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2. A NCRAGE THEORIQUE DE LA PROBLEMATIQUE ET CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE 104


3.1 R ECHERCHE EMPIRIQUE QUALITATIVE 119


Le choix de la méthodologie et des techniques d’investigation est déterminé par le type de phénomène étudié ainsi que par l’objet concret de la recherche. Rappelons que, dans cette recherche, nous nous intéressons au phénomène du transfert intra-organisationnel de connaissances au sein des EM. Malgré l’existence d’un nombre impressionnant de publications portant sur le transfert des connaissances, la problématique liée à la dimension internationale de ce type de transfert demeure relativement peu explorée (Gupta et Govindarajan, 2000). Comme nous l’avons souligné dans le chapitre précédent, plusieurs aspects du processus de transfert demeurent à être identifiés et précisés. De plus, les travaux portant sur les transferts internationaux des connaissances abordés dans une perspective contextuelle sont, pour la plupart, théoriques; ils doivent donc, pour cette raison, faire l’objet d’une validation sur le terrain. Cette préoccupation ressort clairement de différentes publications soulignant l’importance d’ouvrir cette « boîte noire » que constitue le processus de transfert des connaissances, d’analyser comment, concrètement, se produisent ces transferts au sein des EM et de déterminer quels sont les liens existant entre les variables qui influent, de près ou de loin, sur ce transfert des connaissances et le choix des mécanismes de transfert (Liu, 2004). Comme l’indique Ferner (1997), ce domaine de recherche requiert l’ajout de travaux empiriques analysant en détails les processus qui se produisent et les liens qui se tissent lors de ces transferts : « Survey work need to be supplemented by careful qualitative case study research to follow through complex linkages, explore processes, and uncover how

decisions are really made. » (1997:31). Keating et Thompson (2004) affirment également que l’aspect théorique de ce domaine de recherche est relativement bien développé. Bien que plusieurs modèles aient été avancés par des chercheurs depuis un certain temps déjà, il manque, actuellement, de travaux empiriques testant ces propositions. Ces considérations préliminaires nous ont donc incité à adopter une démarche empirique qui privilégie l’expérience comme moyen de production de la connaissance (Grawitz, 1990). Sans diminuer l’importance de la recherche théorique, nous sommes d’accord avec la position exposée par Glaser et Strauss (1967) selon laquelle le contact direct avec la réalité permettrait de développer des théories valables. Sans pour autant se donner un tel objectif, nous croyons néanmoins contribuer à l’accumulation de connaissances dans notre champ disciplinaire et participer activement au développement de ce dernier.

En adoptant une démarche empirique, nous nous engageons dans une recherche exploratoire de type qualitatif. Comme le souligne Markus (1997), « toute recherche est exploratoire, même une recherche qui vise à confirmer ou infirmer la théorie […] La confirmation ou l’information d’une théorie n’est qu’une question de consensus entre les chercheurs ». En ce qui concerne notre problématique de recherche, nous avons constaté, par notre revue des écrits, au lieu d’un tel consensus, une hétérogénéité d’approches et de perspectives théoriques. Bien que de nombreuses études portant sur la gestion des connaissances existent déjà, notre recherche est de nature exploratoire, en ce qu’elle tente d’examiner l’ensemble des variables contextuelles abordées séparément dans ces études. L’absence, en l’espèce, d’un cadre théorique stable et faisant consensus parmi les chercheurs ne permet pas de formuler des hypothèses reflétant les liens de causalité existant entre les diverses variables ou de mesurer ces liens de façon précise. Donc, la recherche de type exploratoire qualitatif nous semble la plus appropriée à notre cas.

Comme le souligne Lofland et Lofland (1984), l’approche qualitative est tout à fait pertinente lorsque la recherche se propose de répondre aux questions suivantes : « quelles sont les formes du phénomène étudié ? » (What are the forms of the

phenomenon ?) ou « quelles sont les variations de ce phénomène ? (What are the variations in this phenomenon ?). Notre principale question de recherche, laquelle porte sur l’influence des facteurs contextuels sur le processus de transfert de connaissances, de même que nos trois sous-questions, lesquelles visent à préciser la nature de cette influence à chacune des étapes du processus, s’inscrivent directement dans ce type d’interrogation. Nous cherchons à comprendre l’ensemble du processus de transfert des connaissances ainsi que les variables, inhérentes à ce processus, permettant d’en maximiser l’efficacité globale. Enfin, toute recherche scientifique est de nature exploratoire dans la mesure où cette démarche suppose la découverte, ou la confirmation de l’existence, d’un phénomène et/ou d’une connaissance.

Bien que qualifié d’exploratoire, le présent travail de recherche ne suppose cependant pas nécessairement une exploration privée de tout repère. Nous débutons, en effet, avec un certain nombre d’idées préconçues et certaines connaissances préalables qui guident notre démarche. Nous nous appuyons notamment sur des postulats théoriques tirés des écrits consultés, en ce qui a trait aux facteurs contextuels (tant internes qu’externes) et à leur influence sur les connaissances, sur les mécanismes de transfert et sur l’efficacité du processus. Ainsi, la validation de ces postulats par des individus directement impliquées dans ce type de processus devrait nous permettre d’évaluer la conceptualisation actuelle du phénomène, de la nuancer et de l’enrichir par des variables additionnelles identifiées lors du contact direct avec la réalité organisationnelle (Klein et Mayer, 1999). Ainsi, aux fins de la présente recherche, nous avons adopté une démarche qualitative, laquelle implique un contact direct entre le chercheur et les individus participant au processus de transfert de connaissances. Ceci nous a permis de reconstruire la dynamique de ce processus par l’analyse, d’une part, de la perception de la réalité organisationnelle et, d’autre part, de l’expérience, propres aux individus interviewés.