3.6 Eet de la gigue d'horloge
3.6.2 Eet de la gigue d'horloge dans un modulateur CT
Dans le modulateur à temps continu "CT" (gure 3.25-b), deux sources d'erreur dues à une horloge
non idéale existent, au sein du quanticateur et du CNA interne. L'erreur d'échantillonnage, qui se
produit dans le quanticateur est rejetée par le gain de boucle |N T F(s)|. Cependant, l'importance
de l'eet de gigue d'horloge dans un modulateur CT est liée aux commutations du CNA, comme cela
a été montré dans beaucoup de publications. Ceci dû à la forme rectangulaire des signaux de sortie
des cellules du CNA généralement utilisées dans le cas CT. La sortie de la cellule est modulée par
la variation du temps de commutation comme sur la gure 3.26. Dans le cas d'une cellule NRZ, la
gigue inuence la sortie une fois par période si l'entrée de la cellule change, sinon il n'y a pas d'erreur.
En revanche, la gigue d'horloge inuence la sortie non nulle de chaque cellule type RZ deux fois par
période au front montant et au front descendant. Notons que les erreurs induites aux deux fronts
diérents sont en général indépendantes. L'amplitude d'un signal RZ (avec une durée de 50%) est
aussi deux fois plus grande que celle de signal NRZ équivalent.
An de mettre en équation l'eet de la gigue d'horloge, plusieurs méthodes analytiques ont été
développées [33, 40, 43, 108110]. Dans une approche complète, l'eet de la gigue doit être examiné
pour toutes les branches de rebouclage comme dans l'exemple d'un modulateur CT d'ordre trois
sur la gure 3.25-c. Pour chacune des sources, l'erreur de gigue ainsi que la fonction de transfert
de chaque branche à la sortie du modulateur doivent être estimées séparément. Cependant, on peut
constater que l'eet de la gigue est une erreur de type additionnel, et donc, celle du premier étage
joue un rôle plus important que celles des étages suivants. Nous considérons ici seulement l'erreur
du premier étage dans les deux cas NRZ et RZ. En raison de la présence d'au moins un intégrateur
(ou résonateur) entre la sortie du CNA et l'entrée du quanticateur, seule la surface totale du signal,
(charge du R
[(n+1)Te+δτ]nTe
I(t)dt ), produite par le CNA peut dénir l'erreur de gigue. Donc, la sortie
de chaque cellule est considérée comme un rectangle d'amplitude ∆ et de tailleτ +δτ au lieu de la
forme réelle. De plus nous supposons que la gigue d'horloge est une erreur de type Gaussien (avec
une moyenne nulle). En réalité, elle n'est pas blanche puisqu'elle a une distribution de type
±1(f−fe)
comme le montre la gure 3.27. An de prendre en compte la forme réelle de la gigue, il faudrait faire
1/f
une analyse plus détaillée, ce qui n'est pas envisagé dans le travail actuel.
Pour un CNA de type NRZ (τ = T
e), avec une entrée v(n), l'expression de cette erreur est
[43,108111] :
e
j,N RZ(n) = [v(n)−v(n−1)]δτ
T
eN
j,CT,N RZ2≃ var[e
j,N RZ]× 1
OSR =σ
2 ∆v× σ
2 τT
2 e× 1
OSR (3.77)
où le spectre de la gigue est supposé blanc,σ
2∆v
est la variance de la variation d'entrée du CNA, puis
N
j,CT,N RZ2montre la totalité du bruit de la gigue dans la bande utile. Par conséquent, la résolution
maximale du CNA s'exprime comme suit :
EN OB
j,CT,N RZ=Log
2[ M
2√
3N
j,CT,N RZ] =Log
2[
M√
OSR
2√
3 σ
∆v στ Te] (3.78)
La valeur deσ
∆vdoit être évaluée en fonction de l'architecture du modulateur et des caractéristiques
du signal d'entrée. Elle dépend en pratique de deux facteurs diérents : la vitesse de variation
d'en-trée, et l'erreur de quantication. Dans le cas d'un modulateur monobit, σ
∆vest estimé de manière
analytique [108] et de manière numérique [109] (de l'ordre de
23
). Dans le cas d'un CNA multibit, la
valeur exacte deσ
∆vvaut entre "1" et
2M3
[108]. Si on considère que l'entrée du modulateurx(t) est
limitée dans la bande avec un OSR assez grand (par exemple OSR > M), σ
∆vreste modérée dans
la limite de 1 LSB. Cela confère au CNA multibit de type NRZ; cela limite ecacement l'eet de la
gigue. Cette expression se vérie par diérentes simulations qui montrent, par exemple, qu'une gigue
de l'ordre de 1% limite la résolution nale d'un modulateur monobit à 8 bit quand l'OSR vaut 64.
