3.2 T ransfert d'un débit amont
3.2.3 Eets d'une condition à la limite aval
Danslecadre decette thèse,les biefsconsidérés sont délimitéspar desstationshydrométriques,
généralement situées à l'amont immédiat d'un ouvrage en travers (seuil, vanne, etc.). Ces
ou-vrages ont une inuencesur ladynamiquede l'écoulement à travers lecouplage qu'ilsinduisent
entre le débit et la hauteur d'eau. Ce couplage se traduit par l'équation d'ouvrage, et est à
l'origine de deux phénomènes. Le premier, quel'on appellera eet backwater, vient du fait que
la hauteur d'eau au droit de l'ouvrage est liée au débit qui le traverse, provoquant une courbe
de remous(gure 3.11).Lesecond, nomméeet feedback,est lié àlavariationde hauteur d'eau
qu'induit une certaine variation de débit. Cet eet est souvent négligé lors de l'étude de
l'in-uence d'un ouvrage aval; nous verrons cependant qu'il peut avoir un impact aussi important
quel'eet backwater. Enquelque sorte,l'eet backwater correspondà uneet statiquepuisqu'il
aectelerégime permanent considéré pour lalinéarisation, alors quel'eet feedback correspond
à uneet dynamiquepuisqu'il peutêtre assimilé àun contrôleur proportionnel.
ouvrage aval
débit aval débit
amont
courbe de remous
Figure 3.11 Schémade lacourbe de remousinduitepar unouvrage aval
La gure3.12 représentedes exemples de courbes
Q = f (Y )
pour un seuil etune vanne. Pources deux ouvrages, la hauteur d'eau est
Y 0
pour un débitQ 0
. La courbe de remous, et doncl'eet backwater, sont les mêmes dans les deux cas. Cependant, si le débit passe de
Q 0
àQ 1
,la variation de hauteur d'eau induite est bienplus importante pour la vanne que pour leseuil.
Ainsi, ladynamiquenesera pasaectéedelamême manièrepar laprésenced'unseuiloud'une
vanne à l'aval, même si la courbe de remous est identique pour un régime de référence
Q 0
. Cerésultat a été mis en évidence par Strelkoet al. (1998), maisn'a jamaisété étudié de manière
analytique.
La méthodedéveloppée icipermetd'étudierl'inuence d'unouvrage avalen prenant encompte
les eets backwater et feedback indépendemment. Pour ce faire,nous supposerons quel'avalde
l'ouvrage n'a aucune inuence sur l'amont (ouvrages dénoyés). Notons que la méthode décrite
peut facilement s'étendre au cas desouvrages inuencés par l'aval (cas des ouvrages noyés) en
couplant lesfonctions detransfert desbiefs amont etaval.
L'équation d'ouvrage sera notée:
Q = f ouvr (Y )
(3.7)Nousutiliserons l'équation(3.8) pour décrireun seuildénoyé etl'équation(3.9) pour une vanne
Y0 Y1s Y1v
Q0 Q1
hauteur d’eau
débit
seuil
vanne
Figure 3.12 Lesdeux eetsde laprésenced'unouvrage aval.
de fond dénoyée :
largeurde lavanne,
W v
l'ouverture dela vanne etC v
lecoecient dedébit de lavanne.Développement d'un modèle fréquentiel
Nous cherchons ici à établir une fonction de transfert simple reliant les variations de débit en
tout point du cours d'eau aux variations du débit amont. Les équations de Saint-Venant sont
d'abordlinéariséesautourd'unrégimederéférence,puistransposéesdansledomaine fréquentiel.
L'introductiondel'équationd'ouvragelinéariséepermetensuited'établirlafonctiondetransfert
aveccouplageavalpourunrégimederéférenceuniforme.Enn,pourprendreencomptelacourbe
de remous, le biefsera scindé en deux sous-biefs, le premier représentant la partie uniforme, le
deuxième lapartie nonuniforme.Le modèleainsiobtenu,nommé LBLRpour LinearBackwater
Lag&Route, estprésentédansl'article deMunier et al.(2008).
