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L IEN ENTRE L ’ EFFICIENCE DE LA POLITIQUE DE L ’ UNIVERSITÉ ET LE CARACTÈRE DES EXTERNALITÉS INTER ORGANISATIONNELLES : UN MODÈLE

Une conclusion importante à retirer de l’analyse de la section précédente est la suivante : en présence d’activités externes, les conditions des contrats 370 universitaires influencent la distribution de l’effort entre les tâches intra-universitaires non seulement directement mais aussi indirectement à travers les externalités inter-organisationnelles. En effet, les pratiques mises en œuvre par les administrations universitaires affectent l’attitude des professeurs envers les tâches externes via les externalités contractuelles et informationnelles qu’elles génèrent. La nécessité de réajuster la répartition des efforts consacrés aux activités extra universitaires provoque une répercussion sur les tâches internes par l’intermédiaire des externalités technologiques et motivationnelles entre les tâches internes et externes. La force de telles retombées dépend positivement du degré de liberté que le professeur possède en distribuant ses efforts entre les activités internes. Il est clair qu’un faible contrôle de sa performance signifie un haut degré de liberté. Nous allons présenter un modèle371 qui, d’une part, illustre ce phénomène et, d’autre part, nous aidera à analyser le cas des universités russes.

5. 2. 1. Répercussions des changements de paramètres du contrat interne sur la distribution des efforts entre les tâches internes et externes

Les problèmes liés à l’augmentation progressive du service d’enseignement sont activement discutés dans les milieux universitaires de presque tous les pays européens. Dans le cas des universités russes, la situation semble encore plus critique. En considérant l’influence indirecte des conditions du contrat sur la distribution des efforts, nous allons nous focaliser sur la politique des universités en matière de détermination du service d’enseignement. Pour simplifier notre analyse, mais sans pour autant perdre en généralité, nous supposons que chaque professeur a deux tâches intra-universitaires qui englobent l’aspect quantitatif (la charge de travail) et l’aspect qualitatif de l’enseignement et une tâche externe. Supposons aussi qu’il existe une forte externalité réputationnelle qui rend le travail universitaire nécessaire pour avoir accès à l’activité externe. Présumons que la motivation centrale pour s’engager dans cette dernière réside dans la nécessité ou le désir de gagner un revenu supplémentaire.

Sur le Graphique 5.2, sur les axes salaire et temps du travail, nous présentons la carte des courbes d’indifférence du professeur et les contraintes budgétaires définies par son salaire, le service obligatoire correspondant à son poste et le salaire horaire qu’il gagne en réalisant l’activité externe. Supposons que la fonction d’utilité de l’universitaire a une forme quasi-linéaire :

(

)

2 2 1 2

prof k

U

= +W

w q

C q

+ +q

e

,

370 Il s’agit ici, avant tout, des systèmes d’évaluation de la performance et d’incitation dans le même temps que des principes définissant les conditions du travail et déterminant le service d’enseignement.

Chapitre 5 : Les activités externes des universitaires

125

q

1  la quantité des heures du service obligatoire,

e

k l’effort investi pour la qualité de l’enseignement,

W

le salaire fixe du professeur (d’o ù on peut calculer la rétribution implicite à l’heure du professeur : 1

1

W

w

q

=

),

w

2 le salaire horaire lié à l’activité externe,

q

2 la quantité 

d'heures du travail externe,

C q(

1

+ +q

2

e

k

)

– la fonction de coût personnel du professeur telle que

2 2 2 2

( )

( )

( )

( )

0,

0,

0,

0

k k

C

C

C

C

q

q

e

e

∂ ⋅

>

>

∂ ⋅

>

>

. Nous supposons que

w

2

>w

1

Supposons que le niveau initial du service obligatoire est 1 1

q

de sorte que la contrainte budgétaire est constituée par la ligne brisée

O AB

1 372. Le travail exclusivement à l’université (cf. le point A sur le Graphique 5.2a) n’assure pas au professeur un niveau d’utilité suffisant pour que le contrat universitaire soit acceptable. Par contre, le travail parallèle en dehors de l’université d’un volume 1

2

q

permet au professeur d’obtenir l’utilité

U

1 supérieure à son utilité de réserve R

U

. Ainsi, l’activité externe produit une sorte d’externalité contractuelle positive qui soutient l’attractivité du travail universitaire. L'augmentation du service obligatoire jusqu’à 2

1

q

transforme la ligne budgétaire en

O CD

2 . Cette modification, sous

e

k fixe, conduit à une baisse de l’utilité jusqu’à

U

2,qui est inférieure à l’utilité de réserve. Or, la contrainte de participation du professeur

372 Les contraintes budgétaires O

1AB et O2CD sont coudées puisque le service obligatoire universitaire est fixe. Ainsi, les professeurs, en acceptant le contrat universitaire, ne peuvent pas choisir q1 au-dessous de q1. Les positions des points A et C

sont déterminé par le service obligatoire q1 et le salaire fixe W ainsi que w1 =W1/q11 =W2/q12.

