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Illustration des limites de l’antir´ ealisme : une preuve de l’existence de Dieu par Dummettpreuve de l’existence de Dieu par Dummett

Dans le document L'ontologie réaliste du théisme (Page 81-111)

Premi` ere d´ efense du r´ ealisme th´eiste

2.2 Le r´ ealisme du th´ eisme

2.3.5 Illustration des limites de l’antir´ ealisme : une preuve de l’existence de Dieu par Dummettpreuve de l’existence de Dieu par Dummett

Dummett (2006, chap. 8) propose sur la base de son antir´ealisme une preuve de l’existence de Dieu dont les faiblesses illustrent une partie des faiblesses de sa conception du d´ebat r´ealisme/antir´ealisme et les limites de son interpr´etation du th´eisme.

Pour donner sens `a la conviction qu’il y a un monde en soi, il faut pouvoir concevoir un Dieu qui l’appr´ehende sans perspective particuli`ere. Le monde tel qu’il est nous reste inaccessible et il existe une pluralit´e de mondes relatifs aux diff´erents ´equipements perceptifs et cognitifs. Le monde tel qu’il est ne peut exister sans ˆetre appr´ehend´e par un esprit, c’est la base de l’antir´ealisme, mais puisque notre esprit ne peut l’atteindre, il faut concevoir ce monde relativement `a l’esprit divin.

Dieu et le monde se soutiennent l’un contre l’autre, plus exactement nos concepts de Dieu et de monde comme un tout se soutiennent mutuellement. (Dummett, 2006, p.102)

Cette formulation tr`es kantienne reliant deux Id´ees de la raison pose cepen-dant un probl`eme simple que Kant avait d´ej`a vu74. En quoi cela fournit-il une preuve de l’existence de Dieu ou en quoi cela permet-il de parler, comme le fait Dummett, d’un Dieu cr´eateur ou ayant une volont´e ? Kant ancre les Id´ees de la raison comme Dieu ou le monde pris comme un tout dans un besoin d’unifier les connaissances et il se garde bien d’en d´eduire une descrip-tion de Dieu ou une preuve de l’existence d’un objet satisfaisant le concept de Dieu. Or, Dummett semble ne pas seulement insister sur le lien concep-tuel n´ecessaire entre le concept de monde tel qu’il est et le concept d’esprit appr´ehendant le monde sans les limites d’un point de vue particulier. Quand Dummett (2006, p.103) affirme que Dieu agit car Il est Cr´eateur , est-ce qu’il parle du Dieu pens´e en lien avec le conest-cept de monde en soi ou bien de Dieu tout court. L’antir´ealisme devrait mener `a une description de Dieu uniquement relative au concept de monde en soi. Ce qui ne dirait rien de Dieu sauf `a avoir une conception plus r´ealiste. Dummett r´epondra qu’il

a produit une preuve d’existence et donc qu’il peut parler de Dieu. Mais la preuve n’a fait que lier deux concepts sans donner une preuve d’existence. Refuser la possibilit´e de conditions de v´erit´e au sens r´ealiste comme le propose Dummett n’est donc pas convaincant. Notre d´efense du r´ealisme et notre critique de l’antir´ealisme s´emantique nous impose alors une analyse de la v´erit´e, de sa nature et de sa place dans une ontologie.

2.4 La v´erit´e

Dire de ce qui est qu’il est et de ce qui n’est pas qu’il n’est pas est vrai.

Aristote

Le r´ealisme ne peut ˆetre d´efendu que sur la base d’une solide th´eorie de la v´erit´e capable de rendre compte de la pr´etention de certaines croyances religieuses et th´eistes `a ˆetre vraies. Plus pr´ecis´ement, si les propositions ´etaient rendues vraies par quelque chose d’ind´ependant, il faut expliquer ce qui rend vrai et qu’elle est cette relation de rendre vrai (truthmaking). Nous allons donc d´efendre ce que Dummett nommerait une th´eorie r´ealiste de la v´erit´e pour l’analyse du th´eisme.

