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3 – FORMATION PEDAGOGIQUE PRATIQUE ET PSYCHOLOGIE :

3 – EXEMPLE DE PROGRAMME DE FORMATION A L'ETRANGER:

3 – FORMATION PEDAGOGIQUE PRATIQUE ET PSYCHOLOGIE :

A l’Université des Sciences et de la Technologie d’Oran, il y a en tout trois (03) UE prévues en Psychologie : une seule UE, de Psychologie générale, en 1ère année, 1er semestre, puis une UE de Psychologie du développement en 2ème année, 3ème semestre ; et une troisième UE en 3ème année, de Psychologie du Sport (appelée donc comme déjà vu « Psychologie des APS» pour la mention EPS), en réalité rarement assurée faute d’encadrement. Il faut remarquer cependant que la charge horaire est à peu près la même : 20h X 6 UE à l'UFR de Montpellier, soit 120h environ; 45h X 3UE à l’UST d’Oran, soit 135h au total (l’Approfondissement Scientifique comportant deux UE supplémentaires à Montpellier arrive à160h).

Il apparait à l’évidence que l’un des problèmes qui se posent à l’université algérienne, du moins en ce qui concerne les STAPS, est le manque d’encadrement spécialisé : La dizaine d’UE de psychologie en licence mention EM à Montpellier sont toutes encadrées par autant d’enseignants différents, alors qu’à Oran le recrutement d’enseignants spécialisés semble beaucoup plus difficile, même pour trois unités d’enseignement en psychologie, licence mention EPS (psychologie du développement, psychologie sociale et psychologie du sport). L’avenir de l’encadrement universitaire est probablement lié à l’encouragement de formations des formateurs de plus en plus spécialisées. Ce qui est perceptible également dans le système de formation en France, où certaines préoccupations et besoins du terrain ne semblent pas encore pris en charge : l'encadrement de la formation reste relativement polyvalent, et ne cible pas directement ou précisément des populations ou tranches d'âges, comme répondre par exemple aux besoins des adolescents au lycée…

Etre au plus près de la réalité, c’est-à-dire des problèmes des adolescents dans ce travail, est l'une de nos préoccupations fondamentales de recherche. Une des questions-clés que nous nous posons est : Quelle formation psychologique pour devenir enseignant d’EPS avec une population scolaire de lycée? C’est alors qu'apparait l'importance d'une formation psychologique où serait assuré un étroit rapport théorie-pratique. L'exemple qui illustre au mieux cette dernière remarque est le rapport qui devrait exister avec la formation pédagogique pratique.

3 – FORMATION PEDAGOGIQUE PRATIQUE ET PSYCHOLOGIE :

Dans l’exemple étranger précédent de la formation à Montpellier, il faut remarquer que des stages d’intervention pédagogique commencent à l’école primaire dès la deuxième année, ce qui aide les étudiants à compléter leur formation théorique par l’observation et l’expérience de terrain.

Dans notre propre expérience d’étudiant préparant le certificat d’aptitude au professorat d’EPS entre 1970 et 1975 au CNEPS d’Alger, des stages de pédagogie

pratique accompagnaient notre formation dès la première année. Les stagiaires étaient répartis alors indifféremment, entre des écoles primaires, deux lycées et une école pour enfants handicapés au voisinage du CNEPS. Notre première expérience personnelle de pédagogie pratique dans l’école pour enfants handicapés dès la première année de formation a certainement contribué à nous orienter vers l’approfondissement de notre formation en psychologie. Nous avions ressenti le rapport étroit entre la pratique pédagogique et la nécessité d’apprendre à mieux connaitre et aider nos petits élèves en difficulté.

A l’Institut d’EPS de l’Université des Sciences et de la Technologie d’Oran, la formation pédagogique pratique est prévue au semestre 4, en deuxième année donc. Le programme a pour objectif le << développement des habiletés pédagogiques de base de la gestion d’une classe >> ; et sa réalisation doit s’effectuer en principe sur le terrain en petits groupes de pairs (trois à quatre étudiants), travaillant avec un professeur d’application au niveau d’une classe de l’enseignement secondaire. Deux grands thèmes composent ce programme :

- La démarche pédagogique de préparation, d’exécution et d’évaluation d’une séance d’EPS,

- Le deuxième thème est intitulé "la relation pédagogique et la dynamique d’un groupe", divisé en sous-thèmes relatifs à : " la relation entre enseignés, la relation enseignant-enseignés, la communication, la relation avec le milieu".

On voit que les responsables de ce programme se sont souciés de lier la pratique à la théorie, et la psychologie à la pédagogie, mais dans la réalité, des difficultés d’application sont rencontrées : la pédagogie pratique ne commence en fait de façon plus ou moins régulière qu’en troisième année ; les applications s’effectuent pour le moment dans l’enseignement secondaire uniquement ; et le deuxième thème, relatif à la relation et la communication, est laissé livré au hasard des expériences implicites des étudiants. Les possibilités qui nous ont été données d’observer en tant qu’inspecteur ou parfois associé à l’université dans le suivi de cette formation montrent que les professeurs d’application n’abordent pratiquement jamais de manière explicite les aspects de la relation pédagogique, sauf cas rares de discussions-bilans où sont cités quelques problèmes de comportements d’élèves rencontrés par des stagiaires ou des enseignants. C'est justement l'une des occasions d'une formation psychologique appropriée qu’il faudrait renforcer à notre sens: partir d'expériences vécues par l'encadrement et (ou) les stagiaires pour effectuer une analyse, qui peut être individuelle et collective, en vue d'arriver à la résolution des problèmes posés en classe d'EPS. La formation psychopédagogique devrait insister sur l'étude d’incidents critiques arrivés en classe (voir par exemple Johnson & Bany, 1974) ou l’étude de cas particuliers d’élèves, etc. Pour les professeurs d'application eux-mêmes, cela peut constituer un moyen de formation continue, dans la mesure où il s'agit de leurs propres classes au lycée d'une part, et que eux-mêmes n'ont pas été entrainés à des méthodes de dynamique des groupes ; cela pourrait les amener à s’améliorer dans la communication, l’analyse et l’évaluation de leur travail avec les stagiaires. Remarquons que les professeurs d'application ont été retenus par l'inspecteur pédagogique de la circonscription plus ou

