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La didactique aujourd’hui

B- Analyse détaillée du manuel

1- Expression Orale

Lors de cette activité, l’apprenant est appelé à s’exprimer oralement à partir d’affiches à travers des questions contraignantes. Ce qui permettrait d’entamer sous de bons auspices le projet en question et "délier" un tant soi peu les langues.

L’objectif visé par ces activités de l’oral est de doter l’apprenant de compétences lui permettant de maîtriser les activités de réception et production : comprendre, reformuler, résumer, prolonger et développer un texte entendu.

2- Lecture

Le texte proposé répond à un besoin exclusivement discursif, c’est-à-dire qu’il permettra à l’apprenant à la fin des activités de ladite séquence, de l’inscrire dans le type de discours visé.

Ainsi, les quatre séquences du projet 1, intitulé "le récit" proposent des textes assez courts choisis selon des objectifs assez précis.

Séquence I :

Texte 1 : "La bourse ", d’après M. Feraoun * Objectifs pédagogiques :

- Identifier le héros dans le récit. - Identifier la structure du récit. * Processus d’exploitation :

- Présentation du texte : texte, matériellement bien présenté ; mise en relief des éléments qui aideraient l’élève à découvrir la structure du texte ; explication des mots difficiles.

- Comprendre le texte : trois étapes sont proposées :" observer, lire et relire " le texte pour arriver à l’objectif 1.

Cette étape est couronnée d’une autre qu’on pourrait appeler phase d’extension ", dans laquelle on interpelle l’élève à s’exprimer en racontant un événement vécu (le respect de la structure du récit est très important).

Enfin, l’ultime étape de cette activité est sous forme d’un tableau à compléter. Il s’agit pour l’enfant de relire le texte pour déterminer avec précision la structure du récit :

* situation initiale ; * les événements ;

* situation finale, (pp.18-19).

La durée de cette activité ne doit pas dépasser 45 minutes !

L’activité de lecture telle que proposée par le manuel doit permettre à l’élève de lire et comprendre le texte, en étant lui-même en mesure de retrouver la cohérence du texte, c’est-à-dire à saisir les relations qui structurent un texte.

Il sera en outre capable de pratiquer les différentes modalités de lecture en fonction d’un objectif :

ü lecture linéaire, pour étudier un texte,

ü lecture repérage, pour une recherche documentaire, ü lecture écrémage, pour sélectionner des informations, ü lecture balayage, pour ramasser l’essentiel.

En effet, l’enfant pouvant pratiquer ces différentes lectures, est l’enfant idéal que les concepteurs des programmes du FLE en Algérie ont dans leur collimateur, ou essaient de trouver. Il est toutefois difficile dans notre contexte (algérien s’entend) de le retrouver ni même d’imaginer son existence.

La réalité spatio-temporelle dans laquelle le projet pédagogique est censé être appliquée ne favorise nullement l’apparition et l’émergence d’un tel lecteur.

Comment peut-on demander à un enfant de "s’épanouir" (intellectuellement parlant) dans un milieu « confus » : plus de 40 enfants entassés dans un espace réduit (!), et un volume horaire hebdomadaire insignifiant de 04 heures ? Comment l’enseignant peut-il aider les élèves, tous les élèves (c’est l’objectif visé par l’école) à :

ü lire couramment,

ü lire d’une manière expressive, ü émettre des hypothèses de lecture,

ü identifier à partir d’une lecture silencieuse les personnages d’un récit, les enjeux d’un récit, les actions, les résultats, les objets, les lieux, etc.,

ü reprendre l’essentiel d’un texte lu,

ü donner un avis personnel sur le texte, dans une tranche de temps bien précise et assez réduite,

s’ils ne sont pas préparés dès le départ (au cycle primaire même) à s’exprimer, lire et écrire de manière efficace ?

Les acteurs du processus pédagogique ont-ils les moyens matériels leur permettant l’accomplissement de l’action pédagogique dans de bonnes conditions ?

A ces questions, et à d’autres qui pourraient surgir nous ne pourrons répondre maintenant, tant leur acuité est pertinente, et tant la réalité est évidente.

