• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 : Théorie intégrative

B) Fondements des hostilités

Une conclusion couperet peut être tirée à ce stade: le contentieux entre les différents camps en présence dans le traitement et le suivi des condamnés est alimenté, pour une grande part, par des erreurs d’interprétation, des méprises, ou des malentendus. Il s’explique, en outre, dans une large mesure par la diversité des formations des différents protagonistes. Dans le même temps, les différents camps partagent le même désir de contribution au bien général, à la réinsertion des condamnés. Au demeurant, les méthodes de traitement proposées se rejoignent plus qu’elles ne divergent.

De fait, les différences qui demeurent s’expliquent souvent par les différences de perception générées par l’appartenance à des champs disciplinaires distincts : la psychologie pour la RBR ; la psychologie spécialisée et forensique pour la GLM ; le travail social et la sociologie ou la criminologie pour la désistance. D’autres différences peuvent s’expliquer par les différentes populations délinquantes que chacun a principalement en charge : surtout des condamnés réitérants et non- dangereux pour la RBR, laquelle tend ainsi à surestimer la transférabilité de ses méthodes s’agissant des condamnés violents ou dangereux (par ex. ne pas faire état de la nécessité d’une analyse forensique complète ou du recours à des techniques psychologiques spécialisées) ; des auteurs de délits réitérants ayant des problèmes d’addiction pour les théoriciens de la désistance et donc, de leur côté également, un défaut de pertinence pour les auteurs de faits uniques ou les délinquants dangereux (par ex. le focus quasi- exclusif sur les dimensions sociales) ; les auteurs de faits violents ou d’infractions à caractère sexuel pour la GLM, et dès lors, une tendance à supposer qu’ils présentent

les mêmes problèmes que les auteurs de délits réitérants non dangereux (par ex. la nécessité d’une analyse forensique complexe).

Les malentendus à propos de ce en quoi consistent leurs disciplines respectives chez les uns et des autres sont en outre patents. Dans leur ouvrage fondateur, Andrews et Bonta (2010) se moquent de manière répétée et, il faut bien le dire hilarante, des sociologues, qu’ils appellent des criminologues, un titre qu’ils rejettent pour eux-mêmes, quand bien même, de facto, c’est précisément ce qu’ils sont dès lors qu’ils travaillent sur le traitement de la délinquance et, incidemment, c’est ainsi qu’ils sont perçus et désignés en France. De leur côté, les socio-criminologues expriment a priori un mépris envers les psychologues. Ainsi McNeill (2012 : 2) a-t-il mentionné de manière accusatoire le « pouvoir professionnel de la discipline « psy » ».

Plus sérieusement, les deux camps ont clairement des priorités distinctes. Ainsi, les partisans de la RBR sont-ils plus intéressés par l’efficacité du traitement et dès lors font des efforts considérables pour collecter et produire des preuves empiriques. Les partisans de la désistance, de leur côté, aspirent à aider les délinquants et leurs familles et leur outil de choix est dès lors logiquement le travail social. C’est d’ailleurs en ces termes qu’ils définissent l’équité (Canton, 2012). Enfin la GLM, tout comme, au demeurant, la jurisprudence thérapeutique (TJ) dont il a été abondamment question supra, se focalise essentiellement sur le bien-être des délinquants tout en s’intéressant de très près à l’éthique (Ward et Birgden, 2007).

Les différents camps définissent par ailleurs différemment ce qui constitue une démonstration scientifique. Mise à part une faible minorité d’auteurs (par ex. Aflalo, 2010; Mair, 2004b) qui semblent mépriser les preuves scientifiques en tant que telles, la plupart des auteurs affirment que leurs travaux reposent sur des données empiriques. Leur définition de ce qui représente des preuves scientifiques est toutefois divergente. Pour la RBR, il est essentiel de s’appuyer sur des études particulièrement bien élaborées et formulées et sur des techniques très exigeantes, de préférence des essais randomisés – mais nous avons vu qu’elles ne sont pas toujours disponibles – et des méta- analyses, ce qui implique d’importantes données quantitatives. La RBR répète souvent de manière sarcastique que l’on ne doit pas tenir compte du « bon sens » (Gendreau et al., 2002) ni de la

