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Historique général des événements et études de cas approfondies

Tableau 1.5 Dimensions de la collaboration

1.4 C ADRE MÉTHODOLOGIQUE

1.4.2 Historique général des événements et études de cas approfondies

Une reconstitution historique des principaux événements (chapitre 2) et trois études de cas ont été réalisées pour examiner l’évolution de la participation nehirowisiw dans la gestion forestière au Québec entre 1990 et 2013 (chapitres 3, 4 et 5). Le compte rendu des principaux événements ayant

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marqué l’évolution des rapports entre les Nehirowisiwok et les non-Nehirowisiwok dans le cadre de la gestion des territoires forestiers de la région de la Mauricie a été réalisé afin d’identifier les acteurs nehirowisiwok, les autres acteurs avec lesquels ils ont entretenu des rapports, les principaux schèmes de la participation nehirowisiw, leurs rapports avec les diverses parties prenantes (État, entreprises forestières, municipalités, etc.) ainsi que les changements observables (voir chapitre 2). Cette reconstitution repose principalement sur des données provenant d’une revue de presse (plus de 700 articles) couvrant la période du 1er janvier 1990 au 1er novembre 2013. Les événements ont

été regroupés par période quinquennale7 : 1990-1994 ; 1995-1999 ; 2000-2004 ; 2005-2009 ; 2010-

2013.

Trois études de cas ont été réalisées pour approfondir les analyses. Cette approche « consiste à enquêter sur un phénomène, un événement, un groupe ou un ensemble d’individus, sélectionnés de façon non aléatoire, afin d’en tirer une description précise et une interprétation qui dépasse ses bornes » (Roy, 2010 : 206-207). L’étude de cas représente une méthode d’enquête tout à fait appropriée pour cette recherche puisqu’elle forme un « sous-système » représentatif d’un « système plus large » qui prend en compte son « contexte immédiat, son histoire et ses différentes dimensions » (Roy, 2010 : 207). Une recension de cas a été réalisée avant de sélectionner les cas à l’étude. Pour faire partie de l’inventaire, le cas devait s’être déroulé durant la période de 1990 à 2013. Nous avons d’ailleurs pris soin de sélectionner des cas qui se sont déroulés à différents moments au cours la période à l’étude. De plus, il devait avoir impliqué au moins l’une des communautés nehirowisiwok et l’industrie forestière ou l’État (ou les trois). Les cas retenus devaient aussi permettre d’examiner la participation nehirowisiw dans la planification forestière (court et/ou long terme). Ainsi, les exemples de création d’aires protégées ou de planification territoriale (p. ex., Plan d’Affectation du Territoire Public, Plan Régional de Développement Intégré des Ressources et du Territoire) ont été systématiquement exclus de la recension de départ. Enfin, les cas les plus riches en termes de données ont été favorisés pour la sélection finale. En examinant, comparant et intégrant trois expériences collaboratives qui se sont déroulées à des moments distincts dans le temps, cette méthode permet d’évaluer empiriquement l’évolution des pratiques collaboratives impliquant les Nehirowisiwok et les acteurs du secteur forestier dans le cadre de la gestion forestière. Les trois études de cas retenues sont les suivantes : l’Association Mamo Atikamekw Atoskewin (1990-1996) et son modèle de gestion intégrée des ressources, les

7 À l’exception de la dernière période qui s’étale respectivement du 1er janvier 2010 au 1er novembre 2013

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processus de consultation et d’harmonisation établis (1999-2013) au tournant de l’an 2000 ainsi que les tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (2010-2013). Il est important de noter que la première étude de cas porte sur les rapports entre une organisation nehirowisiw et les principaux utilisateurs et gestionnaires du territoire – et non spécifiquement sur un processus comme dans les deux autres cas – puisqu’il n’existait pas à cette époque de mécanismes concrets pour impliquer les Nehirowisiwok dans l’élaboration des plans d’aménagement forestier.