1. Equations deSaint-Venant linéarisées
Danslasuite,lesvariablesdécrivantlerégimederéférence,déniparundébituniformesur
toutlebief(doncsans débitlatéral),seront notéesavec l'indice0 (parexemple
Q 0
,Y 0 (x)
,etc.), les variables notées en minuscule (
q(x, t)
,y(x, t)
,etc.) correspondront à des petites variationsautourdurégimederéférence.Aveccesnotations, leséquations deSaint-Venantlinéarisées s'écrivent : la section d'écoulement. Dans les équations (3.12-3.13), la dépendance en
x
a été omisepour plusde lisibilité.
Danscette partie,on s'intéresseau transfertd'undébitamont;ledébitlatéral
q l
estdoncsupposénul.Le transfert d'undébit latéralsera étudiédans lapartie 3.3.
2. Approche fréquentielle
Les équations de Saint-Venant linéarisées sont ensuite transposées dans le domaine
fré-quentielpar latransformée de Laplace. An d'alléger les écritures, les variables
q(x, t)
ety(x, t)
garderontlamême notation dansledomaine fréquentiel,soitq(x, s)
ety(x, s)
,oùs
est lavariable deLaplace. Le systèmepeutalors s'écriresous laforme :
d
Pour résoudre analytiquement l'équation diérentielle ordinaire (3.14), la matrice
A s
estdiagonalisée. Lesvaleurspropres sont :
( λ 1 (s) = a + bs − √
Dans lasuite,ladépendanceen
s
deλ 1
etλ 2
sera omisepour plus delisibilité.La matrice
A s
s'écrit alors :A s = P s D s P s −1
(3.17)En supposant que
A s
est uniforme le long du bief, l'équation (3.14) peut être résolueanalytiquement et conduità (Litrico etFromion, 2004a):
q(x, s)
La matrice
Γ
permet d'obtenir le débit et la hauteur d'eau en tout point du bief aveccommeconditionsauxlimitesledébitetlahauteurd'eauàl'amont.Commenousallonsle
voir, l'introduction de l'équation d'unouvrage situé à l'aval du biefpermetde réduireles
conditions aux limites au seul débit amont, etainsi d'établir la fonction de transfert
T F 0
reliant
q(x, s)
àq 0 (s)
:q(x, s) = T F 0 (x, s)q 0 (s)
(3.21)3. Fonctionde transfert avec feedback pour un écoulement uniforme
La linéarisationdel'équationd'ouvrage(3.7) permetd'introduirelecoecient defeedback
k = f ouvr 0 (Y X )
.Ce coecient caractérisel'eet feedback àtravers larelation :q(X, t) = ky(X, t)
(3.22)Dans lecasduseuil,
k = 3 2 Y Q 0
X −Z s
.Pour la vanne,
k = 1 2 Y Q 0
X
.
Ainsil'équation(3.19)couplée àl'équation(3.22) permettentd'écrire lafonction de
trans-fert
T F 0
sous laforme :T F 0 (x, s) = 1 − ρe (λ 1 −λ 2 )(X−x)
1 − ρe (λ 1 −λ 2 )X e λ 1 x
(3.23)où :
ρ = kλ 1 + T 0 s
kλ 2 + T 0 s
(3.24)4. Approximation dela courbe de remous
L'eet backwater est pris en compte grâce à une approximation de la courbe de remous
développée initialement par Schuurmans et al. (1999) et modiée par Litrico et Fromion
(2004b). Elle consiste en un découpage du bief en deux sous-biefs, le premier relatif à la
partie uniformede laligned'eau, lesecondrelatifà lapartienon uniforme. Laligne d'eau
réelle, caractérisée par l'équation (3.25), estalors approchée par deuxsegments de droite,
commeillustré surlagure3.13.
