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L’installation d’Eureka dans l’université ne présente cependant pas une réelle linéarité, si nous adoptons comme fil conducteur l’appropriation de l’environnement numérique de formation par des individualités ou des entités académiques ou pédagogiques. Cette installation présente un caractère opportuniste plutôt que planifié. Les premières années de développement d’Eureka sont à relier à un projet et à un usage à partir de ce projet. Quand des chercheurs en éducation s’emparent de l’environnement, un second front de construction se met en action. Nous avons trois niveaux d’usage : le projet Eureka, des professeurs isolés et des chercheurs ; les trois usages présentent des formes artisanales de développement. Quand l’institution décide de s’approprier Eureka, un nouveau niveau d’usage devient actif sans pour autant annuler les autres, mais plutôt en se les appropriant intégralement ou par partie. Conter cette histoire sans en perdre les enseignements et permettre aux lecteurs d’en comprendre leur portée demande de réaliser une fragmentation artificielle du continuum historique à partir d’évènements de rupture et de situations remarquables de changement qui identifient une nouvelle forme d’existence d’Eureka.

Tableau 4 – Évènements de rupture référentiels de notre recherche.

Type Évènement Évènements

Ruptures

Période chronologique (Contexte temporel)

1997 à 2000, projet Eureka et expérimentation (PACTO) 2000 à 2003, institutionnalisation d’Eureka (MATICE I et II) 2003 à 2006, industrialisation (MATICE II à IV)

2006 à 2014, émergence d’un service universitaire

Ruptures primaires Projet Pédagogique Institutionnel année 2000 PUCPR Projet de recherche PACTO, 1999

Fonctionnalité « Chronogramme » versus « Plan de Travail » versus « Plan d’Enseignement » 2000, 2007 et 2013

Transfert de propriété Siemens vers PUCPR d’Eureka, 2001 Projet de recherche MATICE et programme MATICE, 2002 Création automatique de salles virtuelles dans Eureka, 2005 Changement institutionnel, 2006 Changement institutionnel, 2010 Changement institutionnel, 2013 Ruptures secondaires (Situations remarquables) Accréditation (2003, 2006, 2013) Inclusion SAAW dans Eureka (2005) Reformulation interface Eureka (2008, 2014) Évaluation académique dans Eureka

La Figure 14 nous fournit de précieuses indications sur les éléments remarquables, ce n’est cependant qu’après l’écriture de l’histoire que nous pouvons définir un tableau des évènements référentiels. Nous avons une nouvelle entrée qui additionne à des évènements de configuration du contexte administratif ou universitaire lié à Eureka, des évènements ponctuels provenant d’autres origines qui sont connexes (voir Tableau 4).

Les deux premiers fils conducteurs que nous mobilisons dans l’histoire du couplage de l’Université avec Eureka sont la chronologie et des évènements de ruptures. La chronologie permet de situer dans un contexte temporel l’état de développement de l’environnement numérique. Les évènements de ruptures sont les jalons qui marquent un changement d’état d’Eureka.

L’activité incidente sur Eureka, comme troisième fil conducteur, est observable dans la construction de l’espace pédagogique d’une formation ainsi que dans les directives pédagogiques et administratives de l’institution. Eureka est à la fois une combinaison d’éléments qui donne un sens à la scénarisation de l’apprentissage et le reflet d’un usage par l’activité d’apprentissage qu’il scénarise. Pour nous, l’activité est remarquable, quand elle interfère – positivement ou négativement – sur une situation établie avec suffisamment de force pour la transformer en une situation émergente dans sa portée et dans le temps. Le motif qui nous pousse à adopter cette définition de l’activité remarquable, est que la visibilité d’un évènement est proportionnelle à ses effets sur la qualité d’une trace ainsi qu’à la pertinence de la charge informative que transporte cette trace. Un autre motif est technique : Eureka rend lisibles ces évènements par ses propensions à graver les données à partir desquelles nous formons les traces et à générer des objets connexes. Ces objets sont les réceptacles de leurs propres traces d’utilisation et partiellement ou totalement de la trace d’autres objets avec eux en relation... Ce sont des évènements de créations pédagogiques innovantes dans le contexte du couplage de l’université avec l’environnement numérique qui marquent l’existence d’Eureka par des ruptures et en définissent ses contours. Eureka présente la particularité d’avoir des contours qui fluctuent avec le temps, ceci est une évidence si nous considérons la Figure 14.

L’environnement numérique de formation acquiert de nouvelles fonctions dans différents secteurs de l’université ; dans un premier temps, il s’applique à la relation entre enseignant et apprenant dans le cadre d’une formation avec une proposition pédagogique, cette condition est sa principale proposition différenciatrice. Ce qui n’est pas antinomique à sa cooptation par des chercheurs comme sujet d’étude et comme organisateur de recherche ; par le service de communication interne de l’université comme dispositif de communication global ; par les ressources humaines comme dispositif d’information, de formation et de support à des groupes de travail ; par la bibliothèque comme dispositif d’autoformation et d’accès à ses services virtuels ; par l’évaluation institutionnelle pour ses actions d’évaluation sur les formations, l’infrastructure et les services ; par l’éditeur universitaire et les autres services pour informer institutionnellement ou commercialement ; par le service de planification

universitaire pour des communications internes, etc. Pour appréhender le couplage d’Eureka avec l’université, une seule entrée n’est donc pas envisageable. Il est nécessaire de définir les origines des changements, leurs pouvoirs et leurs directions.

L’organisation territoriale en registres macro, méso et micro organisationnel et décisionnel – MAOD, MEOD et MIOD – (Leclercq & Petit, 2015), nous aide à référencer origines et destinations dans le cadre relationnel du couplage organisationnel et décisionnel. Et les niveaux de développement définis dans le cadre de l’écologie du développement humain comme macrosystème, exosystème, mésosystème, microsystème, ontosystème et chronosystème (Bronfenbrenner, 1994), nous aident à définir un cheminement, une carte dans l’émergence et l’existence du couplage. C’est à partir de cet ensemble d’éléments, explicitement et implicitement que nous examinons dans le texte qui suit l’histoire du couplage de la PUCPR avec Eureka.

Quelques clés sur l’étude historique