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CHAPITRE 5 – DE VIE À TRÉPAS : LES PREMIERS AMIS

B. L’écrivain total

Le journalise René Delorme écrit : « je me découvre devant cet artiste qui succombe et cette gloire qui grandit468. » Cette renommée littéraire se constitue de portraits de l’écrivain attaché à

plusieurs principes. Il faut pouvoir accrocher le lecteur grâce à une représentation parlante des règles que l’écrivain s’imposait. D’emblée, ces écrits, publiés rapidement après la mort du romancier, mêlent « la biographie et la critique469». Le principal concerné n’étant plus là pour

répondre, de nombreux critiques expliquent ce qu’a voulu produire Flaubert, classent ses œuvres et parfois le rattachent à une école (ou, en creux, l’éloignent de certaines). Le but n’est plus de combattre l’auteur et mettre en doute son statut d’écrivain470 mais plutôt de saisir ce qu’il a voulu

dire au monde, cette voie positive est permise par la mort. La virulence des débats du milieu du XIXème siècle s’estompe, à cause du drame et du temps écoulé. Gustave l’homme annonce Flaubert l’artiste, « auteur parmi des œuvres superbes, un chef-d’œuvre absolu, Madame Bovary471», grâce à plusieurs traits de caractère, notamment issus de son enfance près d’un père chirurgien. Ces traits se rapprochent et sont souvent comparés à des « fougues romantiques472».

467 Nous citons plusieurs fois l’article de CHINCHOLLE Charles, « Obsèques de Gustave Flaubert», in Le Figaro, 12 mai 1880, mais il comporte des erreurs de fond et de forme.

468 DELORME René, « Gustave Flaubert », La Vie Moderne, 15 mai 1880.

469 GIRARDIN Marina, op.cit., p. 259. On trouve cette hésitation dans le discours de Félix J. « ce n’est ni une biographie que je prétends tracer, ni une critique littéraire que je veux écrire » in FÉLIX J., « Gustave Flaubert », discours à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, 5 août 1880. Extrait du Précis analytique des

travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen pendant l’année 1879-80 (p. 5-32), consulté sur

le site du Centre Flaubert l’URL : http://flaubert.univ-rouen.fr/biographie/necro_felix.php, le 11 juin 2016.

470 Même si son processus d’écriture le rapproche parfois d’ « un chirurgien ou un ingénieur » in Anonyme, « Chronique. Gustave Flaubert. Nécrologie », Le Temps, 10 mai 1880. Nous verrons dans les paragraphes suivants comment cette comparaison s’explique.

471 FOURCAUD, « Gustave Flaubert », Le Gaulois, 9 mai 1880. 472 Ibid.

Tout d’abord, chaque article rappelle une forme de monomanie du moment, comme un chercheur ou un érudit multipliant les lectures pour assurer, à une idée ou une page, toute la véracité nécessaire. Ce « boulimique du savoir473» épuise toute la matière possible, en étant tout à

fait exhaustif474. Ce penchant est issu de son enfance au milieu du monde médical, « il prit à cette

sévère école le goût d’inexorable précision qui est le caractère de son style. Pour avoir disséqué, il comprit le grand profit qu’un écrivain peut tirer des vérités physiologiques. Son esprit se développa lentement, sûrement, suivant des méthodes exactes475». Un article le voit même dans

des études non de droit mais de médecine476! C’est logiquement qu’il se tourne vers la littérature

car, depuis sa naissance, il ne peut « échapper à sa vocation477». Son plus grand succès mêle donc

avec évidence son sujet et son territoire, si bien que cette unité amène à « l’enterrer au milieu même de son œuvre478 ! » Certains écrits doivent leur existence à ces recherches de terrain

comme le précise le New York Times, « he published, in 1862, Salammbo [sic], a novel which embodied the results of his explorations about Carthage479 », tandis que cette minutie aboutit à un

goût de la perfection parfois très poussée480. Il a le mérite de parvenir à une beauté du style sans

égale. La notion d’écrivain passe tout de même par cette qualité d’écriture, personne ne saurait

473 LECLERC Yvan, La Spirale et le monument. Essai sur Bouvard et Pécuchet de Flaubert, Paris, Sedes, 1988, p. 138.

474 « Il a vidé des bibliothèques, appris les langues orientales, consulté tous les documents connus. Jamais chercheur

ne fut si scrupuleux. » in FOURCAUD, « Gustave Flaubert », in Le Gaulois, 9 mai 1880.

