• Aucun résultat trouvé

1. FEDERICO GARCÍA LORCA

1.3. La femme des années 1930 à aujourd’hui

1.3.1. La femme dans la littérature

Federico García Lorca s’intéressait au rôle de la femme et à son statut dans la société. Les femmes ont eu un rôle prépondérant aussi bien dans ses œuvres que dans sa vie privée. Il en a fait le thème récurrent de ses productions, à l’instar d’autres dramaturges actuels qui cherchent à leur redonner l’importance dont elles ont été privées pendant plusieurs siècles. En effet, dans nos sociétés, la femme a toujours été perçue en tant qu’être inférieur, soumis à la volonté du pouvoir masculin, avec pour seule mission la fonction reproductive.

Depuis toujours, l’image de la femme véhiculée par la société est reflétée par sa représentation en littérature. Au fil des siècles, de nombreux auteurs se sont intéressés au rôle de la femme et à son image dans la production littéraire, apportant diverses nuances et tonalités à leur caractère et rôle dans la société. Cependant, une œuvre a eu un impact déterminant dans l’imaginaire espagnol depuis la Renaissance jusqu’à aujourd’hui, à savoir La perfecta casada de Fray Luis de León, datant de 1583. Il s’agit d’une œuvre qui présente la division du travail dans laquelle la place inférieure que la femme doit occuper est mystifiée dans le but de cacher les véritables relations de domination entre hommes et

39 Laffranque, M. (1967). Les idées esthétiques de Federico García Lorca. Paris : Centre de recherches

56

femmes. Le modèle féminin proposé et qui servira de modèle pour l’ensemble de la société est celui de la femme catholique déterminée par la nature et la loi divine.

La mujer, además de ser excluida de cualquier foro público, apartada de los ámbitos de decisión política, de la administración de bienes, de los foros donde se crea y recibe cultura, es también desposeída del derecho al uso de la razón, motor de la modernidad. Como contrapartida, se convierte en el eje vertebrador del núcleo familiar, transmisora de valores morales, administradora de la economía familiar, máximo exponente en la producción de servicios y en menor medida en la producción de bienes, educadora de los hijos, pero siempre bajo la tutela del esposo o del varón de la casa al cual debe entregarse y apoyar. Esta situación de sometimiento que reflejara Fray Luis de León, ha sido el modelo ideológico inamovible y mayoritario en España hasta el último tercio del siglo XX, equivalente al estereotipo anglosajón del "ángel del hogar" de los años 50 que se basaba en el culto a la maternidad como máximo horizonte de realización personal para la mujer y en el ideario de la domesticidad40.

Même si ce modèle va dominer la vision de la femme, aussi bien en littérature que dans la société, jusqu’à un passé extrêmement récent, des notes dissidentes ont été perçues aussi bien en littérature que dans les différents collectifs. Selon Brenda Frazier, nous pouvons distinguer trois grandes catégories qui se sont alternées ou combinées selon la période, le tempérament ou la vie privée de chaque écrivain. Les écrivains de la tendance que l’on pourrait nommer « féministe » admirent et louent les attributs physiques et spirituels de la femme, dans un premier temps, puis intellectuels, et enfin, lui concèdent le droit de choisir son propre destin. Selon eux, elle mérite le respect, c’est pourquoi ils veulent l’aider pour qu’elles puissent affirmer sa propre personnalité. L’autre catégorie, les « anti féministes », nient le fait que les femmes puissent avoir de quelconques qualités. Elles ne se caractérisent que par leur manque de sens moral, de conscience ou de spiritualité. La femme n’est qu’un objet de plaisir physique pour l’homme et les abus sur sa personne se justifient par le fait que c’est un être par essence mauvais. Au fil des années, une troisième tendance apparaît, celle-ci se situe au croisement des deux tendances précédentes. Ces écrivains essaient de dresser le portrait de femmes vraisemblables, qui correspondent à la réalité, soulignant les aspects positifs et négatifs de chaque sexe. Par conséquent, il s’agit d’un secteur qui nie la supériorité ou l’infériorité d’un sexe sur l’autre, soulignant la complémentarité des sexes (Frazier 1973)41. Ainsi, les écrivains ont peu à peu intégré cette dernière

catégorie, ce qui a provoqué l’opposition à la domination masculine, opposition d’abord discrète, mais qui va s’accentuer au long du XXe siècle. En effet, elle est devenue plus intense et visible au cours du

siècle dernier, c’est la raison pour laquelle le XXe siècle est pour beaucoup considéré comme le « siècle

des femmes », culminant en 1975 avec l’« Année Internationale de la Femme » promulguée par l’ONU. C’est lors de cette période qu’elle a conquis peu à peu le territoire public, domaine jusque-là exclusivement réservé aux hommes.

40 Fernández Fraile, M.L. (2008). Historia de las mujeres en España : historia de una conquista. La Aljaba, 12, 12. 41 Pour plus d’informations sur ce sujet, il est possible de consulter le travail de Brenda Frazier, qui, dans son

ouvrage de 1973 La mujer en el teatro de Lorca. Madrid : Playor, dresse un portrait détaillé de la place de la femme dans la littérature à travers diverses écoles.

57

Pour pouvoir appréhender le monde dans lequel Federico García Lorca évoluait, ainsi que le rôle de la femme, personnage principal dans la plupart de ses œuvres, et voir dans quelle mesure ses héroïnes reflétaient la société où elles vivaient, nous allons dresser ici un rapide résumé des principales étapes de l’évolution de leur condition depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Ce panorama nous

permettra également de situer temporellement quelques-unes des héroïnes de Laila Ripoll, personnages qui vont de la guerre civile jusqu’à aujourd’hui, et en même temps de percevoir le monde dans lequel évolue la dramaturge elle-même.