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1 1) Foucault et Lacan : le gouvernement par les discours.

LES DISCOURS ET L’APPROCHE STRUCTURALE

II. 1 1) Foucault et Lacan : le gouvernement par les discours.

!

Dans le texte « Le sujet et le pouvoir », Michel Foucault souligne une opposition entre Descartes et Kant qui ne manque pas de faire écho au débat entre la structure et l’histoire, débat qui devra nous mener à différencier le sujet et la subjectivité. En effet, là où Descartes pose la question « Qui suis-je ? », Kant, dans son texte de 1784, pose la question « Qu’est-ce que les Lumières ? ». Foucault fait alors remarquer que si pour Descartes la réponse se situe dans le sujet qu’il invente — le sujet cartésien, unique mais universel et anhistorique —, 135

pour Kant, c’est bien la question de ce qui se passe actuellement qui se pose. Qu’est-ce qui nous arrive à ce moment précis de l’histoire ? Or, pour Foucault, c’est la question de Kant qui doit prévaloir dans la tâche philosophique contemporaine. Philosophie qui doit faire « l’analyse critique du monde dans lequel nous vivons » . Foucault ancre donc sa démarche 136

du côté du questionnement de l’époque. Comment une époque fabrique des « types

LACAN. J., « La troisième », In : Lettre de l’École freudienne, n°16, 1975, pp. 177-203

132

FOUCAULT. M., « Le sujet et le pouvoir », In : Dits et écrits, tome IV, Gallimard, pp. 222-243

133

FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, Cours au Collège de France (1979-1980), Seuil/

134

Gallimard, 2012

Sur le sujet cartésien et son caractère anhistorique, on peut aussi se reporter à l’article de Pierre

135

Guenancia :

GUENANCIA. P., « Foucault / Descartes, la question de la subjectivité », In : Archives de la philosophie, 2002/2 Tome 65, n°2, pp. 239-254

FOUCAULT. M., Le sujet et le pouvoir, op. cit.

d’individualités » qui sont fonction du moment historique et des structures de pouvoir qui y 137

sont à l’œuvre ? On sait que Foucault a abandonné le couple savoir /pouvoir au profit du couple gouvernement / vérité à la fin des années 70 (effet de retour de l’enseignement de Lacan ?). Ce qui l’amènera à intituler son cours au Collège de France de 1980 : Du

gouvernement des vivants. Il précise ainsi dans son texte Le sujet et le pouvoir ce qu’il avait

déjà énoncé au début de son cours de 1980 : 138

!

« Le pouvoir, au fond, est moins de l’ordre de l’affrontement entre deux adversaires, ou de l’engagement de l’un à l’égard de l’autre, que de l’ordre du “gouvernement”. Il faut laisser à ce mot la signification très large qu’il avait au XVIe siècle. Il ne se référait pas seulement à des structures politiques et à la gestion des États ; mais il désignait la manière de diriger la conduite d’individus ou de groupes : gouvernement des enfants, des âmes, des communautés, des familles, des malades. Il ne recouvrait pas simplement des formes instituées et légitimes d’assujettissement politique ou économique ; mais des modes d’action plus ou moins réfléchis et calculés, mais tous destinés à agir sur les possibilités d’action d’autres individus. » 139

!

Cette conception du gouvernement comme destiné à agir sur les possibilités d’actions des autres individus est proche de la conception de discours proposé par Lacan dans la mesure où chaque discours, nous le verrons, définit des possibles et des impossibles. Ce qui peut nous indiquer que Foucault n’a certainement pas ignoré l’effort de Lacan pour proposer une articulation discursive du lien social à la suite de ce que le philosophe et historien déclarait 140

plus de dix ans plus tôt :

!

« Peut-être est-il temps d’étudier les discours non plus seulement dans leur valeur expressive ou leurs transformations formelles, mais dans les modalités de leur existence : les modes de circulation, de valorisation, d’attribution, d’appropriation

Ibidem

137

FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, op. cit., Leçon du 9 janvier 1980, p. 14

138

FOUCAULT. M., Le sujet et le pouvoir, op. cit.

