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Chapitre 2 : Démarche de recherche

1. Choix d’un cadre conceptuel

1.1. Exploration de la bibliographie relative aux outils comparables aux ME

comparables aux ME

Comme évoqué dans l’introduction, il existe des outils partageant les mêmes caractéristiques que les ME :

- Ils sont basés sur des connaissances scientifiques, - Ils sont conçus par des scientifiques,

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- Leurs utilisateurs ont des niveaux de connaissances et des profils différents des concepteurs

- Leur contexte d’application est complexe.

Il s’agit d’outil d’aide à la décision (OAD) dans le domaine de l’environnement (et en particulier, les indicateurs de biodiversité), de l’aménagement sur le thème de la planification territoriale, et enfin, de l’agronomie. L’objectif était de trouver des articles traitant des questions relatives à la mise en pratique de ces outils, et à la prise en compte des aspects pratiques ou des utilisateurs dans la conception. Les mots-clés identifiés en relation avec ces centres d’intérêt étaient :

- Utilisateur, - Utile, - Pratique.

Nous n’avons pas réalisé de revue bibliographique exhaustive : les requêtes renvoyaient à un nombre de résultats trop vaste pour mener une exploration efficace, même en restreignant la recherche de mots-clés aux titres des articles ou à une seule publication (Cf. tableau 6). Tableau 6 : exemple de requêtes sur Web of Science, en date du 10/10/2019, mots-clés utilisés : « user » (utilisateur), « useful» (utile), « use » (utilisation ou usage), « practical » (pratique).

Cible de la recherche Requête Nombre de résultats Sujet et domaine de recherche

TS=(use* OR practic*) AND SU=(Biodiversity & Conservation OR Environmental Sciences & Ecology)

Indexes=SCI-EXPANDED, SSCI, A&HCI, CPCI-S, CPCI-SSH, BKCI-S, BKCI-SSH, ESCI, CCR-EXPANDED, IC Timespan=All years

622 075

Titre et domaine de recherche

TI=(use* OR practic*) AND SU=(Biodiversity & Conservation OR Environmental Sciences & Ecology)

Indexes=SCI-EXPANDED, SSCI, A&HCI, CPCI-S, CPCI-SSH, BKCI-S, BKCI-SSH, ESCI, CCR-EXPANDED, IC Timespan=All years 63 707 Journal of environmental management et sujet

SO=(JOURNAL OF ENVIRONMENTAL MANAGEMENT OR JOURNAL OF ENVIRONMENTAL MANAGEMENT) AND TS=(use* OR practic*)

Indexes=SCI-EXPANDED, SSCI, A&HCI, CPCI-S, CPCI-SSH, BKCI-S, BKCI-SSH, ESCI, CCR-EXPANDED, IC Timespan=All years

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Le très grand nombre d’articles obtenus indiquait que le choix des mots-clés n’était pas judicieux car ils étaient flous et pas assez discriminants. Par exemple, le mot « utilisation » (des indicateurs) renvoie en réalité à leur utilisation par les décideurs, c’est-à-dire la prise en compte de la valeur de l’indicateur dans la décision. Cela ne fait pas référence au processus de calcul de l’indicateur (collecte de données, calculs et expression de résultat en une valeur finale) qui peut être mené par des experts, ou des acteurs de terrain, comme l’évoque l’utilisation des ME. A ce stade de nos recherches, nos questions n’étaient pas encore assez définies pour pouvoir trouver des articles potentiellement intéressants. La réflexion sur un

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cadre théorique plus précis nous a aidé à mieux penser nos interrogations pour préciser et cerner le champ de nos recherches et ainsi, trouver la bibliographique appropriée.

Cependant, quelques publications relatives à ces divers types d’OAD ont apporté un éclairage intéressant. Rametsteiner et al. ont relevé en 2011 que si les publications sur le développement des indicateurs sont nombreuses, elles traitent en grande majorité des aspects techniques des indicateurs. En effet, d’après Levrel (2008), les concepteurs ne prennent pas en compte lors du développement, l’utilisation qui va être faite des indicateurs (la prise de décision) ni les besoins des utilisateurs.

Également, il existe de nombreux critères de qualité des indicateurs, mais la question de la méthodologie d’évaluation des indicateurs est très peu abordée, l’application de ces critères ou l’évaluation des indicateurs étant finalement mis en œuvre de façon intuitive par les concepteurs (Hak et al., 2012). En outre, parmi les critères d’évaluation des indicateurs, il existe les critères du Comité du Programme Statistique de l’Union Européenne : ces critères ont avant tout une origine statistique et ciblent très peu l’utilisation, quelle qu’elle soit (Levrel, 2008).

Si ces différents constats datent un peu, ils n’encouragent guère cependant à explorer dans cette direction. Les publications de Bouleau et al. (2009), Bouleau et Deuffic (2016), Rabaud (2016) sont sortis des approches purement techniques des indicateurs pour produire des analyses dans le champ des sciences sociales, sans toutefois coïncider avec nos préoccupations liées à l’opérationnalité des ME.

Des publications plus récentes, relatives aux outils d’aide à la décision agronomiques ainsi qu’aux outils de planification spatiale et urbaine abordent le sujet de leur utilisation sur le

terrain. Prost et al. (2011), Rose et al. (2016) ont fait état de la faible utilisation des OAD

agronomiques en dehors du champ de la recherche et ce, en partie en raison d’une facilité d’utilisation insuffisante. Prost et al. ont mis en évidence que non seulement les méthodes de conception sont un sujet peu traité dans les articles relatifs aux OAD agronomiques, mais que les chercheurs ne tiennent en général pas compte de l’utilisation ou des usages de leur outil pour l’action.

Pour ce qui est des outils de planification, Uran et Janssen (2003) se sont interrogés sur leurs raisons de non utilisation (Cf. tableau 1 dans l’introduction), et Pelzer et al. (2014) sur l’intérêt des utilisateurs pour ces outils. Te Brömmelstroet (2017) a proposé des critères de performance pour les outils de planification, tandis que Pelzer (2017) proposait un cadre d’analyse de la valeur ajoutée de ces outils pour les utilisateurs, en reprenant des concepts et des méthodes issus de l’ergonomie sans pour autant citer cette discipline en tant que telle. Cerf et al. (2012) ont relaté la méthode de conception qu’ils ont mise en œuvre : elle fait participer les utilisateurs à la conception, et porte une attention particulière aux situations d’utilisation dans une approche typiquement ergonomique.

Cette première exploration bibliographique nous enseigne que la question de l’utilisation (ou la non-utilisation) des outils conçus par les chercheurs est un sujet traité récemment dans des domaines voisins du nôtre que sont la planification spatiale et urbaine, ou plus éloigné comme l’agronomie. Cela nous conforte dans la pertinence des questions posées par notre

recherche mais n’apporte que peu d’éléments pour ce qui est d’identifier notre cadre

théorique et de construire notre démarche méthodologique. Un champ scientifique plus précis est cependant identifié, l’ergonomie.

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