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Des emprunts sanskrits attestés seulement dans les inscriptions du Cambodge

L’affirmation du vieux khmer grâce et face au sanskrit

Plan 1 : Distribution des inscriptions dans le temple de Banteay Srei

II.3. Le vocabulaire royal et le vocabulaire de l’administration royale : Des emprunts qui ne sont plus des emprunts Des emprunts qui ne sont plus des emprunts

II.3.3. Des emprunts sanskrits qui expriment des concepts locaux

II.3.3.2. Des emprunts sanskrits attestés seulement dans les inscriptions du Cambodge

Nous examinerons tout d’abord plusieurs emprunts à morphologie et sémantique particulières ainsi que des calques du vieux khmer vers le sanskrit. Ensuit, nous montrerons que la catégorisation des fonctionnaires qui est exprimée dans un vocabulaire emprunté au sanskrit, renvoient aux pratiques locales.

Bhattacharya (1964 : 12) signale des termes pour désigner des fonctionnaires qui ne se rencontrent que dans des inscriptions composées en sanskrit du Cambodge et ont des sens particuliers. Ce sont : mahāśvapati « chef de cavalerie », ’āgamādhyakṣa « receveur »,

204 D’après Cœdès (IC II : 56, n. 1), les bhūtāśa renvoient aux petits employés attachés à divers services, notamment dans les services judiciaires.

pustakarakṣin « bibliothèque », bhṛtikāra « serviteur payé », bhojaka « gouverneur » et pārigrāha « recruteur ». Ces termes sont absents des textes en vieux khmer.

Rājakulamahāmantrī fait partie des emprunts avec une morphologie particulière ; il

est peut-être l’emprunt sanskrit le plus long en vieux khmer. Il s’agit d’un composé de quatre élément, à savoir : rāja « royal », kula « famille », mahā « grand »205 et mantrī « mandarin ». En effet, les ministres (mantri ou ’āmātya) occupent la deuxième place parmi les sept insignes régaliens (supra p. 140). À ce propos, Sahai (1970 : 60) nous signale que dans l’inscription préangkorienne d’Ang Chumnik, les deux mots alternent (ISCC, XI, p. 67, stances 6 et 7). Toutefois, à l’époque postérieure, le terme ’āmātya portait sur plusieurs catégories de fonctionnaires (Sahai 1970 : 60)206. Bien que l’épigraphie ne donne aucun indice pour trancher le problème de la différentiation entre ces deux termes, mantrī et ’āmātya, elle semble indiquer que les mantrī étaient de plus haut rang que les ’āmātya. La plupart des

mantrī étaient de haute extraction, capable d’officier lors de la cérémonie de sacre du roi dans

certains cas. La stèle de Lolei du IXe siècle préfère mantrī à ’āmātya207.

Inconnue du monde sanskritisé, l’expression rājakulamahāmantrī signifie « grand ministre chargé des affaires de la famille royale »208. D’après Sahai (1970 : 60), le

rājakulamahāmantrī est chargé des affaires civiles et religieuses. Par ailleurs, Cœdès (1964 :

217) suppose qu’il semble avoir joué le rôle d’un régent ou d’un premier ministre. Le haut rang est confirmé par le titre noble de kaṃsteṅ ’añ que portaient les rājakulamahāmantrī. Ce terme est apparu vers 922 apr. J.-C. sous le règne du roi Rājendravarman. Il est devenu la caractéristique de ce règne. Il fut en usage permanent pendant le long règne de Jayavarman V (968–1001 apr. J.-C.). Dans les écrits postérieurs, il apparaît moins souvent. Ce composé de quatre composants de deux syllabes est probablement le mot le plus long en vieux khmer. Il est peut-être, dans l’état actuel de nos connaissances, le seul composé sanskrit qui a bien résisté à l’abréviation que nous allons voir en détail dans la partie sur « l’appropriation morphologique ».

