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3.1 Nature des données

3.1.3 Données sur la traduction orale

Puisque nous avons comme hypothèse mineure le postulat que les étudiants en FLE au niveau licence font preuve de bilinguisme soustractif et donc, réfléchissent mieux en anglais devant une tâche liée à l'école, nous avons conçu cet exercice restreint à quelques étudiants de l'UCC pour prouver qu'au moins certains membres de la population cible accèdent au français au moyen de l'anglais. Des études antérieures, dont Amuzu (2005), Asilevi (1994) Edu- Buandoh (2006) et Forson (1979) ont déjà remarqué le bilinguisme soustractif en faveur de l'anglais chez les Ghanéens scolarisés, et à la lumière de ces études, notre postulat ci-dessus sur le bilinguisme soustractif n'est que justifié. L'exercice lui-même est composé d'une expérience où les sujets sont invités à traduire oralement 10 énoncés du français soit vers l'akan, soit vers l'anglais. Le choix de la langue-cible a été fait aléatoirement sans biaiser le choix en faveur d'une langue ou de l'autre. Nous avons eu 7 participants pour cette expérience. Les prestations des participants ont été enregistrées à l'aide d'une tablette Samsung Galaxy et traitées au moyens de l'éditeur des sons Audacity. La notion de temps de réaction est beaucoup utilisée en psycholinguistique (Johnson, 2005 ; Segalowitz et Hulstijn, 2005). Nous avions comme but de mesurer le temps de réaction (reaction ou response time) des participants. Les réactions des participants montrent une tendance vers une réponse relativement tardive quand ils traduisaient du français vers l'akan et une réaction plus rapide dans des tâches qui

impliquaient le français et l'anglais. D'aucuns ont même introduit des éléments anglais dans les énoncés censés être uniquement en akan.

Concernant les prestations de ces participants, nous n'avons pas exigé la justesse du produit et sa fidélité à 100 % à l'énoncé original. Nous nous sommes concentré sur le temps de réaction des apprenants, c'est-à-dire, le début de la réponse au stimulus. Cependant, d'autres facteurs ont émergé lors du dépouillement des données qui deviennent importants dans l'analyse globale. Toutefois, pour le moment, nous considérons uniquement le temps de réaction. Pour la plupart des répondants, les réponses les plus tardives proviennent des traductions du français vers l'akan (le fanti ou l'asante-twi). Ce comportement s'affiche à travers les interviews des 6 sur 7 étudiants. Nous considérons comme significatif le constat que, pour chacun des 6, la prestation exigeant le temps de réaction le plus longue est toujours vers l'akan. Bien que les temps enregistrés soient approximatifs étant donné que nous avons mélangé le manuel et le numérique, ils sont les plus précis possibles, presqu'exacts car ils ont été mesurés en millisecondes, grâce au logiciel Audacity. Parmi les silences les plus longs les durées vont de 29, 542 secondes jusque 10, 368 secondes pour les 11 premières durées légitimes (notons que les chiffres après les virgules sont des fractions en millisecondes). À vrai dire, il existe un silence plus long que ceux dont nous venons de parler : il dure 47, 554 secs, mais nous estimons que cette durée est survenue due à l'absence momentanée de l'intervieweur. Pour cette raison, nous la mettons de côté. Parmi ces onze sous la loupe, 9 sont des réalisations censées être en akan. Ainsi, si nous ajoutons la durée « illégitime », nous aurons 10 sur 12 énoncés. D'ailleurs, la prestation français-anglais la plus tardive occupe le rang numéro 4 sans l' « illégitime » ; la deuxième se trouve au rang numéro 8 selon le même critère. Il faut signaler à ce point que nous comptons dans les tests 4 stimuli sans réponses, 2 pour l'akan, 2 pour l'anglais. Ces rangements s'affichent dans la figure suivante :

Durée de silence langue-cible

29,542 Akan 24,497 Akan 18,413 Akan 18,371 Anglais 18,112 Akan 16,206 Akan 15,047 Akan 12,898 Anglais 12,597 Akan 10,704 Akan 10,368 Akan

Sur l'autre face de la pièce, les 11 silences les plus courts se partagent entre 4 traductions français-akan et 7 réalisations français-anglais. Afin de bien situer ce partage dans le contexte global, il faut noter que les 5 prestations les plus promptes sont français-anglais comme le montre la deuxième liste ci-dessous :

Durée de silence langue-cible

0,287 Anglais 0,664 Anglais 0,691 Anglais 0,894 Anglais 1,063 Anglais 1,160 Akan 1,347 Akan 1,428 Anglais 1,435 Akan 1,541 Akan 1,617 Anglais

Les temps de réaction les plus promptes

Il est donc clair que les tendances favorisent l'anglais vers le bas de l'échelle de durée alors qu'à l'autre extrême, nous voyons l'akan l'emporter sur l'anglais.

Au cours des interviews, nous avons observé d'autres phénomènes qui étayent la distribution des temps de réaction. Par exemple, les participants mélangeaient les codes, à savoir, l'anglais avec l'akan quand il s'agissait des traductions vers l'akan. Par contre, il n'y a pas de mélange de codes dans les traductions vers l'anglais. Nous avons recensé 7 prestations avec mélange ; parmi ces énoncé nul n'est vers l'anglais. En plus, nous avons des reformulations, des reprises et des répétitions dans les énoncés de réponse. Tous ensemble, il y en a 28 cas dans 24 énoncés qui proviennent de tous les participants sauf un. Parmi ces 24 énoncés, un moitié étaient du français vers l'anglais.

Les résultats de cet examen nous conduisent vers une conclusion certaine. Cependant, nous allons suspendre l'énonciation de cette conclusion que nous pourrons tirer à partir de ces données. Étant donné que ce sont des données recueillies d'un nombre restreint de participants pour étayer un phénomène hypothétique seulement observable de façon indirecte, nous aurons besoin de plus de preuves à partir d'autres sources et types de données. Nous y retournerons lorsque nous aurons terminé l'examen des données majeures. Ceci dit, passons à l'analyse des questionnaires et des textes proposés aux étudiants.