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2.2. L’histoire des sourds et de la langue des signes

2.2.4. Implications sur notre recherche

Nous l’avons vu, les différences sociologiques et universitaires constituent un premier frein à la mutualisation de la recherche internationale. L’influence historique des communautés signantes sur la pratique des interprètes à un niveau national est un second obstacle pouvant entraver une généralisation des expériences et des connaissances à un niveau international.

Pour autant, il nous a semblé nécessaire d’établir un parallèle entre la pratique de l’interprétation telle qu’elle est observable sur le terrain dans les pays où la littérature est abondante (et a commencé à poser les premières pistes de réflexion scientifique) et la pratique de l’interprétation en LS en France. Pour ce faire, nous avons traité l’ensemble de la littérature en fonction des paramètres linguistiques et sociolinguistiques qui semblaient transposables au contexte français pour permettre d’enrichir notre analyse au niveau national.

Nous observons que la réaction de nos confrères français face aux résultats d’une étude étrangère est généralement dubitative quant à la transposition possible de ses conclusions : selon la majorité des ILS français, la LS pratiquée dans un pays donné ne correspondrait pas aux normes des autres, ou encore, quiconque est considéré comme un interprète « ici » ne répondrait pas aux exigences des interprètes « là-bas »16. Nous observons également une crainte des chercheurs-interprètes à voir leurs résultats utilisés hors contexte et servir un

16Propos recueillis lors de groupes de travail de l’EFSLI – European Forum of Sign Language Interpreting, à Utrecht, Pays-Bas, novembre 2011.

discours pouvant porter préjudice à la légitimité de la profession. Les recherches existantes ne satisfaisant pas le discours majoritaire sont ainsi laissées de côté, même si leurs conclusions proposent de nouvelles clés qui seraient autant de jalons posés pour la compréhension de l’exercice et l’amélioration des compétences et des performances des ILS (nous faisons référence aux travaux anglo-saxons concernant le rôle de l’interprète dans l’interaction et la communication, ou bien ceux faisant état des dissymétries observées entre les lexiques des langues signées et des langues vocales). Après réflexion, nous considérons au contraire qu’il serait plus intéressant de nous confronter à l’ensemble des travaux existants et d’inscrire notre recherche dans une dynamique globale plutôt que de nous prévaloir d’une sorte d’exception nationale qui nous permettrait d’éviter les démarches relatives à la recherche telles que les importations de concepts, les transpositions d’expériences et les comparaisons de résultats.

Nous avons considéré ces dissimilitudes comme une chance de mise en perspective de la profession et de ses normes qui nous permettraient une analyse et un questionnement plus poussés des pratiques des ILS français. Pour autant, nous avons constamment gardé en mémoire dans notre analyse les spécificités de chaque communauté d’ILS, qui ne sont pas nécessairement transposables à tous les pays puisque les pratiques de l’interprétation sont intrinsèquement dépendantes des facteurs sociologiques, linguistiques et autres propres à chaque communauté nationale.

Figure 1 : Schéma des limites de l’interprétation en LS selon les littératures majoritaires

Littérature anglo-saxonne

ORAL C.S. S.E.E. literalinterpretation freeinterpretation N.V.C

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Littérature française

ORAL LPC français signé interprétation LS CNV

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///// : La partie hachurée représente l’étendue des pratiques de l’interprétation en LS.

Structure langue vocale LS Pantomime

Définitions des termes et des sigles présentés :

a. L’oral / oralisme

C’est un terme utilisé pour définir une méthode d’enseignement précoce auprès des jeunes sourds. Elle consiste à encourager très tôt l’acquisition de la parole par une rééducation orthophonique continue pour que l’enfant s’intègre dans un système unique de communication orale avec les personnes entendantes17. Cette méthode d’enseignement est accompagnée d’une rééducation auditive (appareils auditifs standard ou implants cochléaires).