139

Cependant le terme d’individu marque la différence entre l’approche de Foucault et celle de Lacan

140

des discours varient avec chaque culture et se modifient à l’intérieur de chacune {…} Comment, selon quelles conditions et sous quelles formes quelque chose comme un sujet peut-il apparaître dans l’ordre des discours. Quelle place peut-il occuper dans chaque type de discours, quelles fonctions exercer, et en obéissant à quelles règles ? » 141

!

Lacan reprendra donc ce projet à son compte et ce qu’il produira n’est sûrement pas étranger à ce que Foucault puisse écrire dans le manuscrit de son cours de 1971-1972 « Théories et institutions pénales » (donc avant le déplacement du savoir / pouvoir vers le couple

gouvernement / vérité :

!

« Ce qui est derrière la “forme” de la connaissance {…}, c’est la mise en jeu de formes de pouvoirs qui créent du savoir, lequel à son tour accroît le pouvoir. » 142

!

Je ne vais pas reprendre précisément le croisement des enseignements de Foucault et de Lacan que constitue la production de la théorie des discours en psychanalyse. Je renvoie ici au travail mené sur la question par Sidi Askofaré qui tient « l’émergence de la catégorie de discours chez Lacan comme une retombée, voire comme l’accomplissement du projet foucaldien », mais « à la manière de Lacan, dans son champ de discursivité propre » précise-t- il . Ce que je tiens à souligner ici est le sens chez Foucault du terme de « gouvernement » en 143

tant que c’est en ce sens — mais marqué du champ lacanien donc — que nous l’utilisons lorsque nous parlons de « gouvernement de la jouissance ». Voici comment Michel Senellart résume les enjeux du basculement du couple pouvoir / savoir vers le couple gouvernement /

vérité pour Foucault :

!

« La question n’est plus de savoir comment les discours s’articulent à la pratique, mais par quelle démarche, selon quel mode, en vue de quelles fins un sujet se lie à une manifestation de vérité. C’est une relation entre procédures de manifestation

FOUCAULT. M., Qu’est-ce qu’un auteur ?, Conférence à la Société Française de Philosophie (22

141

février 1969), Dits et Écrits, I, 1994, p.810-811

Voir FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, op. cit., p. 339 (situation du cours)

142

ASKOFARÉ. S., Structure, clinique, discours : de la science à la psychanalyse, Thèse pour le

143

du vrai (ou alèthurgie) et formes d’implication du sujet (opérateur, témoin ou objet) que définit le mot “régime” . Ce dernier ne désigne pas un système de 144

contraintes s’exerçant du dehors de l’individu (sujet au sens passif) ; mais il ne désigne pas non plus l’activité par laquelle l’individu, dans son rapport à une vérité donnée, se constitue comme sujet (au sens actif). Il désigne le type d’obligations spécifiques auxquelles se soumet un individu, dans l’acte par lequel il se fait l’agent d’une manifestation de vérité. {…} On voit, par là, comment ce concept permet de substituer l’idée d’un “gouvernement par la vérité” au schéma du pouvoir-savoir, dans lequel le sujet, loin de jouer un rôle actif, se trouvait simplement objectivé. » 145

!

C’est ainsi par le rapprochement de la production de la théorie des discours avec l’enseignement de Foucault d’une part, et le sens du basculement de Foucault vers la notion de gouvernement d’autre part, que nous nous sentons justifié de parler de « gouvernement de la jouissance ». Ceci, non pas en transférant simplement la conception foucaldienne de gouvernement vers la psychanalyse, mais en la marquant de ce qui constitue la spécificité du champ lacanien : le gouvernement de la jouissance est ce qui, par l’effet d’un discours, définit

des possibles et des impossibles pour un sujet qui consent à s’inscrire dans ce discours. Ceci

nous permet notamment, par cette question du consentement du sujet, à souligner la question éthique relative aux discours. Nous y reviendrons.

