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La culture est définie par Jacques Rigaud comme la "relation de l'homme aux grandes œuvres de l'art et de l'esprit, au patrimoine de la civilisation". Les métropoles disposent en ce domaine d'importants atouts, dont témoignent notamment leur patrimoine architectural ou le nombre et la richesse de leurs musées. Paris est à cet égard en situation singulière, puisque s'y trouve un tiers environ des 100 monuments ou sites culturels et récréatifs les plus visités de notre pays, mais les richesses monumentales, artistiques et culturelles sont pour autant largement partagées : à titre d'exemple, une dizaine d'autres métropoles accueille au moins un site classé parmi ces 100134 et toutes les métropoles apparaissent avec au moins une étoile dans le

ANNEXESAVISDECLARATIONS/SCRUTINRAPPORT Guide Vert Michelin, la majorité d'entre elles y étant distinguée par trois étoiles, soit

le plus haut niveau de classement prévu par ce guide.

L'avis Tourisme et numérique du CESE souligne ce foisonnement de richesses, qui vont des chefs d'œuvre de l'architecture contemporaine aux théâtres, opéras et festivals, "dont la variété est un étonnement de chaque jour", ou encore aux villes célébrées par les artistes : cinéastes, à l'image de Jacques Demy pour Nantes et Nice, écrivaines ou écrivains, tels Flaubert avec Mme Bovary à Rouen ou Jean-Claude Izzo et son commissaire Fabio Montale à Marseille, ou, pour la chanson, Barbara et Nantes ou Claude Nougaro et Toulouse, entre beaucoup d'autres135.

Depuis André Malraux, l'accent est mis, en matière de politiques culturelles, sur le double objectif de soutenir la création pour enrichir le patrimoine de l'humanité et de favoriser l'accès du plus grand nombre à ces richesses patrimoniales, artistiques et culturelles. Dans Remettre le poireau à l'endroit, Jean Blaise, directeur du Voyage à Nantes, souligne l'actualité de cette double préoccupation de création et de partage et suggère des voies pour aller en ce sens : " la culture doit sortir de ses boites pour aller dans l'espace politique. À l'intérieur d'un théâtre, le message n'est délivré qu'aux 500 happy few qui sont là. Il est nécessaire de préserver ces lieux, car dans un théâtre, un centre d'art, un artiste peut faire ce qu'il a envie de faire. Ce sont des lieux d'expérimentation, de recherche fondamentale. (Mais) un artiste aime de temps en temps la commande publique qui l'oblige à aller sur d'autres territoires que celui qu'il s'est choisi. Les deux, complémentaires, doivent coexister. (…) Ayons le courage de sortir des théâtres"136.

L'accès aux services culturels pourrait paraître de manière générale relativement aisé dans les métropoles pour l'ensemble des personnes qui y résident, ainsi que le note Alain Bourdin (voir infra dans ce rapport). Toutefois, la possibilité pour toutes et tous d'y accéder n'est pas facilement résolue. Ainsi, à titre d'exemple, 71 % des personnes résidant dans les QPV, situés en majorité dans une aire urbaine de plus de 200 000 habitantes/habitants, peuvent accéder en moins de 5 minutes de marche à au moins un équipement culturel (cinéma, bibliothèque, conservatoire, théâtre, musée de France, fonds régional d'art contemporain, centre d'art ou lieu labellisé de spectacles vivants)137. Ces richesses peuvent aussi bénéficier aux populations des territoires environnants, espaces périurbains et communes rurales.

Jean Viard souligne que villes et métropoles peuvent être des lieux privilégiés de la rencontre entre les publics, l'art et la culture, celle-ci, et notamment les évènements culturels, participant de ce qui relie les individus : "la ville, c'est l'altérité, la rencontre, l'imprévu. ( ) Le rôle de la culture, c'est d'abord que l'on regarde ensemble, côte à côte, et que l'on en tire de l'émotion et du plaisir, (celui) de partager un évènement"138.

Nombre de métropoles développent des politiques culturelles associant construction de monuments emblématiques, soutien à des équipements culturels et organisations d'évènements culturels et festifs.

L'étude Lille métropole créative ?, nouveaux liens nouveaux lieux, nouveaux territoires, analyse, dans le cadre du programme Popsu 2, les apports pour la métropole lilloise, qui a été capitale européenne de la culture en 2004, de structures culturelles installées dans la ville. Elle étudie par exemple dans quelle mesure la Maison Folie de Wazemmes, implantée dans une ancienne usine, ou l'Usine bis,

Rapport

atelier d'artistes créé dans une ancienne usine de soudure du quartier pauvre de Moulins, peuvent constituer une ressource pour les actrices et acteurs locaux, pour la population et les associations de quartier, et comment elles peuvent contribuer à transformer l'identité d'un quartier et à valoriser l'image de la métropole139.