J’admets que quand quelqu’un croit que Dieu a cr´e´e le ciel et la terre, alors en acceptant que la croyance est suffisamment d´etermin´ee, cette croyance est vraie ou fausse si les choses sont telles qu’on l’asserte ou non. La valeur de v´erit´e ne d´epend pas du statut ´epist´emique du croyant, de l’existence ou non d’un consensus dans le groupe social ou culturel, de la passion int´erieure engag´ee ou quoique ce soit d’autres. (Alston, 1989, p.6)75

75. Alston ajoute dans la mˆeme page :�sans aucun doute, il est sp´ecialement difficile de rendre les croyances religieuses suffisamment d´etermin´ees pour ˆetre susceptible de poss´eder une valeur de v´erit´e objective�. Mais nous n’´etudions que (T1) et (T2), la d´etermination ne pose donc plus de probl`eme pour nous puisque nous avons d´eriv´e ces deux propositions des croyances religieuses. Mais il serait plus difficile de donner une

La question n’est pas seulement de savoir si certains pr´edicats ou certains concepts sont vrais de Dieu, s’ils s’appliquent vraiment `a Dieu, s’ils sont satisfaits par Dieu ou s’ils sont litt´eralement vrais de Dieu. La question est de savoir si des propositions vraies correspondent `a des faits structur´es o`u un objet a une propri´et´e, comme dans le fait que Dieu est omnipotent.

`

A moins que, mˆeme dans un cadre r´ealiste, la v´erit´e d’une proposition ne soit pas dans la correspondance avec un fait, ce qui sera d´efendu grˆace `a la th´eorie des v´erifacteurs. Le principal probl`eme est donc de d´eterminer ce que signifie la pr´etention `a la v´erit´e dans la d´efense argument´ee de certaines propositions et si la lecture ontologique de cette pr´etention est valable. Loin de proposer une th´eorie g´en´erale de la v´erit´e, notre propos vise seulement `a pr´esenter et d´efendre les quelques th`eses sur la v´erit´e qui sont n´ecessaires pour ˆetre un th´eiste r´ealiste. C’est pourquoi, pour commencer, nous allons ´etudier une conception minimale de la v´erit´e qui doit ˆetre comparer avec l’analyse du pr´edicatvrai, pour ensuite l’enrichir `a partir des exigences du r´ealisme ontologique afin d’exposer une th´eorie de la v´erit´e suffisante pour notre projet.

2.4.1 Le minimum de v´erit´e

2.4.1.1 D´efinition minimale du concept de v´erit´e ˆ

Etre r´ealiste quant `a la v´erit´e signifie d’abord que la v´erit´e d´epend de l’ˆetre, c’est-`a-dire que ce qui est vrai, une proposition, une croyance ou un jugement, d´epend fondamentalement, pour ˆetre vrai, de ce dont il est ques-tion plutˆot que de celui qui pense ou parle. Les condiques-tions ´epist´emiques ne sont donc pas d´eterminantes quant `a la v´erit´e d’une croyance, d’un juge-ment ou d’une proposition.

Appelons T, le sch´ema suivant.

(T) La proposition que p est vraie ssi p76.

analyse de <Dieu est juste> ou de <Dieu est omnipotent>. Pour un d´ebut d’analyse du concept d’omnipotence, voir page 169.

(T) est le cœur du r´ealisme al´ethiqueselon l’expression d’Alston (1996, p.1)77. Il ne s’agit pas ici de savoir si seules les propositions sont d’authen-tiques porteurs de v´erit´e mais comme nous ´etudions des propositions (T1) et (T2) plutˆot que des croyances ou des jugements, il suffit de reconnaˆıtre, comme nous l’avons d´ej`a fait, les propositions comme des contenus de croyances ou de jugements sans discuter de leur nature ultime. ´Evidemment, ce parti pris paraˆıt circulaire. Nous prenons des propositions comme point de d´epart et nous refusons une autre approche de la v´erit´e qui minore le rˆole des propositions donc nous avons raison de travailler sur la v´erit´e proposi-tionnelle. Le cercle sera ´evit´e puisque nous aurons critiqu´e, en examinant le travail de Dummett, le refus d’abstraire le probl`eme de la v´erit´e propo-sitionnelle des actes d’assertion ou de croyance. Car un lien existe entre le jugement et la croyance d’une part et la proposition d’autre part, mais ce lien n’implique pas que la v´erit´e du contenu du jugement ou du contenu de la croyance d´epende, dans le cas de propositions th´eoriques comme (T1) et (T2), de l’acte de juger ou de la croyance. Ce qui fait qu’un jugement ou une croyance est vrai est l’obtention r´eelle de ce que l’on pr´etend obtenir en faisant le jugement ou en ayant la croyance ; ou bien un jugement ou une croyance est vrai quand la propri´et´e est bien celle de l’objet comme le pr´etend l’attribution par la proposition. Le contenu propositionnel d’un jugement ou d’une croyance permet de sp´ecifier les conditions n´ecessaires et suffisantes de la v´erit´e de la croyance ou du jugement. C’est pourquoi nous traiterons des propositions comme les premiers porteurs de v´erit´e, les jugements ou les croyances ´etant des porteurs seconds de v´erit´e. Car on peut admettre le principe selon lequel si x est un porteur de v´erit´e et que y exprime x, alors y est un porteur de v´erit´e (Lowe, 2006, p.178).

