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Tableau 1.6 Organisations représentées par les répondants(es) de l’étude O RGANISATIONS RENCONTRÉES N OMBRE

CHAPITRE 2. BREF HISTORIQUE DES RAPPORTS ENTRE LES NEHIROWISIWOK ET LES NON-

2.1 A SPECTS MÉTHODOLOGIQUES

2.7.1 Des acteurs en mouvement

Ce compte rendu événementiel illustre une dynamique importante chez les acteurs où certains d’entre eux disparaissent, d’autres perdurent et certains apparaissent en cours de route. Tout d’abord, le CAM n’existe plus. Celui-ci représentait les Nehirowisiwok et les Innus dans le cadre du processus de négociation territoriale globale. Son absence passe plus ou moins inaperçue, car le CNA a pris le relais. Celui-ci connaît par contre une transformation importante au niveau de sa structure de gouvernance qui n’a pas été présentée dans la présentation antérieure des événements. En 2002, les trois conseils de bande ainsi que le CNA signent un protocole d’entente politique modifiant le processus de nomination du président qui, au lieu d’être nommé par les trois chefs de bandes, doit dorénavant être élu par suffrage universel impliquant ainsi tous les citoyens nehirowisiwok peu importe leur lieu de résidence. Depuis l’adoption de ce protocole, la personne qui accède à la présidence porte aussi dorénavant le titre de Grand chef.

L’AMAA disparait également du portrait. Cette association représentait les intérêts de l’ensemble des trappeurs et des chasseurs des trois communautés. Les événements recensés montrent que même si cette association demeure inactive, les conseils de bande et le CNA envisagent de mettre sur pied un « conseil du territoire » pour donner une voix officielle à ceux qui occupent toujours le territoire. Ce conseil se distingue de l’AMAA du fait qu’il vise à représenter plus particulièrement les Ka nikanitc (« chefs de territoire »), soit les porte-paroles des territoires familiaux. En octobre 2012, le CNA organise une commission territoriale dans la Ville de la Tuque afin de nommer les porte-paroles des Ka nikanitc des différentes communautés. Par contre, il appert que les représentants d’Opitciwan n’ont toujours pas été nommés à jour. Selon nous, cela pourrait s’expliquer par le fait que les chefs de territoire de cette communauté refusent de nommer une autre personne pour les représenter.

Parmi les acteurs et les organisations nehirowisiwok qui perdurent ou qui apparaissent durant la période à l’étude, on retrouve les « services forestiers » des trois conseils de bandes ainsi que la Société en commandite Scierie Opitciwan. Ce n’est pas un aspect à négliger puisqu’ils illustrent la volonté des communautés à prendre part au développement économique des territoires forestiers.

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La certification des pratiques forestières des Services forestiers Atikamekw Aski (Wemotaci) dévoile aussi leur volonté à collaborer avec d’autres entreprises tout en s’adaptant aux nouvelles exigences du marché. Du côté d’Opitciwan, la mise en production d’une scierie en partenariat avec une autre entreprise permet au personnel des services forestiers du conseil de bande de développer des nouvelles expertises, notamment l’élaboration de plans d’aménagement forestier. Par ailleurs, le conseil de bande voit son partenaire industriel initial changé de main à plusieurs reprises. Au départ, c’est Donohue et ensuite Abitibi-Consolidated devenant entre-temps Abitibi-Bowater et puis, finalement, les Produits forestiers Résolu. Cela reflète les mouvances chez les acteurs industriels avec lesquels les organisations nehirowisiwok interagissent et collaborent.

Un acteur important ayant évolué sur la scène régionale est la Ville de La Tuque. En se fusionnant avec les autres municipalités de la MRC ainsi que les territoires non organisés de la Haute-Mauricie, la Ville étend son pouvoir décisionnel, dans ses champs de compétences respectifs, sur un territoire faisant l’objet d’une négociation entre les gouvernements du Québec et du Canada et les Nehirowisiwok depuis le début des années 1980. À cet effet, le Président du CNA de l’époque affirme qu’il ne parle plus au maire de la nouvelle ville depuis la fusion municipale : « Il n’y a pas de relations du tout. Avec La Tuque, depuis la fusion, on ne s’est jamais parlé. Je n’ai jamais parlé au maire, il n’a jamais tenté de m’appeler et ça ne m’intéresse pas de lui parler tant et aussi longtemps que cette question-là ne sera pas réglée, soit d’annexer un territoire à un autre, qui est pour moi de l’invasion, tout simplement » (Mercier, 2005, 19 décembre : 4). Ainsi, au cours de la période à l’étude, les relations entre la Ville de La Tuque et les Nehirowisiwok se sont détériorées au point de devenir complètement nulles. L’évacuation de la communauté de Wemotaci à cause du feu de forêt de 2010 a peut-être favorisé un certain rapprochement entre les deux solitudes, mais son effet semble avoir été plutôt éphémère.

Un nouvel acteur est entré en scène durant la dernière décennie et c’est la Conférence régionale des élus de la Mauricie (CRÉM). Celle-ci a reçu le mandat de coordonner la Commission régionale des ressources naturelles et du territoire de la Mauricie (CRRNT) ainsi que les tables locales de gestion intégrée des ressources et du territoire (« tables de GIRT ») (voir chapitre 5). Les tables de GIRT ont pour objectif de rassembler les utilisateurs et les gestionnaires du territoire afin de définir par consensus les « objectifs locaux » à prendre en compte dans la planification et l’aménagement intégré des forêts. La création des tables de GIRT découle également des recommandations du rapport de la Commission Coulombe. Elles incarnent en quelque sorte un nouveau modèle de gouvernance forestière décentralisé et régionalisé. Ainsi, au cours de la période à l’étude, la CRÉM

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a vu son mandat s’agrandir progressivement dans le cadre de la planification forestière. Cela aurait pu avoir un effet sur le développement des relations avec les Nehirowisiwok. Par contre, les coupures dans les programmes de développement territorial et régional gérés par les Conférences régionales des élus13 et leurs CRRNT (30 % en 2013 et 20 % en 2014) suivies de l’abolition

complète des CRÉ en 2015 laissent plutôt entrevoir une période de transition dans les relations entre les acteurs régionaux et les Nehirowisiwok.

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