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L'aspect, comme nous avons démontré, serait une catégorie verbale universelle. Cependant, il n'est pas universellement reconnu ni connu. À la différence du temps verbal, celui-ci n'est enseigné explicitement que dans des cours de linguistique aux niveaux licence et maîtrise. Malgré le fait que les systèmes verbaux de la plupart des langues nationales du sud du Ghana seraient plus aspectuels que temporels (Ameka et Kropp-Dakubu, 2008), l'analyse du verbe dans les niveaux scolaires inférieurs est abordée en les approchant au système verbal anglais, donc en termes du temps verbal. Il est vrai que les formes individuelles des verbes ga, ewe ou akan encoderaient chacune un temps chronologique précis, néanmoins, il est aussi vrai que, quand cette valeur par défaut change, ou quand une forme désigne une période autre que celle par défaut, la morphologie ne se modifie pas. Plutôt, la référence temporelle est signalée par des circonstants ou des périphrases. Les enseignants du français, de par leur formation, n'enseignent que le temps verbal. Ainsi, il serait difficile pour un

étudiant de connaître et de comprendre l'aspect, bien que dans ses interactions quotidiennes, il fait toujours appel à cette catégorie (v o i r Comrie, 1976, Dahl, 1985, Talmy, 2002, etc. pour

l'universalité de l'aspect). C'est contre cette toile de fond que cet item a été conçu afin de vérifier

l'éveil des participants à l'aspect. Bien que la connaissance de l'aspect ne garantisse pas son application dans l'analyse du verbe et de l'emploi d'une forme verbale donnée, l'ignorance de l'aspect peut pousser l'apprenant à remplacer celui-ci par le temps (ou le mode) dans ses analyses. Considérons les données.

Des 44 répondants, 6 n’ont pas réagi à cet item. Ils constituent 13,6 % de l'échantillon. Les 38 répondants ayant signalé « oui » ou « non » sont donc 86,4 %. De ces 38 réponses, nous comptons 23 « oui » et 15 « non », soit 52,3 % et 34,1 % respectivement. Il est à noter que ces pourcentages sont arrondis. En termes des réponses valides, les « oui » composent 60,5 % et les « non », 39,5 %. Les statistiques sont représentés graphiquement au moyen du tableau suivant :

Tableau 35 : connaissance ou conscience de l'aspect

Étiquette de valeur Valeur Fréquence % Pourcentage valide Pourcentage cumulé

oui 1 23 52,27 60,53 60,53

non 2 15 34,09 39,47 100,00

. 6 13,64 Manquant(e)

Total 44 100,0 100,0

Ici, nous aimerions émettre un caveat : la connaissance ou la conscience d’une catégorie en tant que concept ne veut pas forcément dire la maîtrise ou son application. Que les répondants maîtrisent et/ou appliquent l'aspect ou non se vérifiera plus tard.

Nous considérons maintenant le savoir sur le fonctionnement des verbes par rapport au temps et à l'aspect. Selon Quirk et al. (1985) et Quirk et Greenbaum (1976), le passé chronologique réel ou

fictif peut être exprimé à travers divers temps verbaux au mode indicatif. En fait Quirk et Greenbaum (in ibid. :43) notent que : « Past time can be expressed with present tense forms. The

'historic present' is fiarly common in vivid narrative.... ». Ils (in loc. cit.) ajoutent que les verbes de

communication (ou d'énonciation) peuvent prendre le même historic present. Sous le présent item, nous avons proposé des temps verbaux anglais dont les participants devaient juger la capacité d'exprimer le passé chronologique.dans chacun des cas, le participant cocherait contre « yes » ou « no » (oui ou non). Examinons ce que nous avons comme résultats pour chaque temps proposé.

Pour simple present, 11 participants ont sélectionné « oui », ce qui indique qu'ils pensent que ce temps verbal peut exprimer le passé en anglais. Par contre,15 participants ne pensent pas que le

simple present n'exprime pas le passé et 18 participants n'ont exprimé aucune opinion. En termes

des pourcentages, les 18 n'ayant exprimé aucune opinion constituent 40,9 %,ce quiest plus qrand que chacun des deux groupes. Les « oui »représentent 25 % de l'échantillon et 42,3 % des réponses valides. Les « non » constituent 34,1 % du total ou 57,7 % des réponses valides. Voici le tableau résumant ces analyses.

Tableau 36 : l'expression du passé par le simple present tense

Étiquette de valeur Valeur Fréquence % Pourcentage valide Pourcentage cumulé

oui 1 11 25,00 42,31 42,31

non 2 15 34,09 57,69 100,00

. 18 40,91 Manquant(e)

Total 44 100,0 100,0

Les formes composés dits present perfect comportent deux formes : le simple et le progressif. Ces temps encodent, nous l'avons vu, les événements passés qui sont pertinents au présent énonciatif Rappelons-nous que les formes progressives se limitent aux verbes aux emplois perfectifs. En fait, le present perfect progressive décrit l'habituel/ et le répétitif des actions qui débutent dans le passé et continuent jusques à ce présent. Ce temps se traduit en français par le

présent de l'indicatif + depuis. Donc, nous avons proposé ces temps dans le même format que pour le simple present.