475 FOURCAUD, op. cit.

476 « Il abandonna bientôt la carrière médicale pour s’adonner exclusivement aux lettres » in Le Temps, 10 mai 1880. Erreur reprise par le New York Times du lendemain.

477 FOURCAUD, op.cit.

478 CHINCHOLLE Charles, « Obsèques de Gustave Flaubert», in Le Figaro, 12 mai 1880.

479 «GUSTAVE FLAUBERT. OBITUARY », New York Times, May 11, 1880 cité par le Bulletin Flaubert n°142, 11 septembre 2012.

480 Cela lui vaut d’ailleurs quelques moqueries. Ainsi Charles Chincholle écrit :

«Du temps où, au-delà de la Méditerranée, il préparait Salammbô, il arrive un jour au haut d’une montagne et demande à son guide quelle est la ville que l’on voit dans le lointain.

— Bethléem, répond-il.

— Bethléem, répète Flaubert … Be-th-lé-em… Et il articule vingt fois ce mot sur vingt tons différents.

— Ah ! tant pis, s’écrie-t-il. Je ne mettrai pas ce nom-là. Il n’entre pas dans ma phrase.

Et il aima mieux commettre une grave erreur topographique que de dénaturer l’harmonie de sa phrase. » in CHINCHOLLE Charles, op.cit.

donc lui retirer, bien au contraire car il « savait son métier481. » Autour de sa tombe, c’est le sujet

principal, « on se rappelle à quel point il poussait la conscience littéraire482 ».

C’est le jeu des commentateurs de présenter Flaubert comme la figure de proue de l’exigence stylistique menant à une « éclatante féerie de son style483». Brunetière avait déjà réceptionné « les

Trois Contes sous le titre L’érudition dans le roman le 1er juin 1877. Et c’est encore ce même

critique qui fait, en juin 1880, la note nécrologique sur Flaubert dans la Revue des Deux Mondes, article qui est très largement un écrit de réhabilitation au nom de l’histoire littéraire484 ». S’il est

vrai que Brunetière adoucit les critiques de 1877, il juge Flaubert comme trop attaché aux petites bassesses de l'homme, manquant d’humanité en somme, penchant exprimé dans une lettre à Louise Colet: « L'ignoble me plaît. C'est le sublime d'en bas485. » Cela ne l’empêche pas d’écrire

en beau style, « nombre de morceaux d’une perfection absolue seront sauvés de l’oubli486». Il

s’agit également de rectifier certains points de critique en particulier cette distance vis-à-vis de son sujet menant potentiellement à un écrit froid et insensible. Le parti pris est à l’opposé puisque tout ce dur labeur montre bien que Flaubert est très sensible à ce qu’il réalise et quoi de mieux alors pour révéler sa nature d’artiste? Loin de cette impersonnalité froide qui peut effrayer, c’est au contraire une œuvre réalisée pour « nous chauffer à la flamme de ses passions d’artiste; il nous réconfortait de ses exemples; il nous soutenait de son ardente foi littéraire487 ».

Enfin, les journalistes et critiques entrent dans le domaine biographique pour préciser que son lieu de vie se trouve à l’écart des hommes, forme de retraite religieuse nécessaire à la réalisation de son art destiné aux hommes mais produit loin d’eux. Cette mise en avant de la solitude ne cache pas totalement les références aux séjours parisiens488 du romancier, toutefois « chaque

année, Gustave Flaubert se réfugiait dans sa petite maison de Croissay [sic], restant des mois tout seul en misanthrope qu’il était. C’était sans doute pour vivre avec les livres ou dans les

481 BRUNETIERE Ferdinand, « Gustave Flaubert », Revue des Deux Mondes, 15 juin 1880. 482 CHINCHOLLE Charles, op.cit.

483 RICHEPIN Jean, « Gustave Flaubert », Gil Blas, 11 mai 1880.

484 THERENTY Marie-Eve, « Flaubert et l’histoire littéraire », HERSCHBERG PIERROT Anne (dir.), Savoirs en récits I, Flaubert : la politique, l’art, l’histoire, Manuscrits Modernes, Presses universitaires de Vincennes, Paris, 2010, p. 116-117.

