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Les intervalles intertextuels

L’intertextualité dans tous ses états

2.1. Les intervalles intertextuels

Les réfractions d'une lecture plurielle des textes de Rachid Boudjedra nous font affirmer que le lecteur ne peut échapper aux incantations de ses histoires toujours recommencées, aux réminiscences littéraires, aux renvois pluriculturels qui y résonnent ; où règne en maître une alchimie faite de réel et de fictif, de magique et de merveilleux, de passé et de présent.

Dès le début, toute l’œuvre du romancier algérien Rachid Boudjedra ne cesse de susciter les réactions les plus différentes et les plus contrastées. Irritante et fascinante à la fois, l’œuvre de l’enfant terrible de la littérature algérienne évolue dans des registres aussi divers que dérangeants, alliant le réalisme, le fantastique, le scabreux, l’imaginaire, le fabuleux, le mythique, le religieux, le sexuel…

L’œuvre de l’auteur, depuis La Répudiation, repose sur un processus d’écriture constant : faire apparaître sous un texte de surface, un texte sous-jacent. En d’autres termes, les récits du romancier sont écrits à partir des romans précédents ; les textes antérieurs étant

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convoqués de manière inconsciente ou consciente. D’ailleurs, plus de manière consciente qu’inconsciente dans le cas de Rachid Boudjedra. Cette tautologie, cette réitération, voire cette récurrence de figures et d’images obsédantes créent, ou du moins participent à créer, ce que l’on pourrait appeler « le mythe personnel » 141de Rachid Boudjedra.

Les insertions des fragments d'autres textes à l'intérieur des récits de Rachid Boudjedra ont pour fonction, entre autres, de les enrichir et de leur conférer une portée pluridimensionnelle ,pluriculturelles , mettant en exergue l' aspect infini de son œuvre ; tout en définissant un intervalle ouvert dans lequel l'écriture est la concrétisation d'un mouvement oscillant entre deux temps, celui d'une exigence de construction et celui de démolition qui sublime toute fin ,toute clôture dans un recommencement ininterrompu à travers l'errance des thèmes et des procédés d'écriture, d'un récit à l'autre, mettent en valeur ce caractère infini, indécis,…une sorte d’inassouvissement du désir narratif.

Cet intervalle ouvert fait d'hésitation, d'oscillation de l'écriture, entre le désir de prendre corps entre les pages du livre et le geste de son propre effacement, de son propre reniement, de sa propre évanescence qui souscrivent l'écriture de Rachid Boudjedra en tant qu'écriture mouvante, en devenir ; aveu d'une pérennité qui revient sur ses pas, craint son triomphe, cultive la fragilité et sème le doute.

Témoignant de l'impossibilité de mettre un point final à son projet scriptural, à l'édifice textuel, nous percevons le projet d’une écriture

141Mauron, Charles, Des métaphores obsédantes au mythe personnel. Introduction à la psychocritique ; Paris, 1963.

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rhizomique qui reprend inlassablement le même livre, toujours en état de construction, en état de chantier.

Cette perception boudjedrienne de l'œuvre infini, de « l'œuvre

ouverte » dont le souci majeur est d'accéder à la création d'un « livre total

», offrant d'entrée en jeu, des potentialités interprétatives plurielles, mais surtout un certain plaisir du texte suscité par la liberté du lecteur d'inscrire, dans un texte, ses parcours personnels.

Les réfractions d'une lecture plurielle des textes de Rachid Boudjedra nous font affirmer que le lecteur ne peut échapper aux incantations de ses histoires toujours recommencées, aux réminiscences littéraires, aux renvois pluriculturels qui y résonnent ; où règne en maître une alchimie faite de réel et de fictif, de magique et de merveilleux, de passé et de présent.