Mais pourquoi faire du sch´ema (T) de d´enominalisation78le centre d’une

77. Alston, W. (1996). A Realist Conception of Truth. Cornell University Press, Ithaca, New York.

78. La d´enominalisation dans (T) n’est pas une simple d´ecitation qui pourrait paraˆıtre plus minimale encore puisqu’elle ne porte pas sur des contenus propositionnels mais seule-ment sur des ´enonc´es. Mais puisque le d´ecitationalisme (disquotationalism) se concentre sur les phrases, il est difficile `a appliquer aux croyances et jugements ayant pourtant une v´erit´e ou fausset´e. On ne peut pas comparer la proc´edure qui consiste `a ˆoter les guillemets et celle qui reconnait l’´equivalence de deux propositions sauf si l’on dit que la d´ecitation

th´eorie de la v´erit´e ? Il ne d´efinit pas la v´erit´e mais donne la signification du concept. Il permet de d´efinir ce que c’est que d’avoir le concept de v´erit´e : ˆetre dispos´e ou enclin `a accepter les instances de T. La conception minimale non d´efinitionnelle est d’abord un moyen de saisir le concept de v´erit´e et de savoir l’appliquer. Maintenant, il faut dire pourquoi cette conception est r´ealiste, minimale et pertinente.

La diff´erence entre le porteur de v´erit´e et le v´erifacteur ainsi que l’ind´e-pendance du v´erifacteur par rapport au porteur de v´erit´e permettent d’as-surer le r´ealisme de cette conception. Le porteur de v´erit´e, c’est-`a-dire la proposition ou l’acte qui l’asserte, ne figure pas parmi les conditions de la v´erit´e, n’est pas, mˆeme partiellement, un ´el´ement du v´erifacteur. Par contre, il y a bien une d´ependance de la v´erit´e du porteur de v´erit´e par rapport au v´erifacteur, ce qui fait aussi le r´ealisme de cette conception. Ainsi la v´erit´e n’est pas une propri´et´e intrins`eque du porteur de v´erit´e et, pour le moment, pas mˆeme une propri´et´e : seul le concept est ´etudi´e.

Le minimalisme fond´e sur le sch´ema (T) prend alors deux formes exem-plairement d´evelopp´ees par Horwich et Alston79. Horwich (1998, chap. 1)80

consid`ere que l’usage du pr´edicatvrai est totalement expliqu´e par l’ins-tanciation du sch´ema (T) d’´equivalence ou de d´enominalisation. On peut accorder ce point mais qu’en est-il de l’essence de la v´erit´e ? `A ce stade, Horwich refuse de poursuivre l’enquˆete car il y aurait une illusion dans la questionqu’est-ce que la v´erit´e ?puisque l’on chercherait par erreur une propri´et´e plus ou moins complexe de quelque chose qualifi´e devrai. La seule conception de la v´erit´e `a produire serait une th´eorie de la v´erit´e avec une infinit´e d’axiomes correspondant `a l’instanciation du sch´ema (T) et au-cune explication m´etaphysique de la propri´et´e de v´erit´e ne serait n´ecessaire (Horwich, 1998, p.2-7). Quand Horwich refuse que la v´erit´e puisse ˆetre une propri´et´e, son argument semble pourtant peu convaincant.

se justifie par la redondance de deux contenus permettant d’´eliminer le pr´edicat�vrai�. On introduit alors les propositions sans en rester `a l’analyse d’´enonc´es.

