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DisSE des paysages intermédiaires

8.2. Evaluation de l’effet des sessions de JdR sur les apprentissages

Comme nous l’avons précisé dans la section 5.4.3, nous avons établi quatre hypothèses sur les effets possibles des sessions de JdR sur les apprentissages. Nous présentons ci-dessous ce que l’analyse des sessions de JdR et des entretiens téléphoniques post-sessions de JdR nous permettent de conclure quant à ces apprentissages.

8.2.1. Améliorer la prise de consciences des interdépendances socio-écologiques Notre première hypothèse était que les sessions de JdR pourraient encourager la prise de conscience des interdépendances socio-écologiques, sur la base d’autres expériences ComMod mettant en évidence ce type d’apprentissage (Mathevet et al. 2007; Barnaud et al. 2007; Daré et al. 2010).

Le premier type d’interdépendance qui a été mis en avant concerne les interdépendances entre les éleveurs en tant que coproducteurs de SE à l'échelle du paysage. Lors des sessions de JdR, certains acteurs, notamment les agents du PN, insistent sur le fait que ces interdépendances sont rarement prises en compte à l’échelle du paysage :

« Personne se pose pour discuter avec tous les gens qui exploitent la val lée pour se dire, qu’est-ce qu’on fait de la vallée ? En termes de biodiversité, de fourrage, de paysage, d’infrastructure… » [Agent PN 4, pendant le débriefing]

Les discussions au cours des séances de jeu montrent que les joueurs étaient conscients de ces interdépendances :

156 « Je veux bien réouvrir ces parcours fermés, mais le busard il ira se réfugier où pour nicher ?

- Il ira chez la voisine ! » [Agents du PN, joués par les éleveurs 5 et 7]

Toutefois, pendant le jeu, les éleveurs (joués par des agents du PN) ont joué individuellement sans élaborer de stratégie collective. C'était un point crucial parce que dans la réalité, le manque de perspective collective est souvent signalé comme un problème par les agents du PN. Le jeu permet donc de leur faire prendre conscience des contraintes qui empêchent les éleveurs de s’engager dans l’action collective.

Le deuxième type d'interdépendance concerne les interdépendances des agents du PN, qui suivent des objectifs contradictoires. Par exemple, dans le jeu, lors du temps de concertation entre les agents du PN au sujet des permis à octroyer aux éleveurs, les agents du PN échangent :

« Moi pour l’ouverture du paysage, je voudr ais ouvrir un maximum de cases [L'agent du PN Tourisme, joué par l’éleveur 5]

- Je sais pas ce que je vais faire de mes oiseaux après . » [L’agent du PN Conservation, joué par l’éleveur 7]

À un autre moment du jeu, cette difficulté à suivre un objectif commun est relevée par l’un des joueurs :

« Ah mais je croyais que c'était une équipe qui parle tous ensemble ! » [Une agricultrice, jouée par l’agent PN 4]

Ici, l’agent du PN a recours à l’ironie pour évoquer les difficultés que les agents du PN rencontrent dans leur travail quotidien pour atteindre des objectifs multiples et parfois contradictoires.

Le troisième type d’interdépendance qui a été mis en évidence dans les sessions du JdR concerne les interdépendances entre les agents du PN et les éleveurs. En effet, lors des séances de jeu, les joueurs réalisent à quel point les agents du PN dépendent des éleveurs, principalement parce qu’ils ne peuvent pas avoir d’impact direct sur l’écosystème. Au cours d’une session de jeu, un éleveur (joué par un agent du PN) décide d’ouvrir un pâturage fermé. L’agent du PN en charge de la Conservation s’inquiète de voir l’habitat du busard St Martin se réduire :

« Qu’est-ce qui nous fait l’éleveur bleu ! Réouvrir ? Mais on lui a pas donné d’autorisation ! » [L’agent du PN Conservation, joué par l’éleveur 7]

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L'animatrice indique que le permis n'est pas nécessaire pour cette opération de réouverture. A ce moment-là, le joueur réalise qu’il est tributaire des éleveurs pour atteindre son objectif de maintenir un habitat favorable au busard St Martin et que ne pouvant pas utiliser le levier réglementaire, il devra avoir recours à la négociation. Mais les sessions de JdR mettent aussi en évidence la dépendance des éleveurs vis-à-vis des agents du PN. Dans le JdR SECOLOZ, l'exemple le plus évident est celui des MAE qui symbolisent la dépendance financière des éleveurs envers le PN.

