• Aucun résultat trouvé

Forme forte et forme faible de la théorie des ressources et de l'économie évolutionniste

1.4.2.« The theory of the growth of the fmn », d'E Penrose (1959) rédéfinit la firme industrielle

D. l Positionnement, différences et proximités des approches théoriques contribuant

D.3. L'enrichissement de l'analyse de la performance à l'aide de l'approche

II.1.3. Forme forte et forme faible de la théorie des ressources et de l'économie évolutionniste

positionnement de cette recherche de distinguer des nuances dans les hypothèses qui leur sont constiturives.

II.1.3. Forme forte et forme faible de la théorie des ressources et de

l'économie évolutionniste

Une similitude supplémentaire caractérise les deux approches participant au Courant des Ressources. En effet, au sein de chacun d'entre eux, deux grandes formes coexistent, suivant le

nombre et -la nature des hypothèses acceptées: une forme -forte, qui donne .crédit-à-quelques- ---- --- hypothèses proches du paradigme S-C-P (rationalité des agents, conservation d'analyse au

niveau du secteur) et une forme faible, qui accentue son émancipation de ces mêmes hypothèses.

Il.1.3.a. Formefaible etformeforte de la théorie des ressources

La théorie des ressources essaie· donc de proposer une analyse alternative aux. travaux d'économie industrielle et à leurs postulats. Elle n'exclut toutefois paS de sa propre logique certains mécanismes précis promus par le paradigme S-C-P, les «isolating mechanisms» essentiellement (Rumelt, 1984; Collis, 1996). Ainsi, même si l'ordre de ses priorités est

complètement différent du paradigme S-C-P, les facteurs stratégiques du secteur, qUI dépendent du fonctionnement du marché peuvent jouer·un rôle dans la performance finale des entreprises (Amit et Schoemaker, 1993).

On a vu qu'une des différences entre le Courant des Ressources et l'approche industrielle de la performance apparaît· en· ce qui concerne principalement la possibilité d'existence de rentes à long terme sur un marché, et sur les liens entre les rentes et l'avantage concurrentiel. «Alors que l'économie de l'organisation industrielle considère souvent la firme de l'extérieur afin d'expliquer ses performances supérieures en examinant, par exemple, différentes structures de marché,· des cadres de régulation alternatifs, des relations de collusion, ou des technologies de substitution, la source des rentes selon la perspective des ressources est interne» (Amit et Schoemaker, 1993, note 10, p38).

La rente dégagée par l'activité interne de ressources propres à la firme est une rente organisationnelle. C'est la prépondérance donnée aux rentes· organisationnelles dans l'explication de l'origine de la performance qui permet de séparer la forme faible de la forme forte. Ainsi, au sein même des partisans de la théorie des ressources doivent être distingués deux segments. Le premier (Wernerfelt, 1984; Barney, 1986 et 1991; Montgomery et Wernerfelt, 1991; Peteraf, 1993) penche en faveur de la prépondérance des rentes de marché sur les rentes organisationnelles. En quelque sorte, les rentes organisationnelles sont ramenées à des rentes de rareté ou de monopole. Pour eux, les propriétés des R&A sont reliées aux caractéristiques du marché : conformément à l'analyse en économie industrielle, les propriétés de rareté et d'immobilité des ressources sont nécessaires à la constitution des rentes. En cela, l'adjectif 'forte' signifie que les hypothèses sur le comportement des acteurs économiques ou le fonctionnement des marchés sont fortes, soit proches de certaines hypothèses du paradigme S- C-P.

La fonne faible (Dierickx et Cool, 1989; Schoemaker, 1990; Grant, 1991 ; Reed et DeFilippi, 1992; Teece, Pisano, et Shuen, 1997) développe quant à elle que la liaison au marché n'est qu'indirecte, que seconde par rapport à l'exploitation interne des ressources et aptitudes par la fIrme. Les rentes organisationnelles sont d'une autre nature et propres au fonctionnement des entreprises. Les marchés d'actifs stratégiques n'existent pas toujours.