79. Nous allons revenir dans la prochaine section sur le minimalisme quant au pr´edicat vrai chez Tarski.

Je soup¸conne que la cause principale de ces erreurs r´eside dans une analogie linguistique. Tout comme le pr´edicatest magn´etique d´e-signe une caract´eristique du monde et que le magn´etisme a une struc-ture r´ev´el´ee par la physique quantique, tout commeest diab´etiqued´ecrit un ensemble de ph´enom`enes et que le diab`ete peut ˆetre caract´eris´e en biologie, il semble queest vraiattribue une propri´et´e complexe et que la v´erit´e est un ingr´edient de la r´ealit´e dont l’essence sous-jacente sera, esp´erons-le, un jour r´ev´el´ee par une analyse philosophique ou scientifique. (Horwich, 1998, p.2)

Les comparaisons rapprochent la v´erit´e et le pr´edicat ˆetre vrai de pr´edicats ou de notions scientifiques. Il semble clair qu’une science empirique qui prendrait comme objet l’´etude de la propri´et´e ˆetre vrai n’est pas envi-sageable. Par contre, pourquoi ne pas supposer que l’analyse philosophique ne puisse pas d´ecouvrir l’essence de la v´erit´e ? La comparaison relevant de l’analyse conceptuelle entre ˆetre vrai et ˆetre diab´etique n’interdit pas de prolonger cette analyse conceptuelle par une analyse m´etaphysique de la propri´et´e. Horwich (1998, p.38-9) reprend le probl`eme en distinguant entre les propri´et´es complexes et naturelles et les propri´et´es comme ˆetre vrai ou existe. On peut comprendre que l’enquˆete scientifique doive porter exclusivement sur les propri´et´es naturelles, mais on ne sait toujours pas pourquoi l’analyse philosophique ne pourrait pas travailler et le concept et la propri´et´e de v´erit´e.

Quand Alston se dit r´ealiste et minimaliste, son r´ealisme vient de l’affir-mation de l’existence d’une propri´et´e et pas seulement de la d´efense de (T) comme analyse du concept de v´erit´e propositionnelle. Le minimalisme que nous d´efendons `a sa suite n’est pas un r´eductionnisme comme peut l’ˆetre la th´eorie de Horwich car il est pour nous une premi`ere ´etape vers une th´eorie plus riche de la v´erit´e qu’est la th´eorie des v´erifacteurs. Le concept de chaleur n’a ´evidemment pas les mˆemes caract´eristiques que la propri´et´e de chaleur et l’on sait utiliser ce concept sans pour autant connaˆıtre la na-ture de la chaleur. Il en va de mˆeme pour le concept de v´erit´e et la propri´et´e de v´erit´e, on peut d´ecrire le concept et ce qu’il faut connaˆıtre pour l’utiliser sans explorer la nature de la v´erit´e et sans nier que la v´erit´e soit une

ca-ract´eristique du monde qui rel`eve aussi d’une autre ´etude que l’analyse de pr´edicats81.

2.4.1.2 Minimalisme et conception s´emantique de la v´erit´e Le sch´ema (T) de la th´eorie minimale de la v´erit´e semble tr`es proche de l’analyse du pr´edicat vrai par Tarski82. Pr´eciser la diff´erence entre minimalisme et conception s´emantique de la v´erit´e doit permettre d’affermir notre d´efense du minimalisme tout en manifestant sa sp´ecificit´e.

La convention (CT), donn´ee ci-dessous, donne, selon Tarski, le moyen de reconnaˆıtre une d´efinition ad´equate du pr´edicat vrai . Ainsi, une d´efinition devraiformellement correcte pour un langage objet donn´e L, formul´ee dans un m´etalangage, sera mat´eriellement correcte si et seulement si la d´efinition implique comme une cons´equence toutes les phrases qui peuvent ˆetre obtenues `a partir du sch´ema suivant :

(CT) S est vraie dans L ssi p

en substituant `a la lettre sch´ematique S un nom ou un d´esignateur d’une phrase d´eclarative de L, et en substituant `a p la traduction de

S dans le m´etalangage83.