« Je m’en serais pas sorti sans les MAE… merci ! » [Une agricultrice, jouée par l’agent PN 3]

Ici, la joueuse utilise un double discours : en tant qu'agent du PN, elle insiste sur le rôle positif du PNC sur la viabilité économique des exploitations.

Enfin, les séances de JdR SECOLOZ ont mis en évidence les interdépendances entre les principales parties prenantes (les agents du PN, les éleveurs et les élus) et le reste de la société. La qualité de l’eau est un bon exemple, car c'est un SE qui a rapidement attiré l’attention de tous les joueurs, bien que seul le maire ait pour objectif de le protéger. Dans les deux sessions que nous avons animées, la qualité de l’eau a atteint un niveau d’alerte. Rapidement, nous avons constaté que les joueurs s’en préoccupaient et le prenaient en compte dans leur décision :

« D'accord, je ne fais pas de travaux sur cette parcelle, je la laisse évoluer en prairie naturelle. Je perds du foin, mais c'est stratégi que, l’eau, c'est un bien commun. » [Un éleveur, joué par l’agent PN 5]

Cette mobilisation collective a permis, dans les deux sessions, de ramener l’eau à un bon niveau de qualité. Cependant, si la qualité de l'eau est considérée comme un bien commun et attire l'attention de tous les acteurs, il n'en a pas été de même pour tous les SE. La dégradation de la biodiversité, par exemple, n’a pas alerté les acteurs autres que l’agent du PN en charge de sa conservation.

En conclusion, on peut dire que les séances du JdR SECOLOZ ont permis d’évoquer des interdépendances dont les participants étaient déjà conscients (comme entre les agents du PN et les éleveurs), mais également des interdépendances moins visibles et moins souvent évoquées (comme les interdépendances entre les principales parties prenantes et le reste de la société). Les séances du JdR ont permis de mieux faire connaître les mécanismes sous-jacents à ces interdépendances et ont facilité les discussions sur leurs conséquences.

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8.2.2. Encourager la compréhension mutuelle

Notre deuxième hypothèse était que le JdR favoriserait la compréhension mutuelle, en particulier entre les agents du PNC et les éleveurs. En effet, lors de la phase des entretiens, ces acteurs ont exprimé certaines tensions, mais surtout un besoin de discussion collective, ainsi qu’une difficulté à comprendre respectivement leur stratégie à long terme. Or, des expériences similaires ayant mis en avant la capacité des jeux de rôles à améliorer l’empathie (Vidal, Simonneaux, et Legardez 2011), à prendre conscience des besoins et des difficultés des autres (Bousquet et al. 2002), et à souligner la nécessité d'une meilleure communication entre les parties prenantes (Ruankaew et al. 2008). Nous avons donc proposé aux joueurs d'inverser leurs rôles : un éleveur joue le rôle d'un agent du PN, et vice versa.

Notre analyse a révélé trois types de processus qui contribuent à la compréhension mutuelle : l’expression du besoin d’être compris, l’expérience des contraintes et des limites des autres et l’expression de ses propres difficultés.

Premièrement, tous les joueurs ont exprimé le besoin d’être compris. Ils ont estimé que l’un des aspects les plus utiles du JdR était de permettre aux autres acteurs de mieux les comprendre, de cerner leurs propres contraintes, leurs objectifs et leurs stratégies. L'échange de rôles était essentiel pour eux, et c'est un des points qui étaient le plus spontanément évoqués lors des entretiens téléphoniques post-sessions de jeu :

« C'était pas mal, surtout le fait d’inverser les rôles, surtout que le parc fasse l’agriculteur, ça change la vision des choses . » [Éleveur 7, entretien téléphonique]

