• Aucun résultat trouvé

INTRODUCTION DE LA PARTIE

3.5 GESTION DES RISQUES MÉTHODOLOGIQUES

Dans les sections précédentes, nous avons présenté successivement : la démarche générale, les méthodes et stratégies de recueil de données puis les procédés de traitement et d’analyse des données. Dans cette section, nous revenons sur les trois principaux risques méthodologiques liés à notre approche et les précautions employées pour les limiter.

Trois principaux risques sont associés à la recherche de type compréhensive : risque des acteurs abstraits, risques liés aux problèmes d’équifinalité et notamment au risque de circularité (Dumez, 2016). Plusieurs précautions et méthodes ont été employées dans le but de limiter ces risques.

Pour limiter le risque de circularité, nous avons adopté des cadres théoriques qui ont guidé nos phases de récoltes de données utilisés comme des orienting theory permettant pour chaque étude de cas d’envisager une « histoire hypothétique » qu’il s’est ensuite agit de mettre en regard de l’histoire réelle dans le but d’identifier davantage les variations et écarts que les similitudes aisément identifiables dans un matériau riche issu de méthodes de récolte de données qualitatives. C’est particulièrement le cas dans l’article 1 (chapitre 4) qui porte sur le

cycle de vie d’une communauté de pratique analyser à l’aune d’une grille reposant sur des travaux séminaux de Wenger (1998a ; 2000) et Ostrom (2000, 1990) ; ainsi que dans l’article 3 (chapitre 6) traitant de l’évolution du modèle de gouvernance d’un réseau inter-organisationnel en s’appuyant sur la grille de Provan et Kenis (2008). Les templates précédemment mentionnés ont participé de cette gestion du risque de circularité.

Pour se prémunir du risque délicat des acteurs abstraits, nous avons cherché, de par des narrations et descriptions des mécanismes sociaux alors envisagées comme des méthodes objectivantes, à donner à voir les acteurs concrets de nos cas (Dumez, 2016 ; 9‑16). Ces acteurs étants généralement, selon les niveaux et unités d’analyse retenus dans les articles, des groupes informels d’individus ou des organisations.

Dans le but de limites les trois principaux risques mentionnés précédemment et notamment celui de circularité, nous avons veillé à trianguler les données. La triangulation est la nécessité de croiser les sources de données ainsi que les méthodes d’analyse pour pallier le risque de circularité et avoir un recul critique sur notre rôle dans le déroulement de l’action ainsi que dans les dynamiques d’interactions. Pour cela nous avons multiplié les sources de données et nous nous sommes efforcés de procéder à une sériation rigoureuse des données et à un travail à partir des ressemblances des dissemblances dans la co-occurrence des thèmes.

3.6 SYNTHÈSE DU CHAPITRE III

Nous avons adopté une démarche abductive avec une analyse de contenu et une approche par processus à travers trois études de cas. Ces études de cas se fondent sur des données primaires qualitatives et quantitatives (dans diverses formes de méthode mixte), et secondaires. L’ensemble de l’approche méthodologique repose sur des formes d’observation participante avec une participation active et une activité de recherche identifiée par les acteurs du terrain.

Les trois articles présentent des variations de niveau d’analyse qui permettent une compréhension fine du phénomène observé et apportent des éléments de réponse à la problématique de recherche depuis des points de vue et avec des niveaux d’analyse variés. Nous avons ainsi étudié le phénomène organisationnel des FabLabs en retenant plusieurs niveaux de cas au sein de ce cas général (Dumez, 2016).

Tableau 18 : Présentation générale du design de la recherche des 3 articles présentés dans la partie II

Article Cas Niveau d’analyse Méthode de recueil de données Type d’analyse Article 1 (Chapitre 4) Artilect, FabLab de Toulouse L’organisation et les dynamiques interpersonnelles - Entretiens - Observation participante - (Enquête – dans l’étude exploratoire) Longitudinale processuelle. Analyse de contenu / séquentielle Article 2 (Chapitre 5) Le réseau international des FabLabs Les organisations qui composent ce réseau : les FabLabs internationaux - Entretiens - Enquête - Données secondaires Analyse de contenu Article 3 (Chapitre 6) Le réseau international des FabLabs le réseau international en tant que forme d’organisation inter- organisationnelle - Entretiens - Observation participante - Données secondaires - (Enquête – exploitation de données de l’enquête du papier 2 pour triangulation) Longitudinale, processuelle Analyse de contenu / séquentielle

INTRODUCTION

DE

LA

PARTIE

II

Présentation des articles et de leur articulation

Dans cette introduction, nous souhaitons donner à voir l’intention de notre démarche de recherche ancrée dans des analyses de terrain, l’étendue de son champ problématique et son articulation en trois volets de recherche prenant forme chacun dans un projet d’article.

