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Le premier système de formation de “professeurs d’EPS“ pour l'enseignement secondaire et le milieu sportif civil, commencé en 1968 au CNEPS (ou Centre National d’Education Physique et Sportive), à Ben-Aknoun, Alger, englobait la formation à la fois des “spécialistes“ destinés au secteur de la Jeunesse et des Sports en vue d’encadrer le Sport de compétition, et des “professeurs polyvalents“ destinés en principe à l’encadrement de l’EPS dans l’enseignement secondaire. La durée de la formation était de quatre années ; les deux premières années constituaient un tronc commun pendant lequel l’ensemble des professeurs stagiaires recevaient la même formation, axée sur la psychologie générale et la psychologie de l’enfant ; des thèmes de psychologie sociale, non encore nettement séparée en tant que spécialité scientifique, étaient abordés dans le cadre d’un module de sociologie (dynamique des groupes notamment). En 3ème et 4ème années de formation, en sus de l’option ou spécialisation sportive, les stagiaires avaient le choix d’une “option secondaire“ entre les Sciences biologiques et les Sciences humaines. Dans ce dernier choix, que nous avions nous-mêmes adopté, il s’agissait surtout d’approfondir sa formation en psychologie de l’enfant ; nous n’avions alors pas d’encadrement spécialisé en ce domaine, mais des professeurs d’EPS qui avaient eux-mêmes choisi cette orientation durant leur propre formation. La plupart des encadreurs venaient de France, dans le cadre de la coopération; il y avait, en nombre très réduit alors, quelques Algériens formés en France; ils "importaient" tout naturellement le système dans lequel ils avaient eux-mêmes évolué.

La psychologie avait une place relativement importante dans le système de formation, non seulement en tant que matière de connaissance scientifique distincte, mais en tant que source de références théoriques et méthodologiques fondamentales pour l’enseignement en général, et l’EPS en particulier : les méthodes analytique et globale, issues des théories d’apprentissage développées par des psychologues (notamment théorie associationniste et théorie de la forme ou gestalt) faisaient alors l’objet des débats pédagogiques les plus chauds et constituaient les méthodes d’enseignement de

base. En tant que matière scientifique, la psychologie avait dans la formation des professeurs d’EPS une position concurrentielle avec la biologie : Après le choix de l’une ou de l’autre comme option secondaire (la première option étant une APS), il devenait impérieux pour chaque étudiant d’affirmer sinon ses compétences du moins ses connaissances dans l’option choisie. Nous nous rappelons par exemple des camarades de promotion forts en dessin ayant appris à très bien reproduire l’anatomie humaine, des "forts en thème" ou en communication choisissant plutôt la psychologie…

En 1975, la formation des professeurs d'EPS est transférée au CNS (ou Centre National des Sports), au milieu du complexe olympique de Dely-Ibrahim, nouvellement créé. L'organisation des premières grandes manifestations sportives internationales par l'Algérie, les Jeux Méditerranéens en 1975, entre dans le cadre d'une politique du sport et de l'EPS qui se veut organisée: le “Mouvement Sportif National". Celui-ci est enraciné historiquement dans la lutte pour l'indépendance, l'un des exemples étant la glorieuse équipe de Football du Front de Libération Nationale. Les Jeux Méditerranéens d’Alger constitueront donc une sorte de levier qui renforcera en Algérie la volonté d'une politique qui se veut systématisée du Sport et de l'Education Physique. En 1976 apparaitra le premier texte officiel fixant le cadre législatif et organisationnel de ce Mouvement Sportif National: le Code de l'EPS. Le système éducatif y est particulièrement visé et valorisé par la projection d'objectifs éducatifs à travers l'enseignement de l'EPS et d'objectifs de performance sportive à travers le Sport scolaire. Par exemple, la priorité sera donnée dans l'occupation des terrains de sport au milieu scolaire pour l'enseignement et les compétitions des élèves des établissements scolaires dans le cadre d'un programme national. Ce programme est élaboré et suivi dans son exécution par la FASS (Fédération Algérienne du Sport Scolaire), issue de la séparation du sport scolaire et du sport universitaire (FNSU ou Fédération Nationale du Sport Universitaire). L'année 1975/1976 constituera un tournant très positif également dans la formation au Centre National des Sports, qui accueillera des professeurs venus par exemple de l'université d'Alger pour l'encadrement de la formation. Le secteur de la Jeunesse et des Sports recevait déjà l'apport de médecins et autres spécialistes de la biologie pour l'encadrement de la formation (et la création d'une clinique spécialisée en médecine du Sport); mais c'est la première fois qu'il bénéficiait d'apports de spécialistes en Psychologie, comme le Dr R. Aït Sahlia, de la Faculté Centrale d'Alger.

Cette première expérience de formation de professeurs d’EPS de l'Algérie indépendante a été arrêtée en 1979 (dix années après son démarrage en 1968) dans le Secteur de la Jeunesse et des Sports. A la même époque, des coopérants étrangers ayant encadré cette formation pour la plupart des français , sont repartis chez eux. Après le CNEPS (1968-1975), le Centre National des Sports aura duré quatre années (1975 à 1979) avant de devenir ISTS (ou Institut des Sciences et de la Technologie du Sport); ce dernier est spécialisé dans la formation de Conseillers du Sport appelés en principe à encadrer les associations sportives civiles et le sport de performance.