dY
dx = S b − S f
1 − F 2
(3.25)où
F = V /C
est lenombrede Froude.0
Uniform part Backwater part Y n
S
b
Y X
S X
X 1 X
Figure 3.13 Approximationde lacourbe deremous
Dans la partie non uniforme, la ligne d'eau approchée est tangenteà la ligne d'eau réelle
en
x = X
. L'abscisse de séparation des deux sous-biefs,X 1
, est alors déterminée parl'intersection de la ligne d'eau approchée de la partie backwater avec la ligne d'eau du
régime normal. Les variables décrivant l'écoulement de référence seront notées avec les
indices 1 et2pour les sous-biefsamont et avalrespectivement. Le régime de linéarisation
dans la partie amont correspond au régime normal avec le débit
Q 0
. Dans la partie aval,de longueur
X 2 = X − X 1
,lerégimede linéarisationestdénipar undébitQ 0
,une pentede laligne d'eau
S X
etunehauteur d'eau moyenneY 2 = Y X − S X X 2 /2
.Danschaquesous-bief,lescaractéristiquesdel'écoulementsontsupposéesuniformes.Il est
alors possible d'écrire les fonctions de transfert
T F 1
etT F 2
relatives à chaque sous-biefsous lamême formeque dansl'équation(3.23), soit,pour
i = 1..2
:T F i (x i , s) = 1 − ρ i e (λ 1i −λ 2i )(X i −x i )
1 − ρ i e (λ 1i −λ 2i )X i e λ 1i x i
(3.26)avec
λ 1i
etλ 2i
les valeurspropres dusous-biefi
etx i
l'abscisse danslesous-biefi
(x 1 = x
et
x 2 = x − X 1
).Lesvariablesρ i
dont dénies par :ρ i = k i λ 1i + T i s
k i λ 2i + T i s
(3.27)où
k 1 = − T 2 s 1−ρ 2 e (λ 12 −λ 22) X 2
λ 12 −λ 22 ρ 2 e (λ 12 −λ 22) X 2
etk 2 = k
(3.28)k 1
est obtenuen couplant leséquations (3.19) (dansle sous-bief2) et(3.22).La fonction de transfert
T F 0
découle du couplage entre les fonctions de transfertT F 1
etT F 2
.Elleest donnéepar :T F 0 (x, s) =
( T F 1 (x, s)
six ≤ X 1 T F 1 (X 1 , s)T F 2 (x − X 1 , s)
six > X 1
(3.29)
Approximation basse fréquence (méthode des moments)
Pourpermettreunretourdansledomainetemporelsanspasserparl'utilisationduproduit
de convolution, la fonction de transfert
T F 0
, que l'on appellera exacte , devra êtreapprochée par une fonction detransfert plussimple.La méthodeutilisée aétédéveloppée
par Lal et Mitra (1974) et adaptée par Dooge et al. (1987) pour le transfert d'un débit
amont. Il s'agitde laméthode dite desmoments (Moment MatchingMethod) dont le
principe est d'égaliser les moments d'ordre 0, 1, 2,etc. de la fonction de transfert exacte
avec ceux d'une fonction de transfert approchée dont la forme est déterminée a priori.
Cetteméthodepermetd'obteniranalytiquementlesparamètres delafonctionde transfert
approchée de façon à reproduire le mieuxpossible lecomportement basse fréquence de la
dynamiquedu bief.
La gure 3.14 présente le diagramme de Bode 2
de la fonction de transfert exacte pour
les quatre canaux types, dansle cas uniforme. La forme de ces courbes permet de choisir
pourlesfonctionsdetransfertapprochées unereprésentationdutypepremierordreavec
retard en première approximation (graphede droite).
An de représenterplus nement ladynamique dubief, ilest possible dechoisir des
fonc-tions de transfert plus complexes (ajout d'un zéro, deuxième ordre ou plus généralement
2. Lediagramme deBodedelafonctiondetransfert
T F (jω)
est composé destracés du moduleendécibels(
20 log 10 |T F (jω)|
)etdelaphaseendegrés(arg T F(jω)
)enfonctiondelafréquenceangulaireω
enrad/s−30
Figure 3.14 Diagramme de Bode de la fonction de transfert exacte pour les quatre canaux
types (à gauche) et diagramme de Bode pour une fonction de transfert de type premier ordre
avec retard (à droite)
fraction rationnelle). Cependant, même si la méthodologie développée reste applicable,
nous avons choisid'en rester à une fonction de type premier ordre plus retard pour deux
raisons. La première est d'éviter les problèmes de stabilité que l'on peut rencontrer avec
desordresplusélevés(Malaterre,1994), laseconde estdelimiterlenombredeparamètres
qui devront être calés lors del'étaped'identication. En outrece type de fonctionpermet
de reproduire deuxcaractéristiquesessentiellesdutransfert desurface :l'atténuation etle
retard.
