants en 1995 (BNS, diverses années).

La troisième phase, de 1996 à 2001, a connu un ralentissement : le taux annuel moyen de

croissance s’est réduit à 3,22%. La croissance de la population dans le groupe des plus grandes

villes a représenté 58,6% de la croissance totale. On a montré que la croissance était due

principalement à l’agrandissement des villes, plutôt qu’à leur multiplication. En fait, le nombre

des villes est resté assez stable. Tous les groupes ont connu une légère croissance du nombre

des villes, sauf le groupe des plus petites, qui en a perdu. Cela suggère que dans tous les groupes

les villes se sont agrandies en taille de population, de sorte que beaucoup d’entre elles ont monté

dans la hiérarchie du système urbain. La taille moyenne est passée de 312 000 en 1995 à 360

870 en 2001. Les deux groupes des plus grandes villes ont connu la croissance la plus rapide

aussi bien en nombre qu’en population, ce qui indique qu’un grand nombre de petites et de

moyennes villes se sont agrandis pendant cette période, pour devenir respectivement des

moyennes et des grandes villes.

La dernière phase, de 2002 à 2012, représente la période d’or de l’urbanisation chinoise. Cette

période n’est pas assez longue pour examiner la tendance à long terme, mais puisque

l’économie de marché n’a commencé à jouer un rôle significatif qu’à partir du début des années

1990, le développement urbain a été, jusqu’à cette date, principalement assujetti à la

planification du gouvernement, au lieu d’être le résultat des interactions des différents agents

économiques. Pendant la période 2002-2012, la population totale de la Chine est passée de 1

285 millions à 1 354 millions d’individus, soit une augmentation de 5,4%, tandis que la

population urbaine totale est passée de 502 à 712 millions d’habitants, soit une augmentation

de plus de 41% ; la différence considérable entre le taux de croissance de la population urbaine

et celui de la population totale a conduit à une hausse du taux d’urbanisation, qui est passé de

26% en 1990, 39% en 2002 et 53% en 2012 (BNS, diverses années).

B.Le changement des politiques urbaines et l’émergence des trois