• Aucun résultat trouvé

L’image opérative d’un tel objet est fondatrice de la perception que nous formons de l’environnement numérique de formation dans la conception de l’instrument, nous allons en délimiter les principaux contours pour en retirer une première image dans notre recherche. L’environnement, comme nous le concevons, procède de multiples définitions. Il se différencie du dispositif, ce dernier véhiculant l’idée d’un agencement d’éléments hétérogènes où est mise en exergue « l'importance des différentes relations entre ces éléments. » (Tchounikine, 2009, p. 32). Nous réserverons le mot environnement pour « ce qui est autour » et celui de dispositif pour une formation d’éléments dans leurs relations, sujet à une ou des intentionnalités – objectif(s).

Définition d’un environnement numérique de formation

3.4.1

Nous construisons la notion d’environnement à partir des définitions suivantes :

(i) « ensemble des choses qui se trouvent aux environs, autour de quelque chose » et par extension :

(ii) « ensemble des éléments et des phénomènes physiques qui environnent un organisme vivant, se trouvent autour de lui ».

Comme environnement social et culturel, il est défini comme :

(iii) « ensemble des conditions matérielles et des personnes qui environnent un être humain, qui se trouvent autour de lui. » (CNRTL, 2011).

L’environnement possède donc comme référents les acteurs en « immersions ». Nous nous reportons également à la notion de milieu quand s’opère un changement de référentiel : l’environnement d’« immersion » est le référant. Dans la définition du milieu nous trouvons :

(iv) « Ce qui entoure un être ou une chose, ce dans quoi un corps ou un être vivant est placé. » en science et en physique ;

(v) « Élément physique dans lequel un corps est placé, au sein duquel se produit un phénomène. » et aussi ;

(vi) « Ensemble de conditions (matérielles, morales, psychologiques, sociales) constituant l'environnement d'une personne, et déterminant son développement et son comportement. » (CNRTL, 2011).

Nous retenons deux points de ces définitions : la proximité – définitions de (i) à (v) et l’influence de l’environnement sur le sujet – définition (vi). Nous précisons qu’il s’agit du sujet observé et donc, du point de vue de l’observateur, il fait partie de l’environnement étudié. Il possède un rôle central, puisqu’il en est le référent (ii).

Nous mobilisons également l’objet technique dans le cadre des Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain – EIAH. D’après la définition de Tchounikine, l’environnement numérique Eureka est bien un EIAH : « L'artefact informatique est un EIAH lorsqu’il a été spécifiquement conçu dans le but d’amener un apprenant à développer une activité favorable à l’atteinte des objectifs de la situation pédagogique considérée. » (Tchounikine, 2009, p. 11). Comme hypothèse sous-jacente, il considère que « l’artefact informatique a une influence sur ce qu’il se passe (ou pas), et qu’il est possible d’influencer ce qu'il se passe par les propriétés de l’artefact. » (Tchounikine, 2009, p. 11).

L’environnement numérique de formation sert de support à des situations pédagogiques quand des intentions pédagogiques sont tissées pour former un canevas qui se voudra dans notre cas guide, instrumentation et instrumentalisation de l’apprentissage. Nous précisons qu’« une situation pédagogique est une situation conçue pour amener un apprenant à développer une activité favorable à l'atteinte d'un ou de plusieurs objectifs pédagogiques précis. » (Tchounikine, 2009, p. 32).

En conséquence, sont définis l’environnement d’apprentissage collaboratif et l’environnement numérique de formation comme suit :

 Environnement d’apprentissage collaboratif :

« […] environnements conçus pour favoriser l’émergence de certains types d’interactions (explication, justification, argumentation, régulation ou résolution de conflit) entre apprenants, […]. » (Tchounikine, 2009, p. 37)

 Plate-forme de formation à distance :

« […] environnement proposant des fonctionnalités d’accès à des ressources formatives (par exemple : supports de cours, exercices ou pointeurs vers des ressources externes) et des fonctionnalités spécifiques (par exemple : outils de communication ou outils de suivi des apprenants). » (Tchounikine, 2009, p. 37)

Cette conception de l’EIAH, outre de mettre en exergue sa capacité d’influence, de façon ciblée, sur l’écosystème, sous-entend un ou des scénarios d’usage comme des projections de besoins potentiels trouvant son origine dans l’utilisateur.