Elle est également fréquemment associée au LPC (Langage Parlé Complété) ou C.S. (Cued Speech).

b. C.S. (Cued Speech) ou LPC (langage parlé complété)

Le code LPC est un codage manuel des sons de la langue française associé à la parole et permet d’éviter les confusions liées à la lecture labiale seule.

« La main près du visage accompagne syllabe par syllabe tout ce qui est dit. Apprendre le code LPC consiste à apprendre à combiner huit formes pour la main et ses cinq emplacements près du visage ».18

c. S.E.E. (Signing Exact English)

«Signing Exact English is a sign language system that represents literal English. To make visible everything that is not heard, S.E.E. supplements what a child can get from hearing and speech-reading. Since American Sign Language (ASL) has different vocabulary, idioms and syntax from English, S.E.E. modifies and supplements the vocabulary of ASL so children can see clearly what is said in English. This system was first made available in 1972. »19

17 Lire sur ce sujet B. Virole (2000 : 414-415), Psychologie de la surdité, Éditions De Boeck Université, Bruxelles, 2èmeédition 2004.

18 Extrait de la page d’accueil de l’association ALPC, « parler français avec les sourds » : http://www.alpc.asso.fr/code01-c.htm

d. Français signé

Méthode de communication permettant de s’exprimer oralement en labialisant certains mots clé de la phrase tout en plaçant au gré de l’énoncé des signes issus de la langue des signes. Le français signé permet de représenter la séquentialité de la langue française. Cette forme d’expression était considérée comme la plus valorisante par les générations de sourds précédentes car elle leur permettait de mettre en avant une certaine maîtrise du français.

e. N.V.C. (Non Verbal Communication) ou CNV (Communication Non Verbale)

Éléments non linguistiques visuels pouvant illustrer, connoter ou renforcer le discours.

Cosnier (1977)20 parle d’une valeur de métacommunication sur le discours tout à fait transposable à la LS.

Pour ce qui concerne la langue des signes, il est d’usage de nommer ainsi les formes visuelles d’expression aisément compréhensibles par un auditeur non sensibilisé à la LS. Ces indications visuelles peuvent passer par le mime, une expression du visage ou même un froncement de sourcil pour exprimer le doute. La CNV est actuellement au cœur d’un débat autour de la question de savoir si elle peut être considérée comme une composante de la LS.

Cuxac (2001), lui, classe ces éléments en tant qu’éléments linguistiques à part entière qui peuvent avoir un statut équivalent « selon le contexte, aux adjectifs ou aux compléments de manière en français ». Ces éléments redéfinissent les frontières entre les éléments appartenant au verbal ou au non verbal.

f. Literal interpretation Versus Free interpretation

Contrairement à l’ensemble des éléments que nous venons de définir, cette problématique est majeure pour ce qui concerne l’acception et la définition de l’interprétation en langue des signes au niveau de la littérature internationale. Il est intéressant de remarquer que

19Notre traduction : « Le SEE est une méthode signée qui représente l’anglais littéralement. Pour rendre visible tout ce qui n’est pas entendu, le SEE apporte un supplément à ce qui peut être perçu par l’enfant par récupération auditive ou par lecture labiale. La langue des signes américaine (ASL) ayant un lexique, des tournures et une syntaxe différents de ceux de l’anglais, le SEE modifie et complète le vocabulaire de l’ASL de manière à ce que l’enfant puisse voir clairement ce qui est dit en anglais. Ce système a commencé à être diffusé en 1972. »

20Cosnier,Communication non verbale et langage, in « Psychologie Médicale», 1977, 9.11

l’interprétation dite littérale est totalement acceptée et étudiée dans la littérature anglo-saxonne, ce qui n’est pas le cas en France. Nous avons observé lors de nos recherches que la définition même de l’interprétation littérale tend à se confondre avec ce que nous pouvons considérer comme relevant du français signé (ou anglais signé), du transcodage, voire parfois même du S.E.E., puisque les auteurs eux-mêmes utilisent indifféremment ces différents termes pour faire référence à cette forme d’interprétation. Nous avons en conséquence tenté de définir plus précisément ces deux notions (literal et free) telles qu’elles sont envisagées dans la littérature internationale pour nous permettre de mieux situer notre pratique dans l’ensemble de ces considérations.