L’emprunt cāre « émissaire », quant à lui, est probablement une forme abrégée du composé sanskrit sabhācāra et connaît une mutation vocalique pour sauver la syllabe finale (sabhācāra > cāra > cāre). La voyelle finale /-e/ de cāre (au lieu de cāra) nous rappelle un autre cas semblable, à savoir : śodhe « examiner » au lieu de śodha ; kule au lieu

205 Dans la tradition indienne, certains titres des fonctionnaires portent le préfixe mahā- sans changement sémantique (Kane, History of Dharmaśāstra, tome 3, p. 975).

206 En khmer moderne, āmātya signifie un gardien de chambre du roi.

207 La préférence existe également en javanais, où āmātya est quasiment absent. Mantri polisi signifie « chief-detective » (Gonda, 1973 : 520).

208 Cette fonction correspond à mahāmantri « directeur de protocoles » à la cour royale cambodgienne des années 1950. Le mahāmantrī s’occupait des rites pour le roi (S. Pou, communication personnelle, décembre 2014).

de kula « famille ». Le motif de cette mutation vocalique était de sauver la syllabe finale car la règle phonétique khmère consiste à faire tomber la dernière syllabe ouverte comprenant une voyelle faible. Toutefois, nous sommes en droit de nous demander pourquoi le choix de la voyelle /-e/ (et non d’une autre voyelle longue /o/, /ū/, /ī/, /ai/, /au/), alors que le cas de kula a deux variantes, à savoir kule et kulo. La forme complète sabhācāre figure également, mais elle est assez rare. Elle est moins courante que le composé hybride cāre vraḥ sabhā, « l’émissaire de la cour ». C’est une forme créée en appliquant la règle khmère, à savoir : le signifié (cāre) devant le signifiant (vraḥ sabhā).

Vient ensuite le terme smeva, « celui qui sert un prince », qui est un des rares emprunts sanskrits ayant reçu un infixe khmer209. Il est formé avec l’infixation d’agent –m-. Il s’agit d’un dérivé khmer fait à partir d’une racine verbale sanskrite sev- « servir »210.

Si les trois exemples des emprunts sanskrits que nous venons de citer connaissent des changements morphologiques, l’emprunt vallabha « bien aimé » fait montre un parcours sémantique unique. Attesté dans des textes sanskrits comme dans des textes khmers, il est souvent en composé avec rāja- pour désigner « (fonctionnaire) bien aimé du roi ». Il a une fonction ambiguë quand il se trouve à la fin d’un composé avec d’autres termes ;

kṣitīndravallabha « le favori du roi », dvijendravallabha « le favori du meilleur des

brahmanes », dharaṇīndravallabha « le favori du roi », narendravallabha « le favori du roi »,

nṛpendravallabha « le favori du roi des rois » et pṛthivīndravallabha « le favori du roi », pour

ne citer que les plus connus. Précédés pas les titres honorifiques en khmer mrateṅ ou mrateṅ

’añ, ils semblent tous être des noms propres de dignitaires. Cependant, ils pourraient bien être

aussi des dénominations de rang211. L’inscription K. 278, par exemple, mentionne un nom complet (avec un titre honorifique en khmer) d’un certain dignitaire Mratāñ Khloñ Śrī Narendrāṇīvallabha :

mratāñ khloñ śrīnarendrānī- vallabhāntaṃ nṛpājñayā viśrutan nāma yasyāsti sovadhiṃ samadhiṣtipat ||

« Le Mratāñ Khloñ, dont le nom illustre se termine, selon l’ordre exprès du roi, par (le titre de) Śrī-Narendrāṇīvallabha, a lui-même établi la limite. »212

Les mots entre parenthèses ne sont qu’un rajout de Barth. La stance sanskrite laisse bien entendre que le nom (nāma) se commence par mratāñ khloñ śrīnarendrānī- et se termine en vallabha. Il est évident que le nom Śrī Narendrāṇīvallabha, qui signifie « le favori de la

209 Voir également le chapitre I.2.

210 Pou, 2004 : 513.

211 Voir également le chapitre II.5.

reine »213 a été accordé par le roi, mais nous ignorons s’il désignait une fonction de l’administration royale.