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Ce gouvernement, Foucault tentera de l’approcher par la question de ce qu’il appelle « l’alèthurgie », c’est-à-dire « les formes par lesquelles peut se manifester le vrai » . Cette 146

manifestation de la vérité en tant qu’inhérente à tout gouvernement tel qu’en parle Foucault dans son cours de 1980 ne peut que nous faire penser à la vérité telle que la place Lacan dans les discours. En effet, Foucault décrit cette vérité comme n’étant « pas de l’ordre de la connaissance » ou de « l’exactitude du vrai ». Elle surgit « sur fond du caché » {Souligné par

Voir FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, op. cit., p. 98 :

144

« {…} les régimes de vérités, c'est-à-dire les types de relations qui lient les manifestations de vérité avec leurs procédures et les sujets qui en sont les opérateurs, les témoins ou éventuellement les objets ».

Ibid., p. 342-343

145

FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, op. cit., p. 9

nous}, « d’imprévisible », et entretient avec le pouvoir « un certain nombre de rapports » . 147

Une conception de la vérité tout à fait proche de ce que Lacan énonçait le 17 juin 1970 à la fin du Séminaire où il produisit les quatre discours — qu’il appelle les quadripodes :

!

« Qu’en est-il de la vérité dans ce schéma du quadripode ? — qui suppose le langage, et qui tient pour structuré un discours, c’est-à-dire ce qui conditionne toute parole qui puisse s’y produire. Que met-elle à sa place, la vérité dont il s’agit, la vérité de ce discours, à savoir ce qu’il conditionne ? Comment est-ce que ça tient, le discours du maître ? C’est l’autre face de la fonction de la vérité, non pas la face patente, mais la dimension dans laquelle elle se nécessite comme de quelque chose de caché. » 148

!

Nous estimons donc fondé de parler de « gouvernement » dans la mesure où ce gouvernement est celui qui structure un certain rapport du sujet à la vérité. Foucault repère d’ailleurs bien cette question en remarquant que l’histoire des différentes formes de l’alèthurgie en Occident se montre d’emblée liée à la question : « Dis-moi qui tu es ? » . Une question qui pointe la 149

limite réelle de l’inscription du sujet au champ de l’Autre sous sa forme inversée en quelque sorte. En effet, « Qui suis-je ? » est bien la question à laquelle il est impossible de répondre par le langage, alors que seul le langage permet de la poser. Le sujet manque à être. C’est tout le paradoxe du sujet que découvre la psychanalyse, paradoxe que Foucault repère quant à lui à travers l’histoire de l’Occident. Mais sans en passer par le sujet de l’inconscient, ce qui est à souligner car ceci constitue une ligne de démarcation fondamentale entre Lacan et Foucault. Une différence fondamentale qui se retrouve dans la persistance de Foucault à parler d’individu et de connaissance et qui nous interdit de simplement superposer l’œuvre de Foucault et de Lacan.

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Pour autant, les croisements entre ces deux enseignements portent leurs fruits à les pousser encore plus loin. En effet, dans sa leçon du 30 janvier 1980, Foucault énonce ce qui nous servira d’aiguillage dans le rapport entre le symptôme et le lien social :

FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, op. cit., p. 7

147

LACAN. J., Le Séminaire, Livre XVII : Lʼenvers de la psychanalyse, op. cit., p. 216

148

FOUCAULT. M., Du gouvernement des vivants, op. cit., p. 49 et 145

!

« C’est le mouvement pour se dégager du pouvoir qui doit servir de révélateur aux transformations du sujet et au rapport qu’il entretient à la vérité. » 150

!

À reprendre dans le champ de la psychanalyse cette orientation de travail que donne Foucault, c’est-à-dire à y porter la spécificité de l’approche analytique, nous pouvons énoncer ce qui constitue justement la spécificité de l’approche psychanalytique du lien social : Interroger le

sujet en tant que pris dans une relation de gouvernement et dans le rapport à la vérité qu’elle implique ne peut se faire autrement que par le symptôme.

!

