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Franchir la frontière : le mouvement Samoobrona dans la compétition politique

B) Formaliser une offre électorale

L’annonce de la dissolution du Parlement par Lech Wałęsa est perçue comme une aubaine par les dirigeants du ZZR Samoobrona qui n’ont de cesse depuis la création du Przymierze Samoobrona de réclamer des élections anticipées. Dès les premiers jours du mois de juin 1993, Andrzej Lepper réaffirme ainsi ses ambitions politiques et annonce que l’organisation qu’il préside présentera des candidats aux élections de septembre3. Dans cette optique, on assiste à une réorientation des activités des responsables du syndicat, et donc du parti, vers l’arène électorale. Délaissant un temps

1 Art. 77, « Ustawa z dnia 28 maja 1993 r. : Ordynacja wyborcza do Sejmu Rzeczypospolitej Polkiej », Dziennik Ustaw, n°45, 1993.

2 La distinction entre deux types de mandats présente dans la loi électorale de 1991 est en effet maintenue dans celle de 1993. Sur les 460 mandats de députés, 391 sont attribués sur la base des listes de circonscription et 69 sur la base des listes nationales. Pour les premiers, la distribution des mandats se fait à la proportionnelle (Méthode d'Hondt) au niveau des 52 circonscriptions (contre 37 en 1991), sous réserve du respect des seuils fixés au niveau national. Chaque circonscription dispose d’entre 3 et 17 députés selon sa population. Quant aux seconds, leur distribution se fait également à la proportionnelle mais au niveau national. Leur accès est ainsi réservé aux comités étant parvenus à obtenir le statut de comité électoral national donnant le droit au dépôt d’une liste nationale.

les mobilisations contestataires, ils s’attachent, dans le respect de la nouvelle loi électorale, à préciser les modalités de leur participation à la lutte pour les postes de parlementaires, à formaliser une offre électorale conforme aux règles de la compétition électorale. Nous verrons ici que ce travail ne saurait être réduit à sa seule dimension stratégique de recherche de rentabilité électorale. Pour les nouveaux entrants dans la compétition électorale que sont les responsables du ZZR Samoobrona et du Przymierze Samoobrona, il s’apparente bien plus à un « bricolage » par lequel ils s’attachent à concilier un atypisme revendiqué aux contraintes de rôle de candidats à une élection, contraintes d’autant plus fortes qu’ils paraissent largement dépourvus en ressources traditionnellement valorisées dans le champ politique polonais depuis le changement de régime. Ainsi, qu’il s’agisse de la définition des modalités de participation de militants du ZZR Samoobrona à la compétition électorale (1), de la production de biens programmatiques (2) ou encore de la composition des listes des candidats (3), trois éléments sur lesquels nous concentrerons ici notre propos, les responsables du syndicat n’ont qu’une maîtrise imparfaite des processus de formalisation de leur offre électorale. Nous verrons qu’ils s’attachent avant tout à « faire avec ce qu’ils ont » afin d’assurer et de légitimer leur participation à la lutte pour les postes de parlementaires.

1) Comment participer aux élections ?

La question des modalités de participation de membres du ZZR Samoobrona, et donc formellement du Przymierze Samoobrona, à la compétition électorale reste, dans un premier temps, largement ouverte. Relativement permissive, la nouvelle loi électorale offre plusieurs possibilités aux dirigeants du syndicat et du parti. Premièrement, il leur est possible d’engager directement le ZZR Samoobrona dans les élections. Dans ce cas, le syndicat agricole pourrait soit constituer son propre comité électoral soit participer à la constitution d’un comité de coalition avec d’autres syndicats ou organisations politiques. Deuxièmement, ils peuvent décider d’y engager le parti Przymierze Samoobrona, une nouvelle fois seul ou en alliance. Troisièmement, il leur est possible de constituer un comité électoral ad hoc, prenant la forme d’un comité

d’électeurs individuels formellement distinct des organisations constitutives du RS Samoobrona RP.