« sorcellerie » (Latessa et al., 2002) ou encore des « attrapeurs de pets » (Gendreau et al., 2009), en d’autres termes de soi-disant traitements sans support empirique ou théorique et, pour certains, totalement farfelus. Ajoutons pour notre part à cette liste l’idéologie politique, qu’elle soit de droite ou de gauche, soit une forme de « bon sens » revêtue d’une pseudo-respectabilité. Pendant ce temps, les partisans de la GLM, tout en étant tout aussi exigeants scientifiquement, encore qu’ils se focalisent plus sur la solidité du construit théorique que sur les données quantitatives, arguent de ce que les preuves scientifiques doivent provenir d’une variété de domaines scientifiques, que ce soit au sein même de la psychologie (en se référant par ex. nous l’avons vu à la SDT) ou d’autres disciplines (par ex. les sciences évolutionnistes : Durrant, 2016 ; Durrant et Ward, 2015). Cependant, d’un autre côté, la GLM insiste constamment sur la nécessité d’appuyer les évaluations sur des théories solides une dimension qui, parfois, fait défaut dans la RBR (par ex. dans Ward, 2016 et Ward et Fortune, 2016), mais aussi il faut être honnête dans la GLM elle-même, par exemple concernant la théorie des besoins humains fondamentaux, nous l’avons évoqué supra. De leur côté, puisque les partisans de la désistance ne cherchent pas à créer au véritable sens du terme une méthode de traitement, mais à étudier ce que font et vivent les condamnés lors de leur parcours de sortie de la délinquance, leurs propres données empiriques sont issues d’études de type longitudinal, couplées avec des méthodes

132 qualitatives. Ceci leur permet de présenter des données dotées d’une profondeur de champ qui sont au demeurant souvent dépressogènes. Les données longitudinales montrent en effet ce que les condamnés font réellement alors qu’ils sont suivis ; il s’agit rarement de désistance complète (Farrall et al., 2014). Chacune de ces approches, RBR, GLM ou désistance nous raconte donc une partie différence de l’histoire et présente à notre sens un égal intérêt. En lieu et place de mépris, elles devraient susciter le respect et seraient mieux inspirées de se compléter que de se quereller. La GLM a raison de dire que les preuves scientifiques doivent être diverses et les théories solides ; la RBR a raison d’exiger des preuves empiriques solides ; l’approche désistance est tout aussi indispensable, car elle atténue fortement les résultats positifs que les sciences dures nous présentent et nous invite à améliorer encore et encore le traitement et à rechercher d’autres solutions et chemins.

L’un de ces chemins doit à notre sens passer par la paix entre les opposants.

§-2- Des signes de rapprochement

Récemment, plusieurs signes favorables à un rapprochement sont apparus. En premier lieu, comme nous l’avons évoqué supra, les théories elles-mêmes se sont rapprochées. Avec ses « grands principes », ses « facteurs non-programmatiques » et ses CCP, la RBR a inclus une grande variété d’éléments qui étaient présents antérieurement dans d’autres domaines. Dans le même temps, la GLM a inclus la RBR (Ward et Gannon, 2006) ainsi que d’autres choses (SDT, la théorie des besoins humains fondamentaux…) et est actuellement engagée dans une reconstruction théorique critique du concept de facteur dynamique, dont il peut être espéré qu’elle conduira à des améliorations empiriques (v. le numéro spécial de Psychology, Crim & Law, 2016, 22(1/2)). Enfin, même les théoriciens de la désistance ont dû admettre récemment que la RBR était un modèle d’une très grande solidité (McNeill, 2012) bien qu’ils se refusent toujours à l’embrasser.