Autrement dit, si Foucault reprendra son idée dans son texte « Le sujet et le pouvoir » en écrivant que « La relation de pouvoir et l’insoumission de la liberté ne peuvent être séparées » , nous soutiendrons quant à nous, moins philosophes, que la relation de pouvoir 151

et l’insoumission du symptôme ne peuvent être séparées. Il nous faut cependant préciser que

Foucault fait de la liberté une condition préalable d’existence du pouvoir, c’est-à-dire que pour lui la liberté est première. Ici il faut marquer les limites de notre analogie. Premièrement, le symptôme n’est synonyme d’aucune liberté. Deuxièmement, pour la psychanalyse, l’Autre préexiste au sujet et au symptôme. Nous sommes donc plutôt conduit à soutenir que le gouvernement se situe dans un temps logique premier, et que le symptôme est la marque de ce qui, du parlêtre, résiste à ce gouvernement.

!

Finalement, la leçon est freudienne : il ne peut pas y avoir de société sans relation de pouvoir, c’est-à-dire, comme nous le disions, sans un gouvernement du sujet, sans un traitement de la jouissance par le lien social. Pour faire civilisation, et même, pour qu’il y ait du sujet, il faut du gouvernement. L’humain est celui qui est gouverné et qui résiste à ce gouvernement. L’appel à être gouverné, tout autant que la résistance à ce gouvernement, est structural, car lié à la structure que l’humain reçoit du langage.

!

Mais Foucault ne s’arrête pas là. Il ne fait qu’évoquer cette nécessité du gouvernement pour se centrer sur la question de la forme du gouvernement, qui elle, change selon les lieux et

Ibid., p. 76

150

FOUCAULT. M., Le sujet et le pouvoir, op. cit.

les époques. S’il est clair pour lui que le gouvernement est inhérent à toute relation sociale, les objectifs, les modalités, les instruments, les institutions, les organisations plus ou moins réfléchies de ce pouvoir « définissent des formes différentes de pouvoir » . Et il va même 152

plus loin en repérant que « les formes et les lieux de gouvernement sont multiples dans une société ; ils se superposent, s’entrecroisent, se limitent et s’annulent parfois, ils se renforcent dans d’autres cas ». Autrement dit, il y a « conflictualité des discours », au sens lacanien cette fois, tel que l’énonce Franck Chaumon . Tout un travail peut être fait à partir de là, à partir 153

de la forme du gouvernement. Ce qui renvoie pour nous à la question des discours.

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Avant donc d’aborder directement la théorie des discours, il nous faut souligner un point fondamental relevé par Sidi Askofaré . Si le sujet lacanien se constitue de son 154

assujettissent à l’Autre, c’est-à-dire au langage, Foucault s’intéresse quant à lui à la subjectivation du sujet à travers un certain nombre de pratiques historiquement réglées. Il faut

donc différentier ce qui relève de l’assujettissement au langage qui est une question tout à fait structurale, et la question de la subjectivation en tant qu’elle engage des contingences

historiques propres à ce qui s’articule au lieu de l’Autre en fonction d’une époque ou d’une

culture. C’est donc cette deuxième question qui intéresse Foucault, ce qu’il précise lorsqu’il définit dans un après-coup, en 1982, ce qui aura été son objectif tout le long de son travail :

!

« Je voudrais dire d’abord quel a été le but de mon travail ces vingt dernières années. Il n’a pas été d’analyser les phénomènes de pouvoir ni de jeter les bases d’une telle analyse. J’ai cherché plutôt à produire une histoire des différents modes de subjectivation de l’être humain dans notre culture {…}. » 155

!

On peut pourtant aussi tenter une différentiation entre assujettissement et subjectivation à partir de l’enseignement de Foucault uniquement. Mais cette différence ne constituerait pas une avancée en tant que telle pour le sujet que nous tentons d’approcher qui est le sujet de la psychanalyse. En effet, si l’on devait différencier assujettissement et subjectivation chez

FOUCAULT. M., Le sujet et le pouvoir, op. cit.

152

CHAUMON. F., « Sujet de l’inconscient et subjectivité politique », In : Essaim, n°22, Érès, 2009, p. 21

153

ASKOFARÉ. S., « Subjectivité et vérité », Communication orale au L.C.P.I - Axe 2, le 8 juin 2013

154

FOUCAULT. M., Le sujet et le pouvoir, op. cit.