Le 10 août 1993, quelques minutes avant la fin du délai légal de dépôt des candidatures, c’est finalement sous la forme d’un comité d’électeurs individuels du nom de « Comité électoral Samoobrona de Lepper » (Komitet Wyborcza Samoobrona-Leppera) que les responsables du ZZR Samoobrona enregistrent des listes auprès de la Commission électorale nationale1. Comprendre ce choix a priori paradoxal de l’objectivation d’une nouvelle structure à côté du syndicat et surtout du parti, qui avait pourtant été constitué dans le but affiché de participer aux élections, implique selon nous de prendre en compte à la fois la dynamique des marchandages pré-électoraux qui animent le champ politique polonais à partir du mois de juin et les contraintes, organisationnelles notamment, qui pèsent alors sur les organisations du RS Samoobrona RP.

Au début du mois de juin, c’est la piste de la participation du ZZR Samoobrona à une large « coalition syndicale » qu’Andrzej Lepper semble privilégier lorsqu’il annonce son désir de présenter des candidats du syndicat agricole aux élections2. Quelques jours après la manifestation unitaire du 26 mai, durant laquelle plusieurs milliers d’agriculteurs se sont réunis à l’appel des trois grands syndicats agricoles devant la statue du Premier ministre agrarien Wyncenty Witos à Varsovie, il se prend même alors à rêver d’une liste paysanne unissant au ZZR Samoobrona, le KZRKiOR, des sections du NSZZRI « S », voire le PSL3. Ce projet s’avère rapidement irréaliste. Les responsables des principales organisations politiques ou syndicales revendiquant leur identité paysanne excluent en effet tous sans ambiguïté la possibilité d’une alliance électorale avec un syndicat stigmatisé pour son radicalisme et dont les dirigeants ne se sont pas gardés de les vilipender par le passé. Un partenariat avec les syndicats ouvriers avec lesquels le ZZR Samoobrona avait collaboré un temps dans la dynamique du mouvement de contestation contre la politique économique du gouvernement Suchocka paraît tout aussi improbable. Les plus importants d’entre eux sont en effet historiquement liés ou se sont depuis rapprochés de groupements

1 « Dwudziestu na fotel ? », Gazeta Wyborcza, 11/08/1993, p.1.

2 « Czarno-biały świat Leppera », Gazeta Wyborcza, 02/06/1993, p.2.

autrement mieux dotés en ressources politiques que le syndicat agricole, respectivement le SLD pour l’OPZZ et le RdR de Jan Olszewski pour Solidarność 80’.

Ainsi, dans un contexte de multiplication des échanges tactiques entre les différents protagonistes du champ politique et du champ syndical afin de constituer des alliances électorales à même de franchir les seuils fixés par la nouvelle loi électorale1, les responsables du ZZR Samoobrona s’avèrent incapables d’atténuer le stigmate lié à son image d’organisation radicale pour se rapprocher de groupements occupant une position centrale dans ces champs. Dès lors, il leur est toujours possible de constituer un comité électoral autonome autour du syndicat ou du parti. Cette option présente néanmoins deux inconvénients majeurs. Premièrement, du fait de la composition et de l’image encore essentiellement agricole de ces deux organisations, elle complexifie le travail de légitimation d’une offre de représentation ne se limitant pas aux seuls agriculteurs. Or, l’ambition des responsables du ZZR Samoobrona à représenter politiquement d’autres groupes sociaux, notamment les chômeurs, les retraités ou encore les enseignants, est réaffirmée dès le mois de juin2. Deuxièmement, surtout, le syndicat et le parti seuls ne semblent pas disposer de ressources organisationnelles et militantes suffisantes pour enregistrer des listes de candidat sur l’ensemble du territoire. Selon la nouvelle loi électorale, nous l’avons vu, il est en effet nécessaire de recueillir 3 000 signatures d’électeurs dans au moins la moitié des 52 circonscriptions pour pouvoir présenter des candidats au niveau national. Or, en dépit des affirmations de sa direction, le potentiel de mobilisation du syndicat reste limité à la fin du printemps 1993, celui-ci ne disposant que d’une très faible implantation dans les zones urbaines et dans la plupart des régions du Sud du pays. Andrzej Lepper le reconnaît d’ailleurs lui-même plusieurs années plus tard :

« C’est vrai qu’alors [en 1993] nous avions des représentants dans la plupart des régions mais pas dans toutes. Par exemple, nous avons toujours eu beaucoup de difficultés à nous implanter dans la région de Gdansk, c’était très difficile. On avait aussi beaucoup de difficultés dans le Sud, par exemple en Silésie, à Opole ou en Petite-Pologne. Ces régions-là ont toujours été différentes des autres. »

1 Sur la dynamique générale de ces échanges pré-électoraux : Cf. Millard Frances, « The Polish Parliamentary Election of September 1993 », Communist and Post-Communist Studies, vol.3, n°27, 1994, p.302-303.

