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2.3   Ville : une variable sociale 82

2.3.2   Figure de l’étranger dans la ville : du modèle simmelien au modèle de l’homme pluriel 84

Nous l’avons postulé, la ville est polysémique et organisée sur plusieurs niveaux. Mais ce qui fait la ville, ce sont avant tout ses acteurs, leurs diverses actions, les représentations de leurs actes, les discours qui leur sont attribués ou qui sont portés par eux. Donc, il est difficile de penser la ville en dehors des pratiques de l’acteur, qu’elles soient sociales, spatiales ou langagières. Une conceptualisation s’impose donc dans la compréhension de l’acteur étranger à la croisée des aspects historique, sociaux et spatiaux impliquant les discours circulant à son égard et émis par lui-même.

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à titre d’exemple : Langue et catégorisation à Rennes (Bulot 2005),

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Pour Bulot (1998), la territorialité implique la représentation sur le territoire considéré comme une aire liée aux parcours, aux lieux de vie, à la sociabilité. C’est par ces deux aspects que l’auteur aborde la mise en mots de l’espace urbanisé.

Étranger dans une tension entre proximité et distance

Pourquoi centrer cette recherche sur l’acteur étranger ? Parce qu’il se trouve à la fois dans et hors de la ville et contribue aux transformations économiques, sociales, culturelles, identitaires. De plus, il interroge la cohésion sociale, les territoires et les frontières de la ville. Nous voudrions identifier les postures multiples de cet acteur dans la ville tout aussi multiple et complexe pour échapper aux cristallisations et aux polarisations qui marquent souvent les discours concernant sa figure et sa place dans la ville. La figure de l’étranger, décrit par Simmel au début du siècle passé, dans un contexte et un espace-temps très différent, garde pourtant quelques traits semblables après un siècle, malgré des changements radicaux apparus depuis lors. Pour Simmel, l’étranger est attaché à un groupe spatialement déterminé sans y avoir des racines et, en même temps, sans être un nomade. Les relations spatiales ne sont pas la condition et le symbole des relations entre les acteurs de la ville, mais elles sont prises par un jeu perpétuel de rapports de proximité et de distance sociale. Cet acteur reste un acteur sans « ancrage », souvent à la marge, gardant un regard extérieur et critique. Il reste quelque part dans un flux qui fait que l’étranger ne cesse d’interroger le monde, son organisation, sa façon de « traiter » les sédentaires et les non-sédentaires. Simmel parle d’une position d’intermédiaire, en évoquant l’étranger commerçant, faisant circuler vers l’extérieur la production locale. Cette posture intermédiaire de l’étranger passeur où la place accordée n’est pas liée à la terre ni à la propriété reste encore valable. La figure de l’étranger commerçant se maintient également et, en même temps, se diversifie avec les transformations urbaines constantes. La ville est de plus en plus confrontée à des groupes différents et en fonction des vagues d’arrivée. Cette hétérogénéité s’oppose à l’unité recherchée par celui qui l’accueille, notamment l’Etat, qui impose une asymétrie par le simple fait de s’imaginer « sédentaire » et de vouloir tendre vers une communauté homogène. Le rapport à l’espace de celui qui « accueille » est décisif dans la définition des postures. On attribue au natif la possibilité de « partir » et à l’étranger la possibilité de « rentrer » au pays, avec des possibilités parfois restreintes de « rester » ou de « s’installer ». Ceci inscrit ces deux acteurs dans deux temps différents où pour le premier (le natif), il s’agit d’une projection dans le futur, l’inconnu, l’inexploré, et pour le second, le retour dans le passé, dans le familier avec le risque de non-intégration dans son propre pays selon les raisons de son départ ou de la situation dans laquelle se trouve la société qu’il a dû/voulu quitter. Le découpage du temps de son séjour ne correspond donc pas toujours au découpage de l’espace attribué : il est souvent limité par les permis de séjour qui obligent l’acteur à jongler entre plusieurs contraintes et incertitudes par rapport à son installation dans la ville et ses quartiers. Il s’approprie les territoires souvent assignés, il les partage en les négociant ou en les revendiquant.

Même si l’espace semble être limité, défini et circonscrit, l’étranger a toujours des marges de manœuvre dans l’interprétation (Crozier & Friedberg 1977), dans la lecture et dans la matérialisation de son appropriation en regard de son parcours, de ses liens sociaux et de ses références. Ce sont ces actes d’appropriation qui nous intéressent ici, car ils peuvent se faire par le langage, par le déplacement, par la négociation des frontières (Barth 1995), dans le but de marquer son territoire et de lui donner un sens. La posture de l’étranger décrite par Simmel est marquée par la tension perpétuelle et paradoxale entre proximité et distance, sans tomber dans la bipolarité, mais exprime ce perpétuel rapport d’intériorité/d’extériorité en fonction de ses appartenances et de ses affiliations.