Schulze (1992) résume efficacement la différence entre les formes 'forte' et 'faible' de la théorie des ressources en émettant:

1) une proposition essentielle pour la forme forte, qui exprime le primat donné au marché, proposition compatible mais non nécessaire à la forme faible : "Un avantage concurrentiel soutenable est réalisable si les ressources utilisées pour atteindre cet avantage sont rares, imparfaitement mobiles et non substituables" (Schulze, 1992, p39).

2) une proposition essentielle à la forme faible mais non nécessaire à la forme forte : "Les rentes résultant d'une meilleure efficacité de la firme lui sont systématiquement accessibles" (ib, p39)

Pour cet auteur, «la forme faible pose le problème de la création et du remplacement des actifs générateurs de richesse. La forme forte pose les problèmes de l'identification des ressources inemployées, de l'exploitation et de la protection de ces sources de richesse» (Schulze, 1992, p40). Plus récemment, s'appuyant sans doute sur l'apport de Schulze, Levinthal distingue deux écoles de la théorie des ressources: « One branch of this literature, which 1 will term the "High Church", bases its analysis on two critical assumptions. At the level of the firms, there is the assumption of rationaI choice [...]. The other assumption is an equilibrium notion of sorne sort [... ]. The other branch of the resource-based literature, which 1 term "Low Church" rejects these two assumptions. For these authors, the resource perspective seems to have two defining elements. One is simply an issue of the appropriate level of anaIysis with which to explore

strategy issues. Heterogeneity across finns is of greater interest than heterogeneity across markets. A second, -and related attribute, isthat for the firm attributes to account for-variation in profitability, factor inputs must be highly imperfect» (Levinthal, 1995, p23).

Quels que soient les noms donnés aux deux formes -pour notre part nous préférons la terminologie de Schulze- il apparaît donc qu'elles se démarquent sur deux dimensions:

1. le degré de contestation d'hypothèses d'économie industrielle: rationalité des agents, importance des rentes de monopole, notion d'équilibre de valeur (Barney, 1986)

2. la nature. et la prépondérance des rentes organisationnelles (Schoemaker, 1990; Collis, 1996).

On peut considérer que ce qui distingue la forme forte de la théorie des ressources de la forme faible est moins fondamental que ce qui éloigne ces deux formes du paradigme S-C-P. En cela, les deux formes de la théorie des ressources peuvent être présentées comme des nuances d'une même théorie. Dans le cadre de ce travail, nous privilégions l'axe de recherche de la forme faible. Elle se démarque plus du cadre d'analyse dont elle souligne certaines insuffisances. A ce titre, elle paraît pouvoir contribuer davantage au Courant des Ressources, sans pour autant se poser comme une alternative absolue au paradigme S-C-P. En outre, sa conception de la rente organisationnelle est plus en adéquation avec les présupposés de l'économie évolutionniste, comme nous aurons l'occasion de le voir. L'économie évolutionniste est composée également de deux formes: une forme forte qui s'attache plus volontiers à suivre les évolutions provoquées par les changements technologiques au niveau du secteur, et une forme faible qui concentre son étude sur la firme.

1.1.3.b. Formefaible etformeforte en économie évolutionniste

De même que la théorie des ressources se sépare en deux nuances selon leur proximité avec les thèses de 1'« Industrial Organization» (Schulze, 1992; Levinthal, 1995), de même, une distinction nette peut être repérée au sein du vaste champ de l'économie évolutionniste. La ligne de démarcation porte sur les hypothèses sous-jacentes aux idées de sélection, d'adaptation et de variation. Elle concerne en fait la localisation de la dynamique économique à l' œuvre dans les processus étudiés : soit celle-ci est placée dans l'environnement économique global (secteurs industriels, économies nationales) ; soit, elle se trouve au sein de l'entreprise elle même, qui est actrice des changements opérés sur le marché (poray et Freeman, 1992; Lorenzi et Boudes, 1995).