Les séances du JdR ont permis aux joueurs de faire l'expérience des contraintes et des limites des autres parties prenantes. Pendant la partie, tous les joueurs ont eu des difficultés à atteindre leurs objectifs, ils se sont trouvés dans des situations délicates, pendant lesquelles ils ont montré leurs émotions (gêne, stress, honte). Dans l’ambiance conviviale et détendue des séances de JdR, les autres joueurs n’ont pas manqué de mettre en avant ces difficultés, voire s’en sont moqués ouvertement. Par exemple, un éleveur (joué par un agent PN) avait du mal à nourrir son troupeau, et s’est vu contraint de vendre une paire de vaches, ce qui a provoqué rires et moqueries chez les autres joueurs :

« T’es dans le rouge, tu dois vendre des vaches... Il a trop investi ! » [Un agent du PN, joué par l’élu 1]

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Les difficultés rencontrées par les agents du PN (joués par les éleveurs) ont également fait l’objet de plaisanteries :

« Je sais pas s’ils vont le garder longtemps au Parc le chargé de mission biodiversité, il manque quand même deux tariers ! » [Une agricultrice, jouée par l’agent du PN 4]

Parfois, les joueurs abandonnent le ton humoristique, et échangent sur le réalisme et les difficultés de ces contraintes :

« Je comprends pas, comment on va faire pour décider de donner une MAE à telle ou telle personne ? [Un agent du PN, joué par l’éleveur 3]

- Comment tu crois que ça se pass e en réalité ? » [L’agent du PN 1]

Ce sont des moments décisifs où s’opèrent un basculement dans l’attitude des joueurs et dans les dynamiques de la partie. Les participants comprennent à ce moment-là que l’absence de stratégie à long terme qu’ils se reprochaient mutuellement, est également due à des contraintes sur lesquelles ils n’avaient que peu ou pas de contrôle. Le fait d’éprouver des difficultés devant les autres joueurs permet à chacun de reconnaître sa vulnérabilité, et ouvre la possibilité de partager ses doutes.

En fin de partie, pendant les débriefings ou lors des entretiens téléphoniques post-sessions de JdR, on a vu apparaître un nouveau type d’échange, fondé sur la reconnaissance de ses propres doutes ou de ses propres faiblesses. Les sessions de JdR sont apparues comme une arène sécurisée, permet d’exprimer certaines difficultés, soit en utilisant le masque du « rôle » du JdR avec un double niveau de discours, soit plus directement lors du débriefing :

« Ah, je savais pas que vous faisiez des erreurs comme ça au Parc. Non mais c'est bien si vous reconnaissez vos erreurs. » [Une agricultrice, jouée par un l’agent PN 4]

La joueuse utilise ici un double niveau de discours, pour exprimer le fait que les agents du PN, ont pu faire des erreurs ayant porté préjudice aux autres parties prenantes. Pendant le débriefing, certains points fondamentaux, comme les contradictions des différentes politiques publiques ou des actions de conservation, ont pu être abordées :

« Le paysage agro-pastoral de l’UNESCO est lié à l’activité humaine… mais il semble impossible de l’atteindre s’il y a de l’activité humaine. C'est un paradoxe. » [Agent PN 1, débriefing]

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Lors des entretiens téléphoniques, certains éleveurs ont exprimé des doutes sur la viabilité économique et humaine de leur modèle de production laitière, alors que la remise en question du modèle agricole est un point difficile à aborder en temps normal.

En résumé, au cours des séances de JdR, nous avons constaté non seulement des attitudes fréquentes que nous avions déjà pu observer dans les entretiens individuels, comme celle d’exprimer le besoin d’être compris, mais également des attitudes moins fréquentes, telles que l’expression d’un doute. Cela est rendu possible car les sessions de JdR créent une distance avec les tensions de tous les jours et offrent un lieu sécurisé pour parler des difficultés. Les difficultés rencontrées par les joueurs pour atteindre leurs objectifs ont été un tournant décisif : apparaître publiquement dans un moment de faiblesse et exprimer une difficulté devant un collectif permet d’engager un autre type d’échange, fondé sur la reconnaissance de sa propre vulnérabilité et de ses doutes. Les sessions de JdR apparaissent alors comme une occasion unique d’engager une discussion collective sur un avenir commun.