Cette même gigue d'horloge limite la résolution du même modulateur mais avec un CNA 4-bit, à 12
bit.
Dans le cas d'un CNA de type RZ, il faut considérer trois diérences par rapport au cas NRZ :
le nombre de fronts pour lesquels la gigue intervient est de deux par période d'horloge,
l'amplitude d'une cellule RZ de largeur d'impulsionτ qui doit être multipliée par
Teτ
pour fournir
la même énergie,
σ
∆vdoit être remplacé par la variance d'entrée absolueσ
v, car l'eet de gigue d'une cellule RZ
dépend de la valeur absolue d'excitation.
Ainsi, l'eet de la gigue dans la bande utile devint au moins deux fois plus élevé pour le cas RZ que
celui du cas NRZ. Cela peut s'exprimer par la relation suivante [108,110] :
N
j,CT,RZ2≃2σ
2v× σ
2
τ
T
2e
×OSR1 (3.79)
Dans le cas monobit, σ
vvaut 2 au lieu de 0.7 pour σ
∆vdans l'expression 3.77.
Cependant, une très grande diérence peut apparaître entre le CNA NRZ et le CNA RZ quant ils ont
une structure multibit. Comme on l'a vu précédemment, la variation de l'entrée d'un CNA multibit
est de l'ordre d'un LSB, alors que la valeur d'absolue de l'entrée varie de "0" à "M". Autrement
dit, la résolution maximale d'un CNA de B bit de type RZ peut être limitée par la gigue d'horloge
d'environ (B+1) bits inférieure à celle d'un CNA similaire de type NRZ.
Il existe un cas encore plus mauvais, qui est celui de l'utilisation de deux CNA RZ complémentaires.
Cette structure est un bon candidat pour la conception d'un modulateur à temps continu, on peut
grâce à elle ajuster l'équivalence entre la fonction de transfert DT et CT en faisant varier les coecients
d'un rebouclage multiple [101]. La puissance de bruit de la gigue peut doubler par rapport au niveau
donné par l'équation 3.79 [109].
Il faut rappeler que l'eet de la gigue analysé dans cette section est général de sorte qu'il n'y a pas
diérence selon le type d'application passe-bas ou passe-bande. Cependant, en raison de la présence
directe de la valeur absolue de la période d'échantillonnage (T
e=
f1e), dans tous les cas, la performance
d'un modulateur passe-bande est plus susceptible d'être limitée par la gigue que celle d'un modulateur
passe-bas qui fonctionne en général en basse fréquence.
Par ailleurs, nous avons une remarque importante non rapportée dans la littérature sur la diérence
entre le fonctionnement d'un modulateur multibit passe-bande et celle d'un modulateur multibit
passe-bas vis à vis de la gigue d'horloge. En utilisant un CNA RZ dans le cas passe-bas, l'eet de la
gigue est en général indépendant de l'amplitude de l'entrée, alors que, dans le cas passe-bande, cela
est le contraire. Plus de détails sur cette remarque seront donnés au chapitre 6.
Solution proposée an de diminuer l'eet de la gigue
En gros, cinq solutions ont été déjà présentées par lesquelles l'eet de gigue d'horloge, dans un
modulateur Σ∆à temps continu, peut être limité.
