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Dans ce contexte, et suite à la découverte des ARV en 1996, une poignée d’entreprises privées mettent en place des programmes afin de financer les antirétroviraux pour leurs employés infectés par le VIH/sida et pallier l’absence de réponse des pouvoirs publics. L’impulsion est donnée par la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) en 1999, étroitement suivie par quelques entreprises multinationales (Unilever, IPS/Filtisac, Shell-CI, Nestlé et Uniwax, Sodeci). La CIE initie son programme pionnier d’accès aux ARV en étroite collaboration avec le Service des maladies infectieuses du CHU de Treichville (SMIT), qui donne lieu à une étude sur les avantages financiers du secteur privé à s’impliquer dans cette voie (Eholié et al. 2003). Son initiative est précoce à l’échelle de l’Afrique subsaharienne97 et a eu un impact déterminant sur la mobilisation du secteur privé ivoirien dans la lutte contre le ))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

96 Cette proportion sera ensuite réévaluée à la baisse, cf Encadré 6 p. 25. 97

Par exemple, Alucam (2000), Anglo American (2001), Debswana (2001), Coca-Cola (2001), Heineken (2001), Lafarge (2001).

VIH/sida. A sa suite, une vingtaine d’entreprises98, « nationales/mixtes »99 et multinationales, représentant environ 30.000 employés, engagent des programmes d’accès aux ARV, sous la forme de partenariats publics/privés informels unissant le service de santé public (le SMIT) et les entreprises100 (MLS et MSHP Côte d’Ivoire 2007). D’autres entreprises multinationales101 s’engagent également sur cette voie en partenariat avec le Centre intégré de recherches biocliniques d’Abidjan (CIRBA), un centre de santé semi privé. Les entreprises privées représentent dès lors l’un des rares lieux (à côté de l’Initiative Onusida) où les individus infectés peuvent avoir accès aux ARV. En 2004, ce réseau d’entreprises contribue à la mise sous ARV de 12% de la file active ivoirienne102, c’est-à-dire que sur les 5000 personnes qui sont prises en charge dans le pays, 585 le sont par l’intermédiaire des entreprises privées (MLS et MSHP Côte d’Ivoire 2007).

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1.3. L’universalisation de l’accès aux ARV (2004 – 2008)

Intensification de l’aide internationale

L'année 2004 est une année charnière dans la lutte contre le VIH/sida en Côte d'Ivoire : l’arrivée du Pepfar103 amorce le passage à l’échelle de l’accès aux traitements et la décentralisation de la prise en charge médicale du VIH/sida. L’aide bilatérale américaine représentera en 2009 74% de l’aide extérieure dédiée au VIH/sida, qui représente elle-même 87% du budget global national VIH/sida (CNLS Côte d’Ivoire 2010). Son financement massif ))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

98 Selon le guide des bonnes pratiques de partenariats publics/privés/société civile (MLS et MSHP Côte d’Ivoire

2007), 20 entreprises s’étaient effectivement engagées dans ce processus au 31 juillet 2004. Cependant, bien que je n’aie pas effectué d’enquête systématique auprès de ces 20 entreprises mes enquêtes auprès de 11 d’entre elles ont révélé que certaines n’avaient pas mis en place de mécanismes de financement spécifiques pour les ARV avant 2004 mais seulement un programme formel. Ces entreprises privées et publiques officiellement engagées sont : SODECI (Société des eaux de Côte d’Ivoire), BCEAO-CI (Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest), SOTRA (Société des transports abidjanais), SODEFOR (Société des forêts), ANADER (Agence nationale de développement rural), SIR (Société ivoirienne de raffinage), SOGB (Société des oléagineux de Grand Béréby), Unilever, CI-Telecom, DGCTP (Direction générale du trésor et de la comptabilité publique), CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale), ADM/SIFCA (Archer Daniels Midland /Société immobilière et financière de la Côte africaine), IPS/Filtisac (Industrial Promotion Services), IPS/Ivoire Coton, Hôtel du Golf, PAA (Port autonome d’Abidjan), SMI (Société des mines d’Ity), SIMAT (Société ivoirienne de manutention et de transit).

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C’est-à-dire avec un capital mixte national/international.

100 Pour la forme de ces « PPP » : le service des maladies infectieuses (SMIT) s’occupait de la formation de

l’équipe médico-sociale, de la supervision des patients et de l’évaluation ; les entreprises se chargeaient de financer les ARV (suivant un modèle de contribution partagée entre employeurs et employés, mais qui n’a pas été systématiquement mis en place), d’opérer le diagnostic, le suivi et le référencement des employés ; le laboratoire RETRO-CI, financé par l’USAID, s’occupait du bilan initial et de la gestion des données.

101

Groupe ACCOR, Nestlé, Total, Shell, SAPH (groupe Michelin), Unilever, Uniwax.

102 La « file active » désigne les patients diagnostiqués qui sont officiellement suivis dans un ou des centres de

santé donnés.

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permet de subventionner et de réduire le coût des ARV pour les patients, diminuant à 5000 FCFA (8€) par trimestre et par patient en 2004. Cette contribution financière mènera à la gratuité des ARV pour les patients en 2008. En 2006, le Pepfar amorce la décentralisation de la prise en charge sur l’ensemble du territoire ivoirien. Entre 2004 et 2010, le nombre de personnes mises sous ARV en Côte d’Ivoire passe de 2000 à 75.000. A partir de 2006, on parle de « boom du secteur communautaire » : associations et ONG sont intensément financées par le Pepfar, permettant ainsi de sortir la prévention et la prise en charge des murs des structures de santé. En 2006, la Direction de la mobilisation sociale du Ministère de la lutte contre le VIH/sida répertorie 700 ONG de lutte contre le VIH/sida (MLS Côte d’Ivoire 2006). Entre 2007 et 2009, le nombre de sites de conseil et dépistage a presque doublé, passant de 287 à 504 sur l’étendue du territoire. Les statistiques nationales annoncent une prévalence en baisse, passant de 6,6% en 2000 à 3,2% en 2012 selon l’Onusida, et le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida passe de 630.000 en 2000 à 450.000 en 2012104. La chronicisation et la banalisation de la maladie se développent progressivement. La Figure 4

présente l’évolution croisée de la baisse du coût des traitements avec le nombre de personnes prises en charge en Côte d’Ivoire.

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Figure'4'Evolution'du'coût'des'ARV'et'du'nombre'de'personnes'sous'ARV'en'Côte'd'Ivoire' (2000'–'2011)'

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Source : Christine Danel, PAC-CI

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