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Une recherche Exploratoire hybride

Section 6.5 Le dispositif d'observation de MEMORY

6.5.3 Entretiens Ciblés

Dans le cours de notre exploration, nous avons également mené quelques entretiens individuels avec certains membres du consortium MEMORY. Nous avons choisi cet outil d'investigation au moment où nous nous sommes intéressé au rôle de certains individus clefs dans ce consortium, et à la généalogie de ce groupe d'individus. Nous avons donc centré ces entretiens sur ce "noyau dur"

d'acteurs, en profitant, pour des raisons de logistiques, d'une réunion du consortium MEMORY pour rencontrer physiquement certains acteurs non français du projet.

Personne rencontrée Organisation Date

Hector STARTER 31 Janvier 2006

Paulin LABO 4 Mai 2006

Nikita LABO 15 Décembre 2006

Lisandro AUSTRIAN 17 Octobre 2006

Zacharia LABO 4 Mai 2006

Litang CE 16 Octobre 2006

Cédirc Brémond SPARKS Innovation 12 Décembre 2006

Les entretiens ont été menés de façon semi directive : nous n'avions pas de liste de questions, mais seulement un guide d'entretien construit autour de notre question de recherche et des thèmes sur lesquels nous souhaitions obtenir de nouvelles informations. Ce guide était le suivant :

Encadré 5 : Guide pour les entretiens individuels MEMORY Thèmes à aborder :

□ Depuis quand travaillez-vous sur le eMRAM ? (ou la spintronique)

□ Depuis quand connaissez-vous les partenaires MEMORY ?

• Pour chaque partenaire : circonstances de la rencontre ?

• Avez-vous déjà fait des projets avec les partenaires ?

□ Dans le cadre de votre travail sur MEMORY, avez-vous l'occasion d'interagir régulièrement avec les autres partenaires MEMORY ? Avec qui de préférence ? Fréquence ?

□ Quelles sont vos principales difficultés dans un tel projet ?

□ De quoi avez-vous besoin pour mener à bien vos travaux (ressources humaines, matérielles, fi-nancières, etc.) ?

Ce guide très simplifié n'était pas montré à l'interviewé. Il nous servait juste de repère pendant l'en-tretien, présenté comme étant un entretien informel, et nous permettait surtout de recadrer les échanges sur ce qui nous intéressait alors, à savoir : il existe dans ce projet un noyau dur d'acteurs individuels qui résolvent la plupart des aléas du projet.Quelle est l'origine de ce noyau dur et son rôle réel dans le projet MEMORY depuis ses débuts ?

Pour ce qui est du "recrutement" des interviewés, il nous a suffit de rencontrer un à un les individus de ce noyau dur, qui avaient émergé depuis le début du projet en étant les principaux acteurs dans la résolution des problèmes rencontrés par MEMORY. La tenue d'entretiens informels, qui ont duré parfois plus de deux heures, a été facilitée par la relation de confiance que nos avions pu tisser avec la plupart des personnes interviewées. On peut par exemple préciser que, en 2005, nous connaissons Jim, Nikita et Hector depuis plus de deux ans.

Section 6.6 Conclusion

Notre démarche de connaissance prend racine dans notre propre pratique professionnelle en tant que consultant en management de l'innovation : de cette pratique est issue le questionnement au dé-part de notre thèse, et aussi une orientation vers une recherche terrain.

Ainsi, nous avons choisi d'appuyer notre réflexion sur un cas concret de projet collaboratif d'inno-vation , le projet MEMORY, financé par la Commission Européenne, et regroupant neuf organisa-tions européennes durant trois ans. Il y a deux raisons principales guidant ce choix :

➢ d'une part, nous avions un accès privilégié à ce terrain de part nos contacts antérieurs, notre

"encastrement" avec les porteurs de ce projet, ce qui nous offrait un accès privilégié à un cas peu souvent observé de façon empirique

➢ d'autre part, il nous semblait qu'un projet tel que MEMORY était un projet dont la complexité pouvait mettre en tension les règles classiques de la gestion de projet, ce qui correspondait parfai-tement à la problématique que nous souhaitions explorer.

Notre situation de départ était donc celle d'unacteur / chercheur, bénéficiant certes d'un accès fort à un terrain, d'une importante socialisation avec celui-ci, mais devant pourtant se détacher de cette réalité afin d'en faire un objet d'étude. Il nous a donc fallu construire une extériorité vis à vis de MEMORY. Cette extériorité s'est construite sur trois piliers : le développement d'un ancrage dans le milieu académique, le renouvellement de notre regard grâce à des apports théoriques, et la mise en place d'un dispositif d'observation nous permettant de sortir de notre positionnement de praticien.

C'est grâce à cette extériorité que nous avons pu objectiver MEMORY, en faire un sujet d'étonne-ment et d'analyse, et y mener une investigation, dans laquelle des raisonned'étonne-ments par abductions successives ont été essentiels. Il y a eu trois cycles durant cette recherche, qui ont permis de conver-ger vers la thèse présentée ici, visant à rendre intelligible la dynamique d'un processus collectif d'innovation.

Dans notre démarche, nous avons utilisé divers modes de raisonnement, en fonction des aléas du terrain, de l'évolution de notre questionnement, du matériel empirique disponible. Cela nous place dans une épistémologie pragmatique. La vision de la réalité que nous présentons ici, la façon dont

nous la rendons intelligible, n'est bien entendu qu'une représentation de celle-ci, en partie liée à nos capacités cognitives limitées. Elle ne peut pas se confondre avec la nature profonde de cette réalité.

Cependant, nous pensons que l'image que nous proposons permet de saisir des caractéristiques in-trinsèques de cette réalité, telle qu'elle s'est partiellement dévoilée à nous. Cela nous situe donc dans une ontologie proche de celle du réalisme critique.

Chapitre 7. Opérationnaliser notre