8.2.3. Ouvrir le débat sur les incertitudes

Notre troisième hypothèse était que le JdR pourrait ouvrir le débat sur la gestion des incertitudes, en particulier des incertitudes liées aux effets de seuil cumulatifs et à l’irréversibilité. L'incertitude est considérée comme un problème clé dans la gestion des interactions entre les SE, car les parties prenantes considèrent qu'elles ont besoin d'un certain niveau d'information pour faire des choix. Pour provoquer ces discussions, nous avons reproduit des incertitudes dans le JdR SECOLOZ : les joueurs ne disposent pas de toutes les informations pour anticiper les effets de leurs actions. L’analyse des sessions de jeu permet de distinguer trois types d’incertitudes : le manque d’accès à l’information, les lacunes de connaissances dues à la complexité des socio-écosystèmes et les ambiguïtés dues à la présence de multiples grilles d’interprétation.

Le premier type d’incertitude, le manque d’accès à l’information, fait référence aux situations dans lesquelles les connaissances existent mais où les acteurs ne peuvent pas y accéder, faute de communication ou d’organisation :

« Tu serais arrivé en me disant, moi garde du Parc chargé de biodiversité, j’ai besoin d’avoir à la fin de l’année 5 oiseaux... on aurait pu en d iscuter. Là on pose les demandes, on nous dit oui ou non mais on sait pas, toi quelle est ta mission. » [Une agricultrice, jouée par l’agent PN 4]

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Dans cet exemple, les joueurs n'avaient pas le même niveau d'informations sur les objectifs en termes de biodiversité. Durant le débriefing et les entretiens téléphoniques post-session de jeu, les agents du PN ont interrogé le réalisme de ce manque d’accès à l’information :

« Nous en tant que Parc, faudrait qu’on communique mieux sur nos objectifs ! – Est-ce qu’on est capable de les définir, nous en tant que Parc ?

– C'est pas toujours évident ! » [Agents du PN 1, 4 et 5, pendant le débriefing] « Au parc on a un défaut : contrairement à ce qu’il y a dans le jeu, on n’est pas capables de suivre au jour le jour l’évolution des chaos rocheux, des landes fermées, des prairies fleuries. Ça nous manque pour argumenter. C’est un objectif qu’il faudrait qu’on atteigne, pour avoir des critères d’évaluation plus rigoureux de l’évolution des milieux. Ça dans le jeu c'était très intéressant. » [Agent PN 2, entretien téléphonique]

L'incertitude est due ici à un faible niveau de communication qui empêche une gestion concertée des interactions entre les SE.

Le deuxième type d’incertitude est le déficit de connaissances. Il renvoie à un manque de connaissance scientifique ou empirique pouvant être lié à l'imprévisibilité, défini comme un comportement non linéaire voire chaotique d'un écosystème (Brugnach et al. 2008). Dans la partie, un éleveur a retourné une prairie près de la source, ce qui a dégradé la qualité de l’eau. Les joueurs reviennent sur cet incident :

« Tu as fait une bêtise. [Agent du PN, joué par l’éleveur 6]

- C'est pas une histoire de bêtise, c'est un besoin ! J’ai fait une demande, on m’a autorisé. J’avais pas les éléments pour savoir que c'était une bêtise. » [Un éleveur, joué par l’agent PN 5]

Contrairement à l'exemple précédent, ici aucun joueur n’avait les informations pour anticiper le lien entre les pratiques agricoles et la qualité de l’eau. L’observation des impacts de leurs actions dans le JdR leur ont permis de comprendre collectivement la dynamique de la qualité de l’eau et de réduire ainsi les incertitudes pendant la séance de JdR.

