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INTRODUCTION DE LA PARTIE

2.4 UN CADRE D’ANALYSE DE LA GOUVERNANCE DES RÉSEAUX INTER ORGANISATIONNELS

2.4.3 DES ENJEUX SPÉCIFIQUES ASSOCIÉS A LA CROISSANCE

Les définitions du réseau précédemment proposées mettent l’accent sur l’autonomie des structures, la nature « implicite », « social-engageante » des contrats et donc l’aspect principalement « non-hiérarchique » de la gouvernance. Il y a ainsi une tension majeure dans les réseaux entre l’autonomie des membres et la contrainte nécessaire au partage et respect des standards, protocoles et outils. La mise en œuvre de mécanismes de gouvernance et de coordination doit permettre au réseau de parvenir à son objectif commun y compris dans un environnement complexe et instable. La littérature présente des cadres d’analyse de la gouvernance des réseaux et un certain nombre d’études empiriques ont été menées pour décrire et comparer les modes de gouvernance de réseaux spécifiques.

Bien que de plus en plus d’études des réseaux soient longitudinales (Bizzi et Langley, 2012), la majorité des recherches ayant pour unité d’analyse le réseau est statiques. Provan et

al., (2007), s’appuyant sur leurs précédents travaux, proposent notamment que « le changement global du système peut être préjudiciable et que la stabilité est un facteur important pour expliquer l'efficacité du réseau. » (Provan et al., 2007 ; 508). Par ailleurs les réseaux étudiés

sont généralement relativement stables en termes de nombre de membres. Barringer et Harrisson soulignent que “Les réseaux sont difficiles à organiser et à gérer, d'autant plus que

le nombre d'entreprises concernées augmente.” (Barringer et Harrison, 2000 ; 289).

Ces observations soulèvent des questions relatives à l’influence qu’ont la croissance d’un réseau et l’évolution de ses mécanismes de coordination sur son efficacité. Il apparaît donc pertinent de traiter de cette problématique et d’étudier des réseaux dont l’évolution est forte en retenant une approche dynamique. Dans le cas spécifique du réseau international des FabLabs nous interrogeons les effets de la forte croissance du réseau sur les dynamiques collaboratives qui en sont à la fois le moyen et la finalité.

2.5 SYNTHÈSE DU CHAPITRE II

Dans ce chapitre, nous avons présenté le système d’analyse retenu pour étudier notre objet de recherche. Ce système d’analyse, qui ne vise ni la complétude ni une cohérence interne totale, s’articule autour de trois cadres conceptuels.

Les prémices de la collaboration sont nombreuses. Dans la première section, nous avons vu l’importance d’aborder la gestion de la collaboration dans une approche dynamique et processuelle pour en comprendre les évolutions. Nous avons également vu, tout au long de ce chapitre, que des enjeux managériaux spécifiques sont associés aux évolutions de la structure morphologique des organisations collaboratives. Elles sont traversées par deux tensions : l’une relative à l’équilibre entre autonomie et contrôle des membres et l’autre liée à la double nécessité des FabLabs de croître et de développer des formes plurielles de collaboration.

Nous avons présenté les deux grilles d’analyse que nous articulons pour étudier la gestion de la collaboration dans les FabLabs et son évolution au niveau intra organisationnel : la gouvernance dans les communautés de pratique et dans les communautés constituées autour de la gestion de communs.

Nous avons ensuite exposé le cadre d’analyse que nous retenons pour étudier l’évolution des mécanismes de gouvernance déployés dans les FabLabs pour gérer la collaboration au niveau inter-organisationnel.

3 CHAPITRE

III

DESIGN

DE

LA

RECHERCHE :

UNE

DÉMARCHE

COMPRÉHENSIVE

DÉCLINÉE

A

L’ÉCHELLE

3.1 INTRODUCTION DU CHAPITRE

Dans les chapitres précédents, nous avons présenté l’objet de recherche (Les FabLabs) (chapitre 1) et le système d’analyse retenu pour appréhender, dans une approche dynamique, la gestion de la collaboration dans les FabLabs au niveau intra et inter-organisationnel ainsi qu’à travers leurs modes de gouvernance.

Dans le premier chapitre, nous avons formulé la problématique de recherche et l’avons décliné en trois questions de recherche qui couvrent les deux niveaux d’analyse intra- organisationnel (un FabLab comme organisation) et inter-organisationnel (le réseau des FabLabs dans son ensemble). Chacun de ces volets de la problématique est traité dans l’un des trois articles présents dans la seconde partie de cette thèse.

Ce troisième chapitre s’attache à présenter le design de la recherche doctorale dans son ensemble. Il vise à expliquer la démarche globale d’analyse. Notons que chaque article de recherche (qui structure la deuxième partie de la thèse) contient une section relative à l’approche méthodologique qui y est déployée (recueil, traitement, et analyse des données). Ce chapitre en livre une présentation globale centrée sur ce qui constitue leur tronc commun. Il vise ainsi à mettre en lumière la cohérence, la continuité et la complémentarité des trois articles de cette thèse en matière de méthodologie et au regard de notre question recherche.

Cette thèse repose sur un design de recherche qualitatif. Nous avons adopté une démarche compréhensive et exploratoire inscrite dans un processus de recherche abductif. Pour servir cette démarche et répondre à notre questionnement de recherche, nous avons mené trois études de cas (une par article) pour lesquelles nous avons retenu et combiné plusieurs méthodes empiriques de récolte de données primaires (entretiens semi-directifs, observation participante (espaces physiques et virtuels) auxquelles se sont ajoutées des données secondaires (documents officiels, sites internet, rapports, discours, vidéos, etc.). Les articles 2 (chapitre 5) et 3 (chapitre 6) traitent d’un même cas étudié selon des niveaux d’analyse différents.

Parmi les trois articles qui composent cette thèse, le premier (chapitre 4) et le troisième (chapitre 6) sont des études de cas longitudinales et processuelles. Par ailleurs, dans ces trois articles, nous avons adopté une méthode mixte : des données qualitatives ont été analysées en lien avec des données quantitatives récoltées dans le cadre d’enquêtes diffusées en ligne : dans le cadre de l’étude exploratoire du cas du FabLab Artilect (chapitre 4) et dans l’étude principale pour les articles présentés dans les chapitres 5 et 6.

Nous avons adopté une posture de recherche participante en étant très impliqué sur le terrain, en amont de la thèse et pendant celle-ci.

Il convient à présent de s’interroger sur ces choix méthodologiques et plus spécifiquement sur leur pertinence au regard de nos questionnements et objectifs de recherche, mais aussi sur leur cohérence, leur construction ainsi que leur mise en œuvre.

Dans un premier temps de ce chapitre nous présentons la démarche générale de la recherche en explicitant notre choix d’une démarche compréhensive et la méthodologie associée (section 3.2).

Dans les sections suivantes, nous décrirons le processus et les méthodes de recueil de données qualitatives et quantitatives (3.3) avant de donner à voir les procédés de traitement et d’analyse de contenu de ces données empiriques (3.4). Pour finir ce chapitre dédié à la présentation du design de la recherche, nous expliquerons comment nous nous sommes prémunie des risques méthodologiques liés à l’approche et aux méthodes retenues (3.5).