Pour ces temps, vis-à-vis de leur emploi en narration, les statistiques varient un peu des précédentes : 21 participants n'ont choisi aucune option. Ils représentent 47,7 % des deux groupes. Ceux ayant affirmé que le temps pourrait être employé pour décrire ou narrer un événement passé sont au nombre de 12, représentant 27,3 % du total ou 52,2 % des 23 participants qui ont choisi une option quelconque. Les « non » constituent un quart du total ou 25 %. Mais, en termes des réponses valides, ils représentent 47,7 %. En fait, les tendances concernant le silence seraient en train de s'affermir : dans les deux cas, ceux qui restent sans réponse sont plus nombreux que chacun des deux autres groupes considéré en isolement. Le tableau ci-après affiche graphiquement les réactions que nous venons de décrire.

Tableau 37 : L'expression du passé par le present perfect et le present perfect progressive Étiquette de valeur Valeur Fréquence % Pourcentage valide Pourcentage cumulé

oui 1 12 27,27 52,17 52,17

non 2 11 25,00 47,83 100,00

. 21 47,73 Manquant(e)

Total 44 100,0 100,0

Ces réactions nous étonnent en quelque sorte parce que les temps perfect de l'anglais, à part les future perfect tenses s'emploient en général pour parler des processus accomplis ou partiellement accomplis par rapport au moment de référence. D'ailleurs, ce sont des temps qui s'emploient dans les conversations au quotidien. Par conséquent, l'incapacité de la part des apprenants de se prononcer de façon décisive sur ces temps dit long des savoirs déclaratifs sur les temps verbaux anglais.

Les formes verbales canoniques pour l'expression du temps passé en anglais dans les interactions journalières sont le simple past et le past progressive, à part les present perfect que nous venons de discuter (Quirk et Greenbaum, 1976). Le premier et le troisième temps ont comme analogues morphologiques le passé simple et le passé composé respectivement. Cependant, le fonctionnement sémantique des temps verbaux français est partiellement différent de celui des temps anglais, comme nous l'avons établi ailleurs. Donc, ce sont des équivalents partiels. Nous

avons mis ensemble le simple past et le past progressive dans un sous-item. Les réponses fournies par les enquêtés ne sont pas étonnantes grosso modo : c'étaient ce à quoi nous nous attendions. En revanche, ce qui nous étonne, c'est que tous n'aient pas identifié les deux comme les temps canonique du passé en anglais. Les détails des réponses fournies sont comme suit : 7 enquêtés n'ont coché ni yes ni no (ils sont 15,9 % de l'échantillon). Des 37 qui ont coché une des deux, soit 84,1 % des réponses valables, seulement 2 ont coché no. Le fait même que quelqu'un ait fait ce choix est étonnant, car ce sont les temps les plus communément employés pour parler du passé tant à l'écrit qu'à l'écrit. Il va sans dire que 35 enquêtés ont confirmé que ces temps verbaux s'emploient pour les événements et les états passés. Les oui comprennent 79,5 % de l'échantillon et 94,6 des réponses. Ainsi, les non ne sont que 4,,6 % de l'ensemble et 5,4 % des réponses valables. Cette répartition de l'échantillon se présente ainsi :

Tableau 38 : la représentation du passé chronologique par le simple past et le past progressive

Étiquette de valeur Valeur Fréquence % Pourcentage valide Pourcentage cumulé

oui 1 35 79,55 94,59 94,59

non 2 2 4,55 5,41 100,00

. 7 15,91 Manquant(e)

Total 44 100,0 100,0

Le conditionnel présent

Il est vrai que les formes du conditionnel sont souvent employées pour exprimer un état ou une action hypothétiques, mais comme Merle (2001) explique, le conditionnel du verbe français exprime aussi un temps futur relatif. En anglais, ce temps est reconnu sous le terme

future-in-the-past (littéralement, le futur du passé ou le futur au passé) (Morton, 1993 ; Quirk et al., 1985).. Ces

derniers admettent que c'est un temps rare rappelant le style littéraire. Nous partageons cet avis étant donné qu'il serait très peu fréquent dans l'usage quotidien des Ghanéens anglophones. Ce temps est souvent employé pour des actions habituelles ou répétitives avec des adverbes de fréquence tels que often et always., et dans le discours rapporté. Tournons-nous vers les données sur ce temps plutôt singulier.

Sur l'item portant sur la possibilité d'exprimer le passé avec le conditionnel, 16 participants, représentant 36,4 % de l'échantillon, croient que le temps peut s'employer pour exprimer le passé ; 9