1.4.2.1 Étude de cas 1. La « gestion intégrée des ressources » : l’expérience de l’Association Mamo Atoskewin Atikamekw (1990-1996)

La première étude de cas (chapitre 3) couvre la période de 1990 à 1996 et est représentative des démarches initiales des Nehirowisiwok pour jouer un rôle plus significatif dans la gestion forestière. En examinant de plus près les travaux menés par l’Association Mamo Atoskewin Atikamekw (AMAA) qui avait pour mandat de défendre et de représenter les intérêts des chasseurs et des trappeurs nehirowisiwok, on constate qu’elle a développé ses capacités en matière de collecte et d’analyse de données territoriales (habitats fauniques et « milieux de vie » atikamekw). Constatant que ni le ministère et ni l’industrie ne possédait les informations nécessaires pour intégrer l’aménagement faunique dans l’aménagement forestier, l’association atikamekw a développé son propre modèle de gestion intégrée des ressources. Bien que l’AMAA n’ait jamais convaincu l’industrie forestière d’adopter son modèle à cette époque, cette étude de cas témoigne des efforts de collaboration entre les Nehirowisiwok et le secteur forestier marquant le début de la période à l’étude. Cette étude de cas illustre ainsi un contexte particulier où les pratiques, les valeurs et les préoccupations des Nehirowisiwok n’étaient pas encore prises en compte dans la planification et l’aménagement des forêts situées ainsi que les efforts de l’AMAA pour remédier à cette situation.

1.4.2.2 Étude de cas 2. Les « processus d’harmonisation et de consultation » (1999-2013)

La deuxième étude de cas (chapitre 4) porte sur les processus d’harmonisation et de consultation établis dans le cadre de l’élaboration des plans d’aménagement forestier. Cette étude de cas montre un tournant marquant dans la participation des Nehirowisiwok au sein de la planification forestière si l’on compare la situation observée dans la première étude de cas. C’est aussi l’étude de cas qui s’étale sur la plus longue période de temps, soit de 1999 à 2013 (15 ans). Ce cas permet de mieux comprendre l’évolution et les changements que l’on peut observer au sein d’un même type de pratique collaborative. Cette étude examine également plus en profondeur la place et les effets de la collaboration sur la gestion forestière en dévoilant notamment ses principaux impacts sur la planification et l’aménagement du territoire forestier ainsi que sur les pratiques collaboratives elles-

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mêmes. Enfin, les conditions favorables à la collaboration ont également été analysées et interprétées.

1.4.2.3 Étude de cas 3. Les tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (2010- 2013)

La troisième étude de cas (chapitre 5) couvre la période de 2010 à 2013 et porte sur la participation récente des Nehirowisiwok aux tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (« tables de GIRT ») mises en place dans la foulée de l’adoption de la Loi sur l’aménagement

durable du territoire forestier. Les tables de GIRT constituent des mécanismes de concertation où

les représentants des principaux utilisateurs du territoire sont invités à élaborer les « objectifs locaux d’aménagement » devant servir à orienter la planification forestière (voir chapitre 5). Cette étude se penche sur les enjeux de la collaboration dans les processus locaux et régionaux et à acteurs multiples (p. ex., villégiateurs, municipalités, pourvoiries, gestionnaires de ZEC, associations touristiques, clubs de motoneigistes, etc.). Dans ce contexte, les Premières Nations sont invitées à participer au même titre que les municipalités alors que certains arguent depuis longtemps que cela peut mener à l’extinction des droits autochtones et du titre aborigène (Smith et Bombay, 1995). Ainsi, cette étude illustre comment les tables de GIRT représentent un lieu où se manifestent à la fois des pratiques de cooptation, de résistance et de collaboration (Fortier et Wyatt, 2014). Elle montre aussi que la participation autochtone dans les tables de GIRT gagne à être comprise en tenant compte des autres processus dans lesquels les Premières Nations sont également engagées (p. ex., négociation territoriale avec les gouvernements, consultations distinctes, désobéissance civile, recours judiciaires, etc.).

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