Rappelons ladénition du moment logarithmique d'ordre
R
de la fonctionh(t)
(ouh(s)
dansle domainede Laplace) :
M R [h(t)] = ( − 1) R d R
ds R [log h(s)] s=0
(3.30)La méthode des moments revient donc à égaliser les dérivées successives des fonctionsde
transfertexactes etapprochées en
s = 0
.Le calculdecesdérivées seferapar l'approxima-tion deTayloren 0,soit pour lafonctionde transfert exacte:T F 0 (x, s) = A 0 (x) + B 0 (x)s + C 0 (x)s 2 + o(s 2 )
(3.31)Lafonctiondetransfert
T F 0
étantcalculéeàpartirdescaractéristiquesdubiefetdurégime de linéarisation, ilen vade même pour les fonctionsA 0
,B 0
etC 0
.Cette fonction de transfert est approchée par la fonction de transfert suivante, du type
premier ordreplus retard :
T F g 0 (x, s) = G 0 (x) e − τ 0 (x)s
1 + K 0 (x)s
(3.32)La méthodedes moments conduitalors auxéquations :
G 0 (x) = A 0 (x) τ 0 (x) = − B 0 (x) − p
2C 0 (x) K 0 (x) = p
2C 0 (x)
(3.33)
L'annexe 3.5 détaille le calcul de l'approximation de Taylor de
T F 0
qui permet d'établirl'expression de
A 0
,B 0
etC 0
dénis par l'équation (3.31). Notons quece calculconduit àA 0 (x) = 1
, ce qui est en accord avec l'équation de conservation de la masse. Il en résulte queG 0 (x) = 1
.Lafonctiondetransfertsimpliéedudébitamontestdonccaractériséeparτ 0 (x)
etK 0 (x)
, calculés analytiquement à partir descaractéristiques du biefX
,B
,m
,S b
et
n
,deQ 0
décrivant le régimede linéarisation,etdeY X
etk
décrivant respectivement la courbe de remousetlefeedback.Enrésumé :lemodèleLBLR (Linear Backwater Lag&Route)
Modèlefréquentielsimpliéà basephysique
Prise en compte deseetsde laconditionà lalimiteaval
Fonction de transfert distribuée dutype premierordre avec retard:
T F g 0 (x, s) = 1+K e −τ 0( x)s
0 (x)s
Paramètres
τ 0 (x)
etK 0 (x)
déterminésanalytiquement àpartir descaractéristiques physiquesAnalyse des eets backwater et feedback
Eet d'un seuil, eet d'unevanne
Pour illustrerl'impactque peutavoirlaconditionà lalimiteavalsurladynamique, deuxtypes
d'ouvrages sont introduits successivement à l'aval du canal type C2. Le premier est un seuil
de longueur 30 m, de hauteur de pelle 2.6 m etde coecient de débit 0.4. Ce seuil induit une
hauteur aval
Y X = 1.25Y n
et un coecient de feedbackk = 1.89k n
, oùk n
est le coecient defeedback obtenulorsquel'équationd'ouvrageestl'équationdeManning(3.3).Lesecondouvrage
estune vanne delargeurde10 m,d'ouverture1.52metdecoecientde débit0.6,ce quidonne
Y X = 1.25Y n
etk = 0.21k n
.Le seuiletlavanne provoquent donc lamême courbede remous,etontdonclemêmeeetbackwater.Lesrésultatstemporelsainsiquel'approximationdelacourbe
de remoussont illustrés sur la gure3.15. La réponse par le modèle d'Hayami y est également
présentéepourcomparaisonaveclecassemi-inni.Lagure3.16présentelediagramme deBode
desfontions de transfertexactes etapprochéespar les modèles LBLRetHayami.
Il est clair d'après ces graphes que, d'une part, la condition à la limite aval peut avoir une
inuencesignicativesurladynamiquedel'écoulement,d'autrepart,lanaturedel'ouvrage aval
a également uneimportance dupointde vuedynamique.Eneet,laprésenced'unseuilà l'aval
atendance,danscetexemple,àaccélererl'écoulement,alorsquelavanneleralentit.Enoutre,le
modèleLBLRestcapable,danscesdeuxcas,deprendreencompte demanièretrèssatisfaisante
lacondition àla limite aval.