Remy (1995) est parmi les premiers à avoir repris les concepts de proximité et de distance de Simmel. Il introduit l’implication de l’acteur dans la compréhension du processus de maîtrise des distances. Germain (1997) reprend à son tour ce concept pour analyser la situation des migrants au Canada. Remy étudie la mobilité comme forme d’adaptation et de participation à la vie urbaine par la capacité de maîtriser les distances et d’acquérir une certaine autonomie dans sa mobilité (par exemple faire des courses plutôt au marché que dans les grandes surfaces à l’extérieur de la ville). Selon cet auteur, le rapport à la mobilité a une incidence sur la qualité des relations et sur les proximités et les distances spatiales et sociales qui s’instaurent avec l’autre. En milieu non urbanisé, le résident est plus « visible » et le contrôle social est plus fort alors que, dans la ville, il se fond dans plusieurs réseaux. Sa mobilité varie et les liens spatiaux et sociaux se diversifient. Pour Remy, la proximité dans la ville ne garantit pas le rapprochement avec l’autre et n’augmente pas forcément la capacité de communication ou d’échange, car elle est régularisée par un autre principe que celui de la proximité dans un milieu non urbanisé. La conception de Simmel de proximité/distance contribue à sortir l’étranger d’un rattachement unique (culturel ou associatif). Nous souhaitons reprendre cette notion de proximité/distance et la retravailler à partir des transformations que la ville moderne a subies depuis l’époque de Simmel, car sa pensée est marquée historiquement, soit au début XXe siècle. Il convient de proposer ici une lecture actualisée de l’analyse des processus de rapprochement et d’éloignement en employant des outils proposés par la sociolinguistique urbaine rattachant cette analyse liée à l’espace et au social à l’analyse des pratiques langagières. En partant de cette nouvelle grille de lecture, nous tentons de comprendre comment l’appropriation spatiale et langagière participe à la construction de la figure de l’étranger car ces trois sociologues (Simmel, Remy, Germain) ne nous disent pas quel rôle joue le facteur langagier dans ce processus de proximité et de distance. La pertinence de ce paradigme proche/lointain nous semble appropriée au contexte choisi pour cette recherche. Il est toutefois

difficilement applicable sans l’analyse des facteurs langagiers, sachant qu’ils impliquent d’autres enjeux, notamment ceux liés à la politique migratoire, au temps.

L’angle de vue proposé par les sociologues peut toutefois nous aider à comprendre les intérêts des individus à adhérer (ou non), à s’approprier (ou non) certains espaces. Pour impliquer l’aspect langagier dans ce processus d’appropriation, il s’agit de reprendre la définition de communauté linguistique/sociale donnée par Calvet en l’analysant en regard du principe de proximité/distance. Quand il définit la communauté sociale, Calvet (1994 :124) se fonde sur quatre facteurs : le facteur lieu, le facteur temps, le facteur action, le facteur habitus70

quelle que soit sa taille (d’un pays, d’une région, d’une ville ou d’une famille).

Dans son ouvrage Les voix de la ville, Calvet passe en revue les réponses données par plusieurs chercheurs concernant la question de la communauté linguistique. Il part de la définition très vague de Bloomfield qui considère la communauté linguistique comme un groupe de gens qui agissent au moyen du discours pour rappeler la définition de Gumperz (1968) qui envisage la « speech community » comme « tout groupe humain caractérisé par des relations fréquentes au moyen d’un ensemble partagé de signes verbaux et s’opposant à des groupes similaires par des différences significatives dans la pratique linguistique ». Labov élargit cette définition à un groupe qui partage les mêmes normes linguistiques, mais surtout un groupe qui a en commun un ensemble d’attitudes sociales envers la langue. Ces définitions ne satisfont pas Calvet ; celui-ci se réfère encore à Ferguson qui va inclure dans sa définition le locuteur plurilingue : un groupe social, qui partage les traits, l’usage et les attitudes d’une structure linguistique, qui fonctionne comme une unité sociolinguistique pour ce qui concerne la variation et /ou le changement linguistique ; ce groupe peut être monolingue ou plurilingue (cité par Calvet 1994 : 120). Il rompt donc avec le terme de la communauté linguistique formulée par Labov (un groupe de locuteurs qui partagent un ensemble d’attitudes sociales vis-à-vis de la langue),lui reprochant de se centrer trop sur une seule langue. Notons que la notion de communauté sociale nous semble dépassée par les mobilités accrues de la ville. Il s’agit de questionner la définition de « communauté » qui est conçue comme un système qui unit et qui fusionne.

