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5. ANALYSE

5.4. D’après quels critères les grands pendulaires choisissent-ils leur mode de

5.4.4. Un geste pour l’environnement ?

Comme nous l'avons vu dans la revue de la littérature (Martel Poliquin 2012), la voiture consomme davantage que le train. Toutefois, les grands pendulaires choisissent le train avant tout pour des raisons de confort, de temps et/ou d'argent. Conduire pendant 4 ou 5 heures par jour est beaucoup trop contraignant pour que les raisons environnementales entrent en ligne de compte dans le choix du mode de transport. Aucun pendulaire n'a ainsi abordé le sujet écologique de lui-même, et la moitié de notre échantillon environ reconnait ne pas avoir pris en compte ce critère.

« Ecoutez, quand vous êtes dans ce trend-là, vous regardez d'abord vos problèmes de timing et votre confort. Je ne me suis pas posé la question de savoir si le train polluait plus que la voiture. C'était plus : qu'est-ce qui est le plus pratique ? De manière assez égoïste, parce qu'à un moment donné, quand vous en avez pour 13-14h par jour, vous regardez comment vous allez de la manière la plus rapide et confortable du point A au point B. Ça s'est imposé naturellement. » (Bastien)

Si le trajet semble trop long pour que les grands pendulaires réfléchissent en termes d'écologie, ils sont pour la plupart conscients de leur forte consommation personnelle de CO2. Quelques

an, le pendulaire aura dépensé 10'279 CHF. Même avec une voiture qui consomme moins, il semble évident que voyager en train est meilleur marché pour les grands pendulaires.

Source : TCS, https://www.tcs.ch/fr/tests-conseils/conseils/controle-entretien/frais-kilometriques.php, consulté le 2 juillet 2019.

utilisateurs du train seraient embêtés (d'un point de vue écologique) d'utiliser leur voiture et de consommer encore plus par trajet. Ceux-ci tentent de limiter leurs déplacements en-dehors de leur pendularité ou de privilégier le vélo ou la marche. Parfois, ils essaient aussi d'agir sur d'autres aspects : changement des habitudes de consommation alimentaire, tri et limitation des déchets domestiques, ne pas utiliser l'électricité de manière abusive, récupération de l'eau pour le jardin, installation de panneaux photovoltaïques.

Comme les autres grands pendulaires, Mélanie a d'abord choisi le train pour des raisons autres qu'environnementales. Elle est néanmoins contente d'utiliser un moyen de transport plus écologique :

« Je n'ai même pas dit, mais parce qu'au fait, ça me semble logique. Et c'est pour ça que je m'en fous si le train est bondé ou pas. Au pire je me dis que ça serre bien, et que tous les gens qui sont dans le train ne sont pas en train de conduire. »

5.4.5 Discussion des hypothèses

La plupart des grands pendulaires rencontrés privilégient le train, pour les trois raisons que nous venons d'évoquer : un meilleur confort, un gain de temps et un gain économique. Beaucoup n'effectueraient pas cette pendularité sans le train, surtout ceux qui font les allers-retours tous les jours depuis le Valais. En comparaison avec la voiture, le confort est tel que les pendulaires venant du Valais ne voient pas l'intérêt – à deux exceptions près – de penduler en voiture, d'autant plus que le trajet est plus rapide grâce à des liaisons ferroviaires jugées bonnes. Pour des trajets aussi longs que ceux effectués par les grands pendulaires, seul un gain de temps considérable peut inciter à utiliser la voiture. C'est le cas de Sébastien, qui ne réside pas à proximité d'une gare desservant directement Genève, et des pendulaires habitant en région fribourgeoise, pour qui le trajet n'est pas forcément moins long en train. De plus, leur temps de trajet, moins élevé (environ une heure et demi) que celui des pendulaires habitant en Valais (très souvent plus de deux heures), que l'on pourrait appeler les très grands pendulaires, ne les répulse pas complètement à l'idée de prendre la voiture. Les hypothèses 3.1 et 3.4 sont donc globalement confirmées. Céline, qui vit entre les villes de Genève et Martigny, est la seule qui est à proximité des liaisons ferroviaires Genève-Valais et qui n'effectue pas les trajets en train.

Elle privilégie la voiture pour des raisons de liberté : elle est plus libre dans ses déplacements une fois rentrée en Valais, et une fois qu'elle quitte Genève, elle n'a pas besoin de se préoccuper des horaires de train ou de passer deux heures dans des trains « bondés ». De plus, selon elle,

la voiture est meilleure marché que l'abonnement général des CFF. Sa situation va dans le sens l'hypothèse 3.3. Mais les quatre autres navetteurs qui se déplacent parfois ou tout le temps en voiture (trois viennent du Canton de Fribourg) ne le font pas pour des raisons économiques.

Certains le font pour des raisons de confort (arriver directement à destination, pallier les urgences professionnels, véhiculer d'autres personnes), mais c'est avant tout pour gagner du temps qu'ils privilégient la voiture. Leur situation ne permet pas de confirmer l'hypothèse 3.3.

L'hypothèse 3.2, qui stipulait que les pendulaires intensifs sont conscients des problèmes environnementaux, mais que d'autres critères sont plus importants au moment du choix du mode de transport, se confirme aisément. Si le temps de trajet est trop long pour qu'ils réfléchissent en termes d'écologie, ils sont plutôt conscients de leur forte consommation personnelle de CO2. Certains essaient de limiter leurs déplacements en voiture en-dehors de leur pendularité ou d'agir sur d'autres aspects liés à la préservation de l'environnement.

Le train est donc souvent privilégié, et cela pour des raisons économiques, de confort et de temps. Toutefois, chaque pendulaire a sa propre réflexion : pas tous ne donnent la même importance aux trois paramètres, qui peuvent entrer en considération avec leur vie familiale, professionnelle, leur lieu d'habitation, leurs perceptions individuelles ou autre. Ainsi, Pascal et Valérie accordent davantage d'importance au confort et au calme qu'à quelques minutes de trajet en moins, ce pourquoi ils prennent les trains qui partent très tôt, très peu remplis. Pas sûr toutefois que ce raisonnement tiendrait toujours si le temps de trajet était doublé, ou, imaginons, si les prix des premiers trains étaient plus élevés. Le choix du mode de transport dépend de plusieurs critères, il ne peut s'expliquer que lorsque le travailleur a pesé le pour et le contre de tous ces critères.