- Interprétation « littérale » :

Nous nous référerons à la définition que Napier à emprunté à Crystal (1987 : 344) lors de son étude sur lestylelinguistique des ILS (litéraloufree) :

« the linguistic structure of the source text is followed, but is normalised according to the rules of the target language »21(2002-a : 26).

Nous rapprocherons cette forme d’interprétation de la translittération dont Winston (1989 : 147) donne la définition :

Transliteration: (transliterating) is a specific form of sign language interpreting. It is the process of changing one form of an English message, either spoken English or signed English, into the other form. The assumption in transliteration is that both the spoken and the signed forms correspond to English, the spoken form following the rules of standard English and the signed form being a simple recording of the spoken form into the manual code of expression.”22

Il est d’usage de rapprocher la translittération (ou l’interprétation dite littérale) du

« transcodage » tel que nous le connaissons en traductologie (voir ci-dessous). Pour autant,

21Traduction : La structure linguistique du texte source est préservée tout en étant normalisée en fonction des règles de la langue d’arrivée.

22 Traduction : (la translittération) est une forme particulière de l’interprétation en langue des signes. Elle consiste à changer la forme d’un message anglais, qu’il soit parlé ou signé, dans l’autre forme. La translittération repose sur l’hypothèse que ses deux formes possibles, orale et signée, correspondent à la langue anglaise. La forme parlée suivra les règles habituelles de la langue anglaise et la forme signée sera un simple encodage de la langue anglaise par signes.

une différence fondamentale concernant l’utilisation de la langue d’arrivée est à souligner. En effet, si nous reprenons la définition de Marianne Lederer (2006 :183) de la traduction linguistique, nous remarquons que :

« La traduction linguistique, que nous nommons aussi transcodage, cherche à établir des correspondances d’une langue à l’autre. Elle ne prend en principe en ligne de compte que les significations préassignées à la langue de départ et les règles grammaticales de la langue d’arrivée. Ce type de traduction ne serait réalisable de façon généralisée que si les langues étaient des codes dont les unités pouvaient se substituer les unes aux autres ; en fait, s’agissant de textes, la transmission des significations enfreindrait très rapidement les contraintes de la langue d’arrivée. »

Concernant les langues vocales, le transcodage prend donc en compte les règles grammaticales de la langue d’arrivée en y intégrant les correspondances lexicales de la langue de départ. Or, pour ce qui concerne la translittération vers la LS, la structure grammaticale de la langue des signes sera supplantée par celle de la langue vocale en présence. L’utilisation de la LS sera conforme à ce qui est décrit par M. Lederer dans la seconde partie de la définition, c'est-à-dire que ce type de traduction est généralisé car il utilise effectivement la langue des signes comme un système de codes pouvant se substituer au français.

La présence de la translittération peut trouver son origine à plusieurs niveaux :

Premièrement, on peut considérer que la place de la translittération en interprétation en LS est fonction de la formation des interprètes. Certains pays l’intègrent dans leurs cursus de formation, comme dans certains programmes aux États-Unis, et où le CT (Certificate of Transliteration)23 était en vigueur jusqu’en 2008. La translittération reste d’ailleurs toujours enseignée dans certaines universités comme un module nécessaire à l’obtention du diplôme d’interprète en LS. Nous pouvons voir à cet endroit une longue tradition de cette pratique dont l’usage correspond bien à une nécessité locale.

23“CT (Certificate of Transliteration):

Holders of this certification are recognized as fully certified in transliteration and have demonstrated the ability to transliterate between English-based sign language and spoken English for both sign-to-voice and voice-to-sign tasks. The transliterator’s ability to interpret is not considered in this certification. Holders of the CT are recommended for a broad range of transliteration assignments.This exam was offered from 1988 to 2008. This exam is NO LONGER AVAILABLE.”