Demême,lagure3.17montrelesrésultatsdumodèleLBLRcomparésàceuxdeSICenincluant
0 1 2 3 4 5 6
Canal 2 − Approximation de la courbe de remous
abscisse (km)
Figure 3.15 Comparaisondes modèles LBLR, Hayami et SICpour lecanal C2avec un seuil
à l'aval(à gauche)ou une vanne (à droite)
Figure 3.16Diagrammede Bodedesfonctionsdetransfert exactesetapprochées (parLBLR
etHayami) pour lecanalC2 avec un seuilà l'avalou unevanne
0 2 4 6 8 10 12
Figure3.17Comparaisondesréponsesen
x = X/2
etx = X
parlelogicielSICetlesmodèlesLBLR etHayamià uneentrée créneaupour lebiefGignac1 avec vanneaval
lavanne àl'avaldubiefGignac1.Lesrésultatsdumodèled'Hayamisontégalement représentés.
La vanne est dénie par une largeur de 3.58 m, une ouverture de 0.4 m et un coecient de
débit de 0.6. Le modèle LBLR permet de reproduire avec une très bonne précision le débit à
l'aval,ainsiqu'aupointintermédiaireoùlavanneamoinsd'inuence.Laqualitédesrésultatsau
point intermédiaire est moinsbonne dufait de laprésence de hautes fréquences(visibles par la
montéerapideetlacassurequisuit)nonprisesencomptedanslemodèleLBLR.Ilseraitpossible
d'identier par la méthode des moments une fonction de transfert de type premier ordre plus
zéroavecretard,quipermettraitunepremièreapproximationdeshautesfréquencesetdonnerait
de meilleurs résultats:
T F g 0 (x, s) = 1 + Z 0 (x)s
1 + K 0 (x)s e −τ 0 (x)s
(3.34)Cettenouvelle fonctiondetransfertn'est pasprésentéeici,carlagrandemajoritédescastraités
par la suite concernent desbiefs de rivièreplutôt longs pour lesquelsles hautes fréquences sont
fortement atténuées.
Cerésultatmontrequelaméthodesimplederecherched'unegéométrieéquivalenteetlapriseen
comptedel'ouvrageréeldanslemodèleLBLRpermettentdereproduiredemanièresatisfaisante
ledébit danslebief.
Recherche d'un ouvrage équivalent
Nous avons déjà mentionné quelebief Gignac2 possède de nombreux ouvrages répartisle long
du bief. Une première façon de prendre ces ouvrages en compte serait de découper le bief en
sous-biefs séparés par les ouvrages, et d'appliquer le modèle LBLR sur chacun des sous-biefs.
Cette méthode n'est pas présentée car elle introduit une erreur multiplicative qui dégrade la
reconstitution du débit à l'aval. Une autre méthode, que l'on appellera méthode des volumes,
seraitde chercherunouvrage équivalent permettantde reproduireles eetsde tousles ouvrages
réels. Pour ce faire,nousavonscalculé grâceau logicielSICle volume total
V
danslebief pourdiérents régimes permanents
Q
. En conservant la géométrie équivalente établie au début de cettepartie (voirtableau3.2),unseuiléquivalent aétédéterminédemanièreàminimiserl'écartentre la courbe
V (Q)
calculée par SIC et celle obtenue par l'approximation de la courbe deremous. On obtient un seuil de longueur 3.23 m etde hauteur 1.37 m (le coecient de débit a
été xé à 0.4). La gure 3.18 montre la courbe obtenue, ainsi que celle correspondant au bief
semi-inni (uniforme).
0.2 0.4 0.6 0.8 1
0 0.5 1 1.5
2 x 10 4
débit (m 3 /s) volume (m 3 )
Gignac 2 − méthode du volume
SIC semi−infini seuil équivalent
Figure 3.18 Volume équivalent pour lebiefGignac2
La résponse en
x = X/2
etenx = X
à une entrée créneau est présentée sur lagure 3.19. LesmodèlesSIC,LBLRetHayamiproduisentquasimentlesmêmesrésultatsaupointintermédiaire
oùl'inuencedesouvragesestpeumarquée.Parcontreàl'aval,lemodèleLBLRestbienmeilleur
que lemodèle d'Hayami.Ces résultats montrent qu'il estpossible,par laméthode desvolumes,
de trouverun ouvrageéquivalentdupointde vuedeladynamiquepermettantde reproduireles
eets desmultiples ouvragesrépartis lelongdu bief.