Jean Blaise, dans un entretien pour ce rapport, rappelait le contexte dans lequel est née la politique événementielle et culturelle menée à Nantes depuis les années 1990. Jean-Marc Ayrault gagne les élections à la mairie de la ville en 1989, trois ans après la fermeture des chantiers navals installés sur l'Ile de Nantes. L'usine Lu, autre symbole industriel de la ville, ferme aussi. Conscient que transformer la cité et son économie est une opération de long terme, le nouveau maire a l'idée de s'appuyer sur la culture pour contribuer à faire évoluer l'image de la ville aux yeux de sa population et du monde extérieur. Va en découler une série de projets culturels.

Jean Blaise souligne l'importance de la transdisciplinarité dans ces spectacles et évènements, du lien entre l'offre culturelle proposée et le territoire qui l'accueille, ainsi que d'ouvrir la culture sur la ville140.

Pour le CESE, il importe aussi que l'accessibilité financière des offres culturelles permette à toutes celles et ceux qui le souhaitent d'en bénéficier, ce que la métropole et Jean Blaise s'efforcent de faire à Nantes. Sans doute aussi faut-il veiller à ce que les centres urbains n'absorbent pas l'essentiel des budgets culturels des métropoles, afin que les populations résidant dans les parties plus excentrées de leur territoire aient accès à une offre culturelle de proximité.

L'avis et rapport du CESE Évènements culturels et développement local relevait, dès 1998, le rôle majeur en la matière de l'initiative d'actrices/acteurs : "Sans la volonté d'un artiste, d'un élu, d'un promoteur, d'une collectivité, pas d'évènement culturel ". Il notait aussi que "la multiplicité des festivals organisés en France (leur nombre était estimé à plus de 2000 par an) a sur le développement local et régional un impact culturel, mais aussi économique et social, avec un apport important pour le développement et la notoriété des collectivités qui les accueillent. Tout cela atteste de la santé d'une économie nouvelle née et se nourrissant de la vie culturelle"141.

Jean Blaise confirme ce constat pour Nantes : "Nous démontrons que la culture, la création artistique, la créativité peuvent être un des moteurs de l'économie de la ville, en créant de l'attractivité, donc du tourisme, donc des retombées économiques".

Pour Jean Viard, c'est particulièrement le cas pour les métropoles : "La qualité de vie est un puissant aphrodisiaque : la mise en désir des territoires par le tourisme, la valorisation du patrimoine, la vitalité de la vie culturelle, la qualité universitaire et l'innovation se mélangent, y compris parce que les grands innovateurs techniques ont besoin d'un environnement culturel stimulant"142. Ce peut être aussi un levier pour les activités économiques et les entreprises d'attirer sur place les personnels qualifiés dont elles ont besoin.

Dans la mobilisation de leurs atouts touristiques, la palette sur laquelle peuvent jouer les métropoles est très vaste.

Dijon, outre son patrimoine monumental et muséal (palais des Ducs et des États, église Saint-Michel, abbaye Saint-Bénigne, centre historique…), met en valeur la gastronomie et les vins de Bourgogne: "L'agglomération a fait le choix de transformer

ANNEXESAVISDECLARATIONS/SCRUTINRAPPORT un ancien hôpital en cité de la gastronomie et du vin, considérant qu'il s'agit de

promouvoir un art français et d'utiliser celui-ci pour faire découvrir son patrimoine et son terroir ainsi que pour promouvoir des produits locaux"143.

Bordeaux est une illustration des apports possibles du numérique pour valoriser certaines des richesses de la ville. La Cité du Vin, créée en 2016 par la métropole, les collectivités territoriales, les viticulteurs et acteurs du tourisme, femmes et hommes, contribue à l'attractivité de la ville en faisant appel aux techniques numériques : un parcours permet d'appréhender la civilisation du vin à travers divers prismes et fait appel à une vingtaine de modules d'animation comprenant écrans géants, livres virtuels, globes terrestres interactifs… S'y ajoutent des animations temporaires et des ateliers de dégustation144.

Outre les entrées payantes de monuments et activités artistiques ainsi que les dépenses des touristes et excursionnistes dans les restaurants et commerces, les structures d'hébergements sont une des formes de retombées économiques du tourisme. Le Rapport déjà cité Métroscopes : 50 indicateurs clés pour les métropoles françaises, montre leur diversité selon les métropoles : Nice, le Grand Paris et Strasbourg, positionnées notamment sur le tourisme d'affaires et de loisirs, se distinguent par une offre hôtelière très riche pour les hôtels de la plus haute catégorie (3 étoiles ou plus). Nice, Aix-Marseille, Montpellier, Nantes et Toulouse présentent de fortes capacités d'accueil en résidences de tourisme. La grande majorité des emplacements de camping se concentre dans les métropoles du Sud-Est, notamment Aix-Marseille, Montpellier et Nice. Le Grand Paris et Aix-Marseille ont, en matière d'auberges de jeunesse, une offre notable et "Strasbourg se distingue (en ce domaine) par une offre proportionnellement trois fois supérieure à la moyenne"145.

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