U1 UR Temps de travail Revenu U2

q

1 1

GRAPHIQUE 5.2. Non respect de la condition de participation sous un niveau trop élevé de lacharge obligatoire et redistribution en conséquence des efforts entre les tâches internes et externes.

A B C D O1 O2

q

2 1

q

12

q

2 2

w

2

w

1 0

(

,

k

,

)

U q e q

1 1 1 1 1 2 A B C D

(

, k,

)

U q e q2 1 2 2 1 2 UR Revenu

(

, k,

)

U q e q3 12 2 23

q

3 2 a) b)

W

1

W

2

Chapitre 5 : Les activités externes des universitaires

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n’est plus satisfaite puisque sous la condition de l’attention limitée373, l’extension du service interne restreint l’opportunité de s’investir à l’activité externe qui assure au professeur l’utilité de réserve. Si la qualité de l’enseignement est difficilement contrôlable et n’est pas incitée directement par le contrat universitaire, la réaction logique du professeur sera de réduire l’effort consacré à la maintenance de la qualité – de 1

k

e

à 2

k

e

– et sa réallocation à l’activité externe, ce qui se traduira par le passage de 2

2

q

à 3 2

q

. Sur le Graphique 5.2, ces changements peuvent être illustrés par une rotation de la courbe d’indifférence

U

2 et sa transformation en

U

3 dont le niveau d’utilité correspond à l’utilité de réserve R

U

(cf. le Graphique 5.2b). Une telle stratégie du professeur ne va pas dans le sens des intérêts de l’université.

Cet exemple montre que si l’université en déterminant les paramètres du contrat basique 1

q

et

w

1, ne tient pas compte du fait que l’activité externe est absolument nécessaire pour que l’enseignant soit prêt à signer le contrat universitaire, le mécanisme de soutien mutuel sous la forme des externalités réputationnelle (de la part du travail universitaire) et contractuelle (de la part de l’activité externe) risque de s’effondrer. Ceci rendra le contrat universitaire inacceptable et, donc, provoquera soit le départ du professeur, soit, ce qui est plus probable, une réallocation de son effort des tâches faiblement contrôlées (comme, par exemple, la qualité de son enseignement) au profit des tâches directement incitées, à savoir l’aspect quantitatif de l’enseignement où le niveau d’effort est imposé par

q

1 et les tâches externes où la rémunération dépend de la performance.

Il faut dire que pour que la logique décrite ci-dessus tienne, la raison de s’engager dans une activité externe ne doit pas forcément être liée à la nécessité de gagner un revenu supplémentaire. L’intérêt d'exercer un emploi externe peut être dicté par des motivations intrinsèques. Revenons à la forme générale de la fonction d’utilité du professeur, présentée dans l’introduction du Chapitre 3, et réécrivons-la dans les termes de notre exemple :

(

) (

)

2 2 1

,

,

2 1

,

,

2

prof k k

U

= +W

w q

+g q e q

c q e q

,

g( )⋅

est une fonction de motivations internes. Imaginons qu’envers l’activité externe donnée, ces motivations sont assez fortes –

(

1 2

)

2

,

,

0

k

g q e q

q

>>

supposons pour simplicité

( )

2 2

que

g

g

q

∂ ⋅

=

et que le travail universitaire ouvre au professeur l’accès à cette activité.

Même si l’accomplissement de la tâche externe n’est pas mieux payé que l’accomplissement des tâches internes, autrement dit si

w

1

>w

2, il suffit que

w

1

<w

2

+g

2 pour qu’un phénomène identique à celui du cas de l’externalité contractuelle positive se reproduise. En effet, si sur l’axe

Chapitre 5 : Les activités externes des universitaires

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des ordonnées du Graphique 5.2a, nous marquons non le salaire mais les gains totaux du professeur, la tangente de l’angle d’inclinaison de AB et CD sera

w

2

+g

2. Ainsi, l’accroissement du service interne jusqu’à 2

1

q

engendrera, tout comme dans le cas précédent, la violation de la contrainte de participation.

Le Graphique 5.3 représente manifestement un fait facilement explicable intuitivement par la convexité de la fonction de coût : pour que le contrat continue à respecter la condition de participation, sans forcer le professeur à réduire le niveau de la qualité d’enseignement, l’augmentation du service obligatoire doit être suivie par l’élévation plus rapide de

W

(dans notre cas de

W

1 à

W

2), autrement dit par un accroissement de son salaire horaire

w

1 2 1 1 2 2 1 1

de w

W

à w

W

q

q

=

=

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