utilisation d'un CNA ayant une forme de signal du sortie exponentiel décroissant ("decaying"),
par exemple, de type SCR [43] ou de type sinusoïdal [112,113],
optimisation de la fonction de transfert de bruit de quantication,
utilisation d'un CNA multibit de type semi RZ,
utilisation d'un ltre de type FIR après le CNA,
utilisation des ltres de type "Transmission-line"
Un CNA de type SCR utilise une forme exponentielle produite par une capacité commutée (C) au
travers d'une résistance (R), comme sur la gure 3.28. An de minimiser l'eet de la gigue, la constante
(a) (b)
Fig. 3.28 Modulateur à temps continu monobit a)avec un CNA de type SCR, b) avec un CNA sinusoïdal
et la dynamique (amplitude) de sortie du CNA doit être d'un ordre plus élevé que dans le cas
normal pour le même niveau d'entrée. Cette structure rend un modulateur CT aussi robuste
vis-à-vis de la gigue qu'un modulateur DT, cependant, certains avantages de réalisation en mode CT
sont malheureusement éliminés. Par exemple, la bande passante, la vitesse de balayage et la plage
dynamique des AOP doivent être conçus avec environ les mêmes limites que celles du modulateur
DT. D'autre part, la réalisation d'un CNA ayant une sortie de forme par exemple sinusoïdale est
en pratique complexe et coûteuse. La fréquence de sortie d'un CNA de forme sinusoïdale doit être
synchronisée par la fréquence de l'horloge d'échantillonnage, ainsi que l'amplitude de ce type de CNA
est au moins3 fois grande que la celle d'un CNA NRZ normal.
La deuxième solution, c.-à-d. l'optimisation de la NTF du modulateur, a été présentée dans [114].
Cette solution est basée sur l'équation 3.77. En négligeant la faible variation d'entrée d'un modulateur
devant le bruit de quanticationσ
q, le termeσ
∆2v
peut être estimé par la relation suivante :
σ
2∆ v= var[v(n)−v(n−1)] =var[(1−z
−1)V(Z)]
≃ σ
2 Q2π
Z
2π 0|(1−e
−jω).N T F(e
jω)|
2dω (3.80)
σ
2∆v
peut être minimisé en minimisant l'ensemble de la multiplication ci-dessus dans la bande, comme
décrit sur la gure 3.29. Elle permet une amélioration limitée en jouant avec NTF, que peut être
Fig. 3.29 Solution proposé an de réduire l'eet de gigue d'hologe en faisant varier NTF a) modèle de
gigue d'un CNA NRZ, b) l'optimisation de NTF dans la bande.
disponible si le bruit de quantication n'est pas à la limite de résolution du système. En plus, si la
gigue a une forme non Gaussienne cette solution devient plus intéressante.
Cependant, nous estimons que le meilleur moyen de lutter contre l'eet de la gigue d'horloge consiste
en pratique à utiliser d'un CNA semi-RZ grâce auquel les avantages du mode RZ peuvent être obtenus
sans subir la contrainte d'eets supplémentaires de gigue plutôt qu'un CNA NRZ [48]. Cette solution
peut aussi être employée avec la solution précédente, pour laquelle nous proposons des circuit au
chapitre 6.
de la bande utile par le ltrage du signal de rebouclage. Cette méthode peut être utilisée pour un
CNA monobit. Dans le cas d'un CNA multibit, les circuits supplémentaires deviennent complexes.
Le principe est représenté sur la gure 3.30 et les détails se trouvent dans les références [111, 115]
CNA
CAN
+
+
-
-X(t) V(n)
Do(t)
1 1
sT
F(z) G(z)
sT
r(t)
y (t)
1y (t)
2Filtre
semi-numerique
r(t), sans filtre
numerique
[F(z)=G(z)=1]
r(t), avec filtre
numerique
[type: FIR]
1-bit
Fig. 3.30 Solution proposé an de réduire l'eet de gigue d'horloge par un ltrage Semi-FIR sur le signal
de rebouclage a)position du ltre, b)un exemple defonctionement de ltre.
La dernière solution, qui est présentée dans les références [25,26], tente de tirer bénéce de la fonction
de transfert des guide d'ondes, par exemple, celle des "Transmission-line". Une telle fonction de
transfert a des caractéristiques similaire aux circuits à capacités commutées SC. Cette solution n'entre
pas dans le cadre de notre étude parce que, les éléments des guides d'ondes ne sont pas compatibles
avec la technologie actuelle CMOS, de plus ils sont utiles pour des signaux au-delà du Giga-Hertz.
On peut trouver plus de détails dans les références données.
Dans le document
Nouvelles techniques d'appariement dynamique dans un CNA multibit pour les convertisseurs sigma-delta
(Page 98-102)