Andrzej Lepper.

Entretien réalisé le 25 juin 2008 à Varsovie.

Dès lors, contraints d’élargir leur comité électoral au-delà de leurs seules organisations pour espérer participer à la lutte électorale au niveau national, les responsables du ZZR Samoobrona n’ont d’autre choix que de chercher à constituer des alliances avec des groupements occupant une position marginale dans le champ politique, mais disposant néanmoins de suffisamment de ressources pour permettre l’enregistrement de listes dans les circonscriptions où le syndicat est peu présent. Dans cette optique, la direction du syndicat annonce dès la fin juin la formalisation d’un accord avec certaines structures régionales du Syndicat Polonais des Retraités et des Invalides (Polski Związek Emerytów, Rencistów i Inwalidów)1. Néanmoins, c’est principalement auprès des réseaux militants nationalistes qu’ils s’attachent à trouver les ressources organisationnelles nécessaires à la constitution d’un comité électoral national. Les premiers contacts entre ces réseaux et les dirigeants du ZZR Samoobrona remontent à la fin de l’année 1992. Dans le but affiché d’élaborer un « programme commun d’autodéfense de la Nation Polonaise », un Comité d’Autodéfense de la Nation (Komitet Samoobrony Narodu) avait même alors été constitué. Réunissant, outre Andrzej Lepper, le peintre « patriotique » Ludwik Maciąg, l’économiste anti-libéral Józef Balcerek, et trois anciens membres éminents de l’Union Patriotique « Grunwald », le général Stanisław Skalski, l’écrivain Jan Marszałek et le réalisateur Bohdan Poręba, ce comité n’a cependant qu’une activité réduite dans les mois suivant et ne se réunit formellement qu’à deux reprises2. Il est finalement réactivé partiellement au cours de l’été dans la perspective des élections de septembre. Au début du mois de juillet 1993, la présence sur les listes que les responsables du ZZR Samoobrona entendent présenter de Stanisław Skalski, de Jan Marszałek, de Bohdan Poręba et de plusieurs de leurs proches est confirmée3.

L’Union Patriotique « Grunwald » (Zjednoczenie Patriotyczne "Grunwald"), du nom de la victoire

« polonaise » sur les chevaliers teutoniques en 1410, est créée à la fin de l’année 1980 dans le contexte de relative libéralisation politique postérieure à la signature des accords d’août entre le gouvernement communiste et les comités de grévistes à l’origine de la création du NSZZ Solidarność. Enregistré

1 Piskorski Mateusz, art.cit., p.199.

2 Cf. « Powstał Komitet Samoobrony Narodu », Samoobrona, février 1993, Archiwum Partii Politycznych, ZZR Samoobrona 1991-1996.

officiellement en avril 1981, ce groupement se définit dans sa « déclaration idéologique » comme un « mouvement culturel et social réunissant des Polonais déterminés à défendre fermement la nation polonaise et à préserver les intérêts de l’État ». Ses membres sont principalement issus des réseaux « communistes nationalistes » et une forte minorité d’entre eux sont d’anciens officiers supérieurs de l’armée polonaise. Dès sa création, l’Union se fait remarquer pour son anti-sémitisme virulent et est soupçonnée de bénéficier de soutiens haut placés au sein de l’appareil du PZPR, notamment parmi les conservateurs hostiles au dialogue avec l’opposition. Elle n’est d’ailleurs pas interdite après la proclamation de l’État de guerre le 13 décembre 1981 et ses dirigeants apportent leur soutien au coup de force de Jaruzelski. Néanmoins, elle est par la suite rapidement marginalisée, notamment du fait de la création du PRON (Patriotyczny Ruch Odrodzenia Narodowego : Mouvement Patriotique pour la Renaissance Nationale) par le régime, et, sans être formellement dissoute, ne semble plus avoir aucune activité réelle à partir de la moitié des années 1980.