Dès le début, toute l’œuvre du romancier algérien Rachid Boudjedra ne cesse de susciter les réactions les plus différentes et les plus contrastées. Irritante et fascinante à la fois, l’œuvre de l’enfant terrible de la littérature algérienne évolue dans des registres aussi divers que dérangeants, alliant le réalisme, le fantastique, le scabreux, l’imaginaire, le fabuleux, le mythique, le religieux, le sexuel…

L’œuvre de l’auteur, depuis La Répudiation, repose sur un processus d’écriture constant : faire apparaître sous un texte de surface, un texte sous-jacent. En d’autres termes, les récits du romancier sont écrits à partir des romans précédents ; les textes antérieurs étant convoqués de manière inconsciente ou consciente. D’ailleurs, plus de manière consciente qu’inconsciente dans le cas de Rachid Boudjedra. Cette tautologie, cette réitération, voire cette récurrence de figures et

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d’images obsédantes créent, ou du moins participent à créer, ce que l’on pourrait appeler « le mythe personnel » 142de Rachid Boudjedra.

Les insertions des fragments d'autres textes à l'intérieur des récits de Rachid Boudjedra ont pour fonction, entre autres, de les enrichir et de leur conférer une portée pluridimensionnelle ,pluriculturelles , mettant en exergue l' aspect infini de son œuvre ; tout en définissant un intervalle ouvert dans lequel l'écriture est la concrétisation d'un mouvement oscillant entre deux temps, celui d'une exigence de construction et celui de démolition qui sublime toute fin ,toute clôture dans un recommencement ininterrompu à travers l'errance des thèmes et des procédés d'écriture, d'un récit à l'autre, mettent en valeur ce caractère infini, indécis,…une sorte d’inassouvissement du désir narratif.

Cet intervalle ouvert fait d'hésitation, d'oscillation de l'écriture, entre le désir de prendre corps entre les pages du livre et le geste de son propre effacement, de son propre reniement, de sa propre évanescence qui souscrivent l'écriture de Rachid Boudjedra en tant qu'écriture mouvante, en devenir ; aveu d'une pérennité qui revient sur ses pas, craint son triomphe, cultive la fragilité et sème le doute.

Témoignant de l'impossibilité de mettre un point final à son projet scriptural, à l'édifice textuel, nous percevons le projet d’une écriture rhizomique qui reprend inlassablement le même livre, toujours en état de construction, en état de chantier.

142Mauron, Charles, Des métaphores obsédantes au mythe personnel. Introduction à la psychocritique ; Paris, 1963.

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Cette perception boudjedrienne de l'œuvre infini, de « l'œuvre

ouverte » dont le souci majeur est d'accéder à la création d'un « livre total

», offrant d'entrée en jeu, des potentialités interprétatives plurielles, mais surtout un certain plaisir du texte suscité par la liberté du lecteur d'inscrire, dans un texte, ses parcours personnels.

Pour fonder ce qui est texte, on a proposé le concept de forme-sens. C'est un concept. Pas deux concepts juxtaposés, mais une unité dialectique qui n'a plus rien à voir avec les notions idéalistes de forme ou de sens.143

Le texte boudjedrien communique avec d'autres textes (qui peuvent bien être écrits où appartenir au registre de l'oralité, d'autres discours, d'autres cultures tant orientales qu'occidentales, dialoguant avec la mystique soufie ; avec des œuvres appartenant à la littérature de tout temps, de tout espace. Les textes de notre corpus seront considérés en tant que textes palimpsestes dont l'écriture laisse voir ou entendre d'autres textes et d'autres voix.

On peut considérer l'intertextualité comme un acte fondateur de l’écriture boudjedrienne pris dans les méandres profonds de ses mécanismes d'écriture : reconstruire, cueillir des fragments éclatés, gommer une première écriture pour pouvoir y produire un autre texte ou bien, y introduire une autre écriture. Dysfonctionnement de la mémoire

143Henri Meschonnic. Pour la poétique II. Epistémologue de l’écriture. Poétique de la traduction. Paris, Gallimard. 1973. p.34.

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et de l'oubli, telle semble être la quête des récits de Boudjedra, permettant le renouvellement perpétuel qu'assure essentiellement l'intertextualité :

C’est précisément parce qu’il [l’intertexte] ne peut être perçu qu’il suscite, lorsqu’il et repéré et comprit. Un plaisir certain : celui du clin d’œil saisi, de l’humour partagé ; plaisir également d’une compréhension à demi-mot, d’un échange avec la