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Tableau 1.5 Dimensions de la collaboration

1.4 C ADRE MÉTHODOLOGIQUE

1.4.3 Collecte des données

La collecte des données s’est étalée sur près de 16 mois, soit du mois de juillet 2012 au mois de novembre 2013. Un séjour continu dans la Ville de La Tuque pendant près de neuf mois a permis de faciliter le processus de collecte (de juillet 2012 à mai 2013). Plusieurs visites au sein des communautés nehirowisiwok ont été organisées pour présenter le projet de recherche auprès des trois conseils de bande nehirowisiw et ensuite pour rencontrer les participants. Les rencontres avec les conseils de bandes visaient à échanger de l’information concernant le projet et à recueillir les commentaires des membres du conseil. Tous ces déplacements représentent plusieurs milliers de kilomètres. Pour donner une idée, l’aller-retour entre la Ville de la Tuque et la communauté d’Opitciwan, la communauté située au nord du réservoir Gouin et à l’ouest à la hauteur de Roberval, nécessite environ douze heures de route, dont une grande partie s’effectue sur des chemins

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forestiers. Trois techniques de collecte de données ont été utilisées : la collecte documentaire incluant notre revue de la littérature, les entretiens semi-dirigés et l’observation directe et indirecte, mais non participante.

1.4.3.1 Recherche documentaire

La collecte des données écrites comprend tout d’abord une revue de presse afin de reconstituer les principaux événements ayant marqué les relations entre les Nehirowisiwok et les non- Nehirowisiwok durant la période à l’étude (chapitre 2). La majorité des articles de presse collectés proviennent de la base de données Euréka. La recherche a été exécutée à l’aide d’un seul mot clé, soit « atikamekw », mais sous différentes épellations (« attikamek », « attikamègues », etc.). Au moment de la collecte, les principaux périodiques locaux tels que L’Écho de La Tuque et Le

Nouvelliste étaient disponibles seulement à partir du 1er avril 1997. Afin de couvrir la totalité de la

période à l’étude par au moins un quotidien local, la collecte a été complétée par une recherche dans les archives du journal L’Écho de La Tuque à la Société historique de La Tuque et du Haut-

Saint-Maurice. Plus de 700 articles de presse abordant de près ou de loin un enjeu territorial et/ou

de gouvernance ont été recueillis, lus, traités et analysés.

Ce corpus de données a été primordial pour mettre en contexte les événements ayant façonné les rapports entre les Nehirowisiwok, l’industrie forestière et l’État durant ces vingt-cinq dernières années. Une première lecture de ce matériel a été réalisée avant le déroulement des entretiens dans l’éventualité où les personnes interviewées se réfèreraient à des événements antérieurs. C’est aussi au cours de cette phase de collecte que les cas possibles pour mener les analyses plus approfondies ont commencé à être identifiés.

Une recherche documentaire dans les archives du CNA a aussi été réalisée afin de prendre connaissance des différents dossiers et événements ayant suscité l’intérêt des Nehirowisiwok. Les données amassées à cette étape ont d’ailleurs été cruciales pour réaliser la première étude de cas sur l’AMAA (chapitre 3).

Par la suite, la collecte documentaire visait essentiellement à consolider et à finaliser la documentation des trois études de cas sélectionnées. Il s’agissait de départager les documents déjà en main et de les compléter par une collecte d’information plus ciblée. Par exemple, des demandes d’information ont été adressées directement auprès des Commissions régionales des ressources naturelles et du territoire (CRRNT) afin de recueillir des données concernant le mandat, la composition, le fonctionnement et le déroulement des rencontres des tables de gestion intégrée des

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ressources et du territoire (GIRT) auxquelles les Nehirowisiwok ont participé (notamment les comptes rendus des rencontres). Ces informations ont permis notamment d’évaluer leur présence et leur représentativité au sein de ces processus. Elles ont également servi à mieux comprendre comment les tables de GIRT fonctionnent en pratique (p. ex., processus d’élection des membres, les ajustements apportés à leur mode de fonctionnement, etc.).

De façon générale, la recherche documentaire s’est déroulée à la fois dans les bibliothèques, sur Internet (p. ex., MFFP, SAA, Ressources naturelles Canada, Conseils de bande, etc.), dans le centre d’archives du CNA, à la Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice, auprès des CRNNT de la Mauricie et de Lanaudière et au Centre de foresterie des Laurentides à Québec (Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada). Toutefois, nous savons très pertinemment que les entreprises forestières et les gouvernements possèdent une quantité incalculable d’information précieuse, mais celle-ci demeure à peu près inaccessible. Les plans d’aménagement forestier mis en ligne comportent aussi rarement les mesures d’harmonisation. Ainsi, nous reconnaissons d’emblée les limites « empiriques » de notre étude.

1.4.3.2 Entretiens semi-directifs

L’entretien semi-directif représente une technique de collecte couramment utilisée dans les sciences sociales. Elle vise à analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux événements, à étudier un problème précis et à reconstituer des processus d’actions, des systèmes de relations ainsi que le fonctionnement d’une organisation (Quivy et Van Campenhoudt, 2006 : 175). Cette technique permet d’obtenir des informations riches en détail et en description. Elle respecte le cadre de références des individus et le rythme des échanges. L’entretien semi-directif ressemble davantage à une conversation qu’à un interrogatoire. Cette technique est aussi centrale dans une perspective interprétative et constructiviste de la recherche : les chercheurs et les participants apprennent les uns des autres, ce qui « stimule l’émergence d’un nouveau discours et d’une nouvelle compréhension » à l’égard du phénomène à l’étude (Savoie-Zajc, 2009 : 337). En résumé, l’entretien semi-dirigé est défini comme « une interaction verbale entre des personnes qui s’engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d’expertise, et ce, pour mieux dégager conjointement une compréhension d’un phénomène d’intérêt pour les personnes en présence » (Savoie-Zajc, 2009 : 337). Cette technique repose sur l’idée que l’entrevue représente une narration détenant une unité de sens cohérente, logique et unique qu’il est possible de connaître et de rendre explicite. Enfin, la nature des réponses du répondant dépend du moment où les questions sont posées et de l’état d’esprit de l’interviewé (Savoie-Zajc, 2009 : 337).

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Trois principaux groupes d’acteurs ont été rencontrés au cours de l’étude. Le premier groupe est constitué des représentants du Conseil de la Nation atikamekw ainsi que des trois Conseils de bande atikamekw de Manawan, d’Opitciwan et de Wemotaci. On peut distinguer les répondants qui travaillent au sein des départements et services forestiers (incluant un représentant de la Scierie Opitciwan) et ceux qui travaillent dans le cadre des consultations menées par les acteurs non nehirowisiwok auprès des communautés nehirowisiwok (p. ex., les « agents territoriaux » du Centre de ressources territoires de Manawan). Des consultants et des employés non nehirowisiwok travaillant ou ayant travaillé pour des organisations nehirowisiwok ont également été rencontrés. Ensuite, on retrouve les représentants de l’industrie forestière (mandataires de gestion et directeurs de gestion). Des représentants du Ministère des Forêts de la Faune et des Parcs (MFFP) ainsi que du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada (SCF-RNC) ont également participé à l’étude. Enfin, pour mener l’étude de cas sur les Tables de GIRT, des représentants des Commissions régionales des ressources naturelles et du territoire de la Mauricie et de la Lanaudière ont également collaboré à l’étude. En somme, plus d’une trentaine d’entretiens ont été réalisés (voir tableau 1.6).

Tableau 1.6 Organisations représentées par les répondants(es) de l’étude

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