Sources : Sabbat-Swidlicka Anna, « The Rise and Fall of the Grunwald Patriotic Union », RAD Background Report/213, Radio Free Europe Research, 13 octobre 1982 ; Jasiewicz Krzysztof, « The (Not Always Sweet) Uses of Opportunism: Post-Communist Political Parties in Poland », Communist and Post-Communist Studies, 41, 2008, p.426-427 ; Dudek Antoni, « Grunwald w PRL », http://grunwald600.pl/pl,d47,grunwald_w_prl_prof_dr_hab_antoni_dudek.html, consulté le 10 mai 2010.

Face à la marginalisation dont ils sont l’objet dans la dynamique des marchandages préélectoraux de la part des principaux protagonistes des champs politique et syndical, le choix de la forme organisationnelle « comité électoral d’électeurs » présente ainsi l’avantage pour les dirigeants du ZZR Samoobrona de leur permettre de légitimer leur ambition à élargir leur offre de représentation au-delà de celle du syndicat et de pallier le manque de ressources organisationnelles de celui-ci en intégrant à leurs listes des individualités ou des groupements qui lui sont extérieurs. Il leur permet également de ne pas avoir à formaliser une coalition en bonne et due forme qui aurait fait grimper le seuil à atteindre par leurs listes pour espérer obtenir des élus à la Diète de 5 à 8%. Quant au handicap potentiel que constitue l’interdiction pour un comité d’électeurs individuels de se revendiquer directement d’une organisation politique ou syndicale en activité, en l’occurrence surtout du ZZR Samoobrona ou du Przymierze Samoobrona, il s’avère tout relatif. Le nom du comité enregistré, « Samoobrona-Leppera », suffit en effet largement à le pallier en permettant aux candidats présents sur les listes d’espérer malgré tout recueillir sur le marché politique les profits de distinction attachés au syndicat et à son président et de bénéficier ainsi de la visibilité et de la notoriété acquises par ces deux derniers dans le cadre du mouvement de contestation des années 1992 et 1993.

La dénonciation des acteurs politiques établis et des équilibres politiques et économiques en vigueur depuis 1989 est la thématique centrale que mobilisent les dirigeants du ZZR Samoobrona pour légitimer leur participation aux élections parlementaires. Ainsi, dès l’annonce de la dissolution du Parlement, c’est au nom d’une « Troisième Voie, ni de droite, ni de gauche », visant à « mettre fin aux scandales économiques et aux abus des hommes politiques », qu’Andrzej Lepper justifie l’ambition du syndicat de présenter des candidats aux élections1. Ce positionnement « anti-système » est réaffirmé quelques semaines plus tard dans le programme électoral que publie le comité Samoobrona-Leppera :

« Samoobrona c’est le mot d’ordre appelant l’ensemble de la société polonaise à la mobilisation pour se battre pour la sauvegarde de notre identité et de notre souveraineté nationale, pour se battre pour l’avenir de notre pays, pour se battre contre la trahison et la fourberie politique, contre le mensonge, le manque de morale et le cynisme des hommes politiques vendus qui trichent avec la Nation. […] Après plusieurs années de gouvernement « réformateur », après de nombreuses mesures législatives inadéquates pour l’ensemble du pays et pour les conditions d’existence de ses citoyens, la société polonaise est arrivée à la conclusion qu’elle ne peut compter que sur elle-même, indépendamment des élites au pouvoir ».

Cité in : « Materiały wyborcze : Samoobrona-Leppera », in Słodkowskiej Inka (dir.), Wybory 1993-Partie i ich programy, Varsovie, ISP-PAN, 2001, p.452-453.

Cette dénonciation virulente du « système politico-économique » s’articule essentiellement autour de deux séries d’accusations. D’un côté, c’est le sens des réformes socio-économiques développées depuis le gouvernement Mazowiecki qui est critiqué dans les documents programmatiques du comité. Sous le slogan « Może, a więc musi być lepiej » (Cela peut, et donc cela doit être mieux), ceux-ci appellent à rompre avec leur orientation capitaliste, mise en cause pour son inefficacité et son coût social :

« La majorité de la société polonaise vit aujourd’hui bien moins bien que quatre ans auparavant. L’inflation dure, le chômage croît, et les rémunérations miséreuses ne suffisent pas pour vivre […] Il existe une alternative au sens donné aux réformes. Contre le capitalisme par la force, contre l’orientation antisociale et antihumanitaire des réformes économiques, contre l’anarchie économique et les scandales, il est nécessaire de revenir vers un système social de marché, moderne et organisé, favorable à la croissance et au progrès social, luttant contre l’inflation, contre le chômage et contre la

misère qui, au nom du capitalisme triomphant des années 1990, aurait vocation à durer des dizaines d’années ».

