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Les années 2000 à 2003 sont marquées par la naissance de NTE, les premiers essais de MATICE dans un cadre institutionnel, mais aussi par des projets non formellement liés à l’université mais qui participent du rayonnement d’Eureka et par tout un usage « underground » que personne ne contrôle et ne prétend contrôler.

C’est dans le temps, par sa capacité de répondre activement à des problématiques universitaires, que l’émergence du couplage d’Eureka se concrétise et non pas par un besoin formulé. C’est alors que l’université généralise l’usage d’Eureka, faisant de l’université une des pionnières au Brésil de l’inclusion « massive » des TICe dans ses formations. C’est par MATICE qu’est entérinée l’émergence d’Eureka comme système académique. Un système académique particulier, spécifique à la communication et dédié à l’acte pédagogique.

Les principaux évènements de rupture relevés durant cette période sont :

 la séparation entre Éducation à Distance et Support académique, naissance de NTE ;

 la naissance de MATICE ;

 l’application de MATICE I.

Les pionniers ont eu une importance fondamentale dans le processus de diffusion d’Eureka dans l’université. C’est au travers de leurs activités que l’université s’est familiarisée et a acquis une culture technologique intégrant de nouveaux concepts (Torres P. L., 2004, p. 59), (Torres & Portilho, 2004, p. 161). Pour conclure sur cette période de transition, nous reprenons les mots du « NH2 Multimédia » :

« Nous avions fait l’installation technologique, il fallait l’implanter au niveau institutionnel. MATICE était beaucoup plus complexe qu’Eureka, il se proposait à changer l’institution sur le long terme. » (Annexe – Entretien NH2 multimédia – pédagogie/concepteur pédagogique, p. 655).

Les premières tentatives d’usage accompagnées par l’administration de l’université et les chercheurs sont évaluées comme encourageantes. Le pro-rectorat est dès lors convaincu que MATICE avec Eureka sont des moteurs de l’innovation technologique auprès des enseignants dans l’université. De nouvelles ramifications de MATICE sont créées.

MATICE I rend tangible la volonté institutionnelle de non seulement promouvoir les TICe, mais de s’impliquer directement dans leur développement. MATICE I représente une réponse positive d’Eureka à une problématique, les objectifs qui lui sont assignés sont atteints. Il est démontré que les étudiants adhèrent à la proposition, que les enseignants intègrent dans leurs pratiques une nouvelle dynamique non-présentielle. Une nouvelle étape est possible, elle se concrétisera dans MATICE II.

Activité artisanale et nécessité institutionnelle d’industrialisation 4.8.6.1

À ce stade de notre étude, Eureka est encore un dispositif qui abrite une activité artisanale, ayant l’identité d’un projet de recherche. C’est toutefois à ce moment qu’émergent les nécessités d’industrialiser des processus qui lui sont afférents. Ces processus sont sollicités par le registre MAOD quand ils remettent en question les modes d’opération organisationnels. Ils sont également sollicités par le registre MEOD lors de remise en question de processus de conception et de maintenance dus à l’augmentation de la diffusion d’Eureka. C’est alors que les potentialités d’Eureka deviennent visibles pour les décideurs institutionnels : « C’est une grande possibilité de changement de paradigme. Changement de paradigme d’abord de gérance, puis culturel de ce que serait la relation d’enseignement apprentissage. » (Voir : Entretien NH2 sciences sociales – pédagogie, p. 658).

La philosophie d’implantation d’Eureka se base sur l’adhésion volontaire des enseignants :

« Les professeurs ont adhéré à l’environnement virtuel de façon graduelle, à partir d’un travail de divulgation […] réalisé pratiquement « corps à corps » dans l’institution. [Ensuite] le Pro- rectorat Académique a commencé à offrir aux professeurs une meilleure infrastructure d’appui, et à mettre à disposition une équipe destinée exclusivement à l’activité de formation des

professeurs et une autre pour la médiatisation, en fonction de l’intérêt des mêmes professeurs »79. (Gomes P. V., Vermelho, Silva, & Hesketh, 2003, p. 73)

Cette première phase de l’usage académique d’Eureka représente un mouvement de reconnaissance du bas vers le haut, bien qu’à ce stade de notre étude, un nouveau mouvement se dessine : du haut vers le bas, l’institution, contaminée par la base, s’approprie progressivement le projet et le généralise. L’installation de routines résultats d’expériences empiriques permet de capitaliser l’investissement initial (Gomes P. V., Vermelho, Silva, & Hesketh, 2003, p. 74).

La reconnaissance d’Eureka comme environnement institutionnel le potentialise et le conduit à se connecter aux cœurs de métiers de l’institution. Eureka est une « forme de sérendipité » (Voir : Entretien NH2 sciences sociales – pédagogie p. 658) ; outre ses qualités communicationnelles et collaboratives à la base de l’innovation, il ouvre de nouvelles portes vers des expérimentations et des réalisations multiples touchant tous les niveaux écologiques et dépassant les prospectives.

Infrastructures universitaires et Eureka 4.8.6.2

Eureka, par l’intermédiaire de MATICE I, oblige l’université à investir à différents niveaux d’infrastructure. Il s’effectue une amélioration de la diffusion de l’Internet et de l’informatique par la multiplication des laboratoires informatiques. En effet, l’infrastructure technique de la PUCPR influence très profondément l’usage d’Eureka durant la période de 2000 à 2003. Par exemple, Gomes a dû modifier son dispositif de formation dès la seconde offre de sa discipline. Les travaux virtuels accessibles sur Internet devant être réalisés à domicile, ont dû être transférés dans un laboratoire, durant les horaires de classe. Ce transfert est justifié par la difficulté d’accès à Internet des apprenants à l’extérieur de l’université, surtout ceux du tour nocturne, plus nombreux et de classe sociale moins favorisée pour être connectés à la maison (Gomes P. V., 2003, p. 64). La bande passante disponible dans l’université est insuffisante, l’inscription dans l’environnement numérique d’un groupe d’étudiant suffit à affecter globalement le système – lenteur d’accès jusqu’au blocage. Ces problèmes sont circonscrits par la création de nouveaux laboratoires et une amélioration progressive du réseau – toutefois la qualité de l’accès à Internet laisse à désirer tout au long de cette période. (Gomes P. V., 2003, p. 66).

2003 à 2006, opérationnalisation d’Eureka par l’université