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Distinctions entre le Courant des Ressources et 1'« école néo autrichienne»

1.4.2.« The theory of the growth of the fmn », d'E Penrose (1959) rédéfinit la firme industrielle

D. l Positionnement, différences et proximités des approches théoriques contribuant

D.3. L'enrichissement de l'analyse de la performance à l'aide de l'approche

II.1.2. Distinctions entre le Courant des Ressources et 1'« école néo autrichienne»

Plusieurs recherches récentes mettent en avant l'émergence d'une école «néo-autrichienne» en management stratégique qui engloberait le Courant des Ressources (Jacobson, 1992; Hill et Deeds, 1996; Young et alii, 1996). Sur les bases qui sont celles de Courant des Ressources, Hill et Deeds (1996) proposent un modèle alternatif à celui de Porter. Leurs hypothèses rompent avec celles formulées par les partisans structuralistes du paradigme S-C-P. Les auteurs estiment que la nature de la concurrence prévalant dans un secteur est indépendante de la structure industrielle. La seconde différence majeure avec Porter concerne le fait que la structure industrielle est présentée comme une conséquence de la performance des firmes et non comme un des causes premières. Hill et Deeds (1996) regroupent sous le vocable d'école néo-autrichienne les partisans de l'économie évolutionniste et les tenants de la théorie des ressources, en ce que les uns et les autres 5'éloignent de l'intérêt porté à l'équilibre de marché par les économistes orthodoxes au bénéfice d'une recherche portant sur les processus conduisant à l'équilibre de marché. L'étude récente menée par Young et a1ii (1996) sur les comportements coopératifs et concurrentiels aux niveaux du secteur et des firmes de logiciels reprend à son compte ce nouveau modèle théorique: il en résulte notamment que la coopération n'est pas reliée à la perfonnance des entreprises au niveau de l'industrie alors qu'elle l'est au niveau des firmes. Ce résultat montrerait selon les auteurs que les comportements des firmes ne sont pas dépendants de la structure industrielle (la concentration et le degré de concurrence) mais des actifs stratégiques détenus par les entreprises en concurrence. Le iriveau d'analyse pertinent pour cette 'économie néo-autrichienne' de la performance est la firme, comme pour le Courant des Ressources.

Pour cette école néo-autrichienne (Mises, 1949; Kirzner, 1979; Q'Driscoll et Rizzo, 1996) la nature ·de la concurrence n'est pas tellement déterminée·par la concentration industrielle mais

plutôt par «l'hétérogénéité des fIrmes, les barrières à l'imitation, et les turbulences constantes provoquées par les innovations accidentelles ou délibérées» (Hill et Deeds, 1996, p440). De même, ces auteurs remettent complètement en cause le rôle joué par les économies d; échelle et la différenciation des produits en tant que barrières à l'entrée, puisqu'elles font office de barrières à l'entrée «seulement en l'absence d'innovations sur les ressources et les pratiques des entrants potentiels» (voir les axiomes 6, 7 et 8 ; Hill et Deeds, 1996). Les seules barrières «relativement» effIcaces seraient les barrières à l'imitation afin de protéger les savoir-faire des entreprises.

Reprenant à leur compte les analyses de Jacobson (1988) et de Rumelt (1991), ainsi que certains résultats de Geroski (1987), les auteurs concluent que les trois déterminants du succès d'une fIrme à long terme sont: 1) sa capacité à générer des innovations valorisables; 2) sa capacité à élever des barrières à l'imitation pour protéger ses compétences essentielles; 3) sa capacité à dépasser ses pesanteurs internes et à adopter rapidement les innovations de ses concurrents.

Nous ne faisons pas entièrement nôtre le cadre d'analyse «néo-autrichien» ainsi défini. Premièrement, voulant se démarquer radicalement du paradigme S-C-P, il englobe brutalement les apports de la théorie de ressources et de l'économie évolutioimisre u

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détriment de la rigueur d'analyse. D'une part, le modèle de Porter est assimilé à celui de Bain sans que soient signalés ni les débats qui ont parcouru la constitution du paradigme S-C-P ni le cheminement des thèses de Porter. D'autre part, la théorie des ressources et l'économie évolutionniste ne sont pas présentées dans leur spécifIcité respective. Sous couvert d'une opposition à des thèses simplifiées, elles sont assimilées l'une à l'autre.

Deuxièmement, Jacobson (1992) souligne la difficulté pour le paradigme S-C-P à trouver et justifier l'origine et les causes de l'apparition de nouveaux produits et des innovations. La

motivation essentielle pour la stratégie en économie industrielle consiste à réduire les forces concurrentielles, alors que pour l'économie autrichienne, il s'agit de stimuler le processus de modification de l'offre concurrentielle grâce à l'innovation de produit et de processus. C'est pourquoi, à la place des mécanismes cherchant à se protéger des forces concurrentielles, la stratégie d'inspiration autrichienne érige la découverte entrepreneuriale comme principe des choix stratégiques (Kirzner, 1973). La recomposition ou la recombinaison schumpeterienne des facteurs de production sert de parangon à la découverte entrepreneuriale. Le Courant des Ressources quant àlui ne se satisfait pas de cette explication, ce qui est une deuxième raison de l'impossibilité d'inclure les approches par les ressources et l'économie évolutionniste sous le 'chapeau' autrichien. Les vertus de l'entrepreneur ne peuvent être telles qu'elles lui permettent seules, en tant lui-même que ressource spécifique, de constituer un avantage concurrentiel ou de réaliser les innovations de produits. Ce sont les actifs, les facteurs, les ressources détenus par l'entreprise qui sont, pour le Courant des Ressources le point central des choix stratégiques: l'allocation économique concerne toujours des ressources à développer, des compétences à créer, des facteurs à modifier. La découverte de nouveaux produits et les orientations stratégiques originales ne sont pas le seul fait de l'entrepreneur décrétant ses volontés ex nihilo.

Troisièmement, si l'économie autrichienne a mis à jour l'influence des perceptions des agents économiques sur leurs choix stratégiques et analysé les conséquences des biais et des désirs humains sur l'économie, il ne faut pas conclure comme le fait Jacobson (1992) que tous les facteurs à l'origine des avantages concurrentiels des entreprises sont par nature inobservables, . même si certains d'~ntre eux peuvent l'être (Itami, 1987). Par c~nséquent, entre le postulat d'économie industrielle, et le postulat néo-autrichien, le Courant des Ressources propose une vision alternative des causes des facteurs clés de succès : les ressources et les compétences de l'entreprise, à l'origine de ses avantages concurrentiels sont difficiles à observer car ils sont

internes à la firme plutôt qu'externes, et leur valeur évolue dans le temps. Cependant, ils peuvent l'être en grande partie, directement ou indirectement (Verdin et Williamson, 1994; Nelon et Winter, 1982)

De cette rapide analyse des thèses néo-autrichiennes, et de la volonté de certains auteurs de récupérer à bon compte les avancées sans doute désordonnées des approches fondées sur les ressources et évolutionnistes, ressort que le Courant des Ressources n'est pas assimilable à l'école néo-autrichienne. Avant de passer aux contributions de la théorie des ressources et de

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