485 FLAUBERT Gustave, lettre à Louise Colet, le 4 septembre 1846, Correspondance, op. cit., T. I, 1973, p. 327. 486 FOURCAUD, op.cit.

487 Ibid.

488 « Gustave Flaubert venait assez rarement à Paris depuis quelque temps. » in Anonyme, « Chronique. Gustave Flaubert. Nécrologie », Le Temps, 10 mai 1880.

conceptions idéales, loin de la marée montante de la bêtise humaine489 ? » Pourtant, afin qu’il

s’affirme comme un « maître » - le mot revient de nombreuses fois dans les articles - il s’agit de le situer autour de lettrés admirant le romancier tels « Alexandre Dumas, Taine, Renan, Théodore de Banville et Charles d’Osmoy490» auquels s’ajoutent chaque dimanche des « admirateurs […]

MM. Hennique, Céard, Guy de Maupassant, Gustave Toudouze et d’autres encore491

Ce rapport au lieu et à son logement492contribue à expliquer quelques traits physiques, nature

robuste493 et corps endurant au « sang de Barbare494 », seuls capable de soutenir cette dévotion

complète à son art, même si au final il « est mort de la littérature, une terrible maladie, dont son père ni son frère eux-mêmes n’auraient jamais pu le guérir495 », tel un combattant luttant contre

sa propre nature qui transcende les possibilités de résistance du corps humain496. Son portrait

physique est donc lui aussi orienté vers l’écriture497 ! L’apparence, quelque peu originale dans la

489 HOUSSAYE Henry, « Gustave Flaubert », in Journal des débats politiques et littéraires, 16 mai 1880.

490 FOURCAUD, op.cit. 491 Ibid.

492 Maison qui semble tellement dédiée à l’écrivain en action et qui sans lui, se vide de son sens et n’a plus de raison

d’être : « Aujourd’hui, comme hier, les volets sont fermés. Il n’y a pas de chambre funéraire; le corps est là, en plein air, devant l’entrée du jardin, qu’on a dévalisé pour couvrir la bière de fleurs.» in CHINCHOLLE Charles, « Obsèques de Gustave Flaubert», in Le Figaro, 12 mai 1880.

493 Anonyme, « Lutteur de génie », Grand Journal, 12 mai 1880. 494 RICHEPIN Jean, op.cit.

495 BERGERAT Emile, « Gustave Flaubert. Causerie et souvenirs », La Vie Moderne, 22 mai 1880, p. 322-324.

496 Le vocabulaire guerrier est utilisé par un auteur anonyme pour tout autre chose « Il aimait à tirer en militaire sa

moustache » et plus loin « brusquerie soldatesque » in Anonyme, « Gustave Flaubert », in Le Figaro, 9 mai 1880. Même comparaison chez Fourcaud « Flaubert a tout donné à son idéal, toutes ses forces, toute son âme, toute sa vie. Ainsi que le soldat qui meurt en pleine mêlée, Flaubert est tombé en plein labeur. » in FOURCAUD, Gustave Flaubert, in Le Gaulois, 9 mai 1880.On lit aussi que le romancier « était le général de notre petit bataillon» in DELORME René, « Gustave Flaubert », La Vie moderne, 15 mai 1880. La comparaison peut s’expliquer aussi par sa tenue qui « rappelait celle de l’officier de cavalerie aisé » in NORIAC Jules, « Courrier de Paris », Le Monde illustré, 15 mai 1880. En ligne sur Gallica, p. 298. URL : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6515913z/f2.image. Récemment un discours retrouvé et mis en ligne se concluait par une référence au poème de Louis Bouilhet Le

Soldat libre, FÉLIX J. ,« Gustave Flaubert », discours à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, 5

août 1880. Extrait du Précis analytique des travaux de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen

pendant l’année 1879-80 (pp. 5-32).