Les communautés, telles qu’elles se constituent aujourd’hui dans une ville, sont de plus en plus caractérisées par des pratiques linguistiques plurilingues et sous-tendent donc plutôt une décentration et une dissociation qu’une unification autour d’une langue homogène. Simmel parle également de cette forte influence de la ville qui fait que des liens sociaux se relâchent et se

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Le concept d’habitus linguistique est décrit par Calvet et emprunté à Bourdieu (ensemble des dispositions socialement acquises qui structurent de façon socialement distincte toutes les pratiques linguistiques).

fragmentent. Ils deviennent impersonnels par la structure de la ville. Même si des personnes partagent le même code avec un groupe, une fois qu’elles sont installées dans la ville, les processus de socialisation ne passent plus par les mêmes processus comme dans cet espace « fusionnel » (Germain 97 : 237) de la communauté du pays d’origine. Et si l’on prend en compte les pratiques linguistiques multipliées par la ville, il est clair qu’elles influencent le fonctionnement des groupes qui sont en « mutation » et pour lesquels le terme « communauté » ne convient plus. Cette mobilité linguistique ou spatiale accrue peut apparaître comme un progrès ou, au contraire, comme un facteur de crise et de déstabilisation pour certains groupes. Décrivant les processus de socialisation ou d’individuation suscités par la ville en termes de proximité/distance, Simmel nous oblige à être attentive au risque de désintégration du groupe d’origine par cette tension entre l’éloignement et le rapprochement. Même s’il ne mentionne pas la fonction de la langue dans ce processus, il est clair que l’on ne peut pas faire abstraction de cet élément qui est au cœur de la socialisation et de la reconstruction de l’identité individuelle dans la mobilité des groupes d’appartenance auxquels l’étranger souhaite adhérer, et qui peut aussi passer par la/les langues.

Étranger en situation conflictuelle : étranger un « être de mobilité »

Simmel parle de l’étranger comme de celui qui reste finalement toujours à l’écart à cause de l’asymétrie de départ. Cet auteur rappelle la position de recul et de distance qui permet à l’étranger d’avoir toujours un regard du « dehors », car il garde un lien constant avec le dehors et les forces motrices que ce dehors lui insuffle. Ces forces motrices du dehors peuvent être contestées et dévalorisées par la société d’accueil donc elles deviennent plutôt des freins. Cette « extériorité » peut en même temps entrer en confrontation et en conflit avec la pensée de l’Etat et la société d’accueil qui fixe les règles s’opposant à l’image imposée, produite par le discours officiel et le cadre légal. La ville, à cause de ces capacités et de ses infrastructures (logement, travail, transports) condense alors en son centre (ou parfois dans ses périphéries) les étrangers ayant un regard excentré.

L’autre intérêt de se référer aux travaux de plusieurs disciplines est la perspective plurielle prise dans l’observation de l’étranger sur la scène sociale. Cette posture d’extériorité est également abordée par Benjamin (1982), qui parle du flâneur pris dans le rôle de spectateur à la fois attiré et distant du spectacle et des événements urbains. Dans ses études sur Baudelaire, Benjamin parle de la figure du flâneur comme un être qui est à la fois hors de chez lui et se sent partout chez lui, il peut voir le monde et être au centre du monde tout en restant caché au monde.

En faisant ce détour par diverses disciplines, nous tentons d’éviter de tomber dans des nouvelles catégorisations risquant de renforcer ainsi certaines représentations et ségrégations déjà existantes à l’égard de l’étranger. Les catégories de Simmel ont subi des transformations au moment où elles ont été reprises par l’École de Chicago insistant sur les fractures sociales, comme, par exemple, avec Park (1928), engendrant une nouvelle catégorie de marginal man. Mais il ne faut pas oublier de mentionner d’autres auteurs comme Halbwachs qui circonscrit l’étranger temporellement en se référent à un avant et à un après. Ses études sont orientées sur la notion de « mémoire collective » qui permet d’aborder à la fois des questions d’espace et de temps dans la vie d’un groupe. Il confirme que l’espace participe à l’identité collective de la ville. Pour cet auteur, la mémoire collective joue un rôle majeur dans la reconstruction du passé qui s’ajuste aux événements anciens, aux croyances et aux besoins collectifs.