Attardons-nous brièvement sur le terme khloñ qui est un terme-clé prolifique dans des composés relatifs aux fonctionnaires de l’administration territoriale royale. À travers l’épigraphie khmère, le terme kloñ ~ khloñ fonctionne comme un substantif. En môn (Shorto 1971 : 64), le même mot kloñ est un verbe qui signifie « travailler, cultiver, travailler comme agriculteur ». Il est probable que ce soit à l’origine un verbe commun aux langues de la famille môn-khmère, tandis que le vieux khmer l’utilisait comme un nom signifiant « qui travaille (la terre) », et par extension « chef ». En effet, khloñ existe depuis l’époque préangkorienne sous la forme kloñ. Les textes khmers préangkoriens mentionnent des dignitaires dans l’administration territoriale, à savoir : kloñ sruk « chef du village », etc. (voir le tableau ci-dessus).

Le terme d’origine khmère khloñ a plusieurs pendants dans les inscriptions sanskrites du Cambodge ; adhyakṣa « responsable », adhipati « chef », mukhya « chef » et īśa « maître », pour ne citer que les plus connus. Certains composés avec le terme khloñ que nous avons énumérés dans le tableau semblent inspirer des calques dans les inscriptions sanskrites du Cambodge (voir III.4.).

D’autres idées et pratiques locales sont aussi trouvées dans la catégorisation des fonctionnaires dans l’appareil judiciaire et dans l’administration. À l’époque ancienne, les

’ācārya, les pratyaya, les sabhāpati, les khloñ glāṅ, les khloñ raṅvāṅ, les guṇadoṣadarśī, les tamrvāc et les svat / smvat ont été classés en quatre catégories, à savoir : nā ’eka « de la

première catégorie », nā do « de la deuxième catégorie », nā trīṇi « de la troisième catégorie » et nā catvāri « de la quatrième catégorie ». Le premier composant en khmer nā est une particule grammaticale locative. Dans notre contexte, il forme des nombres ordinaux. À l’exception de la deuxième catégorie qui est d’origine prakrite, les trois autres sont des noms de nombres sanskrits. Au lieu de do, on attendrait la forme sanskrite dve. Le choix de do est une trace d’influence prakrite, plutôt que le résultat d’une évolution locale indépendamment de l’impact indo-aryen. ’eka et do sont des formes brutes, donc conformes à la règle d’emprunt alors que trīṇi et catvāri sont des formes conjuguées au nominatif neutre. Les formes attendues sont respectivement tri et catur (comme dans caturācārya : « les quatre prêtres »). Rien que le choix des termes sanskrits (’eka, do, trīṇi et catvāri) au détriment de ceux du khmer (mvay, vyar, pi et pvan) est frappant. Nous nous demandons si le sanskrit est préféré pour des raisons stylistiques. Les emprunts sanskrits ne sont pas plus courts que les termes khmers. L’épigraphie ne donne aucun indice sur la catégorisation. Autrement dit, nous

ignorons si la première catégorie l’emportait sur les trois autres ou vice versa214. Néanmoins, l’inscription de Prasat Sralau K. 782 laisse entendre que l’ordre du premier au quatrième ne porte pas sur les fonctionnaires, mais qu’il renvoie à l’ordre des objets répartis :

tasya śūraś śucir maulo mantrī mantriguṇocitaḥ caturṇāṃ rājakośānāṃ yas tṛtiyaṃ prati prabhuḥ

« Il eut un dignitaire brave, honnête, pourvu d’une charge héréditaire, se plaisant à pratiquer les vertus d’un dignitaire, chef du troisième des quatre magasins royaux. »215

Il s’agit d’un certain Śrī Narapatīndravarman qui fut nommé chef (prabhuḥ) du troisième (tṛtiyaṃ) des quatre (caturṇāṃ) magasins royaux (rājakośānāṃ). Il y avait quatre magasins (dans l’ordre : premier, deuxième, troisième et quatrième) ; chacun avait un chef. Cela semble être confirmé par son titre dans la partie khmère : khloñ glāṅ nā trīṇi216. L’expression khloñ glāṅ signifie « chef de magasin » et nā trīṇi « du troisième (parmi les quatre ou plus) ». Comme nous l’avons dit, nā est une particule grammaticale locative. Dans notre contexte, elle porte sur la distribution des magasins, mais pas sur le rang des fonctionnaires.

