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L’information comptable constitue un outil de contrôle et de protection des droits des actionnaires contre l’opportunisme des dirigeants. Elle contribue à la réduction des coûts d’agence provenant de la divergence des intérêts des dirigeants et des actionnaires, notamment ceux des actionnaires de contrôle et des actionnaires minoritaires. Lorsque le capital est concentré, les actionnaires de contrôle présentent une menace d’expropriation pour les actionnaires minoritaires et sont par suite peu enclins à publier des informations financières. En effet, une meilleure publication financière permet de mieux protéger les droits des actionnaires minoritaires des agissements des actionnaires de contrôle.

53 O’Connor (2004) emploie deux mesures de sa variable dépendante, Divit. Premièrement, il emploie la mesure traditionnelle du paiement de dividendes qui est le montant des dividendes versés par bénéfices, . Ce ratio est défini par : *100. La deuxième mesure est , ce ratio est défini par :

*100.

L’absence d’une protection légale efficace des actionnaires minoritaires dans les pays d’origine et la supériorité de la protection offerte par les lois américaines peuvent non seulement influencer la décision des dirigeants à inscrire leurs titres aux États-Unis mais attirer aussi des investisseurs et des analystes américains à la recherche d’un environnement caractérisé par une bonne divulgation d’informations (Bailey et al., 2006). Pour mieux protéger les investisseurs, les documents d’informations sont soumis à de nombreuses exigences et mesures de protection légale. Les agents et les comités de vérification doivent attester de l’exactitude de certains documents. Les administrateurs de l’entreprise doivent veiller à leur communication en temps opportun et de façon exacte. Les investisseurs ont tous droit à l’information conformément aux conditions de la bourse concernées. En plus de la couverture médiatique, la multiplication des annonces des performances de l’entreprise et les rapports des experts et des analystes présents sur la bourse étrangère améliorent la transparence de l’entreprise. L’information devient plus accessible au public, plus abondante et de meilleure qualité (Kammoun, 2008).

Les entreprises dont le niveau de divulgation est élevé sont capables d’attirer les investisseurs et ainsi accroître la liquidité (Diamond et Verrecchia, 1991 ; Kim et Verrecchia, 1991, 1994). D’après Domowitz et al. (1998), l’effet de la multicotation sur la liquidité dépend du niveau de divulgation des informations et de la transparence des marchés. Si les informations sur les deux marchés sont disponibles, de nouveaux investisseurs seront incités à investir et le niveau de liquidité augmente. En revanche, l’absence de divulgation des informations justes et fiables entraîne la migration des flux vers l’étranger et la détérioration de la qualité du marché local, ce qui implique une baisse significative de la liquidité.

Il est bien connu que les principes comptables généralement admis des États-Unis exigent la présentation des informations qui ne sont pas obligatoires dans d’autres pays. En plus des données financières, d’autres informations sont exigées telles que les informations sur les facteurs risques, sur la structure de propriété, sur la compétitivité, sur les actions juridiques, … La transparence des règles comptables constitue un aspect important pour assurer la protection des actionnaires minoritaires, elle rend très difficile de cacher les actions d’expropriation de valeur de l’entreprise. En particulier, la divulgation des informations sur la structure de propriété est très importante car elle permet aux actionnaires minoritaires de connaître l’identité des actionnaires de contrôle, ce qui oblige ces derniers à développer la réputation de ne plus exproprier les actionnaires minoritaires (Doidge, 2001).

La multicotation peut aider à contourner cette source de segmentation des marchés à savoir les coûts d’acquisition des informations pertinentes sur les entreprises multicotées, ceux de leur analyse et la question de la fiabilité de ces informations. Plusieurs auteurs soutiennent l’idée selon laquelle l’inscription à la cote de plusieurs bourses permet de réduire le coût des fonds propres en améliorant l’accès à l’information relative aux entreprises multicotées (Chouinard et D’Souza, 2003 et 2004). La cotation à la bourse d’un pays où les normessont plus rigoureuses atténue le risque que les dirigeants de l’entreprise exploitent des informations privilégiées et limite considérablement leur capacité à s’approprier des bénéfices privés du contrôle (Doidge et al., 2005). La diminution consécutive des coûts d’informations et des coûts de surveillance des dirigeants permet aux entreprises de réduire la prime de risque rattachée à leurs actions (Reese et Weisbach, 2002).

La notion d’une « course vers le sommet » en matière de divulgation des informations a été formalisée dans le modèle théorique de Huddart et al. (1998). L’activité des opérateurs non informés, qui ont tout intérêt à s’adresser aux marchés où les exigences de divulgation sont plus importantes, empêche les initiés d’inscrire leur entreprise à la cote d’une bourse moins contraignante, et donc d’exploiter les informations privilégiées dont ils disposent. Ce modèle contredit l’hypothèse selon laquelle, en l’absence d’organismes de réglementation, les bourses seraient tentées de faire preuve de laxisme en matière de divulgation d’informations afin d’attirer un plus grand nombre d’entreprises. Néanmoins, Lins et al. (2004) constatent que les analystes américains trouvent encore des difficultés à suivre les entreprises non-américaines dont le capital est entre les mains des grandes familles ou des actionnaires de contrôle. C’est le cas notamment des entreprises provenant des pays offrant une moins bonne protection légale aux actionnaires minoritaires.

En nous inspirant de ces études, nous émettons l’hypothèse suivante :

H4 : Un meilleur respect des normes comptables incite les entreprises à choisir la cotation directe ou par le biais des certificats d’actions étrangères niveau 2 ou niveau 3 en tant que mode d’entrée dans une bourse américaine.

Par opposition aux études antérieures, Hope et al. (2007) examinent si les obligations de divulgation des informations aux États-Unis affectent la décision de multicotation dans une bourse américaine. Ces auteurs trouvent que les entreprises établies dans des pays caractérisés

par un environnement de divulgation moins exigeant sont plus incitées à inscrire leurs titres aux États-Unis sur le marché en hors cote (OTC) ou à opter pour des placements privés auprès des investisseurs institutionnels. Elles sont moins incitées à inscrire leurs titres dans des bourses et se soumettre aux principes généraux de comptabilité américaine.