Nous élargissons la définition de l’étranger en lui associant cette dimension temporelle du « lieu » comme un des éléments déterminants de sa figure. Quant à l’impact du lieu et de l’espace, Tarrius (2003) critique la focalisation des recherches sur l’École de Chicago et sur un seul lieu, celui de la ville. Il questionne les approches qui voient en l’étranger celui qui vient sur un territoire de « sédentaires » et reste dans une position de passage ou de traversée. Il considère plutôt que les lieux fréquentés par ces acteurs devraient être considérés comme des territoires circulatoires, productions de mémoires collectives et de pratiques d'échanges sans cesse plus amples où valeurs éthiques et économiques spécifiques créent une culture et différencient des populations sédentaires (2003 :3). Les lieux fréquentés, habités et traversés sont saisis par cet auteur comme éléments de vastes ensembles territoriaux, de supports aux réseaux et de références aux diasporas. Tarrius privilégie donc plutôt le couple migration/territoire que le couple immigration/insertion. Le regard de ce chercheur contribue à sortir de la dichotomie constatée dans le contexte et posée par la problématique du départ. Tarrius nous amène sur le chemin des emboîtements entre différentes trajectoires singulières, destins collectifs et formes urbaines. Pour désigner l’étranger, il introduit le terme migrant « être de mobilité » remettant sans cesse en question les certitudes des indigènes. Cet être est au cœur du phénomène de la réactivation identitaire et initie au double regard du dehors et du dedans qui nourrit des urbanités nouvelles. Pour Tarrius tout espace est circulatoire mais tout espace n’est pas territoire. La mobilité spatiale implique beaucoup plus que le déplacement d’un lieu à l’autre ou qu’un mode d’usage de l’espace. La mobilité spatiale, pour cet auteur, signifie surtout des hiérarchies sociales et une reconnaissance du déplacement par rapport à la sédentarité qui est la référence et est considérée comme supérieure à la mobilité et à l’errance. Un autre point sur lequel nous rejoignons Tarrius

est le fait de considérer l’itinéraire et la trajectoire spatiale comme un lieu plein de rapports sociaux et d’expériences d’échange.

Toutefois, nous privilégions le terme de parcours à celui d’itinéraire. Les contours de cette notion seront exposés plus loin. Ce qui nous éloigne de cet auteur est le terme de trajectoire circulatoire qui induit l’idée du cercle. Nous considérons que les mouvements se font beaucoup plus selon un trait ouvert et passant par des allers-retours-détours. Il est de moins en moins question de retour pour l’étranger. Le cercle ne se renferme pas forcément comme c’était le cas avant la globalisation (et là encore le retour relevait plutôt d’un mythe que d’une réalité). Après l’ouverture à la libre circulation, l’étranger évolue dans un va-et-vient passant par d’autres pays et en se projetant de moins au moins dans un retour. Les mouvements sociétaux actuels touchés par la dernière crise jouent aussi un rôle de (non)projection. Avec Tarrius nous nous éloignons également de Thomas, Park, Simmel et Schütz, pour qui l’étranger reste un être en situation de transition. Le paradigme d’emboîtement et de mobilité entre plusieurs « centres » nous convient mieux avec le postulat que différents types d’espaces peuvent émerger sur le parcours du migrant et qu’ils interagissent entre eux. Ils peuvent se situer dans les zones intermédiaires comme le confirment ces auteurs mais, en même temps, l’étranger cherche de la cohérence sur son parcours et transforme ces lieux intermédiaires en « zones de sécurité » (Crozier & Friedberg 1977) qu’il s’agit d’exploiter davantage et de voir autrement que les espaces intermédiaires.

L’action de signifier la ville et d’en faire une narration en recourant à l’imaginaire contribue à la multiplication de ces centres. Selon Lamizet (2002 : 180), ce qui rend significatif la ville et ses lieux sont trois instances : le réel, qui rend effectives les pratiques dans les lieux de la ville, le symbolique, c’est-à-dire les représentations dont les lieux font l’objet, et l’imaginaire, à savoir les rêves et les utopies dont chacun est porteur.

Étranger catégorisé et représenté par l’imaginaire collectif

Pour Schütz (1964), l’étranger aide à comprendre des systèmes sociétaux opposés grâce à une connaissance utilisée à des fins pratiques dans des domaines où l’étranger a l’impression de pouvoir intervenir et s’orienter dans la vie quotidienne. Chez cet auteur, l’étranger est incarné dans la catégorie de « l’immigrant ». Il est placé dans une posture interprétative vis-à-vis de la société d’accueil. Selon Schütz, les moments de « crise » sont interrompus et le « Thinking of usual » (sens commun) entre en action pour affronter ces changements. La lecture de ce « sens commun » peut être difficile car la réalité n’est pas familière. Elle est peu claire et contradictoire. L’étranger arrive tardivement et, pour le groupe local, ce savoir est déjà partagé et souvent

implicite. Pour le novice, il représente « une nouvelle naissance » et son « sens commun » ne coïncide pas, car il ne partage pas la même histoire, les mêmes schèmes. Il interprète à partir de son propre « thinking as usual ». Avant d’apprendre le code linguistique qui comporte également « des implicites », l’étranger peut prendre certains faits ou attitudes « au pied de la lettre » avec le risque de s’enfermer dans son propre cadre de références, car il n’est pas toujours aisé de tout questionner, ni de tout cerner, alors qu’il se trouve souvent dans une insécurité et dans une situation de crise. C’est pourquoi l’étranger est associé dans les discours politiques aux facteurs de résistances, de tensions ou, en revanche, d’un développement rapide de l’assimilation à l’identité