Dans le premier cas, on estime que l'influence de la sélection se produit à un niveau macro- économique préférentiellement au niveau micro. Dans le second, l'ordre de priorité est inversé. Même si comme le dit Wernerfelt (1984) considérer le marché comme une fonction ·de ressources ou comme une fonction de production revient in fine àla même chose, on introduit une différence de taille au niveau «épistémologique» par rapport à la vision classique. du marché, en estimant que le marché est l'agrégat, aux propriétés propres mais non actives, de la conjonction ordonnée dans le temps des actions individuelles des fIrmes. La première forme est la forme forte ou encore sectorielle ou macro-économique. La seconde est la forme faible, ou micro-économique et place résolument son analyse au niveau de la fIrme.

On retrouve dans cette séparation schématique une des dimensions qui permet de nuancer la théorie des ressources en deux formes : une prédominance donnée soit au marché soit aux entreprises dans la constitution et l'appropriation des rentes. On rappelle que la forme forte de la théorie des ressources donne plutôt préférence à l'équilibre sur le marché et envisage difficilement la soutenabilité des rentes à long terme. Elle minimise l'importance de la rente organisationnelle au profIt d'une interprétation de la valeur en terme d'asymétrie d'information

(Barney, 1986). La forme faible estime que la liaison au marché n'est que seconde par rapport à l'exploitation interne des ressources (Henderson, 1990; Henderson et Cockburn, 1994; Leonard-Barton, 1992).

Des efforts sont déployés pour tenter de jeter des ponts entre les deux. formes de l'économie évolutionniste et essayer de rendre compte, à partir de l'hétérogénéité des firmes et de liaisons temporelles spécifiques, des régularités macro-économiques (Coricelli et al., 1989; Dosi et al., 1993; Cimoli et Dosi, 1995). Toutefois, compte tenu de la nuance de niveau d'analyse introduite au sein de l'économie évolutionniste entre les deux formes, et conformément à notre question de recherche, on privilégie les contributions de la forme faible de l'économie évolutionniste, en ce qu'elle s'attache à l'idiosyncrasie des entreprises, et à la sélection, la rétention et la transformation de leurs ressources et de leurs aptitudes.

Au cours de cette première section, nous avons différencié plusieurs éléments au sein du Courant des Ressources. Tout d'abord, l'orientation stratégique de ce courant, représentée par la théorie des ressources a été distinguée de l'orientation économique, représentée par l'économie évolutionniste. La première orientation offre une conception renouvelée des origines de la performance. Elle ne développe cependant pas de manière spécifique le devenir des déterminants de la performance. La seconde orientation comble cette limite en s'intéressant à l'aspect évolutif et évolutionniste des ressources de production. Ensuite, afin de prévenir un amalgame éventuel, le Courant des Ressources a été dissocié de l'école stratégique néo- autrichienne, telle qu'elle est représentée dans plusieurs articles récents. Enfin, le positionnement de la présente recherche a été précisé grâce à la distinction de deux. formes parcourant les deux. approches majeures représentatives du Courant des Ressources : ainsi, ce travail s'attache aux. présupposés de la forme faible de la théorie des ressources, donnant la

primeur aux rentes organisationnelles, ainsi qu'à la forme faible de l'économie évolutionniste, qui s'intéresse directement au niveau micro-économique de l'évolution des ressources productives.

Nous appuyant sur l'exemple de Schumpeter (1934), nous débuterons l'exposé des deux approches par celui qui donne les conditions de bases de la performance c'est-à-dire la théorie des ressources pour nous tourner ensuite vers l'apport de l'économie évolutionniste.

Il.2. La théorie des ressources et ranalyse de la performance

Cette section présente en détailles particularités de ressources détenues par la firme et le lien qui unit ces ressources avec la performance. Dans un premier temps, on donne les définitions des ressources et des aptitudes. Les conditions de l'émergence d'un avantage concurrentiel sont précisées notamment à l'aide des travaux de Peteraf (1993), Schoemaker (1990) et Amit et Schoemaker (1993). Les différentes propriétés des ressources et aptitudes nécessaires à la constitution d'un avantage concurrentiel, et à l'appropriation des rentes organisationnelles sont ensuite détaillées. Enfm, plusieurs travaux empiriques sont analysés, qui utilisent les présupposés 5le la théorie des ressources. La présentation. de la théorie eLde ..ses_applications u •••

permet la formulation d'hypothèses génériques de recherche.

Documents relatifs