Il faudrait pour cela, mettre à la disposition de ces acteurs les moyens nécessaires pour aborder ces nouveaux programmes avec lucidité, réalisme, sérénité, savoir-faire et sans appréhension.

En l’état actuel, nous ne pouvons pas dire que les conditions sont réunies pour faire émerger le bon lecteur. Plus tard ? Peut-être. Attendons et… espérons.

3- Vocabulaire

Objectif pédagogique :

- L’ordre alphabétique, chercher un mot dans un dictionnaire.

Processus d’exploitation :

- Ecriture des lettres de l’alphabet sur les cahiers : l’enseignant aidera les défaillants et sera exigent quant à la bonne graphie ;

- Extension, (p.20).

De par sa simplicité, cette activité peut créer un engouement formidable chez les apprenants. Il faudrait néanmoins s’assurer que tous les élèves disposent chacun d’un dictionnaire, chose qui malheureusement n’est pas évidente. Et s’assurer aussi (et surtout) qu’il existe une relation pédagogique entre ce qu’a été déjà réalisé et ce qu’on est en train d’entreprendre. Sinon cela engendrerait une cassure au sein des activités et influerait sur leur cohérence et par conséquent sur la réalisation du projet en tant que "unité cohérente".

4- Grammaire

Objectif pédagogique : - Du texte à la phrase.

Processus d’exploitation :

- Observation : on propose à l’élève deux "textes" (une ligne et demie

chacun) : l’un est intelligible, car cohérent, et l’autre incompréhensible, car incohérent.

- Déduction : permettre à l’apprenant de comprendre la structure d’un texte, d’un paragraphe et d’une phrase. Cette étape est présentée sous forme de tableau à retenir avec des exemples sur les différents types de phrases. - Exercices : intitulés "entraîne-toi", l’élève est appelé à remettre des phrases dans l’ordre pour reconstituer un texte, repérer les phrases incohérentes, les phrases verbales, etc. (pp.21-22).

5- Conjugaison

Objectif pédagogique : - Notion de temps.

Processus d’exploitation :

- Observation : présentation de trois phrases avec trois indicateurs de temps : autrefois, aujourd’hui, en l’an 2010.

- Déduction : mise en évidence de la notion de temps sur l’axe des temps (passé, présent et futur).

- Exercices : alternance d’exercices oraux et écrits : verbes conjugués à classer selon qu’il expriment le passé, le présent ou le futur, indicateurs temporels à trouver, etc. (p.23).

6- Orthographe

Objectif pédagogique :

- Ecriture des nombres en lettres.

Processus d’exploitation :

- Observation : lecture de quelques nombres et écriture des mots "un" et "deux" en chiffres.

- Déduction : à retenir quelques règles sur la bonne orthographe des chiffres, tels que 20 et 100.

- Exercices : écriture des nombres en lettres et en chiffres, (pp.24-25). Le constat que nous pouvons établir à la fin de l’analyse de ces activités de langue, est qu’il n’existe a priori aucun lien entre l’objectif principal de la séquence (identifier le héros

dans un récit, identifier la structure du récit) et les objectifs de ces activités.

L’idéal serait de favoriser l’appropriation de la langue dans le cadre de la séquence, c’est-à-dire amener l’élève à produire son écrit à partir des acquis précédents.

Or, telles qu’abordées, ces activités ne peuvent en aucun cas aider l’apprenant à la production véritable dans le cadre du projet didactique.

Aussi est-il nécessaire de s’appuyer sur le(s) texte(s) support(s) et y puiser les activités nécessaires qui permettent l’appropriation de la langue dans son cadre globalisant. Cette appropriation se vérifiera le moment opportun, c’est-à-dire dans l’écrit de l’élève. L’enseignant est donc appelé à choisir le Texte qui réponde au double objectif : le projet didactique et la réalité de la classe, en prenant en considération la qualité du texte. Il faudrait qu’il soit le véritable déclencheur des apprentissages : un texte ludique (l’âge des élèves l’exige) qui tolère les, si l’on veut, les écarts pour mieux s’approprier la langue.