Enfin, l'ambiguïté renvoie « à la présence simultanée de plusieurs référentiels pour comprendre un certain phénomène » (Pahl-Wostl 2006), ce qui conduit à « trop d'interprétations possibles d'une situation » (Brugnach et al. 2008). Nous avons observé que les parties prenantes

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utilisaient le JdR pour ouvrir le débat sur les ambiguïtés, en utilisant un double niveau de discours. Ainsi, un joueur pose à l’animatrice ce qui semble être une question de clarification :

« Mais pourquoi il faut labourer pour faire une prairie permanente ? » [Un agent PN, joué par l’éleveur 1]

Après l'explication de l’animatrice, il s’adresse à l’éleveur, joué par un agent du PN :

« Vous voyez, il faut retourner pour faire une prairie permanente ! Elle l’a dit hein, il faut retourner ! » [Un agent PN, joué par l’éleveur 1]

En effet, dans le JdR, transformer un parcours en prairie (pour le foin) implique de retourner et de créer une prairie temporaire, qui pourrait évoluer en prairie permanente au tour suivant. Cet échange fait référence à un débat fondamental entre acteurs locaux : après combien d'années de non-labour, est-il possible de considérer qu'une prairie redevient « naturelle » ? Dans ce cas, toutes les parties prenantes considèrent qu'elles disposent d'un niveau d'information suffisant, mais les points de vue divergent.

Dans l’ensemble, le JdR est apparu comme un moyen d’ouvrir une discussion sur la gestion des incertitudes, c’est-à-dire de les caractériser, d’identifier les leviers pour les réduire ou d’explorer des moyens de les accepter et de les prendre en compte. Une meilleure communication des informations existantes ou l'amélioration de la compréhension mutuelle sont deux des leviers identifiés entre les participants dans les débriefings ou les entretiens téléphoniques.

8.2.4. Explorer les innovations institutionnelles pour gérer les interactions entre SE Dans le Chapitre 7, nous avons montré que les compromis entre SE étaient gérés par le biais de permis, demandés par les éleveurs et octroyés par le parc. Dans le JdR, nous avons reproduit ce système afin d’une part, d’identifier les négociations et les arrangements au sein de ce système et d’autre part, de permettre d’ouvrir le débat sur les alternatives possibles à ce système de permis.

L’apprentissage organisationnel est l’un des résultats potentiels des processus ComMod (Daré et al. 2010). Par exemple, un processus ComMod conduit dans les Cévennes sur le phénomène de boisement spontané, a abouti à la mise en place de contrats entre éleveurs, propriétaires de forêts et agents du PNC (Etienne 2003).

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Les sessions du JdR ont montré que la négociation est centrale dans le système de permis et qu'elle permet aux parties prenantes de faire des choix pour gérer les interactions entre SE. Les éleveurs ont souvent trouvé des arrangements concernant la localisation des pratiques agricoles ou des MAE, modifiant ainsi le lieu de leur projet initial. Par exemple, les agents du PN (joué par les éleveurs) ont souvent insisté pour que les dérochages aient lieu le plus loin possible du chaos de granite, qui est un site touristique majeur. Parfois, les agents du PN (joués par les éleveurs) ont cherché des synergies en faisant la promotion de certaines pratiques agricoles susceptibles de fournir plusieurs SE en même temps :

« Je manque un peu de place, m ais si vous avez la technique pour pâturer sur des milieux un peu plus fermés, je prends . » [Un éleveur, joué par l’agent PN 1]

Finalement, l’agent du PN lui octroie une MAE qui permet de faire pâturer les vaches sur une case de parcours fermées, en temps normal non pâturable. Cette MAE, qui permet de mettre en avant les synergies possibles entre SE d’approvisionnement d’herbe et les SE d’existence de la biodiversité, symbolise les pratiques agro-écologiques promues par le PNC, notamment pour encourager les pratiques extensives, comme ce fut le cas avec le projet Life+ MILOUV (IDELE 2017). Enfin, la compensation financière, via les MAE, était un autre moyen d’aboutir à un accord. Les MAE étaient en effet souvent utilisées comme une compensation en cas de refus de travaux :

« Je sollicite une MAE pour cette parcelle, pour le maintien des prairies permanentes. Je sais qu’à cet endroit, il y avait des oiseaux qui avaient été vus par votre collègue, donc si ça vous intéresse, je suis prête à faire cet effort. En échange, je voudrais retourner celle -ci. » [Une agricultrice, jouée par l’agent PN 4]

Parallèlement, les sessions de JdR ont permis de faire émerger le débat sur les limites du système de permis actuel. La première limite est le manque de perspective collective. Pendant le jeu, chaque éleveur négocie individuellement avec les agents PN et les décisions ne sont pas

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