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Une indétermination relative de la relation entre Structure et Comportement

CHAPITRE 1. PORTEE ET LIMITES DE L'ANALYSE DE LA PERFORMANCE A L'AIDE DU PARADIGME STRUCTURE-

1.2. Les critiques portées contre l'analyse de la performance reposant sur le paradigme S-C-P

1.2.1. Une indétermination relative de la relation entre Structure et Comportement

Au cours de la présentation rapide de résultats dans la section précédente, deux limites de la . lecture orthodoxe S~C~P ont été soulignées incidemment par les travaux de Dernsetz (1973,

1974) et de Ravensecraft (1983). Nous revenons sur chacun d'eux en insistant sur les indéterminations qu'ils introduisent dans les liaisons S~C~P.

Premièrement, Demsetz (1974) pose la question de savoir pourquoi, dans un secteur donné, seules les grandes entreprises bénéficieraient d'un pouvoir de marché que n'auraient pas les plus petites. Il soutient par ailleurs que les grosses firmes peuvent dégager des performances élevées sans qu'il soit nécessaire de recourir a priori aux hypothèses d'économies d'échelles. L'hypothèse des économies d'échelle implique que la taille confère un avantage à la grosse firme, alors qu'en fait, selon Demsetz, une capacité d'innovation et des managers éclairés ont avant tout mené la firme à une taille importante et à de meilleurs profits. Par ailleurs, les auteurs de l'école de Chicago s'interrogent sur la durée de l'efficacité supposée d'un pouvoir de marché. Comme Schumpeter l'a enseigné, il faut juger des effets du processus concurrentieFsur une longue période de temps.

En fait, ce que l'on a appelé l'école de Chicago présente l'état de position de monopole comme rare, et le cas échéant, transitoire et avec des effets limités sur le bien-être général (Stigler, 1968; Demsetz, 1974; Peltzrnan, 1977). La prédominance d'une entreprise ne découle que de sa plus grande efficacité. Selon cette hypothèse, la relation va de la perfonnance de l'entreprise à la structure concurrentielle. Les partisans de cette école poussent leur raisonnement jusqu'à conclure que plus un secteur est concentré, plus les entreprises qui sont à l'origine de cette concentration sont efficaces, donc performantes. La performance des fumes dans les secteurs concentrés ne serait pas la résultante d'un pouvoir de marché, mais d'une efficacité intrinsèque supérieure. Les entreprises qui parviennent à cette position dominante ne perçoivent alors pas

réellement des profits de monopole, mais,·compte tenu des investissements passés et des coûts exigés pour l'élimination progressive des concurrents, des rentes.

Deuxièmement, le travail de Ravenscraft (1983) montre que l'effet de la part de marché détenue pouvait l'emporter sur l'effet de concentration indUstrielle au niveau de la ligne d'activité. Ravenscraft trouve que dans les secteurs où les économies d'échelles sont fortes, la rentabilité des firmes suiveuses est plus fortement affectée par l'accroissement de la part .de marché du leader que dans les industries à faibles économies d'échelle. Ainsi, de manière surprenante, dans les secteurs concentrés, où les économies d'échelle sont fortes d'après le paradigme S-C-P, il y aurait une plus forte pression sur les prix, et, réciproquement, dans les secteurs les moins concentrés, la différenciation de produits serait plus efficace. Par ailleurs, l'analyse de Ravenscraft introduit deux questions supplémentaires, à la fois sur le degré de diversité des stratégies suivies par les firmes suivant leur contexte concurrentiel, et ensuite sur le niveau pertinent d'analyse: la ligne de produit ou le secteur.

Glais (1992, p260) dégage plusieurs propositions fondamentales de l'école de Chicago. Pour ce courant de recherche, la concentration industrielle n'est pas en soi 'dangereuse'. Elle reflète la supériorité à un moment donné de certaines fmnes plus efficaces que les autres. Le pouvoir de marché, la différenciation, etc. dans un secteur ne constituent pas la plupart du temps de barrières efficaces contre l'entrée. Par ailleurs, le changement technologique est continuel et rend caduc les positions de monopole illicite qui éventuellement auraient pu se créer. De plus, les marchés fmanciers sont devenus suffisamment efficients pour corriger les pouvoirs de marché résultant d'une information imparfaite ou d'un accès inégal aux sources de financement L'intervention publique n'est donc pas nécessaire: elle est trop lente et ne vient qu'entraver le fonctionnement du marché fmancier.

L'école de Chicago ouvre selon nous trois brèches principales dans l'édifice du paradigme S- C-P. D'une part, elle introduit un renversement de causalité entre les différents déterminants de la performance, et met J'accent sur des caractéristiques propres aux entreprises età leurs comportements concurrentiels qui aboutissent à la transformation des structures de marché. D'autre part, elle introduit à une conception dynamique du fonctionnement du processus concurrentiel, reprenant en partie les analyses de l'évolution économique de Schumpeter. Enfin, elle renouvelle l'analyse de la performance en distinguant, à la suite de Ricardo et Marshall, le profit de la rente.

Fondamentalement, ces travaux conduisent à s'interroger sur la linéarité de la relation entre Structure et Comportement. Schmalensee (1989) souligne à ce propos que le comportement des acteurs peut modifier sur le long terme la structure du marché. Assez peu les conditibns initiales structurelles, mais la structure dérivée du marché (figure 1.1) est affectée. Dès lors, il est très difficile d'estimer les effets de variables explicatives, puisque toutes les variables &pnt reliées les unes aux autres, si tant est que l'on considère une période de temps suffisamment longue. L'hypothèse d'équilibre de marché de long terme est donc une condition qui ne permet

pas .de définir. des variables exogènes explicatives de la performancedes-entreprises-et-des--- - ----. marchés: les surprofits sont nécessairement corrélés avec les variables censément

indépendantes. Plusieurs travaux empiriques se sont toutefois intéressés à l'étude, d'une part, de la convergence des profits à long terme, et d'autre part, à la distinction des niveaux d'analyse pertinents dans l'explication de la performance.

1.2.2. Convergence des profits, niveau d'analyse

et effets inter-temporels .

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