Un autre signe encourageant est l’apparition de modèles intégratifs qui ont été présentés par divers auteurs et, parmi eux, Franck Porporino (2010). Bien qu’il ait été membre de la Commission d’Accréditation des Programmes d’Angleterre et Pays-de-Galles et ait été reconduit durant quatre mandats, il a expliqué par la suite qu’il avait adopté « la posture d’un ami critique mais constructif et formulant des excuses » (Porporino, 22010 : 63). Il a dès lors proposé un « cadre intégratif pour le suivi » (Ibid : 61) où la désistance pourrait expliquer pourquoi la RBR marchait, mais aussi pourquoi elle ne marchait que de manière minime dans le monde réel, tout en étant un « contrepoids » par rapport à celle-ci, dès lors que, en réalité, lorsque les délinquants désistent, ils ne prêtent guère attention aux programmes de traitement, mais à ce qui arrive ou n’arrive pas dans leur vie (Ibid : 67). Porporino se réfère en outre à l’agency telle qu’elle est présentée dans les théories de la désistance (v. supra). Reste que nous avons déjà montré que la désistance n’est pas apte à fournir une théorie enracinée empiriquement de ce que sont l’autonomie et l’auto-détermination.

Un autre vide théorique tient à l’éthique. Comme nous l’avons avancé ailleurs (H-Evans, 2016 c), bien des auteurs modernes, et notamment ceux de la désistance (Canton, 2012) et de la GLM (Connolly et Ward, 2008) insistent sur l’extrême importance de l’éthique et des droits de l’homme dans la probation, mais s’y réfèrent hélas uniquement en termes généraux. Leurs travaux ne permettent pas de savoir comment, en termes pratiques, en termes juridiques, et en termes théoriques, le système juridique peut se situer dans le cadre d’un modèle de traitement. Aucun ne s’est cependant appuyé

sur le cadre LJ-PJ-TJ que nous avons présenté en détail supra. Nous avons récemment aussi (H-Evans, 2016 c) appelé à ce que le droit contrôle de manière bien plus étroite la probation, dès lors que son intensité, ses méthodes et ses contraintes impactaient fortement et de plus en plus sur la vie des individus et qu’elle subissait en outre une expansion continue en occident (Phelps, 2013; McNeill, 2013; Aebi et al., 2015). Ainsi, par exemple, tout en soulignant la nécessité de recourir aux outils actuariels, précisément pour réduire la part, encore considérable en France mais aussi ailleurs, des évaluations sans fondement scientifique ou données concrètes suffisants, avons-nous dans le même temps insisté sur la nécessité corrélative d’encadrer fortement leur usage et de les inscrire dans le cadre processuel équitable contraignant qui est de tradition en droit pénal. Pour toutes ces raisons nous avons été particulièrement intéressée par deux modèles intégratifs récemment proposés, lesquels incluent la théorie juridique et l’éthique.

Un modèle intégratif a été proposé par Astrid Birgden (2014). Celle-ci suggère d’augmenter les effets de la désistance par la TJ présentée supra. Hélas, comme Kaiser et Holtfreter (2015) l’ont récemment avancé, la TJ n’est pas un modèle empiriquement testable. Ceci est un fait incontestable et c’est la raison pour laquelle, pour notre part, nous avons présenté un modèle LJ-PJ- TJ liant à la fois, d’une part, les théories empiriques de la légitimité de la justice, sous leur forme procédurale à, d’autre part, la théorie juridique TJ, pour en faire un modèle empirico-juridique : la LJ- PJ-TJ (v. supra et H-Evans, 2016 b). C’est que la TJ est précisément une théorie juridique qui permet de véhiculer auprès des acteurs de la chaîne pénale avec lesquels les condamnés sont en contact, les principes LJ-PJ, ce, de manière concrète, et même de les compléter en les déclinant dans la vie réelle du droit. Il faut toutefois à notre sens aller plus loin encore et inclure dans le modèle RBR lui-même, l’ensemble LJ-PJ-TJ. C’est que la RBR ignore trop souvent qu’en dehors des agents de probation, les condamnés sont en contact avec une multitude de personnes, dont d’autres agents de la chaîne pénale (police, parquet, juges, avocats, personnels pénitentiaires, etc.) lesquels doivent à la fois se former à la RBR, tout en améliorant leurs performances LJ-PJ-TJ. La RBR, tout comme au demeurant également la GLM et la désistance, ignorent également la dimension éthique, l’équité procédurale et surtout ses implications concrètes tant pour les condamnés que pour les praticiens ; l’intégration de la LJ-PJ-TJ dans leurs propres modèles remédierait à cette importante lacune dans leurs théories. A l’inverse, dans le champ pénal, le système juridique et la LJ-PJ-TJ opèrent en dehors de toute considération et a fortiori intégration théorique de l’efficacité criminologique. Seule une intégration de ces deux dimensions permettrait d’y remédier. Le droit est un construit, un système à part entière et il doit être compris en tant que tel si nous voulons enrôler la totalité des praticiens de l’exécution des peines.