0 2 4 6 8 10 12
Figure 3.19 Comparaison desréponses en
x = X/2
etx = X
par lelogicielSICetlemodèleLBLR àune entrée créneau pour lebief Gignac2avec l'ouvrage équivalent
Discussion
Lapriseencomptedelaconditionàlalimiteavaldansletransfertdedébitaétérenduepossible
grâce àl'approche physique développée.Le modèle LBLRobtenu présenteplusieurs avantages :
Danslecasoùlebiefne présente qu'unouvrage àl'aval,lemodèle LBLRpermet d'améliorer
signicativement la reconstitution du débit dans le bief en utilisant directement les
caracté-ristiques de l'ouvrage. Dans lecas de plusieurs ouvrages répartis le longdu bief, la méthode
desvolumespermetd'établirunouvrageéquivalentcapabledereproduireleseetsdetousles
ouvrages.
LemodèleLBLRorelapossibilitéd'analyserindépendammentleseetsbackwater etfeedback
induitspar unouvragedonné,ce quipeutêtreutilelors delaphasede conceptiond'uncanal.
Le caractère physique du modèle permet une pré-détermination des paramètres à partir des
caractéristiquesphysiquesdubief,réduisantainsilesproblèmes d'identiabilité lorsdel'étape
d'identication du modèleintégré.
Cependant,laméthode soulève quelquesinterrogations:
Elle nécessite une connaissance relativement précise de la géométrie du bief et des
caracté-ristiques des ouvrages pour la détermination d'un bief et d'un ouvrage équivalents. Dans de
nombreux cas, ces données ne sont pas disponibles et nécessitent des campagnes de mesure
coûteuses. Apartir de quellesdonnées peut-on établirune géométrie équivalent?
Les résultats précédents ont été obtenus pour des géométries uniformes ou quasi-uniformes.
Commentdéterminerlagéométrieéquivalentedanslecasnonuniforme,commepourlaplupart
desrivières?
En résumé, laprise en compte de la condition à lalimite aval présente un fort intérêt lorsqu'il
est possible d'établir une géométrie équivalente et que les caractéristiques des ouvrages sont
connues, ce quiest lecasde laplupart descanaux dont lagéométrie est relativement uniforme.
Dans ce cas, le nombre de paramètres à identier lors de la procédure de calage s'en trouvera
réduit,puisquelesparamètresdumodèledetransfertpourrontêtrepré-déterminés.Laprocédure
de calage ne portera donc que sur les paramètres des modèles relatifs aux transferts latéraux,
réduisant ainsiles problèmes d'identiabilité.
En revanche, lorsqu'il devient dicile de trouver une géométrie équivalente, en général par
manque de données topographiques, les paramètres du modèle de transfert devront être calés
à partir des mesures de débit amont et aval. A moins de pouvoir isoler des événements sans
transferts latéraux, le calage du modèle de transfert débit-débit devra se faire en même temps
que celui des modèles des transferts latéraux. Dans ce cas, il vaut mieux caler les paramètres
τ 0 (X)
etK 0 (X)
plutôt que les caractéristiques physiques plus nombreuses, ceci pour plusieurs raisons :Plusieurs géométries peuvent correspondre à des mêmes valeurs de
τ 0 (X)
etK 0 (X)
, ce quipeutengendrer desproblèmes d'identiabilité.
Lorsque l'on modélise l'inuence de plusieurs ouvrages par un seul ouvrage équivalent, on
reportetousleseetsdesouvragessurlapartieavaldu bief.Ainsi,laqualité dumodèlen'est
plusgarantie lorsque l'on souhaitereconstituer les débits à l'interieurdu bief, ou lorsquel'on
intègreles débits latéraux répartis endiérents points dubief.
Sur des biefs longs contenant peu d'ouvrages, les eets de ces ouvrages sur la dynamique
peuvent êtrelimités, voire négligeables devant d'autres phénomènes commelors desépisodes
decrue oùles ouvragessont eacés.
En conclusion, nous avons fait le choix, pour la suite de nos travaux, de négliger la condition
à la limite aval en considérant le bief comme semi-inni. Cette hypothèse présente l'avantage
d'un nombre minimum de paramètres caractéristiques décrivant ladynamique de l'écoulement.
Nous verrons par lasuite que cesparamètres, au nombre detrois voire deux, susent à décrire
le transfert d'un débit amont ainsi que le transfert des débits latéraux. Par contre, même si
ces paramètres conservent une signication physique, il sera en général nécessaire de les caler
lors de l'étape d'identication. Le caractère physique de ces paramètres permet toutefois de
lors de l'étape d'identication. Le caractère physique de ces paramètres permet toutefois de