Il en va de même pour son portrait physique, largement dans la même veine : « Je voudrais encore, avant de poser la plume, tracer un léger croquis du maître regretté. C’était un homme de grande taille, au teint rouge, aux traits accusés, d’une solide carrure et d’un fort grand air. Son œil d’aigle, quand il vous regardait en parlant, jetait des lueurs fauves, et sa moustache épaisse se hérissait. Il avait la voix forte et mettait toujours la conversation au diapason le plus élevé, prodiguant les métaphores les plus violentes, s’insurgeant contre « le bourgeois », récitant avec enthousiasme des phrases de Chateaubriand, de Bossuet ou de Victor Hugo, prenant feu et flamme pour les livres de ses amis, et tout à coup partant d’un éclat de gros et bon rire, et se moquant derechef de « monsieur Prudhomme »».

497 Qui ne sera pas toujours tendre avec lui car « il s’abîmait dans l’étude », HOUSSAYE Henry, Gustave Flaubert,

façon de se vêtir, contribue également à le définir comme artiste. Les frères Goncourt, dont il ne reste qu’Edmond en 1880, remplissent le rôle de témoins à merveille, eux qui ont fréquenté et écrit sur leur ami romancier, lui qui « ne fait pas de folies. Bien que Flaubert prétende manier déraisonnablement l’argent, il ne s’offre ni tableaux, ni bibelots, ni quoi que ce soit. Avec une économie toute normande, il transforme des pots de confiture de gingembre en vases à fleurs, « création du reste, dont il se montre assez fier ». Mais les Goncourt ne récusent pas son cabinet de travail, parfaite adéquation de l’homme, de son ascèse et de ses nostalgies, à son intérieur. Une austère bibliothèque en bois de chêne voisine avec un divan recouvert d’une étoffe exotique et de coussins. Çà et là, un bric-à-brac d’amulettes, de plats, de colliers : « …sa vraie passion est celle de ce gros Orient, il y a un fond de Barbare dans cette nature artiste498. » » Si l’homme est en

adéquation avec ses écrits alors l’assise de la postérité n’en est que plus forte, à défaut d’être réellement précise ou discutée. En effet, peu sont ceux qui reviennent sur ses accidents de nerfs et ce côté hypocondriaque qui seront révélés plus tard par les souvenirs de Du Camp puis en lisant les lettres de Flaubert dans les premières éditions de sa Correspondance.

Tous ces traits aboutissent à en faire l’écrivain total -ce qui ne veut pas dire parfait- « complètement absorbé en son art499», qu’il ne s’agit même pas de tenter de comparer à une

autre figure comme si personne n’était à sa hauteur, à part peut-être Hugo500, car il inaugure une

nouvelle lignée ! Logiquement sa disparition cause « une sorte de deuil personnel à tout écrivain digne de ce nom501». Il faut préciser que ces considérations sont permises au regard de la création

et du succès de Madame Bovary, dont certains tentent de s’en accaparer quelque peu le mérite,

comme le journaliste Louis Ulbach qui a vu « naître ce succès. Je ne puis dire que j’y ai aidé ; car, si je reçus le manuscrit de Madame Bovary, si je le lus avant tout le monde, si dans ces grandes pages raturées je trouvai un livre extraordinaire, je dois confesser, une fois de plus, que je fis des réserves que je ferais encore, que je demandai pour la Revue de Paris des corrections qui furent faites et dont certaines ont persisté502 ».

Toutefois, à la lumière de la compréhension nouvelle de cet artiste reconnu en tant que tel, décrit comme le plus écrivain de tous, Madame Bovary et les autres romans sont ainsi (re)lus

498 KEMPF Roger, L’indiscrétion des frères Goncourt, essai, Grasset, 2004. 499 FOURCAUD, op.cit..

500 « Nul, parmi les vivants, si ce n’est Victor Hugo, n’a jeté sur son siècle un éclat si grand » in FOURCAUD, op.cit.

