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DIFFICULTES ACTUELLES

CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC : UNE FILIERE COTONNIERE EN CRISE AU CAMEROUN COTONNIERE EN CRISE AU CAMEROUN

2.3. LES ENJEUX SCIENTIFIQUES DE LA THESE

2.3.1. Des questions de recherche de la thèse

Afin de mieux aborder cette problématique, le questionnement de cette thèse est de savoir dans un contexte de crise cotonnière où le mode de coordination actuelle dans la filière cotonnière semble être remis en cause, comment faire pour renforcer l’efficacité de cette coordination, afin de relancer cette filière et le développement régional ? Pour aborder cette question centrale, des questionnements spécifiques méritent d’être posés à savoir :

- Dans le contexte de filière en crise, quel est l’impact du mode de coordination sur le développement socio-économique du Nord Cameroun ?

- Comment est organisée la filière cotonnière du Cameroun et quelles sont les évolutions suite à la crise ?

- Quels sont les mécanismes d’incitations et de sanctions économiques des acteurs dans les engagements contractuels ?

- Quelles sont les contraintes de la coordination actuelle entre les acteurs et les perspectives d’amélioration de la filière cotonnière ?

Ces questions sont celles auxquelles nous tenterons de répondre. Les réponses à ces multiples interrogations permettront de faire un état des lieux, et de proposer des solutions performantes et durables à la crise, que connait actuellement la filière cotonnière camerounaise est un enjeu auquel cette thèse est particulièrement sensible.

2.3.2. Les objectifs de la thèse

L’objectif général de cette thèse est d’analyser l’efficacité de la coordination actuelle des acteurs de la filière cotonnière en crise au Cameroun. Ce travail va générer des indicateurs qui peuvent permettre aux décideurs politiques et acteurs de la filière cotonnière de mieux prévoir les défis probables et d’évaluer les réponses souhaitables susceptibles d’avoir des effets positifs et ou négatifs sur la dynamique de la filière.

Plus spécifiquement, il s’agira dans cette thèse de :

- caractériser le mode d’organisation et de coordination des acteurs de la filière cotonnière et évaluer son évolution face à la crise ;

- identifier les mécanismes d’incitations et de sanctions économiques dans les engagements contractuels entre les acteurs de la filière cotonnière au Cameroun ; - identifier les effets du mode de coordination actuelle sur la filière et le

développement socio-économique face à la crise ;

- identifier les contraintes de la coordination et les perspectives d’amélioration de la filière cotonnière du Cameroun.

2.3.3. Les hypothèses de la thèse

Le contexte international du secteur coton marqué par la baisse des cours a eu des effets sur les filières cotonnières en Afrique en général et au Cameroun en particulier.

Avec cette situation, l’hypothèse générale qui oriente notre étude est qu’une amélioration de l’efficacité de la coordination des acteurs, permet de relancer la filière et promouvoir le développement régional.

L’étude se pose des hypothèses spécifiques suivantes :

- les mécanismes d’incitations et de sanctions économiques actuels des producteurs face à la crise cotonnière ont un impact significatif sur l’évolution de la filière cotonnière.

- la crise cotonnière a profondément modifié le mode de coordination des acteurs de la filière cotonnière au Cameroun. La performance d'une filière est influencée par les défaillances de coordination qui peuvent l'oblitérer ;

- les stratégies et le comportement des producteurs de coton dépendent des contrats entre les acteurs, de leur degré d’implication dans la filière, et de leur perception de l’avenir de la filière cotonnière ;

- la crise cotonnière et le mode de coordination actuelle impactent négativement le développement socio-économique de la zone cotonnière au Cameroun. Cela accentue la paupérisation des paysans.

CONCLUSION PARTIELLE

En Afrique francophone, le coton est la principale culture de rente et la principale source de recettes d’exportations et de recettes publiques de certains pays (Badiane et al., 2002). Il assure une part importante des revenus monétaires des producteurs (Fok et Tazi, 2004). L’expression de « success story » a été souvent utilisée pour qualifier les résultats spectaculaires obtenus par la culture du coton dans les pays africains de la zone franc depuis leur accession à l’indépendance nationale en 1960 jusqu’aux premières années de la décennie 2000/2010.

Le succès du coton a été, et est encore, attribué à une démarche d’intégration et d’intensification du à la Compagnie française de développement des fibres textiles, CFDT, devenue une société privé, « Geocoton ». L’intégration de la filière a induit de développement rural en termes d'alphabétisation fonctionnelle des paysans, de professionnalisation du monde rural, d'amélioration de la sécurité alimentaire à travers la fourniture effective de services de nature publique dont le développement rural a besoin (Madhin et Haggblade, 2003 ; Fok, 2007a).

Cependant, les performances techniques et sociales cachent la réalité des difficultés financières des filières cotonnières au début des années 1990. Une baisse brutale,

importante et durable du prix mondial du coton est bien sûr un facteur déclencheur d’une crise dans les pays producteurs, dans la mesure où elle induit un déficit financier qui menace la poursuite de la production cotonnière. Les crises cotonnières dans les pays de lʼAfrique Zone Franc revêtent cependant des facettes qui dépassent les simples conséquences directes de la baisse du prix mondial.

Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre sont ainsi partis en croisade contre les subventions de quelques pays, car elles sont considérées comme responsables de la baisse du prix mondial. Cette démarche est bien sûr légitime mais elle révèle un choix stratégique qui interpelle. L’issue de la protestation contre les subventions est incertaine et elle dépend fondamentalement de la bonne volonté des autres pays qui ont suffisamment manifesté leur égoïsme jusque-là.

En plus, au cours de ces dernières années, les filières sont pénalisées par des cours dépressifs, amplifiés par l'incidence du taux de change euro/dollar (Reynald, 2004 ; Lagrandre, 2005 ; Berti et al., 2006). En effet, au début des années 1990, la baisse du cours mondial du coton fibre et les coûts élevés de production intérieure menant à la surévaluation du franc CFA ont progressivement grevé la compétitivité de la filière au point qu’elle produisait à perte.

Mais, il y a aussi d’autres facteurs plus structurels derrière la crise cotonnière, notamment : le mode d’organisation et de fonctionnement des filières, la crise de confiance entre les producteurs et les sociétés cotonnières en liaison avec des erreurs de gestion ou des détournements de leurs fonctions de réserves accumulées (Gafsi et Mbétid, 2001 ; Badiane et al., 2002 ; Mbetid et al., 2003).

Au Nord Cameroun, le coton demeure une culture essentielle dans le système de production malgré la crise cotonnière qui perdure. La situation de crise va entrainer un changement radical de la politique cotonnière qui est toujours en cours. Cette crise se caractérise par une constante baisse du prix d’achat du coton graine, un paiement de plus en plus tardif des producteurs, une croissance exponentielle des coûts d’intrants, des conditions plus difficiles d’accès aux intrants, et une réduction importante des superficies cultivées et de la production.

Après avoir planté le décor de la situation actuelle de la filière cotonnière en crise, nous allons au cours du chapitre suivant, présenté le cadre théorique et conceptuel de la thèse.

CHAPITRE 3 : L’APPROCHE EMPIRIQUE ET