moins proche de l'université, et n'ont reçu aucune formation spécifique en vue d'encadrer les stagiaires qui leur sont confiés.

Le Dr B. Khiat, déjà cité en tant que membre de la Commission Régionale d’Evaluation [7], effectue une étude relative aux stages pédagogiques à l’USTO dont les résultats partiels révèlent, dit-il, « la prise de conscience chez les étudiants que c’est la mise en situation réelle qui développe les habiletés d’enseignement ; malheureusement les programmes ne sont pas suffisamment étoffés en stages pratiques ».

La formation universitaire algérienne en général reste coupée de la réalité (si l'on excepte la formation des médecins), et dominée par la transmission de connaissances théoriques et, accessoirement, quelques savoir-faire et activités pratiques. Dans le domaine qui nous concerne, les APS, les apprentissages pédagogiques pratiques, que ce soit en milieu éducatif ou dans le cadre des clubs de sport civils, restent très insuffisants, et pour le peu qui existe, encore très peu exploités: absence d’analyse des situations vécues avec les élèves des établissements scolaires ou des équipes en clubs, insuffisance de la coordination entre groupes de stagiaires, absence de travail interdisciplinaire, les enseignements étant coupés les uns des autres… Cette formation est par ailleurs peu en rapport avec la réalité culturelle et sociale, et encore moins avec les milieux économiques concernés, comme le voudrait l'application du nouveau système LMD. Une autre carence et non des moindres est le manque de formation et d’expérience des enseignants universitaires dans le domaine de l’enseignement scolaire ; certains titulaires de doctorats passent ainsi directement de la position d’étudiant à celle d’enseignant à l’université, encadrant parfois l'enseignement de la pédagogie ou des stages pratiques sans avoir pour autant eux-mêmes une expérience. Leur méconnaissance du fonctionnement des institutions scolaires par ailleurs leur pose des problèmes parfois, en particulier dans leurs relations avec les chefs d'établissements ou les directions de l'éducation. C’est à l’Université d’Alger 2, grâce au colloque organisé sous l’égide du CREAD (Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement) les 5 et 6 mai 2001, qu’a été enclenchée la réflexion et que sont apparues les préoccupations au sujet de la formation pédagogique des enseignants universitaires algériens : << Les problèmes qui se posent sont d’une part, d’examiner la validité de la formation fournie par l’université actuelle, d’autre part de ‘’vérifier’’ si les enseignants sont à même de la fournir adéquatement. De nombreux enseignants n’ont pas conscience de l’importance et du poids que représentent leurs responsabilités dans leurs activités d’enseignement ; on ne saurait faire l’amalgame entre le niveau de formation scientifique, généralement élevé chez le professeur d’université, et la compétence pédagogique permettant de transmettre le savoir-faire>> (Ferfera & Tefiani, 2002, pp.05-06).

Les difficultés d’application des programmes et de formation pédagogique pratique, on le voit, ne concernent pas seulement l’EPS et l’université M. Boudiaf d’Oran; c’est le cas semble-t-il pour un grand nombre d’universités et de spécialités. En ce qui concerne le domaine qui nous intéresse ici, la formation psychologique et pédagogique pratique des enseignants d’EPS, la plupart des universités algériennes où existe un département ou institut d’EPS sont confrontées aux difficultés d’encadrements spécialisés et

d’organisation des stages pratiques ; certaines d’entre elles n’arrivent même pas en effet à organiser des stages au niveau des lycées, comme c’était le cas remarqué à Chleff où nous avons travaillé comme inspecteur pédagogique jusqu’en 2007/2008. A Oran par contre, le projet d’étendre la formation pédagogique pratique à l’école primaire, attendu depuis des années, est peut-être sur le point d’aboutir. S’il est réalisé durant cette année 2011/2012, il pourrait en même temps servir à l’enrichissement de la formation des enseignants et constituer sinon une base du moins un signe de redémarrage de l’EPS à l’école primaire.

Des obstacles et résistances demeurent difficiles à surmonter, notamment dans les milieux d'accueil des stagiaires pour une formation de terrain, comme la pédagogie pratique en milieu scolaire, ou l'entrainement sportif dans les clubs. Pourtant, ce ne sont pas les bonnes volontés et les initiatives qui manquent, dans l’enseignement supérieur comme à l’éducation nationale pour mener à bien cette expérience de formation pédagogique pratique. Citons par exemple la disponibilité de l'inspection pédagogique en général dans le secteur de l'Education Nationale, partie prenante dans le projet de formation pédagogique pratique, toujours prête à apporter son concours à l’université, et le dévouement de nombreux enseignants universitaires, de PES et de chefs d'établissements d'enseignement secondaire...