Foucault, ce serait plutôt en ceci que « l’assujettissement signifie la formation réactive du sujet par l’investissement du pouvoir, et la subjectivation signifie la formation active du sujet dans la construction du soi » . Ceci rejoint le passage du couple pouvoir-savoir — avec un 156

sujet objectivé — au couple gouvernement-vérité — avec un sujet agent. Pour ce qui est du sujet qui nous intéresse, le sujet que découvre la psychanalyse, on ne peut pas considérer l’assujettissement comme une simple réaction. C’est plutôt une réponse, réponse du réel au signifiant. C’est-à-dire que le sujet, s’il est bien effet du signifiant, n’en constitue pas moins la réponse active, même dans l’assujettissement. Il ne nous semble donc pas que la différenciation entre un sujet qui serait purement « réaction » et un sujet qui serait surtout « action » est pertinente pour la psychanalyse. Le sujet pour la psychanalyse n’est pas seulement — et n’a jamais été seulement — le sujet du signifiant, c’est aussi le sujet éthique, responsable . De plus, tout le travail de Foucault sur la subjectivation et ce qu’elle peut 157

constituer de résistance au gouvernement passe à côté du sujet de l’inconscient. Ainsi, l’éthique du sujet chez Foucault « se définit par le rapport de soi à soi » , ce qui débouche 158

sur l’idée de se rejoindre soi-même par une pratique de la liberté des plaisirs du corps. On voit bien ici la différence avec le sujet de la psychanalyse, sujet de l’inconscient, qui ne saurait se confondre avec un quelconque « soi-même » (quand bien même il serait aussi non conscient). L’éthique du sujet, pour la psychanalyse est une éthique de l’extime et non de

l’intime — comme le propose Foucault —, une éthique qui concerne la jouissance et le réel, et

non les plaisirs :

!

« Plus d’une fois, du temps où je parlais du symbolique et de l’imaginaire et de leur interaction réciproque, certains d’entre vous se sont demandé ce qu’était le réel. Eh bien, chose curieuse pour une pensée sommaire qui penserait que toute exploration de l’éthique doit porter sur le domaine de l’idéal, sinon de l’irréel, nous irons au contraire, à l’inverse, dans le sens de l’approfondissement de la notion de réel. La question éthique, pour autant que la position de Freud nous y

SATO. Y., « Subjectivation et résistance. Sur le tournant de Foucault », In : Cahiers

156

Philosophiques, n° 99 / octobre 2004, pp. 63-84

« De notre position de sujet nous sommes toujours responsables. »

157

LACAN. J., La science et la vérité (1966), op. cit., p. 339

FOUCAULT. M., L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France (1981-1982), Paris,

158

fait faire un progrès, s’articule, d’une orientation du repérage de l’homme par rapport au réel. » 159

!

Une position proprement psychanalytique — comme le souligne Lacan — que Colette Soler exprime en une formule simple qui en dit long : L’éthique du sujet est une « position à

l’endroit du réel » . Une position qui n’est en rien un « soi-même », mais qui en appelle 160

plutôt à la réponse du sujet devant l’immonde. Une réponse qui est loin d’être consciente ou de pouvoir être ramenée à la conscience sans une perte qui la vide de sa substance. Le sujet éthique de la psychanalyse est un sujet responsable de sa position à l’endroit du réel bien qu’il

ne puisse pas la dire toute.

Il est cependant tout à fait intéressant de voir que Foucault reconnaît le gouvernement tout autant que le point de résistance à ce gouvernement au niveau du corps. Il passera ainsi de « l’économie politique du corps » à un usage des plaisirs où il s’agit de « faire valoir, 161

contre les prises du pouvoir, les corps, les plaisirs, les savoirs, dans leur multiplicité et leur résistance » . Outre les différences que nous venons de signaler, on voit que Foucault insiste 162

sur le fait que la résistance doit prendre appui sur « les corps et les plaisirs » . 163