Source : R.I.D,www.rid.orgconsulté en octobre 2012

Deuxièmement, il semblerait également que, dans de nombreux pays, la formation ne soit pas à la hauteur des attentes en termes de niveau de qualification des apprenants, d’heures de cours et d’exigence souhaitée pour l’obtention d’une accréditation (entre autres Roy 2000a, Seal 2000, Napier 2002b). En dehors des interprètes appelés CODA(Child of Deaf Adult) ou IDP (Interpreter with Deaf Parents) dont la langue des signes est une langue maternelle, l’apprentissage de la langue des signes se fait souvent à un âge tardif, sans réelle formation à l’exercice de l’interprétation ni de contact avec la communauté sourde. La translittération parait être la forme d’expression la plus simple pour un entendant qui n’a pas appris à intégrer l’aspect multidimensionnel de la langue des signes, ni compris l’importance de celle-ci. Par ailleurs, l’utilisation linéaire de la langue des signes semble être communément admise comme une étape permettant l’acquisition de la spatialisation (que nous pouvons apparenter à la grammaire) voir Winston (1996), mais en aucun cas la langue ne saurait se limiter à cette seule étape. Pourtant, il n’est pas rare d’observer que de nombreux cursus accueillent des étudiants à l’interprétation en LS sans aucune connaissance préalable de la langue signée.

Sans immersion linguistique ni maîtrise de la langue suffisants, ces futurs interprètes se voient ainsi confrontés à leurs propres limites linguistiques qui les restreignent malgré eux à la seule translittération.

Enfin, il ne faut pas négliger le contexte diglossique dans lequel les langues des signes évoluent. Les langues vocales nationales étant les langues de référence pour tous les domaines, la langue des signes se plie parfois aux contraintes imposées par la présence de concepts non encore lexicalisés en LS. Nous reviendrons plus longuement sur le sujet de la diglossie dans la partie concernant les contraintes liées à l’environnement de travail des ILS (voir le chapitre 4).

Analysons à présent le concept de « free interpretation » :

- Free interpretation :

Cette forme d’interprétation s’utilise pour nommer une interprétation respectant toutes les règles inhérentes à la langue des signes nationale. Napier parle également de free translational style, en opposition àliteral translational style.

Elle fait de nouveau référence à la définition de Crystal: « the linguistic structure of the source language is ignored, and an equivalent is found based on the meaning it conveys »24 (Crystal, 1987 : 344).

En suivant ces définitions, il semblerait que cette forme d’interprétation soit celle qui corresponde le plus aux attentes de la communauté signante dans la mesure où elle respecte la structure formelle de la langue des signes, telle qu’elle est utilisée par une majorité de locuteurs sourds signants. La forme signée étant par essence visuelle et non linéaire, il semblerait que lesens supplante ici la forme du discours de départ (contenu, agencement des idées, etc.). Ceci étant, nous pouvons observer une certaine tendance à considérer l’éloignement de la forme de départ par des transformations faisant appel à des procédés discursifs propres à la LSF comme un indicateur de qualité de l’interprétation.

Nous verrons qu’en France, les ILS ont totalement intégré l’idée du sens de la Théorie Interprétative de la Traduction (TIT) et l’ont de fait opposée à l’interprétation littérale pour justifier de la nécessaire compréhension des idées dans le but de trouver dans la langue d’arrivée une formule équivalente. Cependant, il nous semble qu’un certain glissement s’est produit dans l’utilisation du terme « free » dans la littérature en LS. Au vu du nombre de citations de la littérature tant en France qu’à l’étranger, il est d’usage dans le milieu des ILS de considérer que cette forme d’interprétation relève de la TIT de D. Seleskovitch et M.

Lederer, puisqu’elle met en avant l’importance du sens du message à traduire ainsi que le vouloir direde l’orateur. Or, il semblerait que la TIT ne s’accorde pas autant de liberté avec le discours original que cela, puisque :

« (…) la traduction interprétative n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler une traduction « libre », caractérisée par un grand nombre d’omissions et d’ajouts et par de nombreux réagencements de l’ordre des idées. »(Lederer, 2006 : 183).