Cité in : « Materiały wyborcze : Samoobrona-Leppera », art.cité, p.453.

De l’autre côté, c’est l’influence de l’étranger sur les acteurs politiques établis qui est vilipendée. Comparant explicitement la subordination supposée des gouvernants de la Troisième République à l’égard de l’Occident à celle des dirigeants de la République Populaire à l’égard de l’Union Soviétique, le comité Samoobrona-Leppera prône de nouvelles pratiques de gouvernement, libérées des « diktats du FMI, de la Banque Mondiale et de la Communauté Européenne »1 :

« Il est nécessaire de condamner et de se débarrasser du nouveau « béton »2, qui est enfermé dans ses dogmes de pensée. Son action est dictée par des intérêts et des modes de vie étrangers, par le renoncement à la souveraineté et à l’intégration du pays au sein d’une « Europe des Soviets », grande machine bureaucratique gouvernée par la finance internationale. […] Il faut libérer la force créatrice de la société de notre pays et nommer au gouvernement des gens intelligents qui aiment passionnément leur pays et sont incorruptibles ».

Cité in : « Materiały wyborcze : Samoobrona-Leppera », art.cité, p.454.

Pour comprendre l’objectivation d’un tel positionnement subversif par le comité Samoobrona-Leppera, il nous paraît nécessaire de prendre en considération à la fois les trajectoires de carrière des initiateurs du comité et la position relative que celui-ci occupe dans la compétition électorale3.

Premièrement, rappelons que la dénonciation des forces politiques établies constitue une constante dans l’activité syndicale et politique des responsables du ZZR Samoobrona et qu’ils l’ont déjà mobilisée régulièrement par le passé notamment pour légitimer la création d’un nouveau syndicat agricole4 et celle d’un nouveau parti politique5. Cette distance revendiquée à l’égard des forces politiques dominantes est partagée par les groupements et individualités extérieures au syndicat qui participent à la constitution du Przymierze Samoobrona puis du comité Samoobrona-Leppera.

1 Pour reprendre une expression d’Andrzej Lepper citée in : « Nie chcemy dużo: jakieś 60 bilionów », Gazeta Wyborcza, 19/08/1993, p.10.

2 Sous la République Populaire, le « béton » était le surnom donné aux tenants d’une ligne « dure », conservatrice, au sein du PZPR, par opposition aux réformateurs.

3 Cf. Offerlé Michel, Les partis politiques, op.cit., p.94.

4 Voir chapitre 1, sections 2 et 3.

Qu’il s’agisse de Janusz Bryczkowski ou des anciens du groupement Grunwald, les carrières militantes de ceux-ci se caractérisent en effet par le fait qu’elles se sont toujours développées dans les marges du champ politique, aussi bien avant qu’après le changement de régime.

Deuxièmement, notamment du fait de leur incapacité à formaliser des alliances pré-électorales avec des organisations disposant déjà de relais parlementaires, le comité électoral constitué à l’initiative des représentants du ZZR Samoobrona fait figure de nouvel entrant, d’outsider, dans la compétition électorale. Or, les « entrants » tendent traditionnellement à s’opposer d’abord aux « tenants » et à l’ensemble des forces et agents établis pour pallier leur infériorité relative dans la compétition, à se faire entendre, connaître et reconnaître en stigmatisant la corruption, les complaisances, l’oubli des préoccupations des citoyens ordinaires ou encore des principes censés caractériser de bons gouvernants1. Cela est d’autant plus vrai pour le comité Samoobrona-Leppera que le principal capital de reconnaissance dont bénéficie le label Samoobrona, et sur lequel il entend capitaliser électoralement, est celui de la participation active du ZZR Samoobrona aux mobilisations protestataires de la fin de l’année 1992 et du début de l’année 1993. Mobilisations au cours desquelles, nous l’avons vu précédemment, celui-ci s’est imposé, du moins symboliquement, comme l’un des principaux acteurs de la contestation du gouvernement Suchocka.

Néanmoins, il serait erroné de réduire l’offre politique développée par le comité