Des emprunts sanskrits, surtout ceux au Xe siècle, sont employés dans des sens soit rarement attestés dans les épigraphies du sous-continent indien comme le cas de pādamūla, soit différents des sens attestés dans la langue javanaise comme les cas de guṇadoṣa et

pratyaya. Il semble que les emprunts sanskrits dans des régions différentes connaissent

différentes « localisations sémantiques ». Par ailleurs, des calques du vieux khmer vers le sanskrit et l’emploi de chiffres sanskrits dans la catégorisation des fonctionnaires de l’administration locale nous servent de bons arguments pour montrer que certains termes sanskrits, à force d’être empruntés depuis la haute période, sont considérés comme des mots locaux et sont utilisés pour exprimer des idées et des concepts locaux. Il est de notre propos de souligner que Daud Ali, dans son article intitulé « The Early Inscriptions of Indonesia and the Problem of the Sanskrit Cosmopolis », suggère que certains emprunts sanskrits dans les inscriptions indonésiennes expriment des idées et des pratiques propres aux régions de l’actuelle Indonésie. Il n’est pas en accord avec l’hypothèse de Pollock qui croit que « Sanskrit could never signify local ideas, because ideas themselves must be constituted through language and being expressed in Sanskrit, become ipso facto, Sanskrit ideas. »217

214 Dupont et Cœdès (1937 : 379 sq.) remarquent que « la signification réelle de cette répartition est malheureusement obscure. On croit que les quatre catégories appartenaient respectivement aux quatre apanages : celui du roi, celui du yuvarāja, celui de l’upayuvarāja et celui de la reine-mère ou de la reine principale ».

215 Cœdès, IC I : 223, 225.

216 Cœdès, IC I : 224.

Si l’on considère un domaine comme le droit / la juridiction du Cambodge ancien, il est rempli d’une terminologie sanskrite qui exprime des règles coutumières locales à propos des peines. Parmi les nombreuses peines exprimées en sanskrit attestés dans les inscriptions en khmer et en sanskrit, ājñālaṅgha « transgression de l’ordre du roi » semble être l’une des plus importantes. En outre, K. 181 (IC VI : 140) enregistre des verdicts frappant un dignitaire (mratāñ kuruṅ) et son frère dans une affaire de moissonnage de riz. Il fut puni d’une amende d’or de dix liṅ alors que son frère reçut 102 coups sur le dos (pṛṣṭhatādana). Par ailleurs, K. 259S mentionne trois sortes de punitions correspondant à trois catégories de gens. Si un brahmane transgresse l’ordre de Sa Majesté, il sera banni de son pays (deśanirvāsa) ; chez les

panloñ po tal paṅ tiṅ (termes obscures) il y aura punition218 sous forme d’amende d’or d’un

tul (hema tul 1) et chez les gens du commun, le fautif sera bastonné ou châtié (daṇḍya).

L’inscription K. 231, quant à elle, raconte l’histoire de la fuite d’un esclave masculin nommé Varuṇa. Repris, il subit une peine corporelle en se faisant couper les oreilles et le nez (karṇanāsikaccheda). À propos de châtiments corporels, nous relevons également :

hastaccheda « la coupure de(s) main(s) »219, pādahastaccheda « la coupure des pieds et des mains »220, jaṅghāpīdā-śiraspīḍā « la pression des pieds et de la tête »221 et uttamasāhasa « l’acte de violence du premier degré, peine capitale »222.