501 FOURCAUD, op.cit.

avec un œil neuf grâce à ces articles nécrologiques qui tracent le portrait de cet homme-plume. On reprend cette expression employée par Flaubert lui-même car ces écrits nécrologiques viennent éclairer une seule facette de l’écrivain. En effet, le romancier lui-même avait conscience de ses méthodes de chercheur, lui qui « fouille et creuse le vrai tant qu’il peut503» et pourtant son

autre sensibilité, celle du « lyrisme504» et des grandes envolées, n’est évoquée dans ces notices

que pour définir l’homme, si l’on peut considérer que la séparation entre homme et artiste est possible. Flaubert présente toutefois ces deux personnalités « littérairement parlant505», et si les

commentateurs de 1880 ne lisent pas encore ses lettres, ils ont tout de même dû lire ses œuvres, ou au moins les parcourir…

Certaines limites ne permettent pas aux critiques d’en dire davantage pour le moment506.

Ceux qui vont chercher du côté de la biographie flaubertienne n’ont que peu de sources et puis nombreux sont ceux qui rappellent que tout Flaubert se trouve dans ses livres, il ne sert donc à rien de le poursuivre sur d’autres chemins507. Il est vrai que nous avons commenté, dans notre

première partie, une vie de Flaubert ne révélant pas de graves évènements notables, au-delà des morts et de son accident nerveux. Cet épisode sera le paragraphe le plus commenté des Souvenirs littéraires508 de Du Camp, surtout pour sa cruelle sentence affirmant que ce n’est pas « un homme de génie509. » Mais en 1880, est décrit un Flaubert ne se détournant jamais de sa

vocation : pas de mariage, pas d’enfant, pas de recherche d’un domicile à son nom, pas de scandale (sauf Madame Bovary, mais finalement c’est l’œuvre !), en somme aucune

distraction510. Ainsi les journalistes construisent un chemin de vie flaubertien menant

inexorablement vers l’écriture, comme s’il était né artiste.

503 FLAUBERT Gustave, lettre à Louise Colet, 16 janvier 1852, Correspondance, édition Jean Bruneau et Yvan Leclerc pour le tome V, Bibliothèque de la Pléiade, T. II, 1980, p. 30.

504 Ibid. 505 Ibid.

506 Marina Girardin explique dans sa thèse que cela empêche l’existence de « méga-biographies » à la fin du XIXème siècle. GIRARDIN Marina, op.cit., p. 252.

507 « Gustave Flaubert est tout entier dans ses livres ; il est inutile de le chercher ailleurs. » ZOLA Emile, « Gustave Flaubert et ses œuvres », 1875, PHILIPPOT Didier, Gustave Flaubert, Paris, Presses universitaires Paris-Sorbonne, coll. « Mémoire de la critique », 2006, p. 354.

508 Pré-publiés dans la Revue des Deux Mondes, du 1er juillet 1881 au 15 octobre 1882. 509 DU CAMP Maxime, Souvenirs littéraires, Balland, [1882],1984, p. 43.

510 Jusqu’à l’erreur manifeste, Flaubert étant présenté comme « ayant toujours été très économe » ! Anonyme, « Gustave Flaubert », in Le Figaro, 9 mai 1880.

En somme, tout ce mouvement d’élévation produit un effet sur la lecture d’une nécessaire célébration de cette figure d’exception, car « l’écriture encomiastique tourne les actions rapportées vers l’histoire, une histoire qui illustre et se conçoit comme écrite dans un style apte à commémorer la grandeur. On a là une véritable politique littéraire de la commémoration et donc de l’histoire511. » C’est peut-être l’effet recherché pour équilibrer une mauvaise conscience à

pénétrer la sphère intime de l’écrivain. Le peu de considération que portait Flaubert à l’égard de ces intrusions dans la vie privée n’encourageait pas les biographes. Nombreux sont ceux qui s’excusent des quelques mots écrits sur la vie de l’homme. Voyons tout de même comment ils se le permettent.