Pour Pierre-André Caron,

« l'usage d'une plate-forme de formation n'a de sens que par la volonté d'une équipe d'enseignants d'y héberger son enseignement. En ce sens une plate-forme de formation est

un EIAH un peu particulier, dans la mesure où sa finalité première n'est pas l'apprentissage mais la mise en œuvre et le suivi de l'apprentissage. » (Caron, 2007)

Dans le contexte des EIAH, nous nous référons spécifiquement à l’utilisation et à l’usage d’artefacts. Nous définissons un EIAH comme :

« un logiciel spécifiquement conçu dans le but d’amener un apprenant à développer une activité favorable à l’atteinte des objectifs de la Situation pédagogique informatisée SPI (ou de la Situation d’Apprentissage Informatisée – SAI) considérée.

Techniquement, un EIAH peut être :

un composant logiciel unique qui embarque une intention pédagogique ;

un environnement composé de plusieurs composants dont certains embarquent

une intention pédagogique ;

un environnement composé de plusieurs composants qui ne sont pas eux-mêmes conçus

en fonction de considérations pédagogiques mais qui sont agencés (articulés, inter- opérés) de façon à dénoter une intention pédagogique. » (Tchounikine, 2009, p. 34).

Comme Tchounikine et Caron, nous pensons que l’environnement numérique met en œuvre et suit des objectifs pédagogiques visés, liés à des contextes variés et à des fonctions d’exécutions qui n’appartiennent pas à sa détermination. Le concepteur planifie l’artefact pour qu’il soit investi dans des lignes définies dans son projet d’ingénierie. Cependant, une nouvelle dimension est commentée, celle de possibles dichotomies entre la conception en amont et les usages effectifs :

« Les objectifs peuvent être très différents, dont certains n’ont absolument pas été envisagés en amont de la conception de l’EIAH, mais vont émerger suite à la constatation de ses usages effectifs ou aux phénomènes liés à son intégration dans les pratiques. » (Tchounikine, 2009, p. 18).

L’intérêt lié à de telles observations, toujours dans le cadre de la conception, sont les possibles explorations dans le cadre de la ré-ingénierie de ces résultats (Choquet, 2007). Les relations établies entre la conception ou re-conception et les acteurs, caractérisent l’existence de l’environnement numérique dans le temps.

Nous appréhendons l’environnement numérique comme un espace propice à l’activité (voir : Partie II. 2.4. Théorie de l’activité, p. 398), à des genèses instrumentales (voir : Partie II. 2.4.1. Genèse instrumentale – un usage instrumental et pédagogique dans le cadre dynamique de l’activité de formation, p. 400), à la construction d’artefacts et de leur usage. Toute cette activité génère des objets techniques qui composent et transforment en retour l’environnement numérique.

L’environnement numérique relève d’un écosystème, son biotope, où se développent des activités au gré des besoins des enseignants, apprenants et administratifs, sa biocénose. La médiation étudiée entre les acteurs se situe, en partie ou totalement, dans l’espace délimité par un ou des environnements techniques. L’environnement numérique de formation est considéré comme un pôle de collaboration, d’orchestration des activités, de rétroaction ou de

référence. Il est inséré dans des dispositifs ayant pour objectif l'apprentissage. Ces dispositifs, conformément à des objectifs désirés par des concepteurs, permettent le déroulement des apprentissages. L’environnement numérique de formation est ainsi un lieu de développement humain. Il y participe par ses fonctions et le conditionne par ses formes, par des processus inhérents à sa disposition. En langue portugaise du Brésil, dans notre contexte, pour Learning Mangement System – LMS – environnement numérique de formation conteneur pédagogique, nous retrouvons la même notion d’environnement dans Ambiente Virtual de Aprendizagem – AVA – en français : Environnement Virtuel d’Apprentissage38.

Environnement numérique de formation Eureka