Les expressions des peines formulées en vocabulaire sanskrit, qu’elles soient dans des proses khmères ou dans des vers sanskrits, expriment des coutumes du droit local. Elles rendent des verdicts « solennels » pour les locuteurs khmers. Par ailleurs, dans le domaine

218 Pour désigner l’« amende », l’épigraphie emploie vinaya qui signifie littéralement « discipline ». D’après Bhattacharya (1964 : 59), le sens d’« amende » manque dans les dictionnaires ; cependant, on le trouve dans la Bṛhaspati-smṛti. C’est donc un emploi rare de l’Inde qui a été importé au Cambodge. Selon la stèle de Lolei, les personnes condamnées (nirṇaya) étaient pénalisées selon leurs rangs sociaux.

219 K. 1116, par exemple, mentionne : vraḥ śāsana pre nirṇnaya si kaṃpañ hastaccheda « celui-ci fut condamné à avoir une ou les mains coupées » (NIC II-III : 145, 147).

220 K. 720, 1006 apr. J.-C. (Cœdès, IC V : 213, 215).

221 Les stances 31 et 32 de l’inscription de Tuol Prasat (Cœdès, IC II, 101‒102, 108) énoncent que :

jaṅghāpīdāśiraspīdā- bhūt teṣāṃ rājaśāsanāt apriyattañ ca apnāmā pañnāmā pañcatāṃ gataḥ avalāyas tu ayaknāmnyaś śiraspīdaiva kāritā tadvāndhavās tu bhītās te nilīnā digdrutādrutam

« Par ordre du roi, ils eurent les pieds et la tête pressés, le nommé Ap en souffrit et le nommé Pañ en mourut. »

« Quant à la femme nommée Ayak, elle eut la tête pressée, et ses parents, effrayés, s’enfuirent précipitamment dans toutes les directions pour se cacher. »

222Il s’emploie dans le sens « peine capitale » dans une inscription de Phnom Sandak (K. 195 du XIe siècle). En effet, l’inscription K. 195 mentionne deux peines ’uttamasāha « acte de violence du premier degré » et

rājabhaya « châtiments royaux » :

nu nau ta khloñ ni ’āyattva caṃnāṃ kalpanā noḥ nu khñuṃ pādamūla nu ’anak ta khloñ ni pradvann dau vnek ni pi vvaṃ thve roḥh vraḥ karuṇā neḥ nirṇaya toy ’uttamasāha doṅ rājabhayasaptaka lvoḥ ta candīśvarayātanā nu santāna phoṅ sahasra kaṃnet

« Si le vénérable et les gens qui seront chefs à l’avenir ne se conforment pas à l’ordre gracieux du roi, ils seront condamnés aux peines les plus sévères, soumis aux sept châtiments royaux, jusqu’au séjour de Caṇḍīśvara, avec leurs familles, durant mille naissances. » (Cœdès, IC VI : 248, 250)

juridique, les éléments sanskrits semblent jouer un rôle supplémentaire par rapport au vocabulaire khmer. Ils enrichissent le vocabulaire khmer et jouent un rôle différent de celui des mots khmers. À ce propos, Cœdès (1954 : 66‒67) remarque que « L’exposé de cette affaire de caractères essentiellement autochtone utilise une terminologie indienne pour tout ce qui concerne l’appareil extérieur, […] Par contre, les faits matériels, essentiellement locaux, qui constituent la substance même du procès sont rendus par des termes de la langue khmère. »

En conclusion, les textes khmers du Xe siècle traitent de sujets comme la royauté, l’administration et la juridiction. Les rois khmers avaient des insignes royaux exprimés en vocabulaire sanskrit comme les rois des autres États sanskritisés. En même temps, les langues vernaculaires telles que le khmer se sont appropriées certains emprunts et les ont utilisés pour exprimer des idées et pratiques locales. Un composé comme guṇadoṣa exprimait une pratique locale en langue khmère et une autre pratique locale en langue javanaise. Toutefois, dans certains domaines comme la juridiction, des emprunts sanskrits qui exprimaient idées locales coexistaient avec un vocabulaire khmer pour rendre des verdicts solennels. Ils entraient en interaction complexe avec les mots khmers. Ces emprunts exprimant des idées locales nous donnent des indices d’un « monde » extérieur à celui que les épigraphes en langue sanskrite semblaient montrer.

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