Un renforcement en faveur du Sport de Performance s’est plus ou moins clairement produit alors, à partir de l'année 1979. Les choix de formation s’orientent nettement

vers l’école des pays de l’Est et le Sport de Performance, puisque la coopération s’établira avec l’URSS, l’Allemagne de l’Est et Cuba, où seront recrutés la plupart des encadreurs. Des français, il ne restera pratiquement aucune trace à l’ISTS. Quelques algériens ont pu émerger ou s’imposer parmi l’ “élite“ de spécialistes du sport de compétition venus de l’Est européen. Les professeurs d’EPS Algériens formés durant les années 1970 seront gérés à partir de 1979 par le secteur de l’Education Nationale. Cependant, très peu d’éléments issus de cette première formation rejoindront l’enseignement secondaire, qui sera encadré par une majorité d’anciens maitres et professeurs-adjoints d’EPS; ils seront rejoints progressivement par les nouveaux PEF et autres professeurs-adjoints ou PA/EPS formés à partir des années 1980.

La reprise de la formation des enseignants destinés au système éducatif au début des années 1980 se fera dans des conditions très difficiles par l'Education Nationale, coupée alors en deux secteurs: le Ministère des Enseignements Primaire et Moyen, et le Secrétariat d'Etat à l'Enseignement Secondaire; le premier prendra en charge la formation de PEF/EPS dans les ITE, le deuxième la formation de Professeurs-Adjoints ou PA/EPS dans des lycées parfois, à défaut de centres de formation adéquats. Quant à la formation de licenciés en EPS, elle sera reprise par l’enseignement supérieur d’abord dans un seul Institut à Alger avant de s’étendre à Constantine puis Oran en 1985; celle d'Oran est transférée à Mostaganem en 1987/88 pour des motifs essentiellement d’infrastructures sportives inexistantes à l'université d'Oran Es-Sénia. Depuis le début des années 2000, une vingtaine de départements et d’instituts d’EPS sont ouverts dans des universités à travers l’ensemble du territoire national.

Bien que le démarrage des départements et instituts d’EPS à l’université soit le fait d’anciens professeurs formés au CNEPS, il faut remarquer que la formation plus ancienne sous l’égide du Ministère de la Jeunesse et des Sports entre 1968 et 1978 a fourni très peu de cadres à l’Université algérienne : leur nombre est réduit si l’on compte dix promotions de 20 à 30 par an pendant dix années; et beaucoup d’entre eux sont restés dans le secteur de la Jeunesse et des Sports, quelques-uns à l’Education Nationale, quand ils n’ont pas émigré pour valoriser leurs compétences ailleurs. Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que l’EPS en Algérie a vu de grands espoirs se dessiner au début des années 1970; mais rapidement, elle a reçu un coup d’arrêt préjudiciable au bout d'une dizaine d'années à peine, quand le Centre National des Sports a fermé ses portes à la formation des enseignants d’EPS en 1978. Le choix de transformer le centre en Institut des Sciences et de la Technologie du Sport, spécialisé dans la formation des Conseillers du Sport, appelés en principe à encadrer le sport de compétition, n’a pas permis réellement au “Mouvement Sportif National“ de s’affirmer. Mais l’encadrement de l’enseignement de l'EPS et du sport scolaires s’en est trouvé diminué et retardé, l’université reprenant difficilement le relais pour la formation de licenciés en très petit nombre dans les années 1980, progressivement augmenté pour ne décoller vraiment au plan quantitatif que vint ans plus tard, au début des années 2000.

Durant ces vingt années de retard dans la formation de Professeurs d'Enseignement Secondaire (PES/EPS), le palliatif est apporté par les Instituts de Technologie de l’Education (ITE) du Ministère de l’Education Nationale, qui formeront à partir de 1983

un grand nombre de PEF (ou Professeurs d’Enseignement Fondamental). Les candidats à l’enseignement sont issus en général des classes secondaires terminales; ayant échoué à l’examen du baccalauréat, ils suivront une année de formation initiale puis une année de stage pratique sur le terrain, où ils seront pratiquement livrés à eux-mêmes pour remplir la tache réelle d’enseignant. La formation initiale des PEF sera augmentée d’une année à partir de 1985, mais les contrôles de stages sur le terrain et les examens de titularisation se feront dans des conditions plus de formalités administratives que d’épreuves d’examens professionnels, en raison des besoins énormes. Ces stagiaires des ITE ont bénéficié d’une formation en psychologie très inégale d’un institut à l’autre. Pour encadrer l’enseignement de la psychologie, certains instituts ont utilisé des licenciés en psychologie ou sciences de l’éducation, d’autres ont utilisé des enseignants d’EPS ayant suivi l’option “Sciences Humaines“ durant leur propre formation dans l’ancien système du Centre National d’Education Physique et Sportive. Ces derniers cas existaient toutefois en nombre très réduit, dans les deux anciens Centres Régionaux d’EPS ou CREPS, de Annaba et de Chleff, cédés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports à l’Education Nationale. Devenus des ITE en rejoignant le secteur de l’Education Nationale, ces deux centres ont été fermés au début des années 2000. Les PEF qui en sont issus ou ont été formés dans d’autres instituts comme l’ITE de filles et l’ITE Mustapha Khalef de Ben-Aknoun, à Alger, étaient affectés indifféremment dans les collèges ou les lycées. A l’Education Nationale, la formation des PEF est arrêtée en 2003/2004 et les ITE pratiquement fermés. Quelques-uns seront sauvegardés comme Centres de Formation pour les cadres de l’Education Nationale (stages et séminaires de courte durée ou de formation continue pour les différents corps de gestion et de pédagogie). Actuellement, ces centres prennent le profil des IUFM français (Instituts Universitaires de Formation des Maitres); ils prennent ainsi en charge, pendant une année, la formation pédagogique des nouveaux candidats à l’enseignement issus de la formation universitaire et passés par un concours avec un niveau de licence (certains de l'ancien système de quatre années, d'autres du nouveau système LMD), et parfois des titulaires d'un master.

2 – PLACE DE LA PSYCHOLOGIE DANS LA FORMATION