Les FabLabs sont des organisations collaboratives qui agissent localement et cherchent à opérer collectivement de façon mondiale, pour cela, se structurent en un réseau inter- organisationnel. Comme nous l’avons développé dans la première partie de cette thèse, la collaboration est au cœur de l’identité organisationnelle des FabLabs et se décline à des niveaux intra et inter-organisationnel.

Ces organisations (tant les FabLabs que le réseau en tant que configurations organisationnelles) sont en tension quant aux enjeux de collaboration. Ce type de tensions se retrouve dans de nombreuses organisations hybrides, et semble particulièrement prépondérant dans le cas des FabLabs.

En effet, les FabLabs visent à développer - et reposent sur - des pratiques de collaborations interpersonnelle qui requièrent des formes de connaissance et confiance de mutuelle et donc s’inscrivent plus naturellement dans des périmètres organisationnels limités, voire stabilisés. En parallèle, ces organisations sont portées par des enjeux de croissance interne. En effet, les FabLabs visent à diffuser largement ces pratiques collaboratives encore marginales. Ils cherchent également à faciliter la circulation des savoirs essentiels à l’augmentation des capacités de fabrication locales entre des communautés situées diverses. Pour cela ils se structurent en un réseau inter- organisationnel international. C’est pourquoi le développement des FabLabs compris ici comme leur croissance en matière de nombre de membres (au périmètre de chaque lieu et à celui du réseau international) constitue un enjeu majeur pour l’atteinte de la finalité même du réseau et, par extension, de ses organisations membres. Or, les changements d’échelle auxquelles ces dynamiques conduisent mettent en tension le substrat de la collaboration. Ces organisations voient croître le nombre de leur membre, les membres se connaissent donc moins et se font moins confiance ce qui complique la coopération.

L’objectif de cette thèse est d’étudier les réalités de cette tension entre collaboration et croissance nécessaires, dans le contexte des modes de gouvernance (opérés ou envisagés). L’enjeu en est une meilleure compréhension et appréhension de ces configuration organisationnelles.

Notre questionnement porte sur comment se vivent et se font les modes de la collaboration

dans une unité organisationnelle en croissance. Il vise à identifier quels mécanismes d’organisation émergent lorsqu’une structure collaborative voit croître le nombre de ses membres.

Cette problématique se décline à deux niveaux pour chacun desquels nous avons retenu un terrain de recherche. De ces deux niveaux découlent trois volets de recherche que nous traitons chacun dans un article.

Le premier niveau est celui intra-organisationnel, pour lequel nous avons retenu le cas du FabLab Artilect, à Toulouse comme terrain de recherche.

• Nous y interrogeons les modalités de gestion de la tension entre les enjeux de collaboration et de croissance. Cela constitue le premier volet de recherche de cette thèse.

Le second niveau est celui inter-organisationnel. Le terrain retenu pour le traiter est le réseau international des FabLab. Ce niveau peut s’affiner autour de deux volets correspondants chacun à une déclinaison de notre problématique :

• Le deuxième volet de cette thèse porte sur la tension entre un modèle d’organisation des FabLabs et des éléments de contingence et ses effets sur les dynamiques collaboratives dans un réseau en croissance. Nous y interrogeons les effets de l’appartenance à un réseau en matière de modèles organisationnels des membres. Ici, comment le fait d’appartenir au réseau structure le modèle organisationnel des FabLabs ?

• Le troisième volet de cette thèse interroge les modalités de coordination et leurs effets sur la gestion de la tension associée au double enjeu de collaboration et de croissance dans un réseau. Quelles modalités de coordination y émergent face à la tension entre collaboration et croissance ?

La figure 2 donne illustre cette articulation de la problématique de recherche, des niveaux d’analyse et des volets de la recherche.

Problématique

Quels mécanismes d’organisation émergent lorsqu’une structure collaborative voit croitre le nombre de ses membres

Niveau organisationnel