• Aucun résultat trouvé

Tous les articles étudiés soulignent l’impact positif de l’alignement stratégique sur la performance quel que soit les dimensions retenues ou la perspective choisie.

2.2.2. Discussion

Comme le montre le tableau de synthèse (Tableau 15), la littérature vérifiant et testant le SAM est tantôt cohérente, tantôt incohérente avec les préconisations des auteurs de référence. Les éléments en cohérences sont :

les données utilisées : elles soulignent la perspective managériale de l’alignement

stratégique. Sur ce critère, les auteurs étudiés rejoignent les travaux originaux qui mettent l’accent sur le rôle capital des managers dans l’alignement stratégique de leur organisation ;

l’approche technique des SI : la perspective technique est majoritairement adoptée par les

articles étudiés. Toutefois cette cohérence est plus le résultat d’un manque de précision sur les termes employés dans le modèle de référence que d’une réelle volonté initiale d’Henderson et Venkatraman de défendre une perspective plutôt qu’une autre ;

l’impact sur la performance : l’objectif des auteurs initiaux est de rationnaliser

l’approche de la gestion stratégique des SI et son impact sur la performance de l’entreprise. L’ensemble des résultats obtenus par les différentes études, confirment la relation positive entre alignement stratégique et performance de l’entreprise.

Les éléments qui vont à contresens des propositions ou préconisations d’Henderson et Venkatraman dans leurs différents articles sont :

les domaines étudiés : la majorité des articles adoptent une approche bidimensionnelle du

modèle SAM. Seuls quelques-uns respectent la logique d’origine du modèle. De plus, comme le soulignent Camponovo et Pigneur (2004), les articles tendent à avoir une

approche uniquement interne de l’alignement sratégique alors qu’Henderson et Venkatraman soulignent que l’alignement des domaines doit également être externe.  le caractère dynamique/statique du modèle : la vision communément adoptée de

l’alignement stratégique est plutôt statique alors même que les travaux fondateurs privilégient une approche dynamique ;

Ces déviations sont liées au fait que le concept d’alignement stratégique est équivoque voir tautologique (Maes, 2000 ; Maes, Dirksen et Truijens, 2000). Malgré le nombre de dénominations et de définitions, la notion d’alignement reste relativement abstraite voire incohérente. Par exemple, Tallon et Kraemer (1998 : p. 2) le définissent comme « l’alignement de la stratégie SI et de la stratégie d’affaires ». Cette définition est partielle et tend à limiter l’analyse à une perspective bidimensionnelle qui ne concernerait que les dimensions stratégiques, alors même que le modèle initial propose une approche globale. D’autres définitions du concept entraînent des interprétations contradictoires qui amènent certains auteurs à étudier l’alignement comme un processus (Burn, 1997) et d’autres comme un résultat (Bergeron et al., 2001).

Cette confusion sur la définition du concept est à l’origine d’une critique commune à des auteurs comme Coakley, Fiegener et White (1996), Ciborra (1997, 1998) ou Avison et al. (2004). Celle-ci porte sur les limites pratiques du modèle. Cette question est liée à la mesure du degré d’alignement, mais surtout à la non-prise en compte de la complexité de l’environnement qui suppose que les entreprises sont encastrées dans de nombreux contextes (Ciborra, 1997 ; 1998), du rôle des acteurs humains dans l’alignement et des comportements qu’ils peuvent avoir comme l’apprentissage (Ciborra, 1998) ou l’émergence de nouvelles pratiques (Ciborra et Hanseth, 1998). Maes (2000), d’après Maes et al. (2000), plaide pour une reconstruction du modèle d’alignement stratégique à partir de différents postulats :

 la définition du concept d’alignement stratégique doit être claire et compréhensible ;

 l’alignement stratégique doit être considéré comme étant un processus et pas seulement un résultat ;

 l’alignement stratégique doit suffisamment prendre en compte les contextes multiples auxquels les organisations sont confrontées ;

 l’alignement stratégique doit être mieux adapté à la réalité des entreprises dans lesquelles les managers ne peuvent pas tout décider et contrôler et les individus bénéficient de nombreuses marges de manœuvre.

Tableau 15 : Synthèse de la revue de littérature

Intitulés des thématiques

Propositions d’Henderson

et Venkatraman Tendances dans la littérature Cohérence ?

Méthode de recherche

Pas de préconisations ni de

propositions particulières. Principalement quantitative -

Données utilisées

Pas de préconisations ni de propositions particulières.

Proposent de mettre le manager au cœur du modèle.

Principalement des questionnaires adressés aux top-managers SI ou business

des organisations étudiées  Vision managériale de l’alignement

stratégique.

OUI

Perspective TI/SI ?

Confusion TI/SI, pas de précision sur les définitions

La majorité des articles adoptent une approche technique de l’alignement

stratégique.

OUI

Domaines étudiés

Approche globale du modèle par la combinaison de deux

chemins d’alignements croisés.

La majorité des études se focalisent sur deux domaines uniquement, de préférence la stratégie d’affaires et la

stratégie SI. NON Caractère statique ou dynamique Approche dynamique de l’alignement stratégique

La majorité des études ont une approche statique de l’alignement stratégique

comme un contenu, un résultat.

NON

Impact sur la

performance Positive

La totalité des études montrent que l’alignement stratégique a un impact positif sur la performance des entreprises.

OUI

2.3. Un modèle approfondi

Les deux points précédents montrent que le modèle d’alignement stratégique porte une approche technique et managériale des systèmes d’information qui tend à négliger la dimension humaine et dynamique des SI au sens de Reix et Rowe (2002).

La littérature a tenté de combler ces deux limites en développant la notion d’alignement social et une approche dynamique sur le principe du Punctuated Equilibrium Model (Gersick, 1991).

2.3.1. L’alignement social : une illusion managériale

Tout en restant dans la perspective traditionnelle de l’alignement stratégique, un petit nombre d’auteurs ont intégré la dimension humaine du SI au modèle SAM. Nous appelons cette approche l’alignement social.