Un troisième signe positif de rapprochement dans la période récente a été le développement des études dites « probation dans le monde réel », également appelées études de la « Boîte Noire ». Ces études ont conduit à l’adoption de nouveaux modèles de formation, de monitoring, de coaching, et d’analyse, et de plusieurs checklists. Chacune de ces checklists reflète certes un point de vue différent et nous retrouvons ici les visions distinctes, voire divergentes, du suivi des condamnés que nous avons vues supra. Les canadiens ont développé STICS (Strategic Training Initiative in Community

Supervision24) qui, sans surprise, vise avant tout à mettre en oeuvre les principes RBR ainsi qu’un seul des principes CCP, soit la qualité de la relation entre l’agent de probation et le condamné (Bonta et

134 al., 2008). De leur côté, les créateurs américains d’EPICS (Effective Practices in Community

Supervision25) ont également mis l’accent sur la RBR et ont par ailleurs ajouté, de manière très pertinente, des facteurs institutionnels qui faisaient défaut à STICS (Smith et al., 2012). Cependant, par la suite, le Canada les a rattrapés en créant un outil séparé, le Correctional Program Assessment

Inventory26 (CPAI : Lowemkamp et al., 2006), qui inclut de tels facteurs. Il est toutefois important de relever ici qu’aucun de ces modèles ne s’appuie sur les données empiriques et les théories présentées

supra de la diffusion de l’innovation et de l’implémentation. Une autre checklist a été développée en

Europe, sur l’Ile de Jersey (Raynor et al., 200927). Elle inclut la majorité des CCP de Trotter (2015),

notamment la modélisation prosociale, la résolution des problèmes au sens large de Trotter, l’entretien motivationnel emprunté à Miller et Rollnick (2012), ainsi qu’une variété de principes issus de techniques classiques de communication dans le domaine du travail social (Ingleby, 2010; Lishman, 2009). Elle ne contient qu’un seul principe emprunté au cœur de la théorie RBR, soit la restructuration cognitive. Comme d’autres checklists, elle a montré des résultats favorables sur la récidive (Raynor et al., 2015). L’Europe a produit une autre checklist encore en Roumanie28, dont l’objectif a été cette fois

de dresser le portrait-robot de la « probation de tous les jours » dans ce pays (Durnescu, 2014). Cette checklist comprend une grande variété d’éléments, mais essentiellement des CCP. Elle est assez proche de la checklist de Jersey de ce point de vue et par conséquent aussi du modèle de Trotter. Comme ces derniers, elle inclut des principes classiques du travail social, et notamment les techniques de communication. Elle comporte toutefois plus de principes RBR : l’évaluation du niveau de risque ; l’évaluation des besoins criminogènes ; la restructuration cognitive. En d’autres termes, et bien qu’elle n’ait pas servi à évaluer l’impact de la récidive, elle est particulièrement encourageante en ce qu’elle tente de concilier une partie des théories opposées.

Un quatrième signe positif est le développement de programmes intégratifs. L’Angleterre et le Pays- de-Galles est un ressort qui a récemment compris qu’il pouvait y avoir un risque à mettre en œuvre de manière managériale et industrielle les programmes RBR. Ce pays tente donc désormais de créer des programmes intégratifs, qui ne rejettent pas le cadre RBR, mais y ajoutent un certain nombre d’autres composants sociaux ou psychologiques de façon plus collaborative et holistique. Ainsi, par exemple, le programme Threshold (Le Seuil ou, mieux, à l’Orée - ©B. Wilkinson et G. Kelly29) comprend-il la RBR,

les CCP, y compris l’entretien motivationnel, la GLM et les théories de la désistance. Deux autres programmes, SSP (Structured Supervision Program30- Thorburn et al., 2009) et SEEDS (Skills for Effective

Engagement Development and Supervision31 - Rex et Hosking, 2013), mêlent RBR, désistance, CCP, prévention de la rechute dans l’addiction et théories de l’attachement. Très structurés comme tout programme RBR, SSP et SEEDS sont en revanche conçus pour être mis en œuvre dans le cadre d’entretiens individuels et non de travail en groupe. Ils n’ont hélas pas été évalués. Inversement, d’autres programmes fortement structurés selon le cadre RBR qui ont inclus par ailleurs insertion sociale, participation communautaire, éducation et résolution des problèmes ont été évalués. Tel est

25Pratiques efficaces pour la probation en milieu ouvert.