Nous reviendrons plus avant sur cette problématique dans le chapitre concernant les tactiques des interprètes.

24Traduction : La structure linguistique de la langue de départ est ignorée et une équivalence est trouvée sur la base du sens exprimé par celle-ci.

2.2.5. Commentaires

Le schéma (figure 1) représente l’étendue complexe des principales possibilités offertes en termes de communication gestuelle, entre oralisme pur et langue des signes dont on peut trouver l’origine dans les différences idéologiques historiques face à la conception même de la surdité, mais également dans la pluralité des surdités rencontrées (surdité profonde, moyenne, tardive, etc.). Chacune de ces approches est défendue avec ardeur par ses partisans, notamment dans le domaine de l’éducation des jeunes sourds où les tensions sont manifestes, avec comme objectif commun l’apprentissage de la langue nationale majoritaire par les sourds (à l’oral ou à l’écrit, voire les deux).

Le contexte français est resté très binaire pour ce qui concerne la surdité :

D’un coté les partisans de l’éducation oraliste (qui sont largement majoritaires) défendent un point de vue strictement rééducatif de la surdité, impliquant généralement un appareillage et un suivi orthophonique et médical important si l’enfant est implanté. La surdité dans ce contexte est alors envisagée uniquement dans son aspectdéficitaire.

De l’autre, les partisans du bilinguisme et de la LSF représentent un mouvement militant qui défend une identité et une culture liées à la communauté signante et à la langue des signes.

Ces deux positions s’opposent idéologiquement dans leur approche de la surdité comme nous le montrent les extraits suivants :

« Peut-on valablement espérer qu’un jeune enfant sourd élevé dans un contexte gestuel pourra s’approprier une langue orale naturellement plus difficile ? Qui aura le temps et le talent de le faire vivre dans une situation de vrai bilinguisme ? (…) La LSF permet d’annuler le handicap dans une zone restreinte, un cocon confortable, une bulle de savon (…) il n’y a donc plus de handicapés auditifs, il ne reste que des sourds et tout est changé.»25

L’auteure du texte dont est tiré cet extrait remet en cause la problématique de la surdité comme relevant d’une différence exclusivement linguistique en rappelant que les sourds vivent dans une société entendante dont ils ne devraient pas s’exclure presque eux-mêmes en

25Annie Boroy,Mes enfants sourds, Langue française et intégration, Le pari du LPC, L’Harmattan, 2004, p.10

utilisant la LS. Elle questionne également la réussite de l’apprentissage de la langue française des méthodes éducatives bilingues.

Nous citerons ensuite A. Meynard (1992), psychanalyste reconnu pour son engagement auprès de la défense du bilinguisme et de la LSF, dont l’extrait d’une communication lors d’une conférence met bien en relief cette dichotomie :

« En France, l’engouement pour les implants cochléaires n’est qu’un symptôme de ces logiques déficitaires oralistes. L’intégration (isolement parmi les entendants) en est également une version moderne. Ainsi après un débat qui s’est longtemps focalisé sur : « langues Signées vraies ou fausses langues ? », l’apparente reconnaissance des langues signées (au niveau du discours) ‘coexiste’ avec des pratiques qui au niveau implicite persistent à porter atteinte à ces réseaux langagiers, et à exclure des environnements précoces de tout jeunes enfants sourds. »

Cette citation date de 1992 et, à notre connaissance, la situation actuelle concernant la mise en place de structures éducatives pouvant ouvrir la voie aux jeunes sourds dans leur construction identitaire bilingue n’a pas beaucoup évolué depuis.

Le contexte dans lequel évolue la langue des signes s’inscrit dans cette relation duelle oraliste/signant qui incarne les deux points de vue sur la surdité. Ce contexte se nourrit d’appartenances idéologiques très opposées qui suscitent de fait des réactions quasi-viscérales, donc passionnées26.