Le projet de Tarski est donc de d´eriver, sur la base d’un nombre fini d’axiomes, toutes les instances de (CT), c’est-`a-dire de donner de fa¸con fi-nie une caract´erisation du concept de v´erit´e sous la forme d’une hi´erarchie de pr´edicats vrai. La mention de vrai dans un langage L est

fonda-81. Armstrong propose ainsi une relativisation de la th´eorie minimale de Horwich.�Je n’ai pas d’objection `a (T) : <p> est vraie↔ p. Je prends cela tel que : c’est la th´eorie minimaliste de la v´erit´e, qui est celle d’Horwich. Il s’agit certainement d’une proposition vraie. Quand on voudrait s’abstraire des conceptions tr`es vari´ees de la v´erit´e que l’on trouve dans la litt´erature, et en particulier de la conception r´ealiste du vrai impliqu´ee par la th´eorie des v´erifacteurs, il pourrait ˆetre utile de concentrer son attention sur cette exigence minimaliste. Nous sommes l`a bien loin cependant de la th´eorie compl`ete de la v´erit´e�. Voir Armstrong, D. M. (2004c). V´erit´es et V´erifacteurs, in Monnoyer, J-M., (´ed) (2004). La Structure du Monde : Objets, Propri´et´es, Etats de Choses. Renouveau de la M´etaphysique dans l’Ecole Australienne de Philosophie. Vrin, Paris.

82. Tarski, A. (1944/1974). La Conception S´emantique de la V´erit´e et les Fondements de la Semantique, in Logique, s´emantique, m´etamath´ematique, p.269–365.

mentale car il faut distinguer entre le langage objet sans pr´edicatvraiet le m´etalangage dans lequel vraiest attribu´e `a la phrase84. Ceci permet d’´eviter les paradoxes comme celui du menteur et de minorer les probl`emes r´ecurrents de toute d´efinition de la v´erit´e.

La question de Tarski est donc s´emantique tandis que le r´ealisme al´e-thique qui se focalise sur les croyances, les jugements et surtout leur contenu propositionnel, ne prend pas d’abord le langage pour objet. Le langage est second dans l’analyse minimaliste du concept de v´erit´e car en ayant fourni des crit`eres pour le concept de v´erit´e propositionnelle, on fournit des crit`eres pour la v´erit´e des actes linguistiques ayant pour contenu les propositions (Alston, 1996, p.31). Pourtant Tarski cherche apparemment `a comprendre la v´erit´e en g´en´eral tout en nuan¸cant sa dette vis-`a-vis de la th´eorie classique de la correspondance. Il n’y a pas d’opposition frontale `a la m´etaphysique chez le logicien et philosophe polonais contrairement aux membres du Cercle de Vienne et K¨unne (2003, p.208-217)85a ainsi bien montr´e que la question des intentions r´eelles de Tarski quant `a fournir une th´eorie compl`ete de la v´erit´e ´etait passablement complexe. La conception classique de la v´erit´e comme accord entre la phrase, la proposition ou l’id´ee et la r´ealit´e devrait ˆetre l’intuition que (CT) vient clarifier. Mais en r´ealit´e, (CT) ne mentionne pas encore explicitement une relation entre les mots et la r´ealit´e86. Si l’on tient compte des citations suivantes, il semble plausible de consid´erer que Tarski grˆace `a sa recherche d’une d´efinition de vrai, visait `a faire un premier pas en direction d’une th´eorie g´en´erale de la v´erit´e, qu’il distingue de la d´efinition du pr´edicatvrai.

La d´efinition souhait´ee ne vise pas la d´etermination du sens d’un mot familier employ´e pour signifier une notion nouvelle ; elle voudrait, au contraire, saisir le sens effectif d’une vieille notion. (Tarski, 1974, p.269)

84. Nous dirons �phrase� bien qu’`a proprement parler, �vrai� s’attribue `a des classes de phrases et non `a une phrase au sens de la chose ´ecrite ou prononc´ee. Il faut aussi remarquer que�vrai� peut appartenir au langage objet, dans ce cas, le m´etalangage comportera un autre pr´edicat, comme�vrai*�.

85. K¨unne, W. (2003). Conceptions of Truth. Oxford University Press, Oxford. 86. Nous y reviendrons page 90.

Nous voudrions que notre d´efinition rendit justice aux intuitions qui sont celles de la conception classique aristot´elicienne de la v´erit´e. (...)

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