26Inventaire des évaluations des programmes correctionnels – Traduction officielle.

27Le lecteur trouvera une traduction en français de la checklist de Raynor et al., 2009, approuvée par les

auteurs et réalisée par nos soins in Raynor et al., 2014.

28Nous tenons à remercier Ioan Durnescu pour nous avoir transmis sa Fișă de codare (feuille de codage).

29 Nous tenons à remercier Gill Kelly pour nous avoir communiqué les éléments de présentation de ce

programme.

30Programme de suivi structuré.

le cas d’un programme développé dans le Nord de l’Angleterre (Bruce et Hollins, 2009), Citizenship (Citoyenneté). Celui-ci a été évalué à deux reprises rigoureusement dans des lieux différents et avec des méthodologies distinctes et a donné des résultats particulièrement intéressants (Pearson et al., 2011 ; Pearson et al., 2014).

Le modèle le plus intégrateur de tous est toutefois celui des juridictions résolutives de problèmes dont nous avons déjà traité supra. Ces PSC ont certes fort peu en commun avec la désistance – si ce n’est les rituels judiciaires de désistance chers à Maruna (Maruna, 2011) – ainsi qu’avec la GLM ou la RBR (si ce n’est le principe de justice communautaire). Cependant, nous avons vu supra qu’elles dégagent à elles seules, en dehors de ces champs, une valeur de l’effet significative (Latimer et al., 2006 ; Marlowe, 2011 – et supra). Il est vrai qu’elles empruntent à des champs empiriques tels que le conditionnement opérant – dont se revendique aussi la RBR – mais aussi la résolution des problèmes chère aux CCP. La majorité des théories qui les fondent, toutefois, est située en dehors de la RBR, la GLM ou la désistance et est à trouver dans le modèle LJ-PJ-TJ. Nous avons cependant vu supra que la littérature évaluative récente a démontré que les PSC produisent des résultats encore supérieurs lorsqu’elles ajoutent à leur cadre théorique et opérationnel LJ-PJ-TJ, ou, au demeurant, aux modèles de traitement EBP de l’addiction, les principes de la RBR. D’ailleurs, le très puissant Center for Court Innovation32 a récemment ouvert la voie au développement de ces modèles de PSC-RBR (Picard- Fritsche et al., 2016; Reich et al., 2016). Ceci conforte l’argument principal que nous présentons ici, soit que la RBR et les autres modèles, ici LJ-PJ-TJ, mais bien d’autres encore, devraient être intégrés de manière à récolter des résultats maximum, tout en respectant les droits et libertés et la dignité des personnes suivies. Ceci ne peut toutefois prendre la forme de juxtapositions, qui plus est parcellaires, de diverses theories ou méthodes. Une théorie unique intégrée s’avère nécessaire.

§-3- Armistice : mêler théories criminologiques et droit

Avant que nous ne présentions notre modèle intégratif, il apparaît indispensable d’offrir un tableau qui révèle de manière forte les dénominateurs communs des différentes théories, ainsi que leurs forces et lacunes respectives.

Tableau 10

Présentation comparative synthétique des approches criminologiques et juridiques

Composant s Et champ disciplinaire principal d’appartenance Théorie juridique classique ou système juridique DROIT TJ SANTE MENTALE PSYCHOLOGIE DROIT De manière secondaire, criminologie et travail social LJ-PJ PSYCHOLOGIE SCIENCES POLITIQUES RNR PSYCHOLOGIE (CRIMINOLOGIE?) CCP (Andrews + Trotter) PSYCHOLOGIE (CRIMINOL OGIE?) TRAVAIL SOCIAL Désistance SOCIOLOGIE, CRIMINOLOGIE GLM PSYCHOLOGIE SDT PSYCHOLOGIE Objectif(s)